Comme chaque année, je prends deux minutes pour faire le point sur les lectures marquantes qui ont jalonné les douze derniers mois. Sur le plan purement comptable, j’ai lu une soixantaine de romans et recueils de nouvelles.
J’avais décidé que 2012 serait, entre autres, l’occasion de découvrir ou (re)découvrir des textes plus classiques. Au final, je comptabilise six titres dans cette catégorie, soit un tous les deux mois. Peut mieux faire !
Heureusement qu’il y a eu quelques lectures communes pour me mettre le pied à l’étrier. Grâce à Marie, j’ai relu La duchesse de langeais et découvert Fanny Hill, le plus célèbre récit érotique de la littérature anglaise. Avec XL j’ai relu La faim de Knut Hamsun, prix nobel de littérature en 1920. Et tout seul dans mon coin, j’ai apprécié Gatsby le magnifique, De goupil à Margot de Louis Pergaud (prix Goncourt 1910) et Bubu de Montparnasse de Charles Louis-Philippe. Mon gros regret est d’avoir laissé en plan Les raisins de la colère, mais je compte bien m’y remettre en 2013. D’ailleurs si vous avez des propositions de lectures communes de classiques, je suis partant même si je n’ai plus vraiment de titres bien arrêtés, à part peut-être Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur d’Harper Lee.
Sinon pour ce qui est de la littérature contemporaine, voici mon top 5.
Un roman islandais somptueux, tout simplement. Sans doute le plus littéraire que j'ai lu cette année. Et un immense coup de chapeau à Eric Boury dont la traduction est éblouissante. Second volume d'une trilogie, La tristesse des anges sort en poche le 10 janvier. Plus d'excuses pour ne pas découvrir ce petit bijou. Le troisième et dernier tome sera quand à lui en librairie jeudi prochain. L'éditeur doit me l'envoyer en service de presse. Je sais déjà avec quel livre je vais commencer 2013^^
Mon avis complet
Élu livre de l'année par le magazine Lire. Un premier roman barré à souhait, sans concession, totalement décomplexé. La littérature américaine que j'aime, celle qui pourait en remontrer tous les jours aux adeptes de l'autofiction à la française qui me sort par les yeux.
Mon avis complet
Comment Claire Keegan ne pourrait pas être dans mon top 5 de l'année ? Tant de finesse, de simplicité et de précision dans les descriptions. Une écriture magnifique, lumineuse, étourdissante. Bref, lisez Claire Keegan je ne peux pas vous dire mieux.
Mon avis complet
Un petit bijou. De ces découvertes inattendues qui illuminent une vie de lecteurs. C'est parce que j'ai eu la chance d'être bien conseillé que ce titre m'est arrivé entre les mains. Comme quoi il faut toujours écouter les conseils avisés.
Mon avis complet
J'ai adoré cette réflexion sur la vulnérabilité, sur le fait que tout peut basculer malgré les certitudes affichées. La vie tient décidément à peu de choses, c'est bon de s'en souvenir de temps en temps.
Mon avis complet
J'aurais pu en citer d'autres, notamment Peste et choléra, Certaines n'avaient jamais vu la mer, Le sermon sur la chute de Rome, Home, Les affligés, La montagne ou encore L'art du jeu. Une bien belle année de lecture, largement supérieure à la précédente. Espérons que 2013 réservera autant de bonnes surprises livresques.
jeudi 27 décembre 2012
mercredi 26 décembre 2012
Texas Cowboys - Trondheim et Bonhomme
Trondheim et Bonhomme © Dupuis 2012 |
En débarquant à fort Worth, Drinkwater sait ce qui l’attend : « le pire de toute la racaille des ploucs de l’ouest rassemblé sur un espace grand comme le cul d’une mouche. »
Mais le jeune homme n’est pas là pour jouer au journaliste. Il a accepté le deal pour trois raisons : se venger de l'ex-mari de sa mère, s'enrichir et trouver l'amour. Le premier cowboy qu’il rencontre calme ses ardeurs : on ne peut pas venir dans l’ouest pour autant de choses à la fois, il faut en choisir une seul et unique pour rester concentré...
