Salvatore est un chien garagiste vivant au fin fond de la Haute Savoie. Réputé comme le meilleur mécano de la région, c’est un solitaire taciturne et misanthrope qui adore réparer les moteurs mais déteste ses clients. Au-delà de sa passion pour les voitures, Salvatore n’a qu’un but : retrouver Julie, son amour d’enfance partie depuis des lustres en Amérique du sud en lui faisant promettre qu’ils se reverraient un jour.
Pour mener à bien ce rêve un peu fou, le garagiste va croiser sur son chemin une truie enceinte jusqu’aux yeux, un taureau camarguais en bien mauvaise posture ou encore une vachette jalouse comme une tigresse.
Des personnages improbables, animaux anthropomorphes vivant parmi les humains comme si de rien n’était. Un narrateur omniprésent qui commente et anticipe les événements. Une succession de situations plus abracadabrantes les unes que les autres. Une histoire d’amour aussi simple que touchante. Les ingrédients de ce premier volume sont nombreux et variés mais pas indigestes pour autant. Entre poésie, absurde, surréalisme et humour, Nicolas de Crécy tricote un drôle de canevas qui, au final, tient franchement la route. Il faut juste accepter de se laisser emporter sans à priori dans cet univers invraisemblable pour passer un délicieux moment de lecture.
Au premier abord, il serait tentant de qualifier le coup de crayon de l’auteur de maladroit. Un rien tremblotant, à la limite du crayonné, avec des proportions pas toujours respectées. Mais à y regarder de plus près, on se rend compte qu’il se cache derrière cette apparente naïveté graphique une sacrée maîtrise. Il suffit pour s’en convaincre de suivre la longue séquence centrale de l’album qui emmène la truie enceinte dans un voyage des plus mouvementé. De Crécy décline au long de cette douzaine de pages un art du cadrage et de la mise en scène assez époustouflant.
Bref, tout ça pour dire que j’ai beaucoup aimé ce premier tome. Alors merci qui ? Merci Mo’ bien sûr. Après Courtney Crumrin, elle m’a de nouveau gâté en m’offrant cet album qui permet d’entrer en douceur dans le monde de Nicolas de Crécy. Je sais que de son coté, ça n’a pas été le coup de foudre pour cette série (http://chezmo.wordpress.com/2010/03/18/salvatoretomes1et2/) mais pour moi ce fut une bien belle découverte. Après tout, les goûts et les couleurs…
Salvatore T1 : Transports amoureux de Nicolas de Crécy, Dupuis, 2005. 48 pages. 11,95 euros.
L’info en plus : La série est toujours en cours. A l’automne 2010, les éditions Dupuis ont publié une intégrale brochée des quatre premiers volumes avec une nouvelle colorisation dans des tons sépia du plus bel effet.