Dans un café de Brest, deux anciens camarades d’école se retrouvent après vingt années de séparation. L’un est écrivain, l’autre, Paul Rubinstein, n’a pas connu la réussite professionnelle et amoureuse qu’on lui prédisait. Paul profite de ces retrouvailles pour se confier. Il raconte ses désillusions amoureuses, son expérience communautaire dans un kibboutz, cette vie où les échecs n’ont cessé de se succéder.
De Paris à Tel-Aviv, de Tel-Aviv à Brest, on suit la trajectoire pleine de questionnements et d’incertitudes d’un homme qui avait tout pour réussir, mais qui semble avoir passé son temps à enchaîner les désillusions. Un homme qui subit, qui ne cherche pas à entreprendre quoi que ce soit pour changer le cours des choses. A aucun moment je n’ai ressenti pour lui la moindre empathie. Plutôt envie de le secouer que de le plaindre. Un personnage agaçant en somme.
Le texte est déroulé d’un bloc, sans découpage. Cette absence de chapitres, de parties, de respirations, a fini par m’étouffer. Je me suis embourbé dans cette logorrhée, certes très bien écrite, mais dont j’ai vite perdu le fil. Il faut dire aussi que l’histoire de Paul n’a rien de passionnant. Une mise à nue trop dramatique et trop psychologique pour moi. Il manque un soupçon de fantaisie, un poil d’autodérision qui aurait permis de faire passer l’amertume de la pilule. Le narrateur qualifie à un moment sa prose de « flot torrentiel ». Je crois que c’est exactement ça et malheureusement, je m’y suis noyé. C’est dommage, il y a certains passages plein de lucidité ou plutôt drôles : « Les pauvres ont tout de même cette capacité à susciter la sympathie, pour peu qu’ils aient la bonne idée de vivre loin et de rester chez eux. » ; « Je ne crois pas qu’aimer soit plus fort que d’être aimé, mais Balavoine a chanté beaucoup de conneries. C’est ce qui arrive aux chanteurs populaires lorsqu’ils se prennent pour des philosophes. »
Au final, je suis passé à côté, c’est une évidence. Malgré tout, je remercie Philisine d’avoir fait voyager cet ouvrage jusqu’à moi. Je suis content d’avoir découvert la plume élégante de Mikaël Hirsch et il se pourrait que je le lise à nouveau d’ici peu puisque son roman « Le Réprouvé » est dans ma pal depuis quelque temps déjà.
Avec les hommes de Mikaël Hirsch. Intervalles, 2013. 122 pages. 16 euros.
L’avis enthousiaste de Philisine
samedi 7 décembre 2013
vendredi 6 décembre 2013
Ça sent bon la maman - Émile Jadoul et Claude K. Dubois
Quand l’heure du dodo arrive, Taupinou a droit à une histoire et un câlin, comme chaque soir. Puis c’est le dernier bisou et Maman Taupe le laisse seul dans son lit. Mais Taupinou aimerait bien rester blotti contre sa maman. Surtout que derrière la fenêtre la nuit est là. Et ça, Taupinou n’aime pas. Alors il se relève et demande à sa maman s’il peut dormir avec elle…
Je continue ma découverte des titres ramenés de Montreuil avec cet album tout en douceur chaudement recommandé par Leiloona. Il se dégage tellement de tendresse et d’amour de cette petite histoire qu’il est impossible de ne pas fondre pour Taupinou et sa maman.
Le dessin de Claude K. Dubois est à la fois simple et très expressif. En quelques traits il parvient à croquer une ambiance où le calme et la sérénité prédominent. On sent l’atmosphère bienveillante et chaleureuse de la maisonnée, le moelleux de la couette sous laquelle Taupinou finit par s’endormir et on se dit que décidément, il n’y a rien de mieux que l’odeur des mamans pour apaiser les enfants.
Un album doudou qui fait du bien et que j’ai hâte de faire découvrir à ma petite dernière quand elle aura l’âge d’en profiter. Une histoire parfaite à lire lorsque l’heure du dodo arrivera à grands pas.
Ça sent bon la maman d’Émile Jadoul et Claude K. Dubois. École des loisirs (Pastel), 2013. 24 pages. 11,50 euros. A partir de 2-3 ans.
L'avis de Leiloona
Je continue ma découverte des titres ramenés de Montreuil avec cet album tout en douceur chaudement recommandé par Leiloona. Il se dégage tellement de tendresse et d’amour de cette petite histoire qu’il est impossible de ne pas fondre pour Taupinou et sa maman.
Le dessin de Claude K. Dubois est à la fois simple et très expressif. En quelques traits il parvient à croquer une ambiance où le calme et la sérénité prédominent. On sent l’atmosphère bienveillante et chaleureuse de la maisonnée, le moelleux de la couette sous laquelle Taupinou finit par s’endormir et on se dit que décidément, il n’y a rien de mieux que l’odeur des mamans pour apaiser les enfants.