Parce qu’il a avant tout été conçu comme un hommage aux grands classiques, ce western accumule tous les poncifs du genre. Les personnages pittoresques à souhait forment la colonne vertébrale du récit : le blanc-bec naïf, la prostituée joueuse de poker, le shérif corrompu, le bandit cruel, etc. Un univers codifié qui ne constitue que le cadre de départ et que les auteurs s’amusent à modeler à leur guise, en jouant notamment sur la façon dont les éléments s’enchaînent. L’originalité tient donc dans la chronologie aléatoire qui régit l’ensemble de l’album. Les nombreuses intrigues sans lien apparent finissent par se rejoindre, les mêmes scènes sont présentées à différents endroits sous plusieurs angles et selon des points de vue qui varient en fonction des personnages, bref la construction de l’ensemble de l’histoire suit un canevas aussi complexe qu’imparable.
Le dessin de Mathieu Bonhomme, ultra précis et s’appuyant sur une abondante documentation, est volontairement vintage : utilisation récurrente du gaufrier (6 cases identiques par planches) et des effets de trame, mise en couleurs « à l’ancienne » avec un nombre de teintes limité (une quinzaine en tout), on a vraiment l’impression d’avoir sous les yeux une BD des années 60.
Un album à la narration d’une redoutable efficacité qui ne brille certes pas par son scénario mais qui mérite que l’on s’attarde sur son cas, ne serait-ce que pour son incontestable qualité graphique.
Texas Cowboys, de Trondheim et Bonhomme. Dupuis, 2012. 144 pages. 20,50 euros.
L'avis d'Yvan
L'avis de Mo'
Trondheim et Bonhomme © Dupuis 2012 |
dimanche 23 décembre 2012
Du côté de Canaan de Sebastian Barry
Barry © Joëlle Losfeld 2012 |
Lilly est née en
Irlande. Sa mère est morte en lui donnant le jour. Elle a grandi entourée d’un
père policier, de deux sœurs et d’un frère qui perdra la vie en Picardie au
cours de la première guerre mondiale. Au début des années 20 son fiancé, Tadg, menacé
par l’IRA, doit quitter le pays. Elle le suit, direction l’Amérique. D’abord
New York, puis Chicago où Tadg sera finalement assassiné. Seule, désespérément
seule, Lilly entre au service d’une riche famille irlandaise. C’est durant
cette période qu’elle rencontre Joe Kinderman, un homme qui disparaitra dans la
nature alors qu’elle est enceinte. Elle mettra Ed au monde à 40 ans et l’élèvera
seule. Il s’engagera plus tard pour le Vietnam dont il reviendra totalement
brisé. Devenue septuagénaire, Lilly recueillera Bill, le garçon d’Ed, à peine
âgé de 2 ans. Un petit fils qu’elle adorera plus que tout, jusqu’au jour où il
partira faire la guerre en Irak. Un destin funeste de plus dans une vie où
chaque homme qu’elle a connu semblait voué à disparaître dans des circonstances
tragiques.
Du coté de Canaan est
le troisième roman que Sebatian Barry consacre aux Dunne, une famille
irlandaise perpétuellement touchée par la disgrâce. Derrière ce roman d’adieu,
Barry dresse un magnifique portrait de femme. Lilly l’irlandaise qui traverse
les turpitudes de ce 20ème siècle si meurtrier avec bonne humeur et
résignation. Lilly l’optimiste qui aura la chance, malgré ses déboires, de
rencontrer des personnes d’une incroyable bonté qui n’auront de cesse de la
soutenir dans les moments difficiles.
Lilly raconte les
bonheurs simples, elle se remémore aussi les événements les plus dramatiques
sans jamais se plaindre. Elle se repasse en esprit de vieilles bobines, « des
films simples, sans intérêt pour les autres. Le cinéma privé de chacun. » Point
de mélo ici, rassurez-vous. La confession est parfois traversée d’une grande
tristesse mais elle sait aussi s’illuminer de rires, de tendresse et de joie de
vivre. Surtout, le témoignage reste empreint d’une belle dose d’humanité. On
pourra certes trouver qu’à certains moments la barque de Lilly semble bien trop
chargée. Vivre autant de drames en une seule existence peut paraître irréaliste.
Mais pour créer une telle généalogie romanesque, il ne faut parfois pas hésiter
à forcer le trait, surtout quand cela est fait avec autant de talent.
