L’amande raconte l’histoire d’une paysanne marocaine qui fuit la campagne et son mari commis d’office pour rejoindre Tanger et découvrir la sexualité auprès d’un cardiologue érotomane. Pour Driss, elle fera tomber un à un les tabous liée à son éducation ultraconservatrice et sombrera dans un déchaînement sexuel dont elle aura du mal à sortir indemne.
Les chapitres alternent entre son enfance à la campagne et son présent dans les nuits luxueuses de Tanger. En guise d’introduction, la narratrice précise : « J’ai décidé d’écrire librement, sans chichis, la tête claire et le sexe frémissant ». Mariée à dix-sept ans à un notable qui en avait quarante, elle devient une épouse servile : « Le servir, puis débarrasser. Rejoindre la chambre conjugale. Ouvrir les jambes. Ne pas bouger. Ne pas soupirer. Ne pas vomir. Ne rien ressentir. Mourir. […] M’essuyer l’entrejambe. Dormir. Haïr les hommes. Leur machin. Leur sperme qui sent mauvais ». Ou encore, à propos de sa nuit de noces, alors que son mari ne parvient pas à la pénétrer : « Ma belle-mère me ligota les bras aux barreaux du lit avec son foulard et Naïma se chargea de me plaquer solidement les jambes. Pétrifiée, j’ai réalisé que mon mari allait me déflorer sous les yeux de ma sœur. Il m’a rompue en deux d’un coup sec et je me suis évanouie pour la première et unique fois de ma vie ».
Dénonciation de mœurs barbares et séculaires, émancipation d’une femme désireuse de briser le carcan dans lequel on a voulu l’enfermer, « L’amande » est un texte cru et virulent, un cri de révolte et de colère, un texte sensuel, puissant et sans concession.
L’amande de Nedjma. Pocket, 2005. 212 pages. 6.80 euros.