Un album doudou qui fait du bien et que j’ai hâte de faire découvrir à ma petite dernière quand elle aura l’âge d’en profiter. Une histoire parfaite à lire lorsque l’heure du dodo arrivera à grands pas.
Ça sent bon la maman d’Émile Jadoul et Claude K. Dubois. École des loisirs (Pastel), 2013. 24 pages. 11,50 euros. A partir de 2-3 ans.
L'avis de Leiloona
jeudi 5 décembre 2013
Une preuve d’amour - Valentine Goby
Fantine a abandonné Causette (vous savez, dans Les Misérables). Est-ce pour autant une mauvaise mère ? Certains élèves pensent qu’elle n’avait pas le choix. D’autres au contraire estiment que si elle n’était pas capable de s’occuper d’une enfant, elle aurait mieux fait de ne pas en avoir. Le débat est houleux et le prof de français à du mal à tenir ses troupes. Pour Simon « abandonner son enfant, c’est dégueulasse ». Pour Sonia, « elle aurait mieux fait de pas naître Cosette. » Soudain, Abdou se lève en renversant sa chaise et déclare : « Ce qu’elle fait Fantine, c’est une preuve d’amour. » Tout le monde se tourne vers lui. Abdou, arrivé depuis peu dans la classe et dont personne ne sait rien. Abdou qui jamais ne prend la parole. Pour Sonia, sa réaction a forcément un lien avec son histoire personnelle et les circonstances vont l’amener à découvrir qu’elle a malheureusement raison…
Valentine Goby met en scène des gamins quelque peu cabossés avec la sensibilité qui la caractérise. La situation d’Abdou est compliquée et présentée sans fard mais sans non plus en rajouter des tonnes, sans jamais chercher à nous tirer des larmes. Sonia a elle aussi une vie difficile mais elle ne se plaint pas. Allez savoir pourquoi, j’aime beaucoup l’image de son père, un homme qui a dû l’élever seul : « Mon père m’a baignée. Nourrie. Coiffée. Acheté des robes. Consolée. Soigné la varicelle avec un bout de coton trempé dans un liquide bleu, bouton par bouton, pendant huit jours. Il m’a raconté des histoires le soir pendant des années. […] Il a été, il est, mon père et ma mère depuis tellement longtemps, et ça m’étonnerait pas que dans son ventre il sente la même douleur que Jean Valjean, si je devais partir. Quand je partirai. »
Il est aussi question dans ce texte d’amitié, d’entraide et d’amour. La fin est positive, il y a une note d’espoir, mais rien n’est réglé pour autant. Valentine Goby évite de nous faire croire que les miracles existent. On finit par quitter les personnages à regret et on se dit qu’il va vite falloir fait découvrir ce petit roman à des élèves de 5ème-4ème parce qu’il y a de très fortes chances qu’ils le trouvent formidable.
Une preuve d’amour de Valentine Goby. Thierry Magnier, 2013. 88 pages. 5,95 euros. A partir de 11-12 ans.
Une lecture commune que j’ai une fois encore le plaisir de partager avec Noukette. On a choisi ce livre ensemble à Montreuil lundi dernier après avoir discuté pendant près d’une demi-heure avec Valentine Goby. Elle nous a fait une jolie dédicace et cette LC sonne un peu comme un beau souvenir de cette journée. Un parmi tant d’autres…
NB : Cet ouvrage fait partie du « feuilleton des Incos », une collection dont le but est de proposer aux jeunes lecteurs de pénétrer dans les coulisses de la création d’une histoire à travers une correspondance personnalisée avec l’auteur. Plus d’info sur le site des incos : http://www.lesincos.com/feuilleton.html
Valentine Goby met en scène des gamins quelque peu cabossés avec la sensibilité qui la caractérise. La situation d’Abdou est compliquée et présentée sans fard mais sans non plus en rajouter des tonnes, sans jamais chercher à nous tirer des larmes. Sonia a elle aussi une vie difficile mais elle ne se plaint pas. Allez savoir pourquoi, j’aime beaucoup l’image de son père, un homme qui a dû l’élever seul : « Mon père m’a baignée. Nourrie. Coiffée. Acheté des robes. Consolée. Soigné la varicelle avec un bout de coton trempé dans un liquide bleu, bouton par bouton, pendant huit jours. Il m’a raconté des histoires le soir pendant des années. […] Il a été, il est, mon père et ma mère depuis tellement longtemps, et ça m’étonnerait pas que dans son ventre il sente la même douleur que Jean Valjean, si je devais partir. Quand je partirai. »
Il est aussi question dans ce texte d’amitié, d’entraide et d’amour. La fin est positive, il y a une note d’espoir, mais rien n’est réglé pour autant. Valentine Goby évite de nous faire croire que les miracles existent. On finit par quitter les personnages à regret et on se dit qu’il va vite falloir fait découvrir ce petit roman à des élèves de 5ème-4ème parce qu’il y a de très fortes chances qu’ils le trouvent formidable.
