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Lepage © Futuropolis 2012 |
Avril 2008. Emmanuel Lepage
arrive en Ukraine, près de Tchernobyl. Accompagné de l’illustrateur Gildas
Chasseboeuf, il se rend sur place pour réaliser un reportage sur
la vie des
survivants et de leurs enfants à l’ombre de la centrale. D’abord terrorisé par
les risques de contamination, le dessinateur va finir par appréhender les lieux
avec davantage de sérénité et découvrir que, malgré l’horreur de la situation, les
habitants résistent et s’organisent.
Si le début de l’album est
particulièrement anxiogène, les choses basculent peu à peu par la suite. Bien
sûr les autochtones vivent dans une misère totale, « abandonnés à leur
sort avec l’alcool et la foi comme seuls horizons » mais leur accueil est
chaleureux, la joie de vivre reste présente malgré tout et l’entraide n’est pas
un vain mot. Lepage va aussi s’apercevoir qu'il n'y a pas à Tchernobyl d’animaux à cinq pattes, que le muguet continue de fleurir et que les
champignons (certes radioactifs) poussent toujours aux pieds des arbres. Venu
pour dessiner l’horreur, il constate « l’éclatante beauté des lieux. »
Dans ce monde dangereux qui « se cache, triche, ment », il veut « trouver des
signes tangibles qui disent la tragédie. » La difficulté pour lui est de retranscrire l’invisible,
l’impensable. Dans la zone interdite près de la centrale, il découvre « une
terre sans les hommes… et qui s’en passe. […] Une terre d’où les hommes sont
exclus, se sont exclus, se sont chassés eux-mêmes. » Venu défier la mort
dans un décor de fin du monde il se surprend à constater que la vie, coute que
coute, n’a jamais baissé les bras.
Le dessin est sublime, envoutant.
Le gris délavé des premiers temps laisse peu à peu la place à la lumière et à
la couleur. Quelques grandes cases panoramiques, un découpage plus resserré,
intimiste, lorsque les scènes se déroulent à l’intérieur des maisons. C’est
simple, beau et efficace, rien à dire.
La sincérité de la démarche de
Lepage est remarquable. Il a su retranscrire l’évolution de ses sentiments au
fil de son séjour. Impossible pour lui de nier la beauté de cette nature et de
cette humanité toujours debout malgré le désastre. Persuadé dans un premier
temps qu’il aura matière à réaliser un implacable témoignage à charge contre le
nucléaire, il se retrouve au final à proposer un récit qui, sans nier la
réalité et le danger permanent de contamination, fait d’abord et surtout la
part belle à l’amitié, à l’espoir et à la solidarité. Chapeau bas pour ce tour
de force !
Un album qui m’a fait du bien.
Par son indéfectible optimisme mais aussi parce que nos petits soucis nous
paraissent bien légers à coté de ce qui se passe là-bas. Une évidence qu’il est
parfois bon de se rappeler. Merci
Mo’ pour ce beau cadeau, tu ne pouvais pas
trouver mieux !
Un printemps à Tchernobyl d’Emmanuel Lepage.
Futuropolis, 2012. 164 pages. 24,50 euros.
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Lepage © Futuropolis 2012
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