McBain © Gallimard 1996 |
Ce qui caractérise les
romans de McBain c’est ce réalisme glaçant décrivant l’ordinaire des
inspecteurs de la brigade. L’écriture est magnifique et il y a souvent des
passages d’anthologie, notamment lorsque le narrateur décrit en longs
paragraphes cette ville d’Isola (sœur jumelle fictive de New York) où se
déroule chaque affaire. J’adore le narrateur du 87ème District.
Totalement omniscient, il nous balade des flics aux délinquants avec une
musique bien à lui, oscillant entre humour noir, cynisme désabusé et
description clinique des crimes les plus atroces. Tout cela avec une distance
et un détachement qui rendent son propos absolument délicieux. Les dialogues
sont l’autre gros point fort de la série. Fluides, pertinents, faisant de
chaque interrogatoire un morceau de bravoure plus vrai que nature.
La rousse (1968) est un
roman un peu part dans la saga puisqu’il fait partie des cinq titres qui
composent le feuilleton à rebondissement consacré au Sourd, un criminel
insaisissable qui met toute la brigade sur les dents en imaginant des plans
machiavéliques et toujours très meurtriers. Pas le meilleur, loin de là, mais
puisque je lis les épisode dans l’ordre (La rousse est le 24ème) je
ne pouvais pas faire l’impasse. Il y est question de lettres anonymes, de
demandes de rançon, de menaces de mort sur le personnel municipal et de la mise
à exécution de ces menaces. Comme toujours, plusieurs affaires se croisent et
pendant que ses collègues se focalisent sur le Sourd, l’inspecteur Carella
tente d’attraper des ados qui s’amusent à bruler des clochards cuvant sur les
trottoirs. Au final rien de bien passionnant je dois l’avouer. Pour autant,
c’est toujours avec le même plaisir que je retrouve les flics d’Isola et cette
ambiance propre au 87ème District. Il me reste une trentaine de
romans à découvrir avant de les quitter définitivement. De bien belles lectures
en perspective…
La
rousse d’Ed McBain. Gallimard, 1996. 294 pages. 7,80 euros.