Une preuve d’amour de Valentine Goby. Thierry Magnier, 2013. 88 pages. 5,95 euros. A partir de 11-12 ans.
Une lecture commune que j’ai une fois encore le plaisir de partager avec Noukette. On a choisi ce livre ensemble à Montreuil lundi dernier après avoir discuté pendant près d’une demi-heure avec Valentine Goby. Elle nous a fait une jolie dédicace et cette LC sonne un peu comme un beau souvenir de cette journée. Un parmi tant d’autres…
NB : Cet ouvrage fait partie du « feuilleton des Incos », une collection dont le but est de proposer aux jeunes lecteurs de pénétrer dans les coulisses de la création d’une histoire à travers une correspondance personnalisée avec l’auteur. Plus d’info sur le site des incos : http://www.lesincos.com/feuilleton.html
mercredi 4 décembre 2013
Gauguin : loin de la route - Maximilien Leroy et Christophe Gaultier
Quand on évoque Gauguin viennent à l’esprit couleurs chaudes et vahinés, Tahiti et les îles Marquises. Mais en grattant un peu derrière les images d’Épinal on découvre que le bonhomme était un misanthrope « ogre d’égoïsme […] pourfendeur résolu de l’idéologie coloniale, impérialiste et religieuse de son époque. »
En 1901, le peintre quitte Tahiti pour la petite île d’Hiva. Deux ans avant sa mort, il apparaît aigri, fatigué, mais aussi jouisseur invétéré, travailleur acharné, ne crachant pas sur la bouteille et accro à la morphine. Maximilien Leroy entrecroise la trajectoire de l’artiste et celle de Victor Segalen, médecin de marine fasciné par Gauguin et venu à Hiva quelques mois après sa mort pour tenter de mieux cerner la personnalité de celui qu’il finira par qualifier avec admiration de monstre : « Gauguin fut donc un monstre, et il le fut complètement, impérieusement. »
Gauguin est une plaie pour l’administration de l’île. Il incite les autochtones à refuser la loi des colonisateurs, les encourage à boycotter l’école : « N’envoyez plus vos enfants là-bas. Continuez comme vous le faisiez avant, avec votre culture, vos coutumes, vos traditions ! Vous n’avez pas besoin de les écouter. Ils déversent dans vos oreilles toute leur pisse corrompue. » L’église en prend aussi pour son grade, comme les forces de l’ordre qu’il ne cesse d’insulter, ce qui lui vaudra en mars 1903 d’être condamné à trois ans de prison pour diffamation envers un gendarme dans l’exercice de ses fonctions. Une peine qu’il ne pourra effectuer puisqu’il décédera le 8 mai de la même année d’une probable overdose de morphine.
J’aime beaucoup l'univers graphique de Christophe Gaultier, découvert avec son adaptation de Robinson Crusoé. Son encrage épais, son trait un peu charbonneux et son style peu réaliste font ici merveille. Les couleurs sont, dans l’ensemble très sombres et collent parfaitement à l’existence torturée de l’artiste.
Portrait saisissant d’un homme en souffrance, tant physique que psychologique, cet album étonnant écorne avec rigueur et lucidité le statut de héros que beaucoup continuent d’accorder à Gauguin. Dans son oraison funèbre, l’évêque Martin n’hésita pas à affirmer : « Il n’y aurait rien de bien saillant, ici, que la mort d’un triste personnage nommé Gauguin, artiste de renom, ennemi de Dieu et de tout ce qui est honnête… ». Difficile de lui donner tort.
En ce qui me concerne, si je vous dis que ce Gauguin anar et punk avant l’heure m’a beaucoup plu, je suppose que vous serez à peine surpris…
Gauguin : loin de la route de Maximilien Leroy et Christophe Gaultier. Le Lombard, 2013. 84 pages. 20 euros.
En 1901, le peintre quitte Tahiti pour la petite île d’Hiva. Deux ans avant sa mort, il apparaît aigri, fatigué, mais aussi jouisseur invétéré, travailleur acharné, ne crachant pas sur la bouteille et accro à la morphine. Maximilien Leroy entrecroise la trajectoire de l’artiste et celle de Victor Segalen, médecin de marine fasciné par Gauguin et venu à Hiva quelques mois après sa mort pour tenter de mieux cerner la personnalité de celui qu’il finira par qualifier avec admiration de monstre : « Gauguin fut donc un monstre, et il le fut complètement, impérieusement. »
Gauguin est une plaie pour l’administration de l’île. Il incite les autochtones à refuser la loi des colonisateurs, les encourage à boycotter l’école : « N’envoyez plus vos enfants là-bas. Continuez comme vous le faisiez avant, avec votre culture, vos coutumes, vos traditions ! Vous n’avez pas besoin de les écouter. Ils déversent dans vos oreilles toute leur pisse corrompue. » L’église en prend aussi pour son grade, comme les forces de l’ordre qu’il ne cesse d’insulter, ce qui lui vaudra en mars 1903 d’être condamné à trois ans de prison pour diffamation envers un gendarme dans l’exercice de ses fonctions. Une peine qu’il ne pourra effectuer puisqu’il décédera le 8 mai de la même année d’une probable overdose de morphine.
