vendredi 28 novembre 2014

Retour à Little Wing - Nickolas Butler

Ils étaient quatre. Inséparables depuis l’enfance, ayant grandi dans ce coin paumé du Wisconsin appelé Little Wing, dans le trou du cul de l’Amérique. Ils sont devenus courtier, champion de rodéo, fermier et rock star. Entrés de plain pied dans la trentaine, l’heure est aux grands changements. Leurs chemins se sont séparés mais aujourd’hui chacun revient sur la terre qui l’a vu naître. Les retrouvailles sont chaleureuses. Ou pas. Doute, nostalgie, avenir incertain et cadavres sortis du placard vont mettre en danger des liens d’amitié plus fragiles qu’il n’y paraît.

Un roman choral qui ne me laissera pas un souvenir impérissable. Il avait pourtant tout pour me plaire. Une histoire d’hommes, les grands espaces, les petits riens des petites gens… Et pourtant je l’ai trouvé trop plat, trop « facile ». Les hommes de Little Wing dont il est question ici sont les descendants d’un western de pacotille. Ils sont bourrus, ont l’amitié virile, portent santiags et jeans, roulent avec leur pick-up entre les champs de maïs. Ils boivent de la bière tiédasse dans d’infâmes bouis-bouis sentant la grassouille et regardent chaque matin le soleil se lever les larmes aux yeux. Un catalogue de clichés très lisses et une scène finale que j’ai trouvée absolument ridicule. Et puis il y a des phrases tellement cucul dans ce texte : « Je me suis levé et approché d’elle, comprenant en cet instant que nous avions déjà commencé à vieillir et que nous vieillirons ensemble » ou encore : « j’ai senti la main de Ronny dans la mienne, sa peau rugueuse, et je l’ai serrée en me sentant à la fois triste pour lui et heureux d’être à ses côtés, heureux qu’il soit là. […] J’avais dans le cœur un énorme puits d’amour que je sentais déborder, tout en le sachant intarissable. » Sérieux ????

Je suis désolé mais l’amitié célébrée avec de telles niaiseries, je ne peux pas. Surtout quand je repense à « Je refuse » qui abordait la même thématique avec beaucoup plus de finesse et d’aspérités, avec une écriture pleine de souffle et une narration cent fois plus attrayante. Un roman bien trop simple (j’ai envie de dire simpliste), bien trop naïf, célébrant une forme d’amitié et d’authenticité bien trop artificielle. Une belle grosse déception, quoi. Ça arrive, malheureusement.

Pour la peine, je retourne écouter le Little Wing de Jimmy Hendrix. Au moins avec celui-là, je n’ai jamais été déçu.

Retour à Little Wing de Nickolas Butler. Autrement, 2014. 445 pages. 22,00 euros.

Une lecture commune que je partage avec Sylire, Tiphanie et Valérie.

Les avis de ClaraHélèneEstellecalim ; Kathel ; KrolLéa Touch Book ; Sandrine ;







J'ai reçu ce livre dans le cadre des matchs de la rentrée Priceminister
et il faut que je lui mette une note. Le pauvre...
Allez, je vais être bon prince et lui donner un généreux 11/20.










jeudi 27 novembre 2014

Le livre de perle - Timothée de Fombelle

Quel plaisir de replonger dans un roman de Timothée de Fombelle ! Un auteur assez rare finalement, loin de toute surproduction éditoriale, qui prend son temps entre chaque ouvrage, préférant à l’évidence fignoler que bâcler. Et quand on voit le résultat, on se dit qu’il a drôlement raison de procéder de la sorte.

Il était une fois un prince chassé de son royaume enchanté et projeté dans Paris à la veille de la seconde guerre mondiale. Recueilli par un couple de confiseurs, il prend part au conflit, est fait prisonnier puis entre dans un réseau de résistants. Par la suite, il cherchera à retrouver dans notre monde des objets venant de « son » royaume et gardera toujours l’espoir de retourner chez lui pour retrouver la fée qu’il n’a jamais cessé d’aimer.

Il est difficile de résumer ce foisonnant roman à tiroirs tant sa construction particulièrement subtile le rend à la fois limpide et complexe. Tout l’art de conteur de Timothée de Fombelle s’y déploie. Artisan minutieux, il tricote son canevas serré-serré, mêle intimement les fils qui relient ses personnages, nous balade à travers les mondes et les époques sans jamais nous perdre en route. C’est simple, j’ai rarement lu un texte jeunesse aussi ambitieux, aussi maîtrisé et aussi prenant.

