dimanche 2 mars 2014

Des hommes en devenir - Bruce Machart

Regardez ces hommes. Celui-là vient de se faire larguer. Celui-ci est « le dernier à être resté en Arkansas » après la mort accidentel de son fils. Cet autre repense, 15 ans après, au jour où il est devenu veuf sur le parking d’un supermarché. Et lui. Son bébé est mort in utero, à sept mois de grossesse. Il se revoit tenant le petit corps sans vie pendant que sa femme hurlait ; « Alors, vous n’allez même pas faire sa toilette. Nettoyez-là, bon Dieu ! Qu’est-ce que vous attendez pour faire sa toilette ! »

Des hommes du Texas. Des « hommes rugueux et robustes, des hommes qui ont les mains calleuses comme du cuir, des hommes qui n’ont pas peur de garder un peu de tendresse dans leur poitrine et de l’exposer au grand jour quand la situation l’exige, quelle que soit la souffrance que cela implique ». Des hommes devant un vide vertigineux. Des hommes pour lesquels le terme « reconstruction » n’est pas un vain mot. « Des histoires d’hommes qui ont tous trois roues sur la route et une dans le fossé. »

Attention, grosse claque, énorme claque. Très longtemps que je n’avais pas lu un recueil de nouvelles d’une telle qualité. Bruce Machart m’avait déjà scié avec Le sillage de l’oubli. Ces nouvelles sont antérieures au roman mais elles montrent déjà que l’on a affaire à un grand écrivain. La puissance de son écriture est incroyable, tout comme sa science de la narration. Les écrivaillons voulant se lancer dans la nouvelle devraient lire ces textes. C’est une leçon magistrale. La quintessence du genre. Un vrai gros et beau coup de cœur (y avait longtemps !).

Des hommes en devenir de Bruce Machart. Gallmeister, 2014. 190 pages. 22 euros

« Quand la femme à laquelle vous êtes fiancé depuis cinq mois rentre à la maison après avoir bossé toute la journée […] quand elle est un peu nerveuse ; quand elle passe la porte et qu’elle vous trouve toujours en caleçon, en train de gribouiller votre dernière histoire sur un bloc-notes, alors que le journal est resté devant la porte d’entrée dans son emballage en plastique même pas ouvert, les petites annonces bien au chaud à l’intérieur, sans que la moindre offre d’emploi ait été encerclée ; et quand elle s’amène dans le couloir quelques instants plus tard, à moitié à poil et en fronçant les sourcils, le visage rouge, aussi impatiente de prendre sa douche que le serait une fermière après avoir saigné un porc, alors vous comprenez que pour elle, vous n’êtes plus que de l’histoire ancienne.»



Et avec un tout petit peu de retard, ce billet signe ma seconde participation au mois de la nouvelle de Flo.





samedi 1 mars 2014

La déclaration - Philippe Jalbert

Un album au titre étrange. Heureusement, la couverture dit tout et l’on comprend d’emblée que l’auteur ne va pas parler aux enfants des impôts sur le revenu. Il va plutôt leur parler d’un petit lapin amoureux qui décide de se lancer, un petit lapin qui va faire le grand saut. Pas facile d’oser une déclaration. Il faut se décider, trouver les mots, choisir un cadeau avec soin, rassembler son courage, etc. Vous avez peut-être déjà vécu ça ? Je vous le souhaite, c’est quelque chose de vertigineux et de grisant. Les papillons dans le ventre et les mains moites, le cœur qui s’emballe, la peur de l’échec, cette crainte que nos sentiments pour l’autre ne soient pas réciproques et, bien sûr, une conclusion idyllique, tout le monde devrait connaître ça au moins une fois dans sa vie.

Dans cet album, la déclaration se passe d’abord comme dans un rêve. A tel point que l’on se dit que c’est quand même un peu cucul. Mais en fait, non. Ce n’est pas cucul du tout. La fin réserve une grosse surprise, un gros éclat de rire aussi. Pour le coup, je n’avais rien vu venir. Chapeau bas monsieur Jalbert !