J’aime beaucoup l'univers graphique de Christophe Gaultier, découvert avec son adaptation de Robinson Crusoé. Son encrage épais, son trait un peu charbonneux et son style peu réaliste font ici merveille. Les couleurs sont, dans l’ensemble très sombres et collent parfaitement à l’existence torturée de l’artiste.
Portrait saisissant d’un homme en souffrance, tant physique que psychologique, cet album étonnant écorne avec rigueur et lucidité le statut de héros que beaucoup continuent d’accorder à Gauguin. Dans son oraison funèbre, l’évêque Martin n’hésita pas à affirmer : « Il n’y aurait rien de bien saillant, ici, que la mort d’un triste personnage nommé Gauguin, artiste de renom, ennemi de Dieu et de tout ce qui est honnête… ». Difficile de lui donner tort.
En ce qui me concerne, si je vous dis que ce Gauguin anar et punk avant l’heure m’a beaucoup plu, je suppose que vous serez à peine surpris…
Gauguin : loin de la route de Maximilien Leroy et Christophe Gaultier. Le Lombard, 2013. 84 pages. 20 euros.
mardi 3 décembre 2013
Le premier mardi c'est permis (22) : Histoires inavouables - Ovidie
Se taper le fiston à peine adulte d’une copine. Se coincer des balles de ping-pong dans un orifice pas fait pour cela. Penser trouver des filles faciles en boîte et tomber dans un piège. Faire des trajets en métro un moment hautement érotique. Tester l’échangisme et perdre le contrôle. Envoyer des sextos et des photos coquines à la mauvaise personne. Toutes ces anecdotes inavouables et quelques autres sont relatées ici dans de courtes nouvelles dessinées. Elles sont inspirées de faits réels et ont été confiées anonymement par leurs protagonistes à Ovidie, ex-actrice et productrice de films X.
Le résultat est frais et léger. Surtout, il sonne vrai, loin des BD porno aguicheuses où une oie blanche se transforme en bête de sexe en deux coups de cuillère à pot (ou plutôt en deux coups de reins). Le but n’est pas d’exciter le lecteur à tout prix mais juste de proposer quelques chose d’un peu décalé et amusant. Mon histoire préférée est celle des copains hétéros qui regardent ensemble un film porno et en viennent aux mains (si vous voyez ce que je veux dire...). C’est très drôle et ça m’a rappelé quelques souvenirs de jeunesse (t’inquiète Arnaud, on était des gamins, il y a prescription).
Le dessin en noir et blanc de Jérôme d’Aviau est simple et très parlant. Sans effet de manche (ah, ah, qu’est-ce que je suis marrant...) il met en scène des femmes « normales » aux corps aussi imparfaits qu’attirants. Pareil pour les hommes qui ne sont pas tous, loin de là, montés comme des ânes. D’où forcément le coté très naturel et réaliste de chaque histoire (ben oui, on n’est pas tous fortement membrés comme dans les livres et les films vous savez. Enfin je veux dire, les autres ne sont pas tous fortement membrés comme dans les livres et les films).
Soyons clair, ce recueil d’histoires inavouables n’a rien d’inoubliable mais il m’a fait passer un très agréable moment. Longtemps que la BD érotico-porno ne m’avait pas décroché un sourire, rien que pour ça, je ne regrette pas d’avoir découvert cet album.
Pour finir un petit aparté qui m’a bien fait rire. Dans une interview à la revue Casemate, Ovidie affirme : « Le spectateur d’un film porno se barre en moyenne au bout de douze minutes, alors que, sur mes films, le taux de décrochage est très faible. Les gens sont excités mais regardent l’histoire jusqu’au bout. »
Bien sûr, bien sûr... Bon je n’ai jamais vu un film d’Ovidie mais si ça devait arriver un jour, m’étonnerait pas que je « décroche » (j’adore le choix de ce mot par rapport aux circonstances) avant la fin, quelle que soit l’histoire.
Histoires inavouables d’Ovidie et Jérôme d’Aviau. Delcourt, 2013. 102 pages. 14,95 euros.