Ode à l’amour et à la puissance de l’imaginaire, Le livre de Perle relate la quête impossible d’un paradis perdu. Un récit sur un fil, entre onirisme et dure réalité. Pour Timothée de Fombelle, « les histoires nous inventent ». Il suffit juste d’y croire pour qu’elles existent.

Le livre de perle de Timothée de Fombelle. Gallimard jeunesse, 2014. 298 pages. 16,00 euros. A partir de 14 ans.

L'avis de Léa Touch Book



mercredi 26 novembre 2014

Ernest et Rebecca T6 : La boîte à blagues - Bianco et Dalena

J’ai déjà eu l’occasion de crier l’amour que je porte à Ernest et Rebecca ici, ici et ici. J’adore cette série parce qu’elle est drôle et intelligente, parce qu’elle porte de profondes réflexions tout en restant accessible.

Le volume précédent se concluait sur l’annonce de la maladie de Pépé Bestiole, le grand-père de Rebecca. Dès la première planche de ce sixième tome, on retrouve la fillette en route pour l’hôpital. Si pépé est mal en point, c’est à cause "du vin et du virus de la cigarette". Avec le microbe Ernest à son chevet pour le protéger, pépé s’accroche. Et parce que la bonne humeur guérit tout, il va confier une mission à sa petite fille : remplir une casquette de blagues et revenir les lui raconter pour accélérer son rétablissement. Aidée d’une factrice débutante et de ses amis Chris, Romuald et Diego, Rebecca part en quête d’histoires drôles…

Une des plus belles séries jeunesse actuelles ! J’adore le personnage de Rebecca. Pétillante, colérique, sensible, d’une franchise déconcertante, démarrant au quart de tour, elle rayonne. Franchement, j’ai eu peur que Pépé Bestiole casse sa pipe, j’aurais eu l’air fin à chialer comme une madeleine devant une BD pour enfants. Heureusement, Guillaume Bianco a épargné mon petit cœur tout mou. Mais il sait ménager le suspens et donner des sueurs froides à son lecteur, l’animal. Et puis il sait aussi parfaitement manier l’humour et l’émotion en abordant des thèmes graves avec une forme de légèreté parfaitement dosée.

Fan je suis, fan je resterai ! Et vivement le tome 7 qui s’intitulera « Il faut sauver Monsieur Rébaud » (c’est l’instituteur de Rebecca, on apprend à la dernière page qu’il vient d’être renvoyé et que sa remplaçante est une vraie sorcière. Tout un programme !).

Ernest et Rebecca T6 : La boîte à blagues de Bianco et Dalena. Le Lombard, 2014. 48 pages. 10,60 euros. A partir de 7-8 ans.







mardi 25 novembre 2014

Aimy et Rose ou la forêt des trois chemins - Kochka

Rose et sa fille Aimy vivent isolées dans une cabane au fond des bois, comme toutes les femmes de leur famille depuis que leur arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère se retira du monde lorsqu’elle fut accusée de sorcellerie et condamnée au bûcher. Depuis, de génération en génération, mère et filles vivent « en autarcie dans une maison entourée de bois qui ressemble à un nid ». Mais le jour où Aimy découvre que la plupart des enfants ne vivent pas comme elle, qu’ils vont dans un endroit appelé « École » pour apprendre à lire, écrire, compter et vivre ensemble, sa vision des choses est bouleversée. Et il lui faudra une rencontre avec un livre pour que son existence bascule définitivement…

Je suis tombé sous le charme de ce petit roman plein de douceur et d’humanité. Un texte qui lorgne du coté du conte avec une étonnante légèreté de ton. Un texte qui rappelle s’il en était encore besoin que la littérature peut changer la vie, que « pour être vraiment heureux, on a besoin d’être important pour quelqu’un » ou encore que l’on « ne s’épanouit pas tout seul à l’écart du monde, on a besoin de partager ». Finalement ce texte pour enfants est aussi un clin d’œil aux parents surprotecteurs, une façon de leur dire : laissez donc vos bambins grandir par eux-mêmes et s'ouvrir aux autres, ils vous en seront à jamais reconnaissants.

Eh oui, il y a tout cela et bien plus encore dans ce délicieux petit roman.