J’aime beaucoup les illustrations toute douces, les couleurs pastels, la bouille adorable de ce lapin finalement si touchant. Et j’adore cette conclusion un peu cinglante, ce dur retour à la réalité plein d’humour. Voila qui ressemble furieusement à un coup de cœur !

Pour tout vous dire, ce petit livre, on me l’a offert. Et je dois avouer que je ne savais pas trop comment le prendre au départ. Du moins avant de le lire. Parce qu’après, plus aucun doute, c’est juste le cadeau d’une amoureuse de littérature jeunesse à un amoureux de littérature jeunesse.  Et c’est peu de dire que c’est aussi une attention qui m’a particulièrement touché…

La déclaration de Philippe Jalbert. Seuil jeunesse, 2014. 28 pages. 12,90 euros. A partir de 4-5 ans.





vendredi 28 février 2014

Le radeau - Antoine Choplin


C’est un camion qui s’apprête à passer la Loire. En 1940. A son bord il y a Louis. Et une cargaison inestimable qu’il faut à tout prix protéger de la débâcle en cours. Il fait nuit. Dans la lumière des phares se dessine une silhouette. Celle d’une femme qui marche. Avec sa mission, Louis se dit qu’il ne peut pas s’arrêter. Respecter les consignes. Ne prendre aucun risque. Et pourtant il freine, se range sur le coté en laissant le moteur tourner. Attend la femme. Elle s’appelle Sarah et elle va prendre place coté passager. Le début de leur histoire. Le roman est très court et je n’ai pas envie d’en dire plus. Sachez juste que le texte se découpe en trois périodes bien distinctes : 1940 ; 1943 ; février 1944.  

D’Antoine Choplin, j’avais adoré « La nuit tombée ». Je retrouve ici avec plaisir son écriture sèche, ses phrases courtes, ses ellipses et ses silences. Un enchaînement de petits riens, presque des paragraphes indépendants les uns des autres. Mais si la première partie, celle de la rencontre entre Louis et Sarah, est franchement réussie, je suis beaucoup plus mitigé concernant la seconde, à laquelle j'ai eu du mal à trouver un véritable intérêt, en dehors de la magnifique scène ayant inspiré la couverture de cette édition de poche. Quant à la dernière, qui ne fait que trois pages, elle est parfaite de concision et d’intensité.

Un roman un peu bancal, donc. Il n'empêche, la plume de cet auteur a quelque chose d’envoûtant. Le coté elliptique fait que rien n'est donné au lecteur, les interprétations possibles sont nombreuses et j'aime ça. Au final, l'impression générale reste positive, c'est bien là le principal. 


Radeau d’Antoine Choplin. Points, 2013. 125 pages. 5,50 euros.

Qui dit Antoine Choplin dit lecture commune avec Noukette. Pas possible autrement. D'ailleurs, le recueil de nouvelles qu'il vient de sortir nous attend déjà. Ce sera pour bientôt...

Les avis d'Hélène et de Midola.


mercredi 26 février 2014

Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes ? - Zidrou et Roger

J’aime Zidrou pour ses prises de risque. J’aime qu’un auteur puisse passer de Ducobu à Lydie, de Boule à zéro au Beau voyage, de Tamara à La peau de l’ours. Je n’ai pas lu tous ses albums, loin s’en faut. Certains ne m’attirent d’ailleurs pas du tout (Tueurs de mamans par exemple), mais il est impossible de ne pas reconnaître en lui un touche-à-tout de grand talent. Et ce qui est fort, c’est qu’il utilise la notoriété acquise avec ses séries phares pour faire passer auprès des éditeurs des projets beaucoup plus casse-gueule. Comme cet album au titre à rallonge par exemple.  

