Saint-Nazaire aujourd‘hui. Les chantiers navals. La contestation sociale qui explose. Les ouvriers face aux CRS. Nouredine le kabyle et Gianni le fils d’immigrés italiens jouent les leaders syndicaux. Ces deux-là sont les meilleurs amis du monde. Ils ont grandi ensemble dans cette ville qu’ils connaissent comme leur poche. Gianni a même épousé Samia, la sœur de Nouredine.
Algérie, 1957. La sale guerre. Lounès, le père de Nouredine, est resté planqué pendant le conflit. Son fils devenu adulte ne lui pardonnera jamais sa lâcheté : « Putain, Gianni, tu te rends pas compte que ton père, lui, il a aidé le F.L.N., et le mien il a rien fait. Tout son pays se battait, et lui, il a pas remué le petit doigt. […] On leur a foutu une branlée, on les a mis dehors, et lui, la seule chose qu’il se dépêche de faire, c’est de venir ici continuer à faire l’esclave, et nous à vivre à plat ventre. »
Un récit à double entrée, bourré de flashbacks, qui demande beaucoup d’attention pour ne pas perdre le fil. On navigue constamment entre Saint-Nazaire et l’Algérie des années 50, on suit sans temps mort les protagonistes de l’enfance à l’âge adulte et tout s’enchaîne avec une fluidité qu’il n’est pas évident de déceler à la première lecture. Une narration exigeante mais qui vaut la peine d’être décortiquée avec soin parce qu’au final le scénario de Baru tient sacrément la route.
Pour ce qui est du dessin, je ne connaissais pas du tout Pierre Place mais je trouve son travail bluffant. Aussi à l’aise pour croquer un bistrot ou les grues des chantiers navals que pour ressusciter la lumière de l’Algérie en guerre, il propose de grandes cases où tout est réalisé en couleurs directes, c’est magnifique.
Un album sur la filiation, la transmission, les non-dits et les silences. Un album plein de fureur, de colère et de rage qui met en scène le monde ouvrier et les immigrés sans illusions. Il est ici question de guerres perdues et d’espoirs déçus, d’une forme de reproduction générationnelle de l’échec. C’est beau et tragique, c’est triste et pessimiste, ça remue. Une atmosphère rugueuse, un propos engagé, comme d’habitude avec Baru. Et comme d’habitude, ça me parle et ça me plait.
Le silence de Lounès de Baru et Pierre Place. Casterman, 2013. 144 pages. 20 euros.
mercredi 18 décembre 2013
mardi 17 décembre 2013
Le plus grand des voyages - Soufie
La vie comme un grand voyage à bicyclette. D’abord trouver
le juste équilibre, puis se lancer. Rencontrer des personnes différentes,
celles qui restent à vos cotés, celles qui ne font que passer, disparaissent,
celles qui vous soutiennent, vous ralentissent, celles qui en profitent. Parfois
on se demande pourquoi on roule, pourquoi on avance. Il arrive aussi que ça
devienne trop dur, que l’on tombe, que ça fasse mal. Et puis un jour on est
amoureux, on est plus seul sur la route. Quand le doute s’installe, on se souvient des jolies choses, de ces gens
qui nous aiment, que l’on aime. Mais avec l’âge ans on pédale moins vite, on se
dit que la fin du trajet approche et que l’on va bientôt descendre de sa
monture. Peu importe, le voyage valait la peine et quelqu’un d’autre se servira bien du vélo,
sans doute pour prendre une autre route, un autre chemin…
Qu’il est beau cet album, tellement évocateur. Ça ressemble
à une vie, ça ressemble à la vie, ses joies, ses peines, ses douleurs, le temps
qui passe. A peine quelques mots, des illustrations pleine page dans un format
à l’italienne où les petits riens défilent. Pas certains que les enfants
saisissent toute la subtilité du message, c’est un fait. Pour autant il serait
dommage de les priver d’une jolie lecture à voix haute tant la musicalité du
texte est agréable à écouter.
Un ouvrage tout en finesse et en sensibilité, qui sera sans
doute perçu différemment d’une personne à l’autre. Le plus grand des voyages propose
une allégorie de l’existence en quelques brefs moments. Plus qu’un brillant
tour de force, c’est avant tout et surtout un tour de magie enchanteur.