Aimy et Rose ou la forêt des trois chemins de Kochka. Édition du Jasmin, 2014. 90 pages. 9,00 euros. A partir de 9 ans.

Encore une belle lecture jeunesse du mardi que je partage avec Noukette.

Et une participation au coup de projecteur donné cette semaine par Stephie sur les éditions du Jasmin.




lundi 24 novembre 2014

Malenfer, la forêt des ténèbres T1 - Cassandra O’Donnell

Malenfer, la forêt maléfique, ne cesse d’avancer. Elle menace désormais la maison où vivent Gabriel et sa petite sœur Zoé. Depuis que leurs parents sont partis chercher de l’aide et n’ont plus donné de nouvelles, les enfants doivent se débrouiller seuls. Ils continuent chaque jour de se rendre à l’école de Wallanger, où il se passe d’étranges événements. Un monstre serait tapi au fond du lac maudit qui borde l’établissement. Un monstre qui aurait un lien avec la disparition soudaine d’un élève dont on aurait retrouvé une chaussure au bord de l’eau… Aidés de quelques camarades, Gabriel et Zoé décident de mener l’enquête.

Une nouvelle série de fantasy prometteuse qui sort quelque peu des sentiers battus dans la mesure où elle s’adresse à un public pas forcément habitué à fréquenter ce genre. Tout a été pensé au niveau de la forme pour ne pas perdre en route les novices et mettre le pied à l’étrier à ceux qui se découragent à l’idée de se lancer dans des « sagas-pavés ». Ici, à peine 200 pages, des chapitres courts et une typo très aérée sont autant d'éléments contribuant à mettre le petit lecteur frileux en confiance, et c’est vraiment une bonne chose.

Ce premier tome reste un tome d’introduction où l’histoire se met doucement en place et où l’on comprend que bien des mystères restent encore à résoudre. Les personnages sont attachants, la magie est omniprésente, l’école de Gabriel et Zoé à un petit coté « Harrypotterien » qui devrait plaire et les créatures fantastiques pullulent. Une recette éculée, certes, mais qui a fait ses preuves. Efficace et bien pensée, cette série va permettre de faire découvrir la fantasy à un public plus jeune et pas nécessairement gros lecteur, c’est un point très positif.

Malenfer, la forêt des ténèbres T1 de Cassandra O’Donnell. Flammarion, 2014. 216 pages. 10,00 euros.


Les avis de MyaRosa et Nahe 

dimanche 23 novembre 2014

La guerre des bisous

Parce que Montreuil approche à grands pas, je vais me focaliser cette semaine sur quelques nouveautés en littérature jeunesse. On commence en douceur avec un album plein de bisous.

La guerre des bisous a commencé quand Lili a embrassé Jojo sur la bouche. Un bécot. Un gros bécot ! Dounia a cafté et pour la peine, Thomas lui a fait un bisou. « Du coup, Julie, jalouse, a fait un bisou à Arthur qui a fait un bisou à Rayan, parce que y a pas de raison ! ». Puis c'est Aboubacar qui a embrassé la maîtresse et la directrice qui a embrassé Monsieur Bernard, le surveillant. A partir de là, tout est parti en sucette et le monde entier a été contaminé par une incontrôlable épidémie de bisous.

Oh la belle maladie que voilà ! Le battement d'ailes de deux enfants qui s'embrassent et c'est toute la terre qui s'embrase. A chaque page, le virus se répand un peu plus. Mais en bas de chaque page, dans le coin gauche, il y a un petit rabat. Sous ce rabat on retrouve Lili et Jojo. Pendant que la guerre des bisous s'étend, ces deux-là sont dans leur bulle. Ils ont déclenché les hostilités mais depuis, ils sont seuls au monde. L'événement à beau être planétaire, ils n'en font plus partie. Parce qu'ils s'aiment et que quand on s'aime, rien d'autre ne compte.

Malgré les apparences, Vincent Cuvellier a voulu écrire sur l'intimité. La vraie histoire est muette, c'est celle de Lili et Jojo, en bas à gauche de chaque page, sous ce petit rabat derrière lequel ils vont pouvoir s'isoler de la folie ambiante. Les illustrations de Suzanne Arhex, pleines de spontanéité, possèdent le coté naïf et nerveux qu'avaient les premiers Tom-Tom et Nana. Un très joli album, frais et léger, qui fait du bien. Autant en profiter, surtout par les temps qui courent.