Parce que mettre en scène un adulte handicapé mental et une mère entièrement dévouée à son bien être, fallait oser. Une mère qui n’hésite pas à déclarer quand on lui demande des nouvelles de son fils : « Il vit sa vie, quoi ! Avec ses petites misères et ses grandes joies. Et moi aussi… je vis sa vie. » Une mère qui va au vidéo club lui emprunter son DVD porno préféré, qui supporte ses lubies et ses crises, ses questions répétées cent fois. Une mère fragile sous l’apparente solidité, une mère à qui le poids des ans rappelle qu’elle ne sera pas toujours là pour veiller sur lui.

Et tout ça sans pathos. Sans surjouer. Avec un enchaînement de petites scènes du quotidien où le voyeurisme et le misérabilisme n’ont pas leur place. Toujours cette humanité en marche chez Zidrou, cette façon de vous toucher avec trois fois rien. L’émotion est là, palpable mais jamais envahissante. C’est vraiment fort.

J’avais apprécié le travail du dessinateur espagnol Roger sur la série Jazz Maynard. Ici son trait s’arrondit quelque peu, il est moins heurté, moins nerveux, et c’est une bonne chose par rapport à l’histoire. Par contre niveau couleur, ce n’est pas une réussite (longtemps que n’avais pas râlé contre la couleur !).

Au final, cela reste un album superbe, tout en sensibilité. Un grand merci et un gros bisou à la blogueuse qui a eu la gentillesse de me l'offrir pour mon anniversaire.


Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes ? de Zidrou et Roger. Dargaud, 2013. 56 pages. 15 euros.

Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Anne.

Les avis de Choco ; LasardinemanU ; Noukette ; Yaneck ; Yvan


mardi 25 février 2014

Amorostasia - Cyril Bonin

Des amoureux frappés de plein fouet par une étrange maladie : « rigidité, inertie musculaire, mutisme… les victimes sont dans un état cataleptique ou catatonique. » Le virus est baptisé Amorostasia. Et si au départ il ne semble toucher que Paris, il se répand rapidement dans toute la France. Les médecins ne trouvant aucun remède, les autorités prennent des décisions radicales (et absurdes) pour endiguer la maladie, mais rien n’y fait. Olga, journaliste, est chargée d’enquêter sur le sujet. Elle va constater, chemin faisant, le néant de sa propre vie sentimentale…

Une belle idée. A quoi bon vivre sans amour ? Pourquoi chercher à guérir les malades, statufiés mais semblant parfaitement heureux ? Après tout, plus rien ne peut leur arriver dans leur « bulle ». J’ai apprécié les réflexions que suscite l’émergence de cette drôle de maladie. Olga, en couple, se demande pourquoi ni elle ni son homme n’ont été touchés alors que sa concierge et son mari, qui ne cessent de s’engueuler, ont été retrouvés pétrifiés, assis face à face devant leur assiette de soupe. Finalement, l’amorostasia sert de révélateur pour les amoureux et ceux qui ont l’illusion de l’être. Pour autant, certains prennent les choses avec philosophie. Les parents de la journaliste ont échappé au virus et je trouve leur explication pertinente : « nous avons dû admettre que nous n’étions plus amoureux. Mais en revanche, nous avons aussi constaté qu’il y avait une grande tendresse entre nous, une grande complicité… nous nous connaissons si bien, nous nous faisons confiance et sommes fidèles l’un à l’autre. Jamais nous ne voudrions nous faire de mal. Peut-être même est-ce mieux ainsi ? ». Finalement, l’amour peut prendre tellement de formes, de l’amour fusionnel à l’amour idéal, de l’amour romantique à l’amour vain en passant par l’amour filial et l’amour-amitié, un concept que j’ai découvert il y a peu… Bref, cet album questionne énormément et apporte bien peu de réponses, mais cela me convient parfaitement.

Je ne connaissais pas Cyril Bonin et je dois avouer que j’aime beaucoup son dessin. Ses cadrages variés et son découpage dynamique rendent la lecture des plus agréables. Je suis juste un peu sceptique par rapport à l’absence de couleur (pour une fois !), je trouve ces tons de gris un peu tristounet.

