Hilarant et affligeant. Édifiant et effrayant. Ce roman graphique inspiré de la propre expérience d’éboueur de Derf Backderf est l’occasion pour lui de dénoncer avec force humour à la fois la surconsommation et le j’menfoutisme total de ses congénères dans la gestion de leurs déchets. Au fil de leurs tournées J.B et son copain Mike accumulent les déconvenues. Sacs surchargés qui se déchirent dès qu’on les soulève, poubelles infestées de vers et de mouches, encombrants laissés au bord de la route en dehors des jours de ramassage, animaux écrasés à décoller du bitume avec une pelle avant de les jeter dans la benne du camion, chaque nouvel arrêt est source de désagrément et d’écœurement. Sans compter les aléas climatiques et les agissements d’habitants toujours prompts à dénoncer un ramassage bâclé ou à profiter de leurs relations dans les hautes sphères municipales pour obtenir des passe-droits et compliquer la tâche des éboueurs.
C’est drôle et effarant mais pas seulement. J.B et Mike développent une rancœur tenace. Ils ont sur le dos un chef zélé qui ne les lâche pas d’une semelle. Trop crevés pour sortir le soir, puants comme des rats morts même après une douche prolongée, ils voient leur vie sociale disparaître sous l'amoncellement des ordures et en viennent à détester tous les habitants de leur bled, au point de se venger à leur façon, sans finesse mais avec une redoutable efficacité.
Au-delà du portrait décapant de J.B et de sa « vie de merde », comme il la qualifie lui-même, Derf Backderf interroge le rapport de l’américain moyen (voire en dessous de la moyenne) avec son mode de vie consumériste tout en dénonçant sa totale absence de réflexion sur son impact environnemental. Sous le vernis de la chronique déjantée affleure donc une prise de position engagée doublée d’une dimension pédagogique assumée, notamment dans les notes de conclusion où l’auteur offre des explications aussi sérieuses que documentées sur le traitement des déchets aux États-Unis. Une lecture évidemment peu ragoûtante mais qui se révèle au final distrayante et instructive.
Trashed de Derf Backderf (traduit de l’anglais par Philippe Touboul). Ça et Là, 2015. 240 pages. 22,00 euros.
Une excellente BD, si, si!!!
RépondreSupprimerEt bien je crois que bizarrement ça me plairait beaucoup ! Merci pour l'idée. ;)
RépondreSupprimerRho comme ça a l air delicieux !
RépondreSupprimerJ'avais bien aimé Mon Ami Dahmer de cet auteur mais je ne connaissais pas du tout celui-ci. Pour la militante zéro déchet que je suis, il me parle, évidemment. Je note sans tarder !
RépondreSupprimerJ'adore l'idée, moins le graphisme de Backderf même si ici il semble absolument coller au propos. A voir du coup ;-)
RépondreSupprimerce que tu en dis me rend curieuse !!
RépondreSupprimerC'est surprenant comme sujet. Il fallait oser et surtout trouver un éditeur !
RépondreSupprimerTout pour me plaire d'autant que j'avais beaucoup aimé Mon ami Dahmer !
RépondreSupprimerje l'ai découvert l'an dernier avec son autre bd sur son amitié avec le tueur en série et j'avais enchainé avec celui-ci, très bon souvenir !!!!!
RépondreSupprimerje cite souvent cette phrase de Pévert à propos d'une grève es éboueurs à Paris :"les éboueurs sont en grève, les orduriers sont mécontents".
RépondreSupprimerCela doit être édifiant !
RépondreSupprimerJ'aimerais lire cet album.
Aaah elle est excellente cette BD ! Depuis, je me dis qu'il me faut lire Mon ami Dahmer mais la thématique m'inquiète un peu.
RépondreSupprimerTu as l'art de nous dégoter des lectures tentantes.
RépondreSupprimerPourquoi pas pour éduquer au tri avant d'alléger nos poubelles
RépondreSupprimerBien aimé "mon ami Dahmer" aussi, mais là, le thème me tente peu...
RépondreSupprimerLe sujet m'intéresse !
RépondreSupprimerCet album m'intrigue. J'ai vraiment envie de le découvrir après avoir lu ton article. Merci pour le tuyau. Au plaisir de te relire...
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