La guerre des bisous de Vincent Cuvellier et Suzanne arhex. Gallimard, 2014. 24 pages. 13,90 euros. A partir de 5 ans.







vendredi 21 novembre 2014

Le puits - Ivan Repila

Je n’ai pas l’habitude de le faire, mais pour une fois je vais spolier à mort. Difficile de comprendre ce que j’ai ressenti en lisant cet OVNI si on ne connait pas l’ensemble de l’histoire. Je m’en excuse par avance mais je suis incapable de procéder autrement. Je précise d’emblée que ce livre, on me l’a prêté. Je n’en avais jusqu’alors jamais entendu parler. C’est un tout petit fascicule d’une centaine de pages. Dans la préface, Zoé Valdes s’extasie devant cette œuvre qu’elle place « au panthéon des Jules Verne, Alain Fournier et autres Antoine de Saint-Exupéry ». Franchement, je n’ai rien vu de tout ça.

Dès la première page, nous sommes avec deux frères prisonniers d’un puits. On ne sait pas où ils sont, on ne sait pas quand l’histoire se déroule, on ne sait pas comment ils s’appellent ni comment ils sont arrivés là. Il y a juste « le grand » et « le petit », coincés dans un trou sans aucune possibilité de s'en échapper. J’ai compris que les numéros des chapitres, s’enchaînant sans suite logique (2-3-5-7-11-13-17-19-23…), devaient correspondre aux jours qui passent. Pour info, le dernier chapitre est le 97…

Les jours passent, donc, et les enfants se nourrissent de vers et de racines. Ils s’occupent comme ils peuvent, dorment affreusement mal, dépérissent peu à peu. Dans ce huis clos irrespirable, le petit sombre peu à peu dans la folie. Tous deux pensent au meurtre, au cannibalisme, à cette faim qui les ronge, à cette liberté semblant à jamais perdue. Et pendant ce temps, personne ne leur vient en aide, personne ne semble même les chercher. A la fin, le petit s’en sort. Mais pas le grand. A la fin, le petit se venge. Mais je ne vous dirais pas comment. A la fin, j’ai refermé le livre en me demandant à quoi cela pouvait bien rimer.

Le puits, premier roman d’un auteur espagnol né en 1978, est pour moi un texte archi-dérangeant. Parce que je n’ai pas vu le sens, et j’aime trouver du sens quand je lis. Parabole, allégorie, fable sans morale ? Démonstration de ce que peut être la fraternité au sens le plus noble du terme ? Je cherche encore. J’accepte tout à fait de reconnaître que je n’ai rien compris mais alors qu’on m’explique ! Et puis pour un gars claustrophobe comme moi, cette lecture a été une véritable épreuve, à la limite de la souffrance physique. En tout état de cause, je ne suis pas près de l’oublier.


Le puits d’Ivan Repila. Denoël, 2014. 110 pages. 11,00 euros.

Les avis de Cryssilda et Sandrine









mercredi 19 novembre 2014

Little Tulip - Boucq et Charyn

New York, années 70. Alors qu’un tueur en série agresse les femmes seules dans des ruelles sombres, Pavel le tatoueur voudrait venir en aide à la police en réalisant un portrait-robot de l’assassin, mais malheureusement aucun témoin ni indice ne lui permet de se mettre à l’œuvre. Il faut dire que Pavel possède depuis l’enfance un don pour le dessin. Un don qui lui a sauvé la vie des années plus tôt, en 1947, lorsqu’il fut déporté avec ses parents dans un goulag sibérien. Il n’avait que sept ans à l’époque et pour survivre au cœur de cet enfer, il s’était rapproché du chef de gang « Kiril la baleine », dont il avait fini par devenir le tatoueur officiel. Un statut qui lui offrit pendant un temps une certaine forme de protection…

Il était inimaginable pour moi de rater le retour du duo Boucq/Charyn vingt-cinq ans après la publication du fabuleux « Bouche du diable ». Comme toujours avec le romancier originaire du Bronx, New York sert de toile de fond à une intrigue multipliant les va-et-vient entre l’URSS de Staline et l’Amérique de Nixon. Le récit est dans l’ensemble violent, sombre et cruel mais pas que. Il propose une réflexion sur les luttes de pouvoir dans le microcosme du goulag et insiste sur l’importance du sens que prenait chaque tatouage pour les prisonniers.

