Weller © Gallmeister 2013 |
C’est Abel Truman qui
est au cœur du roman. Les chapitres alternent entre deux époques. On suit d’une
part son parcours en mai 1864, au moment de la terrible bataille de la
Wilderness, une des plus sanglantes de la guerre de sécession. Soldat confédéré
(sudiste), Abel vit l’horreur absolue pendant plusieurs jours avant d’être
recueilli et soigné par une esclave en fuite. Fait prisonnier, il décide à la
fin du conflit de rejoindre la côte pacifique, au nord-ouest. On l’y retrouve
en 1899, vivant en ermite dans une cabane au bord de la plage avec son chien pour
seul compagnon. Malade et fatigué, il décide d’effectuer un dernier voyage au cœur
de la forêt. C’est là, après de douloureuses péripéties, que sa route croisera
celle de la petite Jane.
Encore un premier roman
américain impressionnant. Quel souffle, quelle maîtrise de la narration !
L’écriture de Lance Weller est très visuelle, riche de bruits et d’odeurs. La longue
partie consacrée à la bataille de la Wilderness est d’un réalisme sidérant qui
m’a laissé groggy. Du très grand art ! Weller est un peintre subtil de la
nature. Il procède par petites touches, entre lumière et crépuscule, s’attardant sur
les moindres détails. Il serait toutefois injuste de limiter Wilderness à un
simple exercice de Nature Writing. Il y est aussi question de souvenirs déchirants, de convictions ébranlées et de rédemption.
Aussi solidement
charpentée qu’ambitieuse, cette épopée à travers l’Amérique sauvage de la
seconde moitié du 19ème siècle est une nouvelle pépite dénichée par
les éditions Gallmeister. Pour mon premier roman de l’année 2013, je ne pouvais
pas rêver mieux !
Wilderness
de Lance Weller. Gallmesiter, 2013. 335
pages. 23,60 euros.