Le plus grand des voyages de Soufie. Bilboquet, 2013. 32
pages. 13,50 euros. A partir de 5 ans.
dimanche 15 décembre 2013
Zelda la rouge - Martine Pouchain
Zelda a 16 ans et vit à Amiens avec sa grande sœur Julie dans la maison léguée par leur grand-mère. A 10 ans elle a été renversée par une voiture et a perdu l’usage de ses jambes. Depuis elle a tourné la page et a accepté sa condition « d’handi » mais sa sœur ne pense qu’à la venger et veut à tout prix retrouver le chauffard. Les filles partagent leur habitation avec la pétillante Kathy et l’ex-SDF Jojo. Un quotidien pas toujours simple mais où tout le monde se serre les coudes. Seulement, l’arrivée du charmant Baptiste va bousculer peu à peu l’harmonie de la colocation…
Un roman pour grands ados plein de peps et de fraîcheur. J’aime ces personnages tout en fêlures et en contradictions. L’ensemble est réaliste, moderne, pas cucul pour deux ronds. La narration alternant entre Zelda et Julie permet d’offrir les points de vue complémentaires des deux sœurs. Les dialogues sonnent juste, l’écriture à la première personne est proche d’une certaine forme d’oralité qui me plait beaucoup. Le sujet aurait pu faire pencher la balance vers le mélo tire-larmes mais l’auteur évite cet écueil avec brio.
Un texte qui se dévore d’une traite et dont on ressort vivifié. Et puis l’intrigue se déroule à Amiens, dans ma si chère Picardie natale. Le bonheur de retrouver des lieux que je connais parfaitement n’a fait qu’amplifier le plaisir de la lecture.
Zelda la rouge de Martine Pouchain. Sarbacane, 2013. 245 pages. 14,90 euros. A partir de 13-14 ans.
L'avis de Gwenaelle
Un roman pour grands ados plein de peps et de fraîcheur. J’aime ces personnages tout en fêlures et en contradictions. L’ensemble est réaliste, moderne, pas cucul pour deux ronds. La narration alternant entre Zelda et Julie permet d’offrir les points de vue complémentaires des deux sœurs. Les dialogues sonnent juste, l’écriture à la première personne est proche d’une certaine forme d’oralité qui me plait beaucoup. Le sujet aurait pu faire pencher la balance vers le mélo tire-larmes mais l’auteur évite cet écueil avec brio.
Un texte qui se dévore d’une traite et dont on ressort vivifié. Et puis l’intrigue se déroule à Amiens, dans ma si chère Picardie natale. Le bonheur de retrouver des lieux que je connais parfaitement n’a fait qu’amplifier le plaisir de la lecture.
Zelda la rouge de Martine Pouchain. Sarbacane, 2013. 245 pages. 14,90 euros. A partir de 13-14 ans.
L'avis de Gwenaelle
vendredi 13 décembre 2013
Tib et Tatoum T2 : Mon dinosaure a du talent - Bannister et Grimaldi
Depuis que Tib a trouvé le dinosaure Tatoum, sa vie a changé. Ces deux-là sont devenus les meilleurs amis du monde. Si au début les membres de son clan ne voulaient pas croire le jeune garçon et pensaient que le dinosaure n’était qu’un compagnon imaginaire, ils ont dû se rendre à l’évidence : il existe bel et bien. Craignant l’animal, les autres enfants n’en continuent pas moins de se moquer de Tib et de sa tâche de naissance autour de l’œil. Aussi, lorsque sa mère lui demande de ne plus fréquenter Tatoum (trop dangereux !) pour se rapprocher des camarades de son âge, le petit bonhomme se doute que les choses ne vont pas se passer sans encombre…
Une série jeunesse toujours aussi fraîche et colorée. Chaque gag peut se lire indépendamment mais les événements s’enchaînent et permettent au récit de progresser pour donner su sens à l’ensemble de l’histoire (un peu comme avec Les nombrils).Les relations difficiles entre Tib et les autres enfants abordent avec finesse la question de la discrimination et du rejet de l’autre.
Le trait de Bannister est simple, tout en rondeur, est proche de celui de Julien Neel (Lou !). La quasi absence de décor ne nuit pas au charme que dégage l’ensemble. Une série jeunesse drôle et intelligente aux personnages attachants, idéale pour les 8-10 ans.
Tib et Tatoum T2 : Mon dinosaure a du talent de Bannister et Grimaldi. Glénat, 2013. 48 pages. 10 euros.
