Alice Ferney pose
parfaitement les enjeux de ce texte dans son avant-propos : « Voici
un roman sur 14, publié en 1974, écrit par un auteur qui n’était pas né au
moment des faits. C’est un livre de l’après. […] Timothy Findley se trouve dans
cette posture fondatrice de la littérature : écrire ce que l’on n’a pas
vécu, écrire ce qu’ont fait les autres, et, pour ce faire, transformer une
expérience extérieure (celle des autres) en expérience intérieur. »
Guerres est le récit des quelques mois passés par le soldat
canadien Robert Ross sur le front belge, entre décembre 1915 et juin 1916. Ross,
engagé volontaire après le décès de sa sœur, sera très vite promu officier. En
charge d’une petite compagnie, il va monter au front et se heurter de plein
fouet à l’horreur et à la violence des combats. De l’infernale traversée entre le Canada et l’Angleterre
à l’arrivée sur le continent en passant par la découverte des tranchées, de la
mort, de la peur, de la lâcheté, du retour à la vie civile le temps d’une
permission et enfin de cet événement de trop qui rend votre condition de soldat
insupportable et vous pousse à la désobéissance, le lecteur suit un parcours qui s’avérera des
plus douloureux…
J’ai mis beaucoup de temps à lire ce roman, pourtant loin d’être
un pavé, ce qui n’est jamais bon signe. Plusieurs choses m’ont freiné. J’ai
trouvé les passages se déroulant à l'arrière, pendant les permissions, très
barbants. J’ai aussi eu quelques difficultés à visualiser certaines scènes sur
le front, comme si les descriptions n’étaient pas d’une grande clarté. Enfin, et c’est sans doute le plus gros
hic, je n’ai développé aucune empathie particulière pour Robert, restant un
observateur totalement extérieur et peu concerné par les tragédies qui l’ont
frappé. Seule la fin, crépusculaire, magnifique d’évidence face au sort réservé
à ceux qui, en vain, ont voulu s’opposer à la guerre, résister d’une façon ou d’une
autre à la folie destructrice des hommes, m’a bouleversé.
Beaucoup considèrent ce texte comme une des plus beaux
romans jamais écrits sur la première guerre mondiale. Je veux bien les croire,
même si en ce qui me concerne, je reste loin du coup de foudre.
Guerres de Timothy Findley. Phébus, 2014. 252 pages. 22
euros.
Et voici ma seconde participation au challenge de Stephie |