Un récit post-apocalyptique au cœur des Pyrénées, entre Bagnères-de-Luchon et le col de Peyresourde (pour ceux qui connaissent…). Jean-Christophe Chauzy imagine la transformation psychologique d’une femme confrontée à une catastrophe naturelle aussi inattendue que dévastatrice. Il décrit le réflexe de survie, le retour aux instincts grégaires. Il peint une humanité réinventée ou le moteur de l’existence est uniquement régi par la nécessité de subvenir à ses besoins primaires. Quand la situation sanitaire devient invivable, l’individualisme et la force brute prennent le pas sur toute autre considération. Face à l’adversité, Marie et ses enfants, au diapason de leurs congénères, révèlent leur part de sauvagerie, d’esprit de meute.
Les dessins sont sublimes, les paysages grandioses et dévastés s’étendent parfois sur des double-pages donnant le vertige où l’on découvre la montagne éventrée et les torrents en furie. Il a fallu un an et demi au dessinateur pour réaliser les 110 planches mais quand on voit le résultat, on se dit qu’il a bien fait de prendre son temps.
Un album somptueux, totalement glaçant, qui interroge profondément sur la nature humaine et la façon dont nous-mêmes réagirions dans une telle situation.
PS : ce premier tome se termine au moment où Marie s’apprête à découvrir ce qu’est devenu le reste du monde après le cataclysme. Autant vous dire que j’attends la suite avec la plus grande impatience !
Le reste du monde T1 de Jean-Christophe Chauzy. Casterman, 2015. 110 pages. 18,00 euros.