Le commissaire Adamsberg utilise de drôles de méthodes. Donnant constamment l’impression de rêvasser, il passe son temps à griffonner des croquis dans un carnet. Et puis un jour il rapplique en disant simplement à ses collègues : il faut arrêter untel, c’est lui le coupable. Après avoir élucidé cinq meurtres en quatre ans en Province, il est monté en grade : d’abord inspecteur, aujourd’hui commissaire. Nommé à Paris, sa première affaire est pour le moins étrange. Depuis des mois surgissent sur les trottoirs de la capitale des cercles bleus entourant un objet quelconque : pince à linge, bougie, bigoudi… Chaque cercle est accompagné d’une phrase étrange : « Victor, mauvais sort, que fais-tu dehors ? ». Pour Adamsberg, ces agissements ne sont pas une simple lubie. L’homme aux cercles va passer à la vitesse supérieure, il en est persuadé. Lorsqu’un matin on retrouve une femme égorgée au milieu d’un cercle, Adamsberg se dit que, malheureusement, son pressentiment était le bon…
J’ai cette sale habitude de vouloir découvrir un auteur en essayant toujours de lire ses textes de manière chronologique. C’est une bonne chose pour voir l’évolution d’un écrivain mais c’est aussi un pari risqué car souvent les premiers travaux publiés sont loin d’être les meilleurs. Et là, pour le coup, attaquer Fred Vargas avec L’homme aux cercles bleus est un très mauvais choix. Certes, c’est le roman qui présente les personnages mythiques de l’auteur : Adamsberg, Danglard, Camille, Mathilde… Certes, on ressent déjà l’ambiance très particulière qui va traverser toutes les aventures du célèbre commissaire. Mais quel ennui ! Quel manque de rythme ! J’ai rarement eu autant de mal à finir un livre de poche de 200 pages. Il y a tellement de longueurs inutiles qu’on pourrait réduire le texte d’un bon tiers sans que cela nuise au dynamisme de l’intrigue, bien au contraire. Et que dire des dialogues ? Les discussions d’Adamsberg avec Reyer ou Mathilde sont assommantes. Celles de Danglard avec ses enfants frôlent le ridicule.
C’est un fait, les personnages d’Adamsberg et de Danglard sont bien trouvés, même, si en mettant en scène un flic si cérébral, le manque d’action peut constituer un écueil insurmontable pour nombre d’amateurs de polars. Au final, cette première prise de contact avec l’univers de Fred Vargas s’est révélée pour moi catastrophique. Il n’empêche que je ne m’avoue pas vaincu pour autant. Je tenterais donc à nouveau ma chance avec une autre enquête du célèbre commissaire, en espérant que le plaisir de la lecture soit cette fois au rendez-vous.
L’homme aux cercles bleus, de Fred Vargas, Éditions J’ai lu, 2008. 220 pages. 5,60 euros.