L'idée de départ est excellente et la fin parfaite, je trouve. Entre les deux, beaucoup de pistes sont lancées sans forcément être creusées, ce qui peut donner l'impression d'un certain manque de profondeur. Personnellement, je n'ai pas ressenti les choses ainsi et cet album me paraît au contraire très abouti. Une vraie belle découverte ! 


Amorostasia de Cyril Bonin. Futuropolis, 2013. 128 pages. 19 euros.

Une lecture un peu particulière aujourd'hui, d'une part parce que je la partage avec Cristina (et je crois bien que c'est notre première LC), et d'autre part parce que cet album m'a été offert par quelqu'un de très cher. Une BD qui compte donc un peu (voire beaucoup) plus que d'autres...


Les avis de Cristie, Lasardine, MarionMoka, Natiora, Noukette,  Sandrine et Yvan.



lundi 24 février 2014

Les lectures de Charlotte (2) : Hier, je t'ai...

« Hier, je t’ai...
désiré
espéré
attendu
découvert
nourri
consolé
dorloté
supporté
porté
écouté
encouragé
laissé t’envoler »


On m’a chuchoté le titre de ce livre au creux de l’oreille. On m’a précisé, « ça devrait parler à ton cœur de papa ». Et bien c’est tout à fait ça. Dans cet album, une maman raconte sa naissance à son enfant. Elle dit les moments tendres, les étapes clés de leur vie commune.

Un mot par page, accompagné en vis-à-vis d’une magnifique illustration. Des volatiles et leurs petits dessinés aux pastels et à la craie. L’émotion naît de la liaison entre le texte et l’image. Tout est là, l’amour d’une mère déroulé mot à mot. C’est doux et c’est beau, ça va vous faire fondre.

Je dois avouer que quand j’ai vu ma femme le lire à Charlotte, ça m’a fait un petit quelque chose. Mon cœur de gros dur tatoué n’est peut-être pas si sec que cela finalement... Un album à offrir à toutes les mamans, celles qui le sont déjà et celles qui vont le devenir.

Hier je t'ai... de Mies van Hout.Minedition, 2013.28 pages. 14.20 euros.










dimanche 23 février 2014

L’homme qui avait soif - Hubert Mingarelli

1946. Le Japon est sous occupation américaine. Hisao, démobilisé depuis peu, se rend en train à Hokkaido pour épouser Shigeko, qu’il n’a jamais vue. Mais Hisao est possédé par un mal étrange : la soif. Une soif surgissant à n’importe quel moment, une soif incontrôlable. Lorsque le train s’arrête en rase campagne, Hisao en descend pour aller boire. Et quand il entend le sifflement annonçant le redémarrage de la locomotive, il ne peut se résoudre à abandonner le point d’eau qui l’abreuve. Le train repart sans lui. Dans le wagon qu’il occupait, le futur marié a laissé sa valise contenant le cadeau pour Shigeko, un superbe œuf de jade. Commence alors pour Hisao un long chemin, une course folle afin de retrouver cette satanée valise et son précieux présent.

J’avais tellement aimé Un repas en hiver que je me régalais d’avance de retrouver Hubert Mingarelli. Malheureusement, et ça me coute de l’avouer, la magie n’a pas fonctionné.  Il propose pourtant ici un joli roman initiatique, une allégorie faisant de la soif un démon incontrôlable qui engendre des souffrances tant physiques que psychiques. Les allers retours de la narration entre le présent d’Hisao et son passé de soldat ayant participé à la terrible bataille de la montagne de Peleliu donnent du souffle au récit. Tout comme les nombreuses rencontres que fait le jeune homme au cours de  son périple. La langue est belle : phrases courtes, une pointe de poésie et de lyrisme venant chahuter un ton dans l’ensemble très réaliste. Pourtant je suis resté à l’écart, incapable de développer la moindre empathie pour Hisao. A vrai dire, je me suis ennuyé. C’est terrible de devoir parfois reconnaître que l’on est passé à coté d’un texte qui avait pourtant tout pour nous plaire, un texte dont la qualité est indéniable.