Une série jeunesse toujours aussi fraîche et colorée. Chaque gag peut se lire indépendamment mais les événements s’enchaînent et permettent au récit de progresser pour donner su sens à l’ensemble de l’histoire (un peu comme avec Les nombrils).Les relations difficiles entre Tib et les autres enfants abordent avec finesse la question de la discrimination et du rejet de l’autre.
Le trait de Bannister est simple, tout en rondeur, est proche de celui de Julien Neel (Lou !). La quasi absence de décor ne nuit pas au charme que dégage l’ensemble. Une série jeunesse drôle et intelligente aux personnages attachants, idéale pour les 8-10 ans.
Tib et Tatoum T2 : Mon dinosaure a du talent de Bannister et Grimaldi. Glénat, 2013. 48 pages. 10 euros.
jeudi 12 décembre 2013
Cher Père Noël...
Cher Père Noël,
je te le concède, je n’ai pas été plus sage cette année que les précédentes. En 2013, on m’a qualifié d’anarchiste (mon patron), de fouteur de merde (mon patron, encore, il m’aime beaucoup^^), de sale gosse (une blogueuse), de boulet (ma femme, mais là pour le coup je la comprends et je suis limite d’accord avec elle), de fils de p... (un commentateur mécontent sur ce blog) et d’autres diverses joyeusetés qui n’ont fait qu’effleurer le peu d’amour propre qui me reste. Pour autant j’estime avoir droit à un ou deux petits cadeaux de ta part parce que quand même, et tu le sais bien, je reste quelqu’un de foncièrement gentil. Alors voila, je t’ai dressé une petite liste, tu choisis ce que tu veux du moment que je trouve sous le sapin le coffret Gaston qui me fait tant envie. A bon entendeur…
je te le concède, je n’ai pas été plus sage cette année que les précédentes. En 2013, on m’a qualifié d’anarchiste (mon patron), de fouteur de merde (mon patron, encore, il m’aime beaucoup^^), de sale gosse (une blogueuse), de boulet (ma femme, mais là pour le coup je la comprends et je suis limite d’accord avec elle), de fils de p... (un commentateur mécontent sur ce blog) et d’autres diverses joyeusetés qui n’ont fait qu’effleurer le peu d’amour propre qui me reste. Pour autant j’estime avoir droit à un ou deux petits cadeaux de ta part parce que quand même, et tu le sais bien, je reste quelqu’un de foncièrement gentil. Alors voila, je t’ai dressé une petite liste, tu choisis ce que tu veux du moment que je trouve sous le sapin le coffret Gaston qui me fait tant envie. A bon entendeur…
Coffret intégrale Gaston : parce que Gaston, parce que cet objet magnifique reprend l’ensemble des gags de façon chronologique et parce que malgré son prix délirant, il me le faut absolument (oui c’est un pur caprice de gosse, et alors ?).
Amorostasia : parce qu’il a été présenté plusieurs fois ces dernières semaines par des personnes dont l’avis compte beaucoup pour moi et que j’ai très envie de le découvrir.
Encore cinq minutes Maria : parce que Marilyne m’a dit de lire de la littérature argentine avant le salon du livre du mois de mars et que j’écoute toujours ce que me dit Marilyne. En plus ce titre-là me tente beaucoup beaucoup.
Compagnie K : parce que tout le monde en dit le plus grand bien, que je l’ai emprunté à la médiathèque et que j’ai dû le rendre sans l’avoir ouvert.
Le dernier lapon : parce qu’il parait que je dois lire plus de polars et que celui-là collectionne les récompenses. En plus Hélène en a fait un coup de cœur et pour ce qui est des polars elle en connait un rayon.
Fantasmes : les copines de classe : parce qu’il me faut bien quelques munitions pour le rendez-vous de Stephie, parce que le titre m’interpelle et que je n’ai pas souvenir d’avoir eu des copines de classe comme celles que l’on voit sur la couverture.
Journal d’un corps : parce que Mo’ et Valérie en ont fait un énorme coup de cœur et que quand elles s’y mettent toutes les deux j’ai envie de les suivre les yeux fermés.
Le lion et l’oiseau : parce que sans un album pour les petits cette liste n’aurait pas de sens et parce que Un autre endroit, mon fournisseur attitré de pépites jeunesse, l’a beaucoup aimé.
