Le soldat Salengro invite la capitaine Lucie Ravelin dans son appartement. La jeune femme le fascine. Sa beauté n’a d’égale que sa froideur et il aimerait révéler sa part de féminité. Pendant deux jours, il va l’enfermer et lui faire subir une succession d’humiliations. Mais que cherche-t-il vraiment en procédant de la sorte ?
Un huis clos classique. La question est : qui mène la danse ? Le « bourreau » se demande constamment ce qu’il est en train de faire. La victime ne l’est sans doute pas tant que ça. Il y a entre eux un jeu de dupes qui finit par agacer et surtout qui, in fine, ne mène à rien. On regarde les choses de loin, pas du tout concerné par cette relation tendue et ambiguë entre un troufion et sa supérieure hiérarchique. Une supérieure dont il voudrait percer la cuirasse derrière laquelle elle semble constamment se retrancher.
En même temps, il faut reconnaître qu’il n’est pas simple de mettre en scène un huis clos. Tout tient souvent dans les dialogues. Les échanges entre les protagonistes sont ici dans l'ensemble artificiels, ils sonnent faux. Et puis l’affrontement est avant tout psychologique. Le soldat Salengro ne cesse de répéter que cette histoire n’est pas sexuelle. Pour le coup il n’a pas tort. Il y a bien quelques situations scabreuses mais pas émoustillantes pour deux ronds. Un léger coup de cravache, une cuillère à café de sperme, un soupçon de pipi et de vomi… ça aurait pu titiller mais j’avoue que ça m’a laissé de marbre (longtemps que ce genre de choses ne m’écœurent plus, vous pensez bien). Sinon l’écriture est agréable et il y a de forts jolis passages mais voila, je ne me suis pas laissé embarquer par ce texte. Sans compter que la fin, bien trop ouverte, laisse en bouche un goût d’inachevé. Bref, une déception avec ce court roman dont le pitch était pourtant prometteur. Ça arrive…
Bras de fer de François Chollet. Le Cherche midi, 2013. 136 pages. 13 euros.