Du
côté de Canaan de Sebastian Barry. Joëlle Losfeld, 2012.
275 pages. 19,50 euros.
samedi 22 décembre 2012
Un temps à s’ouvrir les veines
Marre de ce temps de m****. C’est Noël et il fait 15 degrés. C’est Noël et il pleut des seaux d’eau à longueur de journée. C’est Noël et on se croirait encore à la Toussaint. Quand je regarde par la fenêtre je pense au titre d’un recueil de poèmes publié par André Laude en 1979 : Un temps à s’ouvrir les veines. Je vous rassure j’en suis pas là mais j’aime beaucoup ce titre. Il y a tant de mélancolie dans la poésie d’André Laude. J’en ai déjà longuement parlé au moment du printemps des poètes.
A part le temps, il y a autre chose qui m’énerve beaucoup en ce moment, c’est toute cette musique de m**** que mes filles écoutent à longueur de journée. Je ne citerais pas de nom mais il y a entre autres un chanteur coréen qui me sort par les yeux. Il y a aussi le Justin Bieber suisse qui reprend le Hallelujah de Léonard Cohen. J’en peux plus ! Si au moins elles écoutaient la version de Jeff Buckley. J’ai bien essayé de les éduquer comme il faut musicalement parlant mais il n’y rien à faire. Dès que je mets un vieux Fleetwood Mac ou un AC/DC période Bon Scott, elles prennent un air dégoutté. J’ai bien essayé de durcir le ton avec RATM, Biohazard ou Metallica mais c’est encore pire (en même temps fallait s’en douter ). Question de génération évidemment. Pourtant quand j’étais gamin et que ma mère écoutait Claude François en boucle, j’aimais bien.
J’en remets juste une couche pour offrir une petite fenêtre à ce poète aujourd'hui disparu et tombé dans le plus total anonymat :
J’ai vu l’homme couché dans son manteau de nuit
J’ai vu la femme humiliée
et l’enfant assis sur un tas d’ordures
j’ai vu flamber l’orient
craquer les méridiens et tituber les aubes
j’ai vu l’amante déchirer douloureusement sa robe
j’ai vu le père se taire auprès des cendres du foyer
j’ai vu l’amour bafoué l’espoir insulté l’avenir mis aux fers
je n’ai jamais renoncé à la lumière
au feu sur la terre
J’ai vu la femme humiliée
et l’enfant assis sur un tas d’ordures
j’ai vu flamber l’orient
craquer les méridiens et tituber les aubes
j’ai vu l’amante déchirer douloureusement sa robe
j’ai vu le père se taire auprès des cendres du foyer
j’ai vu l’amour bafoué l’espoir insulté l’avenir mis aux fers
je n’ai jamais renoncé à la lumière
au feu sur la terre
J’aime bien aussi celui-là, encore plus désespéré :
La nuit il m’arrive de ramper jusqu’à ta chair détestable
de frotter mon sexe à la peau sèche de ton ventre
de murmurer des mots qui n’ont plus aucun sens
de te promettre des escales sauvages au pays des ivoires noirs
La nuit il m’arrive de croire à quelque paradis
j’étouffe sur mes lèvres le cri des origines
je mords tes seins mes dix doigts dénouent ta chevelure de fée
mon sang tremble à l’orée de tes narines
Mêlés comme des forçats aux vêtements de bure rêche
nous nous imaginons montant vers des soleils baoulés
nous nous imaginons vainqueurs de cette orgie de plaies
L’aurore nous rend à l’horreur du temps qu’il fait
de frotter mon sexe à la peau sèche de ton ventre
de murmurer des mots qui n’ont plus aucun sens
de te promettre des escales sauvages au pays des ivoires noirs
La nuit il m’arrive de croire à quelque paradis
j’étouffe sur mes lèvres le cri des origines
je mords tes seins mes dix doigts dénouent ta chevelure de fée
mon sang tremble à l’orée de tes narines
Mêlés comme des forçats aux vêtements de bure rêche
nous nous imaginons montant vers des soleils baoulés
nous nous imaginons vainqueurs de cette orgie de plaies
L’aurore nous rend à l’horreur du temps qu’il fait
A part le temps, il y a autre chose qui m’énerve beaucoup en ce moment, c’est toute cette musique de m**** que mes filles écoutent à longueur de journée. Je ne citerais pas de nom mais il y a entre autres un chanteur coréen qui me sort par les yeux. Il y a aussi le Justin Bieber suisse qui reprend le Hallelujah de Léonard Cohen. J’en peux plus ! Si au moins elles écoutaient la version de Jeff Buckley. J’ai bien essayé de les éduquer comme il faut musicalement parlant mais il n’y rien à faire. Dès que je mets un vieux Fleetwood Mac ou un AC/DC période Bon Scott, elles prennent un air dégoutté. J’ai bien essayé de durcir le ton avec RATM, Biohazard ou Metallica mais c’est encore pire (en même temps fallait s’en douter ). Question de génération évidemment. Pourtant quand j’étais gamin et que ma mère écoutait Claude François en boucle, j’aimais bien.