Une lecture commune que j’ai l’immense plaisir de partager avec Noukette. Ce n’était pas vraiment prévu au départ mais figurez-vous qu’elle a ramené cet album de Montreuil. Oui, vous avez bien entendu, le salon du livre et de la presse jeunesse cachait en son sein (ou plutôt sur le stand Delcourt) de la BD olé-olé. Forcément Noukette n’a pas pu résister. Il faut dire qu’elle a peut-être été un tantinet influencée mais c’est une autre histoire...
Le résultat est frais et léger. Surtout, il sonne vrai, loin des BD porno aguicheuses où une oie blanche se transforme en bête de sexe en deux coups de cuillère à pot (ou plutôt en deux coups de reins). Le but n’est pas d’exciter le lecteur à tout prix mais juste de proposer quelques chose d’un peu décalé et amusant. Mon histoire préférée est celle des copains hétéros qui regardent ensemble un film porno et en viennent aux mains (si vous voyez ce que je veux dire...). C’est très drôle et ça m’a rappelé quelques souvenirs de jeunesse (t’inquiète Arnaud, on était des gamins, il y a prescription).
Le dessin en noir et blanc de Jérôme d’Aviau est simple et très parlant. Sans effet de manche (ah, ah, qu’est-ce que je suis marrant...) il met en scène des femmes « normales » aux corps aussi imparfaits qu’attirants. Pareil pour les hommes qui ne sont pas tous, loin de là, montés comme des ânes. D’où forcément le coté très naturel et réaliste de chaque histoire (ben oui, on n’est pas tous fortement membrés comme dans les livres et les films vous savez. Enfin je veux dire, les autres ne sont pas tous fortement membrés comme dans les livres et les films).
Soyons clair, ce recueil d’histoires inavouables n’a rien d’inoubliable mais il m’a fait passer un très agréable moment. Longtemps que la BD érotico-porno ne m’avait pas décroché un sourire, rien que pour ça, je ne regrette pas d’avoir découvert cet album.
Pour finir un petit aparté qui m’a bien fait rire. Dans une interview à la revue Casemate, Ovidie affirme : « Le spectateur d’un film porno se barre en moyenne au bout de douze minutes, alors que, sur mes films, le taux de décrochage est très faible. Les gens sont excités mais regardent l’histoire jusqu’au bout. »
Bien sûr, bien sûr... Bon je n’ai jamais vu un film d’Ovidie mais si ça devait arriver un jour, m’étonnerait pas que je « décroche » (j’adore le choix de ce mot par rapport aux circonstances) avant la fin, quelle que soit l’histoire.
Histoires inavouables d’Ovidie et Jérôme d’Aviau. Delcourt, 2013. 102 pages. 14,95 euros.
Une lecture commune que j’ai l’immense plaisir de partager avec Noukette. Ce n’était pas vraiment prévu au départ mais figurez-vous qu’elle a ramené cet album de Montreuil. Oui, vous avez bien entendu, le salon du livre et de la presse jeunesse cachait en son sein (ou plutôt sur le stand Delcourt) de la BD olé-olé. Forcément Noukette n’a pas pu résister. Il faut dire qu’elle a peut-être été un tantinet influencée mais c’est une autre histoire...
lundi 2 décembre 2013
J'ai laissé mon âme au vent
Ce n'est plus moi qui t'offrirai des friandises
Mais dans ta mémoire, j'ai placé d'autres gourmandises
Mange la vie
Mords dedans
Moi, j'ai laissé mon âme au vent
Je me sens plus léger maintenant
Je peux à chaque instant voyager
Partir, revenir, c'est amusant
Tu ne peux pas m'attraper
Tu ne peux pas me tenir
Mais si tu fermes les yeux
Tu peux toujours me sentir
Un texte magnifique qui évoque la disparition d'un être cher. Un grand-père qui n’est plus s’adresse à son petit fils. Son discours déborde de tendresse et d’amour. Malgré la douleur les mots apaisent. C’est poétique sans être larmoyant, l’enfant comprend que ceux qui partent peuvent laisser des traces indélébiles et que la vie continue, toujours. A la fin du livre, un sachet de graines d’immortelles : « On les plante, on les voit naître, grandir et ne jamais périr… ». Tout est dit.
Les dessins sont somptueux. Des doubles pages comme autant de tableaux dans lesquels le regard se perd avec bonheur. Un ouvrage parfait pour parler de la mort avec les enfants. Il en existe bien d’autres, du célèbre « Au revoir blaireau » au « vintage » « Une chanson pour l’oiseau » en passant par le plutôt glauque (du moins je trouve) « Dimanche noyé de grand-père ». Mais ici les trésors de douceur et de poésie déployés par les auteurs donnent une dimension et une force uniques à cet album. Un petit bijou.
J'ai laissé mon âme au vent de Roxane Marie Galliez et Eric Puybaret. De la Martinière jeunesse, 2013. 30 pages. 14,50 euros.
Une découverte que je dois à Un autre endroit, mon fournisseur officiel de pépites en littérature jeunesse.
