dimanche 7 mars 2010

L’île du Monstril

Poil-gris et Poil-roux, deux amis ragondins, engagent une conversation sur le manque de débrouillardise de la jeunesse actuelle. « De nos jours », dit Poil-gris, « les enfants sont des empotés ! ». En voulant prouver à son compère que cette affirmation est indiscutable, le ragondin va entraîner Elvire et Léon, deux enfants venus se promener au bord de la rivière, dans une aventure des plus dangereuses.

L’île du Monstril est un mélange subtil et original entre deux types de narration : les dialogues entre les ragondins sont retranscrits sous la forme de blocs-textes classiques alors que les péripéties vécues par les enfants sont reproduites sous la forme de vignettes de bande dessinée.

L’alternance entre les deux types de narration donne au récit une vraie dynamique et ne perturbe en rien la lecture. Tout juste faut-il que l’enfant perçoive dès le départ que ces deux plans narratifs s’imbriquent pour illustrer deux visions différentes de l’histoire. Le récit des ragondins et celui en images qui concerne les deux enfants ne sont pas dissociables : cette complémentarité permet de comprendre la structure si particulière de l’ouvrage.

Le choix d’Yvan Pommaux d’alterner entre BD et récit est l’originalité majeure de l’album. L’histoire à proprement parler est une forme de Robinsonnade assez classique dans laquelle intervient un élément de fantastique : la présence sur l’île d’un monstre. Le vocabulaire est parfois un peu précieux (empoté, mijaurée, ma foi…) et le vouvoiement que s’imposent les deux ragondins amplifie le coté « vieux jeu » des dialogues.

Les illustrations respectent les fondamentaux de la ligne claire et les couleurs sombres renforcent le coté lugubre et dangereux de l’île. D’ailleurs, la luminosité s’accentue uniquement sur la dernière double page, lorsque les enfants regagnent la terre ferme.

L’île du Monstril est une belle occasion pour faire découvrir aux enfants à la fois un genre (la bande dessinée) et un type de récit (la robinsonnade), à travers un ouvrage de qualité.

PS : le Larousse définit la robinsonnade de la façon suivante : l’histoire d’un enfant seul, abandonné, luttant pour sa survie et qui devient un modèle pour les jeunes lecteurs.

L’île du Monstril, d’Yvan Pommaux, édition L’école des loisirs, 2000. 40 pages. 12,50 euros. A partir de 8 ans.

L’info en plus : Yvan Pommaux est également un auteur de bande dessinée reconnu depuis de nombreuses années, notamment à travers la série Marion Duval, dont le 19ème tome vient de sortir. Depuis 1982, cette jeune héroïne suit son père journaliste à travers le monde et vit des aventures trépidantes. A lire dès 8-9 ans.

 
 
Livre lu dans le cadre du challenge Lectures d'école

1 commentaire:

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