Voila un billet un peu fourre tout sans grand intérêt, je vous le concède. Mais bon, je suis chez moi je fais ce que je veux^^
Pour revenir à Jeff Buckley, je vous offre une version très énervée du Kick out the Jam des MC5 enregistrée à l’Olympia en 1995. Exactement la musique qu'il me faut en ce moment…
vendredi 21 décembre 2012
Petit Inuit et les deux questions
Cali et Quarello © Sarbacane 2012 |
Une histoire qui commence comme un classique récit en randonnée (à chaque page une nouvelle rencontre et toujours les mêmes questions) mais qui se termine sur une note plus philosophique, notamment par rapport au destin et à l’avenir : « Les ombres de l’avenir ne laissent pas d’empreintes sur la neige […]. C’est toi qui imprimes le chemin. Tu peux aller où tu veux et devenir ce que tu veux » dit l’élan au jeune garçon.
Un texte simple et intelligent qui pousse le petit lecteur à la réflexion. Chaque illustration pleine page de Maurizio Quarello est un magnifique petit tableau aux couleurs extrêmement travaillées. A noter par ailleurs que le format à l’italienne offre des scènes panoramiques du plus bel effet. Un album superbe dont la lecture à voix haute ne pourra que fasciner l’auditoire, quel qu’il soit, j'en mets ma main à couper.
Petit Inuit et les deux questions de Davide Cali et Maurizio Quarello. Sarbacane, 2012. 32 pages. 15,50 euros. A partir de 4-5 ans.
Cali et Quarello © Sarbacane 2012 |
jeudi 20 décembre 2012
Bons baisers (ratés) de Paris
Cali et Rouquette © Gulf Stream 2012 |
Tous les grands lieux parisiens
ou presque sont ici visités. Chaque illustration se présente comme un jeu où
les petits s’amuseront à chercher notre
amoureux et sa douce amie. Un livre à lire avant une promenade dans la
capitale. Les enfants seront ravis de traverser les lieux où notre héros a
vainement attendu que sa dulcinée l’embrasse. Et, si c’est raté à Paris,
peut-être aura-t-il plus de chance à Venise, ou bien à New-York (deux titres à
paraître dans la même collection).
Voici donc revisité le concept du
guide touristique, façon carte du tendre des temps modernes… pour enfants. A
noter sur les pages de garde finales un plan de la capitale permettant de localiser
en un coup d’œil tous les endroits visités par nos tourtereaux.
Bons baisers ratés de
Paris de Davide Cali et Anne Rouquette. Gulf Stream éditeur, 2012. 36 pages. 19,50 Euros. A partir de 5 ans.
Cali et Rouquette © Gulf Stream 2012 |
mercredi 19 décembre 2012
Joe l’aventure intérieure - Grant Morrison et Sean Murphy
Morrison et Murphye © Urban comics 2012 |
220 pages racontant le trajet
effectué par un gamin insulino-dépendant entre sa chambre et son frigidaire, il
fallait oser. Le cerveau en manque de sucre de Joe créé un univers d’héroïc-fantasy violent et crépusculaire.
Régulièrement, le lecteur revient dans la maison près de l’enfant malade avant
d’être à nouveau projeté en plein délire. Cette alternance dans la narration n’est
pas du tout perturbante, elle renforce le coté halluciné et désespéré de la quête
de Joe.