Dommage, vraiment dommage. Mais on se retrouvera Mr Mingarelli, je n’ai aucun doute là-dessus.


L’homme qui avait soif d’Hubert Mingarelli. Stock, 2014. 155 pages. 16 euros.





vendredi 21 février 2014

Une lecture à l’aveugle, ça vous dit ?

Vous savez peut-être à quel point j’ai été ravi par l’expérience de lecture à l’aveugle à laquelle j’ai été soumis il y a peu par une blogueuse. Comme beaucoup d’entre vous ont souligné à quel point ils trouvaient le principe « génial », je vous propose de créer une page ici même où seront consignées les règles du jeu et, si vous le souhaitez, les liens vers les billets présentant vos livres-mystères. Entendons-nous, il ne s’agit aucunement d’un défi ou d’un challenge de plus. Disons simplement, comme l’a écrit Aaliz, que c’est le concept de The Voice adapté à la lecture.



Le principe est simplissime, je vous propose juste quelques règles de base.

Pour l’expéditeur :

1) Envoyer un livre que l’on a particulièrement aimé, voire même un coup de cœur serait l’idéal. S’appliquer à cacher tous les indices permettant de l’identifier (nom de l’auteur, titre, éditeur, année d’édition et 4ème de couverture) en le recouvrant entièrement d’un papier opaque, sans oublier de dissimuler les premières et dernières pages, souvent porteuses d’informations qui pourraient mettre le lecteur sur une piste. Ne pas oublier non plus que sur certains ouvrages, le titre est repris sur chaque haut de page (c’est un détail loin d’être anodin puisque si tel est le cas, il vous sera quasiment impossible d’assurer l’anonymat de votre livre).

2) S’il le souhaite, l’expéditeur peut choisir de ne pas dévoiler son nom, cela ajoutera un peu de piment à l’affaire.

Pour le destinataire :

1) Jouer le jeu, c’est la règle fondamentale !!!!  Ne pas arracher la couverture dès que l’on reçoit le livre. Ne pas chercher sur g**gle et compagnie des informations qui permettraient d’identifier le livre en deux secondes. Au cas où l’expéditeur serait connu, ne pas chercher à savoir s’il en a parlé sur son blog. En cas de non respect de ces consignes le destinataire se verra sévèrement châtier et contraint d’enchainer jusqu’à la fin des temps les lectures les plus barbantes possibles.

2) Rédiger un billet présentant l’ouvrage alors que l’on ne connait toujours  pas le titre et l’auteur (sauf si bien sûr on les a découverts au cours de la lecture). Révéler au grand public, disons le lendemain, l’identité du livre en exprimant si possible son ressenti au moment de la « révélation ». Éventuellement ajouter le logo ci-dessus à votre billet et éventuellement venir laisser votre lien ici-même. Je m’engage à tenir à jour cette page en y ajoutant tous les liens qui me seront fournis, ce qui permettra en quelque sorte de synthétiser l’ensemble des livres-mystères reçus.

Alors, vous êtes partant ? J’ai surement omis certaines choses, des questions évidentes que j’ai oublié de me poser ou encore des points à préciser. N’hésitez pas à m’en faire part dans vos commentaires.

Juste pour info, j’ai ouvert le bal en étant le premier à me lancer dans une lecture à l’aveugle mais depuis je suis passé à la vitesse supérieure puisque j’ai moi-même expédié cette semaine deux livres-mystères…

Dernière chose mais pas des moindres, je précise que le contenu de cette page a été rédigé avec la blogueuse mystérieuse qui a inventé le concept. Si elle souhaite garder l’anonymat, je ne pouvais pas de mon coté ne pas lui rendre les honneurs qu’elle mérite.