La fée carabine : parce que maintenant que j’ai mis un doigt dans l’engrenage de la saga Malaussène, je suis pris au piège.
Pendant que le roi de Prusse… : parce que Zidrou, parce que Noukette en a dit le plus grand bien (même si dès qu’elle parle de Zidrou elle perd toute objectivité) et parce que je suis persuadé que cette BD va me plaire.
Red Devils : King King : parce que j’ai eu le malheur de prêter ce CD il y a fort longtemps et que je ne l’ai jamais revu depuis. Parce que ce live (enregistré en une seule prise dans un bar de Los Angeles par un groupe qui n’aura jamais signé le moindre album studio) est un moment d’anthologie et que je voudrais absolument le retrouver.
Qui touche à mon corps je le tue : parce qu’il est écrit que je vais dévorer tout la bibliographie de Valentine Goby.
mercredi 11 décembre 2013
Les gens normaux : paroles lesbiennes, gay, bi, trans
Dans ce recueil, il y a l’histoire de Philippe, qui a accompagné jusqu’au dernier jour son ami Bernard, emporté par le sida. Celle d’Astrid et Nolwenn, parties en Espagne pour une insémination artificielle. Farid, musulman, gay et opposé au mariage pour tous. Anne-Marie et Jean-Pierre, parents totalement déboussolés par le comportement de leur fille lesbienne avec laquelle ils sont en conflit permanent. Virginie, infirmière, qui peine à assumer son homosexualité sur son lieu de travail et est incapable de s’installer dans une relation durable. Momo, qui a dû fuir la guinée pour la France après avoir été surpris avec un homme par les siens et qui se sent toujours en danger. Marc, catholique pratiquant ne comprenant pas la volonté du pape d’interdire l’ordination des homosexuels pour combattre la pédophilie (« Je crois qu’il n’a pas compris ce que c’était que d’être homosexuel. Faire l’amalgame entre les deux… je ne comprends pas. »).
Dix témoignages en tout, recueillis par Hubert, auteur de bande dessinée (Miss pas touche) et lui-même homosexuel. L’idée de ce collectif émane de l’association BD Boum, créatrice du festival de Blois. Le but est ici d’aborder la question du genre au moyen d’entretiens menés auprès de la population LGBT (lesbiennes – gay – bi – trans) de l’agglomération tourangelle. Le résultat est saisissant de sincérité, chaque histoire explorant des vies entières et touchant à l'intime. Sida, mariage, adoption, difficulté à affirmer son homosexualité dans le cadre professionnel, relation aux parents ou à la religion, les thèmes traités sont aussi vastes que complexes. Cinq articles universitaires sont insérés entre les chapitres. Des éclairages théoriques ardus mais passionnants sur l’évolution du droit en matière d’homosexualité depuis 1810, la religion, l’homosexualité et l’homophobie ou encore la question de la transidentité. Ajoutez une somptueuse préface de Robert Badinter et en annexe le statut légal de l’homosexualité dans le monde pays par pays et vous obtenez une somme en tout point remarquable qui devrait permettre à plus d’un lecteur de dépasser clichés et préjugés à l’heure où l’hystérie anti-gay aura si tristement marqué cette année 2013.
Aux pinceaux j’ai eu le plaisir de retrouver Cyril Pedrosa, Alexis Dormal (Pico Bogue), Simon Hureau, Virginie Augustin et quelques autres dont je ne connaissais pas les travaux. Le résultat est graphiquement aussi riche que varié.
Un ouvrage important, essentiel même. A lire et à faire lire.
Les gens normaux : paroles lesbiennes, gay, bi, trans. Casterman, 2013. 228 pages. 16 euros.
Dix témoignages en tout, recueillis par Hubert, auteur de bande dessinée (Miss pas touche) et lui-même homosexuel. L’idée de ce collectif émane de l’association BD Boum, créatrice du festival de Blois. Le but est ici d’aborder la question du genre au moyen d’entretiens menés auprès de la population LGBT (lesbiennes – gay – bi – trans) de l’agglomération tourangelle. Le résultat est saisissant de sincérité, chaque histoire explorant des vies entières et touchant à l'intime. Sida, mariage, adoption, difficulté à affirmer son homosexualité dans le cadre professionnel, relation aux parents ou à la religion, les thèmes traités sont aussi vastes que complexes. Cinq articles universitaires sont insérés entre les chapitres. Des éclairages théoriques ardus mais passionnants sur l’évolution du droit en matière d’homosexualité depuis 1810, la religion, l’homosexualité et l’homophobie ou encore la question de la transidentité. Ajoutez une somptueuse préface de Robert Badinter et en annexe le statut légal de l’homosexualité dans le monde pays par pays et vous obtenez une somme en tout point remarquable qui devrait permettre à plus d’un lecteur de dépasser clichés et préjugés à l’heure où l’hystérie anti-gay aura si tristement marqué cette année 2013.