Le trait de Sean Murphy est
incroyable de vivacité et de précision. Certaines scènes de combat sont
absolument bluffantes. Le découpage est un modèle du genre, à montrer dans les
écoles. Seules les couleurs sont fades et sans grand intérêt, malheureusement
comme souvent dans les comics (ok, j’avoue, je préférerais toujours le noir et
blanc à la couleur, que voulez-vous, on ne se refait pas).
Un one shot qui a vraiment tout
pour plaire et pourtant je suis passé complètement à coté. L’univers parallèle
est riche mais ne repose sur aucune fondation solide (rien de plus normal me
direz-vous puisqu’il est issu d’une sorte de cauchemar incontrôlable). Du coup,
je suis resté très éloigné des différentes péripéties, comme si je regardais
tout cela de loin sans m’y intéresser le moins du monde. J’enrage parce qu’à
lire les avis ici ou là, tous plus positifs les uns que les autres, je voudrais
me persuader que cet album est un petit bijou d’intelligence à la construction
imparable. Rien à faire, je n’y parviens pas. Je n’aime pas cette sensation d’avoir
raté quelque chose, d’avoir manqué la finesse de l’analyse psychanalytique qui
fait de ce récit une parabole sur les difficultés de l’adolescence, ce moment
clé où l’on préfère parfois se réfugier dans des mondes imaginaires plutôt que
d’affronter la dure réalité. Bref, je ressors insatisfait de cette lecture, en
colère contre l’indifférence qui ne m’a pas lâché de la première à la dernière
page. Un vrai gros raté.
Joe : L’aventure intérieure de Grant Morrison
et Sean Murphy. Urban Comics, 2012. 224 pages. 19 euros.
Une lecture commune que je partage une fois de plus avec Mo’.
Je suis certain qu’elle a su apprécier cet album à sa juste valeur.
Morrison et Murphye © Urban comics 2012 |
mardi 18 décembre 2012
La maison aux trésors : les petits secrets d'une maison d'autrefois - Jemima Pipe et Maria Taylor
Pipe et Taylor © Tourbillon 2012 |
En fait, la grosse surprise, c’est qu’une heure après, j’ai
retrouvé ma pépette n°1 (10 ans) plongée dans l’ouvrage. A priori, pas de son âge,
surtout si sa sœur à aimé. Mais bon, la petite n’étant plus dans la pièce, elle
en a profité pour y jeter un œil ni vu ni connu. Très méthodique, elle a fait
les choses dans l’ordre, commençant par le mini-sommaire qui donne les
consignes expliquant comment exploiter les nombreuses possibilités offertes.
Par exemple, dans chaque pièce il faut retrouver deux objets qui n’auraient pas
pu exister à l’époque. Il y a aussi un trésor perdu bien caché et de mystérieux
bruits dont il faut deviner la source. Le paramètre ludique est donc important,
au moins autant que les nombreuses informations historiques distillées au fil
des pages. Pourquoi ne se lavait-on qu’une fois par semaine ? Pourquoi la
cuisine est pleine de suie ? C’est quoi ces mansardes où vit le petit personnel ?
Etc. Elle a littéralement dévoré l’ensemble avec un plaisir évident, heureuse
de découvrir un univers et une époque qu’elle ne connaissait pas vraiment. Le
déclic, quoi. C’est décidé, je lui propose d’ici peu un roman jeunesse
victorien et dans six mois elle attaque Les
Hauts de Hurlevent (on peut rêver non ?).
En tout cas, cette maison au trésor ferait un beau cadeau au
pied du sapin. Les illustrations un poil vintage collent parfaitement à l’ambiance
et c’est un vrai plaisir de découvrir la minutie avec laquelle chaque pièce est
décrite. Typiquement le genre d’ouvrage qui ne demande qu’à être manipulé des
dizaines et des dizaines de fois. Posez-le sur une table dans un coin du salon
et vous pouvez être certain que chaque enfant qui passera devant va s’arrêter
pour le feuilleter. Une bien belle découverte que je dois à Pauline et aux
éditions Tourbillon. En plus, il y avait un autre livre dans l’enveloppe qui a
lui aussi été très apprécié. Je vous en parle bientôt…
La maison aux trésors de Jemina Pipe (ill. Maria Taylor).