Les avis de Mya Rosa ; Un autre endroit
Mais dans ta mémoire, j'ai placé d'autres gourmandises
Mange la vie
Mords dedans
Moi, j'ai laissé mon âme au vent
Je me sens plus léger maintenant
Je peux à chaque instant voyager
Partir, revenir, c'est amusant
Tu ne peux pas m'attraper
Tu ne peux pas me tenir
Mais si tu fermes les yeux
Tu peux toujours me sentir
Un texte magnifique qui évoque la disparition d'un être cher. Un grand-père qui n’est plus s’adresse à son petit fils. Son discours déborde de tendresse et d’amour. Malgré la douleur les mots apaisent. C’est poétique sans être larmoyant, l’enfant comprend que ceux qui partent peuvent laisser des traces indélébiles et que la vie continue, toujours. A la fin du livre, un sachet de graines d’immortelles : « On les plante, on les voit naître, grandir et ne jamais périr… ». Tout est dit.
Les dessins sont somptueux. Des doubles pages comme autant de tableaux dans lesquels le regard se perd avec bonheur. Un ouvrage parfait pour parler de la mort avec les enfants. Il en existe bien d’autres, du célèbre « Au revoir blaireau » au « vintage » « Une chanson pour l’oiseau » en passant par le plutôt glauque (du moins je trouve) « Dimanche noyé de grand-père ». Mais ici les trésors de douceur et de poésie déployés par les auteurs donnent une dimension et une force uniques à cet album. Un petit bijou.
J'ai laissé mon âme au vent de Roxane Marie Galliez et Eric Puybaret. De la Martinière jeunesse, 2013. 30 pages. 14,50 euros.
Une découverte que je dois à Un autre endroit, mon fournisseur officiel de pépites en littérature jeunesse.
Les avis de Mya Rosa ; Un autre endroit
samedi 30 novembre 2013
Une part de ciel - Claudie Gallay
Quelques semaines avant Noël Carole retourne dans le Val de son enfance pour y attendre son père. Dans ce petit coin de montagne elle retrouve son frère Philippe et sa sœur cadette Gaby. Il y a aussi la Môme, la fille adoptive de Gaby, le vieux Sam, la Baronne et ses chiens, Jean, Marius, Diego, l’Oncle et la Veuve. Passant ses journées entre le gîte qu’elle a loué, le mobile home de sa sœur, le bar de Franky et le chenil de la baronne, Carole tente de tisser à nouveau les liens. Pas facile pour celle devenue depuis longtemps une citadine de renouer le dialogue avec les siens. Sans compter qu’au cœur de leur relation reste, comme une blessure impossible à refermer, la tragédie qui a marqué leur enfance. Mais peu à peu, la fratrie va se resserrer et la tendresse affleurer...
Je les ai trouvés touchants ces gens simples et taiseux, un peu cabossés, qui attendent le père comme d’autres ont attendu Godot (l’absurde en moins). L’attente agit comme un processus nécessaire pour que chacun petit à petit se révèle aux autres. Dans cette vallée où les hommes sont parfois aussi sauvages et silencieux que la nature le temps semble s’être arrêté. Au final cette attente va leur ouvrir un vaste champ de possibles et leur offrir une part de ciel, l’espoir de « comprendre la teneur de ce trou béant qui avait fait [leur] différence ».
J’ai aimé l’écriture très descriptive où chaque geste est précisé avec minutie. Du lavage d’un pot de miel vide à la préparation d’une pièce montée, rien n’est épargné au lecteur. Personnellement, j’apprécie ce parti pris « behavioriste » où l’auteur s’attarde davantage sur l’action que sur l’introspection psychologique. Cette dernière est présente mais reste discrète (tout le contraire du soporifique dernier Kasischke par exemple). Sans doute pour cela que j’ai parcouru ces quelques 400 pages sans lassitude même s’il y a quelques longueurs.
Le découpage du texte est je trouve très cinématographique. Un enchaînement de chapitres qui sont autant de séquences et de scènes où les dialogues occupent une place importante et participent à leur manière à l’étude du comportement des individus sans avoir recours à cette introspection que je trouve tellement pénible.
Un roman d’atmosphère vers lequel j’hésitais à me tourner tant je craignais de m’ennuyer ferme. La surprise est donc belle, j’ai passé un excellent moment auprès de Carole et des habitants du Val. Pour tout vous dire je les ai quittés à regret, c’est un signe qui ne trompe pas.
Une part de ciel de Claudie Gallay. Actes Sud, 2013. 446 pages. 22 euros.
