Sven, membre de la garde Varègue byzantine installé à Constantinople depuis des années, apprend par un messager que son père a été tué et que ses biens ont été spoliés par son oncle Gorm. Ni une ni deux, Sven retourne sur son île natale au nord de l’Écosse pour récupérer son héritage. Il n’a aucune intention de prendre le pouvoir ou de libérer son peuple du joug du despotique Gorm. Tout ce qui l’intéresse, ce sont les richesses accumulées par son père au fil des années.
Avec Northlanders, Brian Wood, le scénariste de DMZ, se lance dans une aventure pleine de sang et de fureur. Son héros, obsédé par l’argent, est un personnage hautement antipathique. Expatrié revenant au pays par la force des choses, Sven, qui s’est confronté depuis des années à différentes cultures, dénigre le mode de vie de ses congénères : « Ici, dans ces pays nordiques, les hommes croupissent dans la merde et grattent une terre gelée pour subsister. Ils vivront leur courte et triste existence à fixer le même paysage, prier les anciens dieux, et ne pourront jamais savoir que le monde a déjà évolué sans eux. » Seul contre tous, il s’isole sur les terres arides de ses ancêtres et attend son heure. Patiemment, il tisse sa toile et s’attaque à son oncle avec ruse et efficacité. Une sorte de chasseur solitaire déterminé et persuadé d’arriver à ses fins. Quelque part, cette trame scénaristique a tout du western. Avec une différence notable tout de même : l’action se passe en 980 après J-C en Europe du Nord et non pas au fin fond du Far West. Mais finalement, cette différence en est-elle vraiment une ? En effet, Northlanders pourrait se dérouler n’importe où. C’est sans doute la plus grande faiblesse de cette nouvelle série. Au nom de l’action à tout prix, on passe sous silence les éléments historiques et culturels propres au monde viking. C’est un parti pris (certains diront une facilité) qui appauvrit grandement l’intrigue.
Coté dessin, le trait nerveux de l’italien Davide Gianfelice m’a beaucoup plu. Un découpage au cordeau, des scènes de combat chorégraphiées et stylisées à l’extrême et des couleurs sombres collant à merveille au climat glacial de l’archipel des Orcades où se déroulent les événements.
Un comics loin d’être mémorable qui conviendra aux fans d’action mais décevra à coup sûr les amateurs de grandes fresques historiques. Pour ces derniers, le manga Vinland Saga reste de très loin LA référence incontournable.
Northlanders T1 : Sven le revenant de Brian Wood et Davide Gianfelice, Éditions Panini Comics, 2011. 92 pages. 11.00 euros.
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