Tourbillon, 2012. 24 pages. 18,95 euros. A partir de 7 ans.
Pipe et Taylor © Tourbillon 2012 |
lundi 17 décembre 2012
Tagué par Philisine Cave
C’est la saison des tags on dirait.
Après celui de Soukee, me voila à nouveau tagué par Philisine Cave. Beaucoup de
questions mais qui appellent des réponses rapides. Du coup, je me suis laissé
tenter. Allez zou…
1) Es-tu un acheteur compulsif de livres
? Oui, un vrai de vrai. BD, roman, littérature
jeunesse, album pour les petits, c’est infernal. Heureusement qu’il y a la médiathèque
et depuis peu je sollicite directement les éditeurs. Quand un titre me plait je
leur demande s’il est possible de me le faire parvenir en service de presse. Ça
ne fonctionne pas à tous les coups loin de là, mais j’ai quand même pu
récupérer par ce biais une cinquantaine de livres cette année.
2) À quelle fréquence achètes-tu tes
livres ? Pas une semaine sans que j’achète un
livre.
3) As-tu une librairie favorite ? J’avais une librairie favorite mais elle a fermé il y
a un mois. J’habite dans une ville préfecture de 60 000 habitants qui n’a plus
de librairie. C’est un cauchemar pour moi (et surtout pour les 18 salariés
restés sur le carreau). Je vais devoir me résoudre à commander en ligne, ce qui
me déplait fortement. Heureusement que je vais régulièrement sur Amiens où je
retrouve ma librairie BD favorite, Bulles en stock.
4) Fais-tu tes achats livresques seul ou
accompagné ? En général je suis seul, sauf quand mes
filles sont avec moi, ce qui alourdit sérieusement l’addition.
5) Librairie ou achats sur le net ? Malheureusement, les achats sur le net vont devenir
mon quotidien.
6) Vers quels types de livres te
tournes-tu en premier ? Romans, nouvelles et
BD sont mes priorités. Les romans jeunesse et les albums pour les plus petits
font aussi partie des publications qui m’intéressent aussi beaucoup. Jamais de
beaux livres, d’ouvrages pratiques, d’essais, de biographies ou de poésie. Pas
du tout mon truc. Ah oui, il m’arrive aussi de me tourner vers quelques lectures
inavouables, mais c’est une autre histoire…
7) Préfères-tu les livres d’occasion,
neufs, ou les deux ? Les deux : j’achète beaucoup d‘occasion en
brocante. Pour les nouveautés, c’est toujours en neuf car j’aime les avoir dès
qu’elles paraissent.
8) Qu’aimes-tu dans le shopping
livresque ? La déambulation dans un endroit où je me
sens bien, parfaitement à l’aise, serein.
9) Te fixes-tu une limite d’achats par
mois ? Non, c’est très variable d’un mois à l’autre.
Septembre/octobre sont des mois en général très chargé à cause de la rentrée
littéraire mais sinon tout dépend de mes envies.
10) À combien s’élève ta wish-list ? Je n’ai pas vraiment de wish-list. Je n’aime pas
reporter un achat en me disant « ce sera pour plus tard ». Si un
livre me fait envie, il me le faut tout de suite (un vrai gosse !).
11) Cite trois livres que tu veux TOUT
DE SUITE ! Je suis dans des envies BD en ce moment.
Je veux donc tout de suite La jeunesse de Picsou, Le singe de Hartlepool et l’intégrale
Pim Pam Poum qui vient de sortir chez Michel Lafon. Je dis tout suite mais ça
peut attendre le 25 décembre^^
12) Précommandes-tu tes livres ? Jamais, ça ne me viendrait pas à l’idée.
13) Pourquoi un tel pseudo/nom de blog ?
Ben déjà le pseudo n’en est pas un puisque
je m’appelle vraiment Jérôme. Après, le titre du blog est tiré d’un livre de
Michel Ragon, un auteur que j’apprécie particulièrement. Il me semblait
correspondre le mieux au lecteur que je suis, capable de passer du manga au
roman, de la BD aux nouvelles ou encore du livre érotique à l’album pour
enfants. J’aime naviguer d’une berge à l’autre avec les livres, ne jamais me laisser
enfermer dans un genre.
