Une petite fille prépare le petit déjeuner dominical pour ses parents, persuadée de leur faire plaisir… Une caissière de supermarché est réprimandée par une cliente lui reprochant son manque d’amabilité… Deux êtres désespérément seuls se soutiennent mutuellement grâce à une messagerie sur internet... Un pianiste de restaurant porte un regard désabusé sur sa situation professionnelle… 11 histoires en tout. Autant « d’incidents dérisoires, de broutilles ordinaires, de terribles futilités » comme le souligne la quatrième de couverture.
Il est rare de voir des nouvelles en BD. L’exercice est difficile. Plus encore lorsque sont décrits des non-événements, des petits moments de vie à première vue sans intérêt. Il faut alors que l’auteur déploie des trésors de sensibilité pour embarquer un lecteur à priori peu enclin à goûter ce genre narratif si particulier.
Christophe Chabouté dénonce à travers ces Fables amères la déshumanisation de notre société. Facile, me direz-vous. Certes. Il parvient toutefois à le faire avec beaucoup de distance, sans être moralisateur.
Il y a un petit peu de Raymond Carver dans ces courtes nouvelles dessinées. La même volonté de montrer les petits riens des petites gens. C’est comme si on avait placé une caméra pour immortaliser quelques moments d’une insondable tristesse. Des instantanés sans commentaires, filmés dans une réalité brute dont l’apparente banalité réussit à vous prendre aux tripes. A cet égard, la dernière nouvelle du recueil est exemplaire et bouleversante.
Du coté du dessin, le trait en noir en blanc de Chabouté se reconnaît entre mille. Beaucoup d’épaisseur, un découpage quasi cinématographique. Très peu de texte. L’image se suffit souvent à elle-même. L’encrage nerveux rappelle le travail de Lax sur sa série Le Choucas.
Avec ces Fables amères, on retrouve le dessinateur très ancré dans la réalité sociale qui s’était fait remarqué avec « Quelques jours d’été » ou « Un îlot de bonheur ». Christophe Chabouté est grand. Il fait partie de ces rares auteurs capables de nous bouleverser avec trois fois rien. Grâce lui soit rendue pour être parvenu une nouvelle fois à réaliser ce petit miracle.
Fables amères : de tout petits riens, de Christophe Chabouté, édition Vents d’ouest, 2010. 12,00 euros.
L'avis de manU
L'avis de manU
L’info en plus : Pour ceux qui souhaitent découvrir d’autres titres de l’auteur, je ne peux que conseiller le magnifique « Construire un feu », une adaptation très fidèle de la nouvelle de Jack London. Les sceptiques ne pourront qu’être définitivement convaincus du talent de Chabouté en refermant cet album paru il y a presque trois ans.
Ouvrage lu dans le cadre du Challenge BD
Ces fables amères me tentent énormément, j'aime beaucoup le dessin et j'ai vraiment envie de savoir ce que la fillette va découvrir derrière cette porte (je trouve ça limite angoissant, quand j'imagine tout ce qui peut se cacher de l'autre côté lol)
RépondreSupprimerVraiment très intéressant en tout cas, je le rajoute à ma liste de BD à découvrir ^^
J'adore Chabouté et je suis justement en train de lire les Fables Amères. J'adore.
RépondreSupprimerEt moi je conseillerais Tout Seul, c'est un vrai morceau de poésie cet album ^^
Je ne connais pas Chabouté, mais ce livre me tente énormément. J'aimerais beaucoup le trouver à la bibliothèque, mais s'il vient de sortir, il va me falloir attendre un peu. En tout cas merci de nous faire découvrir cette BD qui a l'air vraiment géniale!
RépondreSupprimerTiens pour une fois qu'une BD serait au bord de m'attirer ...
RépondreSupprimerune belle découverte ça !! merci (une belle découverte de blog aussi ^^)
RépondreSupprimerVoilà qui me donne bien envie.. merci !
RépondreSupprimerah... je crois que je viens de retrouver le billet qui m'avait donné envie de lire cet album ^^ Merci Jérôme pour le lien :-)
RépondreSupprimerNous avons la même perception
RépondreSupprimerJ'avais déjà entendu parler de son travail, il me tarde maintenant encore plus de découvrir ses autres titres...
RépondreSupprimerTu vas te régaler avec ses autres titres !
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