Je les ai trouvés touchants ces gens simples et taiseux, un peu cabossés, qui attendent le père comme d’autres ont attendu Godot (l’absurde en moins). L’attente agit comme un processus nécessaire pour que chacun petit à petit se révèle aux autres. Dans cette vallée où les hommes sont parfois aussi sauvages et silencieux que la nature le temps semble s’être arrêté. Au final cette attente va leur ouvrir un vaste champ de possibles et leur offrir une part de ciel, l’espoir de « comprendre la teneur de ce trou béant qui avait fait [leur] différence ».
J’ai aimé l’écriture très descriptive où chaque geste est précisé avec minutie. Du lavage d’un pot de miel vide à la préparation d’une pièce montée, rien n’est épargné au lecteur. Personnellement, j’apprécie ce parti pris « behavioriste » où l’auteur s’attarde davantage sur l’action que sur l’introspection psychologique. Cette dernière est présente mais reste discrète (tout le contraire du soporifique dernier Kasischke par exemple). Sans doute pour cela que j’ai parcouru ces quelques 400 pages sans lassitude même s’il y a quelques longueurs.
Le découpage du texte est je trouve très cinématographique. Un enchaînement de chapitres qui sont autant de séquences et de scènes où les dialogues occupent une place importante et participent à leur manière à l’étude du comportement des individus sans avoir recours à cette introspection que je trouve tellement pénible.
Un roman d’atmosphère vers lequel j’hésitais à me tourner tant je craignais de m’ennuyer ferme. La surprise est donc belle, j’ai passé un excellent moment auprès de Carole et des habitants du Val. Pour tout vous dire je les ai quittés à regret, c’est un signe qui ne trompe pas.
Une part de ciel de Claudie Gallay. Actes Sud, 2013. 446 pages. 22 euros.
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vendredi 29 novembre 2013
La cuisine de Mamette - Nob
Mamette est une gourmande, c’est pas un scoop. Il suffit d’ailleurs de regarder sa silhouette pour comprendre que le régime ne fait pas partie de ses préoccupations. Alors quand Mamette propose ses recettes de cuisine fétiches, on se régale forcément.
Vingt-trois recettes en tout, extrêmement variées. Leur seul point commun est la simplicité : riz au lait, pain perdu, crêpes, œufs cocottes, tagliatelles à la carbonara, ratatouille, tarte à la tomate, clafouti aux cerises, boulettes de viande, velouté de courgettes, etc. En jetant un œil sur la liste complète en fin d’ouvrage on constate que le sucré prend largement le pas sur le salé (ce qui n’est pas surprenant quand on connait Mamette). Chaque recette est déroulée en quelques cases et semble tellement facile à réaliser, un jeu d’enfant ! Entre les recettes, quelques gags en une planche (avec une mention spéciale pour ceux montrant Mamette essayant d'apprendre la cuisine à la mère de Lou) et quelques belles illustrations pleine page comme on en trouve dans « Les souvenirs de Mamette. » Il y a aussi des interludes plus pratiques comme « les dix commandements de la cuisine », « les conseils pour bien digérer », « les ustensiles indispensables en cuisine » ou encore « les aliments indispensables à un pique-nique réussi ».
C’est toujours un plaisir de retrouver l’univers de Mamette, sa bonne humeur permanente, cette façon bien à elle d’affronter le quotidien en laissant la morosité loin derrière. Si vous ne connaissez pas cette succulente grand-mère (ce qui est une grave erreur), il vaut mieux ne pas commencer avec cet album. Il contient de nombreuses références à la série originale et à son spin off (« Les souvenirs ») qu’il sera difficile de saisir. Surtout, impossible d’apprécier à leur juste valeur les interventions des nombreux personnages secondaires qui entourent notre héroïne sans avoir lu les albums précédents. Mais si vous êtes comme moi un fan inconditionnel de cette reine des fourneaux vous pouvez foncer les yeux fermés, vous ne serez pas déçus par le menu qu’elle propose ici.
La cuisine de Mamette de Nob. Glénat, 2013. 96 pages. 14,95 euros.
Vingt-trois recettes en tout, extrêmement variées. Leur seul point commun est la simplicité : riz au lait, pain perdu, crêpes, œufs cocottes, tagliatelles à la carbonara, ratatouille, tarte à la tomate, clafouti aux cerises, boulettes de viande, velouté de courgettes, etc. En jetant un œil sur la liste complète en fin d’ouvrage on constate que le sucré prend largement le pas sur le salé (ce qui n’est pas surprenant quand on connait Mamette). Chaque recette est déroulée en quelques cases et semble tellement facile à réaliser, un jeu d’enfant ! Entre les recettes, quelques gags en une planche (avec une mention spéciale pour ceux montrant Mamette essayant d'apprendre la cuisine à la mère de Lou) et quelques belles illustrations pleine page comme on en trouve dans « Les souvenirs de Mamette. » Il y a aussi des interludes plus pratiques comme « les dix commandements de la cuisine », « les conseils pour bien digérer », « les ustensiles indispensables en cuisine » ou encore « les aliments indispensables à un pique-nique réussi ».