Aux pinceaux j’ai eu le plaisir de retrouver Cyril Pedrosa, Alexis Dormal (Pico Bogue), Simon Hureau, Virginie Augustin et quelques autres dont je ne connaissais pas les travaux. Le résultat est graphiquement aussi riche que varié.
Un ouvrage important, essentiel même. A lire et à faire lire.
Les gens normaux : paroles lesbiennes, gay, bi, trans. Casterman, 2013. 228 pages. 16 euros.
mardi 10 décembre 2013
Au bonheur des ogres - Daniel Pennac
Benjamin Malaussène est un chef de tribu. Aîné d’une bande d’enfants dont la mère disparaît à chaque fois qu’elle tombe amoureuse, il est chargé de famille et occupe un emploi de bouc émissaire dans un grand magasin parisien. Son job consiste à désamorcer la colère des clients mécontents de leur achat en jouant les pleureuses. Sachant mieux que personne éveiller la compassion desdits clients qui finissent toujours par abandonner leur plainte, il représente une manne précieuse pour son employeur. Mais il possède un autre don, celui de s’attirer les ennuis et de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. C’est ainsi que la première bombe a explosé au rayon des jouets cinq minutes après son passage. La seconde, quinze jours plus tard, sous ses yeux. Il était là aussi pour l’explosion de la troisième. Des attentats ciblés, perpétrés au cœur du magasin et pour lesquels il fait figure de suspect idéal…
J’avoue que j’ai eu un peu de mal à adhérer à la narration. Ce mouvement permanent où tout est permis, sans organisation apparente, m’a beaucoup déstabilisé. Trop d’ellipses, trop de digressions, d’histoires dans l’histoire, d’effets trompe-l’œil mis en place pour piéger le lecteur et ne laisser aucune chance au raisonnement le plus rationnel. Un roman qui est comme une boîte à surprises dont chaque élément apparaît plus incongru que le précédent. La foultitude de personnages m’a aussi perturbé au départ. Difficile de savoir qui est qui tellement on saute de l’un à l’autre sans crier gare.
Mais bon, peu à peu, j’ai commencé à y voir clair. Le rythme effréné ne m’a plus posé de problème. Et puis si les pistes et les intrigues semblent dans un premier temps se multiplier, les fils se resserrent peu à peu pour tisser un canevas dont l’évidence apparaît dans les dernières pages. J’ai aimé le regard distancié et souvent ironique que le narrateur porte sur les événements. Pennac fait preuve d’une réelle verve comique et n’hésite pas à mêler les registres de langue ce qui n’est pas pour me déplaire. Finalement, entre l’action trépidante, les situations cocasses et l’humour noir, j’ai fini par prendre un réel plaisir à naviguer à vue dans cet univers où le burlesque et le policier sont pour ainsi dire sur un pied d’égalité.
Résultat, alors que les prémices de cette lecture m’ont laissé entre agacement et perplexité, le récit des aventures de Benjamin et des siens a au bout du compte emporté mon adhésion et je ne serais pas contre l’idée de retrouver la tribu des Malaussène dans le second roman de la série.
Au bonheur des ogres de Daniel Pennac. Folio, 2013. 286 pages. 7,20 euros.
Une lecture commune que j’ai le plaisir de partager ave Florence, Marie et Véro.
J’avoue que j’ai eu un peu de mal à adhérer à la narration. Ce mouvement permanent où tout est permis, sans organisation apparente, m’a beaucoup déstabilisé. Trop d’ellipses, trop de digressions, d’histoires dans l’histoire, d’effets trompe-l’œil mis en place pour piéger le lecteur et ne laisser aucune chance au raisonnement le plus rationnel. Un roman qui est comme une boîte à surprises dont chaque élément apparaît plus incongru que le précédent. La foultitude de personnages m’a aussi perturbé au départ. Difficile de savoir qui est qui tellement on saute de l’un à l’autre sans crier gare.