14) Parle-nous de ton prof préféré. Sans hésitation je citerai Jacqueline Levi-Valensi,
doyenne de la fac de lettres d’Amiens jusqu’en 1997.
Elle était une des plus grandes spécialistes de Camus et avoir étudié avec elle
L’étranger en maîtrise de Lettres modernes restera un souvenir incroyable.
15) Quel est ton endroit préféré au
monde ? J’aime beaucoup la Camargue. Difficile
de dire pourquoi, je me sens toujours merveilleusement bien lorsque je mets les
pieds dans cette région.
16) Parle-nous de ton premier concert ! Aucun souvenir de mon premier concert. Celui qui m’a
le plus marqué est celui de Guns n’roses à Vincennes en 1992. Pas par sa
qualité mais pour l’ambiance de folie qu’il y avait ce jour là dans le public.
17) Un endroit que tu aimerais visiter ?
J’aimerais beaucoup visiter New York.
Je suis déjà allé aux
États-Unis, mais c’était au Texas. La côte Est m’attire davantage.
18) Parle-nous de quelque chose qui te
rend complètement fou en ce moment ! Rien
de spécial. Bébé arrive bientôt, il y a plein de choses à gérer, beaucoup de
paperasse, des tas de trucs à acheter, une place en crèche à trouver… mais on
vit ça de manière plutôt zen, ça m’étonne beaucoup. Plus dure sera la chute…
19) Si tu pouvais posséder
instantanément quelque chose, rien qu’en claquant des doigts, ce serait quoi ? Une pièce gigantesque tapissée de bibliothèques dans
laquelle je pourrais jusqu’à la fin de mes jours ranger tous mes livres, ceux
que je possède déjà et ceux à venir.
20) Qui tagues-tu ? Personne
en particulier. Mais si quelqu’un est tenté, qu’il n’hésite pas.
samedi 15 décembre 2012
Le chanteur de gospel d’Harry Crews
Crews © Folio 2009 |
Premier ouvrage d’Harry Crews publié en 1968, Le
chanteur de Gospel est un roman aux incontestables accents faulknériens. Reconnu
comme l’un des chefs de file du Southern gothic (un mouvement littéraire
combinant une atmosphère gothique avec des éléments culturels propres au sud
profond), Crews, né en 1935 (et décédé le 28 mars 2012), a été élevé à la dure
et s'est engagé à dix-sept ans dans les Marines. Il fera de la prison, sera
tabassé par un Indien unijambiste et ne cessera de croiser des destins hors du
commun, notamment en partageant pendant un long moment la vie d’une de ces
foires aux monstres qui ont longtemps sillonné les États-Unis jusqu’au milieu
du 20e siècle. Abandonnant femme et enfant pour se retirer dans une cabane au
bord d’un lac, c’est dans ce décor d’ascète, stimulé par la drogue et l’alcool,
qu’il débutera sa carrière d’écrivain. Un
écrivain totalement atypique, souvent féroce avec les gens normaux et tendre
avec les « freaks » qui peuplent chacun de ses textes.
Ce que j’en ai pensé ?
Un vrai régal. Tout ce que j’aime, cette ambiance totalement barrée, ces
personnages mal dégrossis, ces dialogues saupoudrés d’argot local et cette
tension qui monte crescendo jusqu’au final cataclysmique. Une Amérique de bleds
paumés peuplés de rednecks, hantée par la misère, la déchéance et des croyances
populaires aussi saugrenues qu’indéracinables. Une Amérique perpétuellement en
quête de rédemption, prompte à sombrer en quelques instants dans la plus abominable
des sauvageries. Il y a peut-être quelques longueurs et un certain déséquilibre
entre une mise en route assez laborieuse et une fin que l’on dévore avec le
plus grand plaisir, mais ce n’est après tout qu’un premier roman.
J’ai du mal à
comprendre pourquoi ce texte se retrouve en Folio policier. Il n’a strictement
rien d’un polar. Le chanteur de Gospel est un roman inclassable qui a à l’évidence
influencé nombre d’auteurs contemporains tels que Joe R. Lansdale ou William
Gay. Quoi qu’il en soit, Harry Crews fait une entrée fracassante dans ma bibliothèque.
J’ai déjà prévu de continuer ma découverte de cet auteur avec La foire aux
serpents. Tout un programme !
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