Edit du 21/02 à 21 h :  Au vu des commentaires laissés ici et ailleurs, je vous propose d’affiner un peu les choses. En gros, si vous le souhaitez, je veux bien synthétiser les demandes des expéditeurs, récupérer les adresses de chacun et les prévenir si quelqu’un a déjà pensé à leur destinataire (pour éviter qu’un même destinataire se retrouve avec 3 ou 4 livres mystère). Mais je ne créé pas de binôme moi-même, le jeu c’est de faire plaisir et de surprendre une personne à qui on a pensé, je ne veux surtout pas choisir à votre place. Et pas la peine de me donner le titre du livre que vous envoyez, je n’en ai pas besoin. Pas la peine non plus d’essayer de me corrompre, je ne donnerai aucune des informations qui me seront transmises.

Vous pouvez m’envoyer les informations ici : dunebergealautre@gmail.com

Les participants : 

Aaliz
Achille49
A girl from earth
Alex Mots-à-Mots a reçu "La vie devant ses yeux" de Laura Kasischke de la part de Mirontaine
Amis-lecteurs
Asphodèle
Athalie a reçu Tokyo de Mo Hayden de la part de Ingannmic
Beberoots
Blablablamia
Bourgeaon Créatif
Canel a reçu "Mon amour, ma vie" de Claudie Gallay de la part d'Edéa
Cajou
Cécile
Céline
Chachou
Chicky Poo
Choco
Claudialucia
Cristina
Edéa a reçu "L'arbre des pleurs" de Naseem Rakha de la part de Canel
Estelle Calim
Evalire
Faelys a reçu "Orgueil et désir" de Myriam Thibault la part de Zazy
Galéa a reçu "Mal de pierre" de Milena Agus de la part de Sandrion
Ingannmic
Jérôme a reçu « L’amour, Béatrice » de Janine Boissard de la part de ? "Quatrième étage" de Nicolas Ancion de la part de Noukette et Vénus et Adam de la part de Stephie 
Juliette a reçu "Les sœurs Ribelli" de Corinne Atlas de la part de Sandrine (Mes promenades)
Lasardine
Laurie Lit
Le Bison 
Lectriceinthetrain
Leiloona
Liliba a reçu "Les amandes amères" de Laurence Cossé de la part de Martine Littérauteurs, Le café de l'Excelsior de Philippe Claudel de la part d'Asphodèle
Marion a reçu "L’avant-dernière chance" de Caroline Vermalle de la part de Faelys
Marjorie
Martine
Martine Littérauteurs a reçu "Portaits d'automne" de Roger Wallet de la part de Jérôme
Merquin
Mirontaine a reçu "Qu'avons nous fait de nos rêves" de Jennifer Egan de la part de Zazy
Moka
Nahe
Natiora
Noukette a reçu « Les joueurs » de Stewart O’Nan de la part de Jérôme
Praline 
Samlor
Sandrine (Mes promenades)
Sandrine (SD49) a reçu "La désobéissance d'Andréas Kuppler" de Michel Goujon de la part de Saxaoul
Sandrion a reçu "Rue des boutiques obscures" de Patrick Modiano de la part de Galéa
Saxaoul a reçu "La patiente" de Jean-Philippe Mégnin de la part de Sandrine (SD49)
Sido
Sophie/Vicim a reçu "La porte" de Magda Szabo de la part d'Evalire
Sophie Hérisson
Syl a reçu "Mangez-moi" d'Agnès Desarthe de la part d'Unchocolatdansmonroman
Unchocolatdansmonroman a reçu "Des vents contraires" d'Olivier Adam de la part de Faelys
Véronique
XL
Zazy a reçu "La dame à la camionnette" d'Alan Bennet de la part d'Alex Mots-à-Mots







jeudi 20 février 2014

Le jour du slip / Je porte la culotte - Anne Percin et Thomas Gornet

L’espace d’une journée, Corentin devient Corinne et Corinne devient Corentin. Le cauchemar, vous imaginez bien. Vêtements, loisirs, attitude en classe, comportement avec les copains/copines, tout est à revoir ! En changeant de sexe, ces élèves de CM1 découvrent un monde nouveau. D’abord effrayant, forcément, mais auquel ils vont peu à peu s’adapter. A tel point qu’à la fin de la journée, le cauchemar ne sera plus qu’un simple rêve. Et pas désagréable en plus…

Alors voila donc l’objet du délit. Un livre subversif au possible. A brûler en place public parmi tant d’autres, parait-il. Une fille et un garçon qui échangent leur corps, un scandale ! Soyons sérieux. C’est gentillet et drôle, les situations sont bien amenées et le système des deux histoires en miroir (le livre se présente tête bêche) est original.