Mais bon, peu à peu, j’ai commencé à y voir clair. Le rythme effréné ne m’a plus posé de problème. Et puis si les pistes et les intrigues semblent dans un premier temps se multiplier, les fils se resserrent peu à peu pour tisser un canevas dont l’évidence apparaît dans les dernières pages. J’ai aimé le regard distancié et souvent ironique que le narrateur porte sur les événements. Pennac fait preuve d’une réelle verve comique et n’hésite pas à mêler les registres de langue ce qui n’est pas pour me déplaire. Finalement, entre l’action trépidante, les situations cocasses et l’humour noir, j’ai fini par prendre un réel plaisir à naviguer à vue dans cet univers où le burlesque et le policier sont pour ainsi dire sur un pied d’égalité.
Résultat, alors que les prémices de cette lecture m’ont laissé entre agacement et perplexité, le récit des aventures de Benjamin et des siens a au bout du compte emporté mon adhésion et je ne serais pas contre l’idée de retrouver la tribu des Malaussène dans le second roman de la série.
Au bonheur des ogres de Daniel Pennac. Folio, 2013. 286 pages. 7,20 euros.
Une lecture commune que j’ai le plaisir de partager ave Florence, Marie et Véro.
lundi 9 décembre 2013
La quête d’Ewilan T1 : D’un monde à l’autre
Renversée par un camion, Camille est projetée dans un monde inconnu. Elle se retrouve au milieu d’un combat entre un chevalier et une affreuse créature. De retour chez elle, elle tente de comprendre ce qui lui est arrivé. Pensant avoir rêvé, elle doit se rendre à l’évidence, un étrange pouvoir lui permet d’accéder à cet univers parallèle. Un univers dans lequel elle va basculer à nouveau avec son ami Salim pour se lancer dans une quête dont elle va devenir l’élément central.
Je n’ai pas lu les romans de Pierre Bottero donc je n’ai aucun point de comparaison possible mais je trouve ce premier tome prometteur. Bon c’est un épisode d’introduction où l’intrigue se met en place et où l’on découvre petit à petit la complexité du monde dans lequel Camille et Salim se retrouvent mais l’action est déjà très présente et laisse augurer d’une quête trépidante. J’avoue que je n’ai pas bien saisit toutes les subtilités de l’empire de Gwendalavir, notamment les pouvoirs des dessinateurs et le rôle exact des « sentinelles » mais je suppose que les choses vont s’éclaircir par la suite.
Graphiquement ce n’est pas un coup de cœur. Le trait est sympa mais manque un peu de caractère, je le trouve assez passe-partout et les couleurs sont dans l’ensemble trop criardes pour moi. Après c’est une question de goût, je ne doute pas que les enfants auxquels cet album s’adresse soient séduits par travail moderne et clairement inspiré de l’animation de Laurence Baldetti.
Une série jeunesse dynamique, pleine de rebondissements, dans un monde fantastique au bestiaire varié, avec une héroïne attachante à laquelle les jeunes lectrices pourront s’identifier, c’est autant d’ingrédients qui ont déjà fait leur preuve. La recette est classique et efficace, reste à savoir si sur la durée la qualité restera au rendez-vous. A priori pas de souci puisque c’est une adaptation, les auteurs savent donc exactement comment leur histoire doit évoluer. Et puis Pépette n°1 a beaucoup aimé et me réclame déjà la suite, c’est un signe qui ne trompe pas.
La quête d’Ewilan T1 : D’un monde à l’autre de Lylian et Baldetti. Glénat, 2013. 64 pages. 14,95 euros.
Je n’ai pas lu les romans de Pierre Bottero donc je n’ai aucun point de comparaison possible mais je trouve ce premier tome prometteur. Bon c’est un épisode d’introduction où l’intrigue se met en place et où l’on découvre petit à petit la complexité du monde dans lequel Camille et Salim se retrouvent mais l’action est déjà très présente et laisse augurer d’une quête trépidante. J’avoue que je n’ai pas bien saisit toutes les subtilités de l’empire de Gwendalavir, notamment les pouvoirs des dessinateurs et le rôle exact des « sentinelles » mais je suppose que les choses vont s’éclaircir par la suite.
