Un western abrasif, incandescent, qui ne s’embarrasse pas de faux-semblant. Nulle question d’arrondir les angles pour Marion Brunet, le langage est cru, la violence bien réelle, les relations complexes. Mais au-delà des marqueurs du genre (action, aventure, grands espaces, chevauchées sauvages, cow-boys mal dégrossis, fusillades, ennemis à fuir ou à poursuivre, comptes à régler…), elle décline une partition subtile autour de sujets qui lui sont chers. A travers la figure emblématique de la fougueuse Ab notamment, incarnation de la femme de caractère, forte et indépendante, forcément inacceptable pour l’époque (et encore bien mal acceptée de nos jours d’ailleurs). Mais aussi avec des thématiques sociales et familiales telles que la misogynie donc, le racisme (envers les esclaves et les indiens), les liens indéfectibles de l’amitié ou encore la complexité des rapports parents-enfants.
Portrait de femme, hymne à la liberté, roman d’apprentissage et roman d’aventure fracassant, ce western crépusculaire est aussi beau que douloureux, aussi triste qu’émouvant. De la littérature jeunesse intelligente, sans concession, qui bouscule les lecteurs et, quelque part, les exhorte à prendre en main leur destin pour ne cesser d’en rester maître.
San foi ni loi de Marion Brunet. Pocket Jeunesse, 2019. 220 pages. 16,90 euros. A partir de 15 ans.
Une pépite jeunesse partagée avec Framboise et Noukette