On aborde ici la question du regard que les enfants portent les uns sur les autres. C'est un texte qui peut ouvrir à la discussion et permettre d'échanger sur les rapports filles/garçons en dédramatisant le problème. Bref, c'est un livre utile. Si de tels ouvrages sont subversifs et corrompent la jeunesse au point qu'il faille les retirer des écoles et des bibliothèques, alors nos pauvres bambins n'auront bientôt plus grand chose à lire.  

Le jour du slip / Je porte la culotte d’Anne Percin et Thomas Gornet. 65 pages. 6,50 euros. A partir de 8 ans.

Une lecture commune géante, une lecture commune pour défendre ce texte et ses auteurs attaqués de façon ignoble sur la toile. Une lecture commune dont vous retrouvez tous les participants chez Stephie.


mercredi 19 février 2014

Annie Sullivan et Helen Keller - Joseph Lambert

Incroyables destins que ceux d’Helen Keller et d’Annie Sullivan. La première est née en 1880 dans l’Alabama. A 19 mois, elle a contracté une maladie inconnue qui l’a rendue aveugle et sourde. La seconde est née en 1866. A cinq ans, cette fille d’immigrée irlandais fut victime d’une infection oculaire et perdit presque la vue.  Abandonnée par son père, elle fut recueillie avec son petit frère dans un hospice. En 1880 elle entra à l’institut Perkins, une institution chargée de fournir assistance et éducation aux personnes aveugles ou malvoyantes. A 20 ans, sortie diplômée de l’institut et major de sa promotion, elle accepta un poste de préceptrice auprès d’Helen Keller.

L’album raconte comment Annie a pu domestiquer et éduquer Helen, une gamine
sauvage et incontrôlable ne supportant aucune contrariété et aucun contact. De leurs luttes épiques, du combat quotidien mené par la préceptrice pour inculquer à son élève les règles de vie les plus élémentaires et la maîtrise du langage, va naître une relation quasi fusionnelle. Le face à face entre ces deux écorchées vives est parfaitement rendu. Les flash back dans la jeunesse d’Annie permettent de comprendre pourquoi cette jeune femme tient tant à réussir l’éducation d’Helen. Son acharnement sans faille apparaît à certains moments effrayant mais l’auteur montre à quel point le chemin menant la petite fille aveugle et sourde vers le savoir fut long et douloureux.

Niveau dessin, j’avoue que je ne suis pas fan du trait de Joseph Lambert. Son gaufrier de 15 ou 16 cases par planches est hyper répétitif mais il était je pense nécessaire pour détailler longuement chaque scène-clé de l’album. De toute façon, le lecteur n’est pas là pour prendre une claque visuelle. Il est là pour découvrir comment les liens se tissent, comment l’obstination sans faille et la certitude dans les méthodes pédagogiques déployées par Annie ont porté leurs fruits.

Une double biographie poignante et maîtrisée qui ne se laisse à aucun moment déborder par un trop plein d’émotion. Il aurait pourtant été facile de tomber dans le larmoyant mais Joseph Lambert évite ce piège avec brio.

Un album offert par Valérie dans le cadre du loto BD de Loula. Un choix pertinent, je me suis régalé.
Et une lecture commune que j’ai le plaisir de partager avec Sandrine.


Annie Sullivan et Helen Keller de Joseph Lambert. ça et là, 2013. 94 pages. 22 euros.

Les avis de Valérie et Yvan.