« Il est temps que je change ma vie. Cette vie qui n’avance
pas et ne mène à rien. Je veux plonger les mains dans l’eau claire comme le
faisait mon père. » (Raymond Carver)
Longtemps que je n’avais pas lu Jean-Paul Dubois. L’occasion
s’est présentée quand ma femme m’a annoncé qu’elle voulait aller voir au cinéma
« Le fils de Jean », film sorti il y a quinze jours adapté de ce
roman. J’ai eu envie de lire le livre avant de découvrir l’adaptation, histoire
d’avoir quelques points de comparaison.
Paul Peremülter, écrivain, décide après son divorce de tout
plaquer pour partir sur les traces de son père, disparu des années auparavant
au cours d’une partie de pêche dans un lac Québécois. Une région où il se
rendait seul deux fois par an et dont personne ne savait vraiment ce qu’il
allait y faire. Avant de rallier le Canada, Paul s’installe quelques temps en
Floride pour y exercer des petits boulots « exotiques ». Arrivé à La
Tuque, au Nord Est de Montréal, il est accueilli par un ami de son père qui lui
révèle un secret aussi inattendu que bouleversant.
Dans (presque) tous les romans de Jean-Paul Dubois, le
personnage principal s’appelle Paul. Dans (presque) tous les romans de
Jean-Paul Dubois, il y a un problème avec le père. Dans (presque) tous les romans de Jean-Paul Dubois il est question de quête
existentielle et de solitude intérieure, d’un fardeau lourd à porter et
difficile à évacuer. Dans (presque) tous les romans de Jean-Paul Dubois on
croise des types attachants en diable que l’on accompagne pour un bout de
chemin et que l’on quitte à regret en sachant qu’on ne les oubliera pas de
sitôt.
Dans tous les romans de Jean-Paul Dubois je retrouve une
petite musique qui me met du baume au cœur, une écriture simple et précise, une
pointe de nostalgie et de mélancolie, un humour qui confine parfois à l’absurde.
Et toujours ces questions lancinantes qui empêchent de trouver la paix intérieure :
« Je sais qu’elles reviendront tôt ou tard, que jamais elles ne lâchent
leur proie. Le moment venu, j’espère avoir seulement la force de mutiler mes
mains pour m’arracher encore à ces ronciers intimes ».
C’est beau comme un roman de Jean-Paul Dubois. Un auteur qui,
décidément, sait me parler et me toucher en plein cœur.
Si ce livre pouvait me rapprocher de toi de Jean-Paul
Dubois. Points, 2000. 210 pages. 6,50 euros.