Graphiquement ce n’est pas un coup de cœur. Le trait est sympa mais manque un peu de caractère, je le trouve assez passe-partout et les couleurs sont dans l’ensemble trop criardes pour moi. Après c’est une question de goût, je ne doute pas que les enfants auxquels cet album s’adresse soient séduits par travail moderne et clairement inspiré de l’animation de Laurence Baldetti.
Une série jeunesse dynamique, pleine de rebondissements, dans un monde fantastique au bestiaire varié, avec une héroïne attachante à laquelle les jeunes lectrices pourront s’identifier, c’est autant d’ingrédients qui ont déjà fait leur preuve. La recette est classique et efficace, reste à savoir si sur la durée la qualité restera au rendez-vous. A priori pas de souci puisque c’est une adaptation, les auteurs savent donc exactement comment leur histoire doit évoluer. Et puis Pépette n°1 a beaucoup aimé et me réclame déjà la suite, c’est un signe qui ne trompe pas.
La quête d’Ewilan T1 : D’un monde à l’autre de Lylian et Baldetti. Glénat, 2013. 64 pages. 14,95 euros.
samedi 7 décembre 2013
Avec les hommes - Mikaël Hirsch
Dans un café de Brest, deux anciens camarades d’école se retrouvent après vingt années de séparation. L’un est écrivain, l’autre, Paul Rubinstein, n’a pas connu la réussite professionnelle et amoureuse qu’on lui prédisait. Paul profite de ces retrouvailles pour se confier. Il raconte ses désillusions amoureuses, son expérience communautaire dans un kibboutz, cette vie où les échecs n’ont cessé de se succéder.
De Paris à Tel-Aviv, de Tel-Aviv à Brest, on suit la trajectoire pleine de questionnements et d’incertitudes d’un homme qui avait tout pour réussir, mais qui semble avoir passé son temps à enchaîner les désillusions. Un homme qui subit, qui ne cherche pas à entreprendre quoi que ce soit pour changer le cours des choses. A aucun moment je n’ai ressenti pour lui la moindre empathie. Plutôt envie de le secouer que de le plaindre. Un personnage agaçant en somme.
Le texte est déroulé d’un bloc, sans découpage. Cette absence de chapitres, de parties, de respirations, a fini par m’étouffer. Je me suis embourbé dans cette logorrhée, certes très bien écrite, mais dont j’ai vite perdu le fil. Il faut dire aussi que l’histoire de Paul n’a rien de passionnant. Une mise à nue trop dramatique et trop psychologique pour moi. Il manque un soupçon de fantaisie, un poil d’autodérision qui aurait permis de faire passer l’amertume de la pilule. Le narrateur qualifie à un moment sa prose de « flot torrentiel ». Je crois que c’est exactement ça et malheureusement, je m’y suis noyé. C’est dommage, il y a certains passages plein de lucidité ou plutôt drôles : « Les pauvres ont tout de même cette capacité à susciter la sympathie, pour peu qu’ils aient la bonne idée de vivre loin et de rester chez eux. » ; « Je ne crois pas qu’aimer soit plus fort que d’être aimé, mais Balavoine a chanté beaucoup de conneries. C’est ce qui arrive aux chanteurs populaires lorsqu’ils se prennent pour des philosophes. »
Au final, je suis passé à côté, c’est une évidence. Malgré tout, je remercie Philisine d’avoir fait voyager cet ouvrage jusqu’à moi. Je suis content d’avoir découvert la plume élégante de Mikaël Hirsch et il se pourrait que je le lise à nouveau d’ici peu puisque son roman « Le Réprouvé » est dans ma pal depuis quelque temps déjà.
Avec les hommes de Mikaël Hirsch. Intervalles, 2013. 122 pages. 16 euros.
L’avis enthousiaste de Philisine
De Paris à Tel-Aviv, de Tel-Aviv à Brest, on suit la trajectoire pleine de questionnements et d’incertitudes d’un homme qui avait tout pour réussir, mais qui semble avoir passé son temps à enchaîner les désillusions. Un homme qui subit, qui ne cherche pas à entreprendre quoi que ce soit pour changer le cours des choses. A aucun moment je n’ai ressenti pour lui la moindre empathie. Plutôt envie de le secouer que de le plaindre. Un personnage agaçant en somme.
