J’ai rencontré l’Ours Barnabé au début des années 80. Je m’en souviens très bien, c’était à l'école primaire, je devais être en CE1 ou CE2. Il y avait au fond de la classe une pile de magazines « Amis-Coop ». C’est dans cette revue pour écoliers rédigée par des enseignants que l’Ours de Philippe Coudray a fait ses premiers pas. Comment se fait-il que je m’en souvienne encore trente ans après ? Aucune idée. Tout ce que je sais c’est que quand j’ai vu cette intégrale en librairie la semaine dernière, des tas de souvenirs sont remontés. Et après avoir feuilleté quelques pages, je suis parti à la caisse, mon exemplaire sous le bras, me demandant si cette madeleine de Proust serait toujours aussi savoureuse ou si, au contraire, elle m’apparaîtrait franchement rassie.
Verdict ? Un peu de patience. Laissez-moi d’abord vous présenter ce drôle de personnage. L’ours Barnabé est un ours. Ok. Jusque là, tout va bien. Mais cet ours parle, observe la nature avec une acuité toute personnelle et fait preuve d’une logique parfois déroutante. Souvent accompagné d’un lapin poseur de questions, il affronte notamment avec une facilité déconcertante les éléments naturels, toujours prompt à trouver des solutions pleines de bons sens pour se jouer de la pluie, du vent ou de la neige.
Le cocktail servi par Philippe Coudray est frais et peut être dégusté par toute la famille. C’est là la grande force de l’Ours Barnabé. On a rarement vu autant de niveaux de lecture et d’interprétation possibles. Entre humour, non sens, absurde, poésie et réflexion philosophique, ce personnage inclassable enchante quel que soit l’âge. Avec une simplicité narrative époustouflante et un art consommé de l’ellipse, l’auteur propose une BD d’une intelligence peu commune. Indémodable, intemporel, L’ours Barnabé est véritablement une œuvre tout public. C’est suffisamment rare pour être crié sur tous les toits. Et puis zut, trêve de discours, je préfère vous mettre quelques planches qui, je n’en doute pas, seront beaucoup plus parlantes que n’importe quel argumentaire.
Dernier petit détail tout de même, les éditions La boîte à bulles proposent avec cette intégrale un magnifique objet livre (dos toilé, épais cartonnage et papier glacé) qui donne au plantigrade aujourd’hui trentenaire l’écrin qu’il mérite. Seul bémol, le prix est franchement élevé. Mais quand on aime… et puis il faut espérer que les bibliothèques de France et de Navarre vont dare-dare ajouter ce volume à leurs fonds.
L’Ours Barnabé, intégrale volume 1 de Philippe Coudray, Éditions La boîte à bulles, 2011. 192 pages. 22 euros. De 3 à 103 ans.
L’info en plus : Lors du dernier festival d’Angoulême, cet album a remporté le prix des écoliers de la ville. Intemporel je vous dis…
L’Ours Barnabé, intégrale volume 1 de Philippe Coudray, Éditions La boîte à bulles, 2011. 192 pages. 22 euros. De 3 à 103 ans.
L’info en plus : Lors du dernier festival d’Angoulême, cet album a remporté le prix des écoliers de la ville. Intemporel je vous dis…
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