C’est toujours un plaisir de retrouver l’univers de Mamette, sa bonne humeur permanente, cette façon bien à elle d’affronter le quotidien en laissant la morosité loin derrière. Si vous ne connaissez pas cette succulente grand-mère (ce qui est une grave erreur), il vaut mieux ne pas commencer avec cet album. Il contient de nombreuses références à la série originale et à son spin off (« Les souvenirs ») qu’il sera difficile de saisir. Surtout, impossible d’apprécier à leur juste valeur les interventions des nombreux personnages secondaires qui entourent notre héroïne sans avoir lu les albums précédents. Mais si vous êtes comme moi un fan inconditionnel de cette reine des fourneaux vous pouvez foncer les yeux fermés, vous ne serez pas déçus par le menu qu’elle propose ici.
La cuisine de Mamette de Nob. Glénat, 2013. 96 pages. 14,95 euros.
jeudi 28 novembre 2013
Le grand livre de la bagarre - Davide Cali et Serge Bloch
La bagarre c’est un classique des cours de récré. Avec ce
grand livre de la bagarre vous allez tout savoir sur cette activité « née
avec les hommes ». A quoi elle sert, comment elle débute, quels sont les
différents types de bagarre, combien faut-il être, combien de temps elle dure,
quelles sont les phrases magiques pour y mettre fin, pourquoi les adultes posent
des questions qui restent sans réponses à son propos, etc.
C’est très drôle, ludique, chaque affirmation sent le vécu à
plein nez. On n’oublie pas le rôle de rabat-joie tenu par les parents et les
enseignants, on n’oublie pas de dire que les filles aussi se bagarrent, on
précise que la vraie bagarre est un jeu et que « si la raison de la
bagarre c’est la haine, ce n’est plus du jeu. » Et puis on nous rappelle qu’après
une bonne bagarre, les égratignures et les bosses s’exhibent comme des trophées
pour épater les copains.
Les illustrations de Serge Bloch (Max et Lili) sont simples
et efficaces. Le coté « gribouillage »
illustre à merveille l’aspect brouillon des pugilats enfantins. Forcément j’en entends
déjà certains s’étrangler à la lecture de cet album,
hurler à l’apologie de la violence alors que les brutalités se multiplient à l’école.
Personnellement j’aurais envie de leur dire de regarder plus loin que le bout
de leur nez. Il y a là une mise à distance salutaire et jubilatoire que les
enfants sont tout à fait capables de comprendre. Il me semble que c’est au contraire un bon
moyen de dédramatiser ces moments qui rythment, qu’on le veuille ou non, la vie
d’une cour de récré.
Et puis bon on s'en fiche des pisse-froid qui ne vont pas aimer, moi j’ai adoré. C'est peut-être
politiquement incorrect mais c’est surtout très bien réalisé et franchement rigolo. Tout pour plaire quoi.
Le grand livre de la bagarre de Davide Cali et Serge Bloch.
Sarbacane, 2013. 36 pages. 17,50 euros. A partir de 5-6 ans.
Une lecture commune que j’ai le plaisir de partager avec
Leiloona. J'espère qu'elle a aimé sinon je boude.
mercredi 27 novembre 2013
Sumato - Renaud Dillies
Un chat et un lapin musiciens, une chanteuse envoutante accompagnée
au piano par le chien Sonny. Un coup de foudre. Un accident de voiture. Une amitié
indéfectible. De la tristesse, quelques notes de blues… il y a tout ça dans cet
album. Les personnages sont pétris d’humanité, de fêlures, de rêves à la fois
simples et inaccessibles… ou pas. Les petites gens frappés de plein fouet par des
épreuves douloureuses et qui font face comme ils peuvent, ça n’a pas l’air de grand-chose
mais chez moi (et chez beaucoup d’autres) ça fait tilt.
On pourra reprocher à Dillies de toujours parler des mêmes sujets
mais personnellement c’est ce que j’apprécie le plus chez lui. L’amitié, la
musique, l’amour, la souffrance, la mort, autant de thématiques qui font partie
de son "identité" d’auteur. Il se dégage ici encore de l'ensemble beaucoup de poésie et une certaine
forme de mélancolie qui, paradoxalement, met du baume au cœur.
Sumato est
son second album (après Betty Blues). La narration alterne les phases de
tension dramatique et d’autres plus calmes, notamment grâce aux illustrations
pleine page qui offre au lecteur une respiration apaisante.
Des vies sur un fil, une histoire simple, belle et triste à pleurer,
comme dirait Noukette qui a eu la gentillesse de me prêter cet album. Dillies
reste décidément un des mes auteurs BD préférés.
Sumato de Renaud Dillies. Paquet, 2004. 78 pages. 15,50
euros.
Une lecture commune que j’ai une fois de plus le plaisir de
partager avec Moka.
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