Un vrai plaisir de lecture simple et direct comme je les aime. Sans chichi, sans considérations intellos ou nombrilistes. De la BD populaire dans le bon sens du terme avec de l’action, des sentiments, de la tension et des drames. Le dessin de Boucq est comme d’habitude à tomber par terre et les couleurs sont somptueuses. Concernant le scénario, j’avoue que la fin est quelque peu tirée par les cheveux tant certaines coïncidences sont difficiles à croire. Mais on s’en fiche. Tout ce qui  compte est de se laisser prendre par la main dès la première page pour voir se déployer le destin hors du commun de ce tatoueur aux doigts de fée. Pas l’album de l’année, comme certains l’affirment déjà, mais sans conteste un incontournable pour les fans de ce duo aussi rare que talentueux.

Little Tulip de Boucq et Charyn. Le Lombard, 2014. 88 pages. 16,45 euros.











mardi 18 novembre 2014

La chasse aux papas - Mathis

Paul a besoin de parler de son père. « Qui s’énerve pour un oui ou un non. Qui hurle au lieu de lui parler. Qui lui dit de se taire au lieu d’écouter. Qui le gifle quand il lui répond ». Pauline l’écoute avec attention. Elle, c’est son chien qui s’appelle papa. Un père, un vrai, elle n’en a pas. Il est parti avant sa naissance. Les deux enfants viennent à peine de se rencontrer et pourtant ils décident de faire cause commune. Ensemble, ils se dirigent vers le parc pour se choisir un super papa. Une partie de chasse qui va leur réserver de belles surprises.

Suite de notre tour d’horizon des nouveautés de la collection « Petite poche » avec une histoire d’amitié touchante et sympathique. « Les  papas, c’est un peu comme des pommes dans un cageot. Il y en a toujours une ou deux qui sont un peu pourries. » Pauline a entendu cette phrase dans la bouche de sa voisine. Pour Paul, les choses ne sont pas si simples : « Les papas, c’est pas des pommes. Et les mamans, c’est pas des poires. » Les enfants s’accordent sur un profil idéal : Un papa sportif, un peu sérieux, mais pas trop, avec une bonne tête. Et pas déjà pris ! Autant dire que la mission est ardue.

Un petit ouvrage de lecture aisée et rapide qui aborde, sous ses faux airs de légèreté, l’importante question du rapport au père. Mathis a un don pour traiter avec sensibilité les sujets les plus complexes (je vous conseille, si vous ne me croyez pas, de découvrir son magnifique « Le bébé et le hérisson »). Il le prouve une fois de plus ici, avec le talent qui le caractérise.

La chasse aux papas de Mathis. Thierry Magnier, 2014. 47 pages. 5,10 euros. A partir de 8 ans.


Et une nouvelle lecture jeunesse du mardi que je partage avec Noukette.





lundi 17 novembre 2014

Toxic Boy T1 - Xavier

Dans un monde au bord de l'asphyxie, où des éruptions d'eaux toxiques condamnent à plus ou moins long terme toute activité humaine, le jeune Poko fait figure d'exception. Contaminé comme beaucoup d'autres par ces eaux polluées, il semble depuis insensible à leurs effets. Au contraire, il s'en nourrit comme d'une drogue et voit sa force décuplée dès qu'il plonge dans un bain de toxines. Poko intrigue et fascine. Il semble aussi attirer les ennuis comme un aimant...

Un shonen à la française de près de 300 pages, premier volume d'une série prévue en quatre tomes, il fallait oser ! Le pari de Xavier est risqué mais réussi. Son western futuriste post-apocalyptique est enlevé en diable et l'univers créé, d'une rare profondeur, offre de nombreuses perspectives. Un poil d'écologie, des personnages bien campés, des péripéties variées, une intrigue qui mêle mafia et politique et un épilogue qui ne peut que donner envie de connaître la suite, la recette est éprouvée mais efficace.

Le dessin, nerveux à souhait, offre une belle caisse de résonance à l'enchaînement des scènes d'action. A souligner aussi le travail très intéressant sur les décors, qu'ils soient désertiques ou maritimes. Une agréable surprise que ce mélange de manga et de BD franco-belge très éloigné de ma zone de confort habituelle. Il faut saluer la prise de risque d'un jeune auteur audacieux, capable de mettre en images un véritable page turner. Chapeau !



Toxic Boy T1 de Xavier. Sandawe, 2014. 296 pages. 13,90 euros.

Une lecture que j'ai le plaisir de partager avec Mo.