Le texte est déroulé d’un bloc, sans découpage. Cette absence de chapitres, de parties, de respirations, a fini par m’étouffer. Je me suis embourbé dans cette logorrhée, certes très bien écrite, mais dont j’ai vite perdu le fil. Il faut dire aussi que l’histoire de Paul n’a rien de passionnant. Une mise à nue trop dramatique et trop psychologique pour moi. Il manque un soupçon de fantaisie, un poil d’autodérision qui aurait permis de faire passer l’amertume de la pilule. Le narrateur qualifie à un moment sa prose de « flot torrentiel ». Je crois que c’est exactement ça et malheureusement, je m’y suis noyé. C’est dommage, il y a certains passages plein de lucidité ou plutôt drôles : « Les pauvres ont tout de même cette capacité à susciter la sympathie, pour peu qu’ils aient la bonne idée de vivre loin et de rester chez eux. » ; « Je ne crois pas qu’aimer soit plus fort que d’être aimé, mais Balavoine a chanté beaucoup de conneries. C’est ce qui arrive aux chanteurs populaires lorsqu’ils se prennent pour des philosophes. »
Au final, je suis passé à côté, c’est une évidence. Malgré tout, je remercie Philisine d’avoir fait voyager cet ouvrage jusqu’à moi. Je suis content d’avoir découvert la plume élégante de Mikaël Hirsch et il se pourrait que je le lise à nouveau d’ici peu puisque son roman « Le Réprouvé » est dans ma pal depuis quelque temps déjà.
Avec les hommes de Mikaël Hirsch. Intervalles, 2013. 122 pages. 16 euros.
L’avis enthousiaste de Philisine
vendredi 6 décembre 2013
Ça sent bon la maman - Émile Jadoul et Claude K. Dubois
Quand l’heure du dodo arrive, Taupinou a droit à une histoire et un câlin, comme chaque soir. Puis c’est le dernier bisou et Maman Taupe le laisse seul dans son lit. Mais Taupinou aimerait bien rester blotti contre sa maman. Surtout que derrière la fenêtre la nuit est là. Et ça, Taupinou n’aime pas. Alors il se relève et demande à sa maman s’il peut dormir avec elle…
Je continue ma découverte des titres ramenés de Montreuil avec cet album tout en douceur chaudement recommandé par Leiloona. Il se dégage tellement de tendresse et d’amour de cette petite histoire qu’il est impossible de ne pas fondre pour Taupinou et sa maman.
Le dessin de Claude K. Dubois est à la fois simple et très expressif. En quelques traits il parvient à croquer une ambiance où le calme et la sérénité prédominent. On sent l’atmosphère bienveillante et chaleureuse de la maisonnée, le moelleux de la couette sous laquelle Taupinou finit par s’endormir et on se dit que décidément, il n’y a rien de mieux que l’odeur des mamans pour apaiser les enfants.
Un album doudou qui fait du bien et que j’ai hâte de faire découvrir à ma petite dernière quand elle aura l’âge d’en profiter. Une histoire parfaite à lire lorsque l’heure du dodo arrivera à grands pas.
Ça sent bon la maman d’Émile Jadoul et Claude K. Dubois. École des loisirs (Pastel), 2013. 24 pages. 11,50 euros. A partir de 2-3 ans.
L'avis de Leiloona
Je continue ma découverte des titres ramenés de Montreuil avec cet album tout en douceur chaudement recommandé par Leiloona. Il se dégage tellement de tendresse et d’amour de cette petite histoire qu’il est impossible de ne pas fondre pour Taupinou et sa maman.
Le dessin de Claude K. Dubois est à la fois simple et très expressif. En quelques traits il parvient à croquer une ambiance où le calme et la sérénité prédominent. On sent l’atmosphère bienveillante et chaleureuse de la maisonnée, le moelleux de la couette sous laquelle Taupinou finit par s’endormir et on se dit que décidément, il n’y a rien de mieux que l’odeur des mamans pour apaiser les enfants.
Un album doudou qui fait du bien et que j’ai hâte de faire découvrir à ma petite dernière quand elle aura l’âge d’en profiter. Une histoire parfaite à lire lorsque l’heure du dodo arrivera à grands pas.
Ça sent bon la maman d’Émile Jadoul et Claude K. Dubois. École des loisirs (Pastel), 2013. 24 pages. 11,50 euros. A partir de 2-3 ans.
L'avis de Leiloona
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