mardi 8 octobre 2019

Dorothy Counts : affronter la haine raciale - Élise Fontenaille

La nuit avait été courte pour Dorothy. En cette veille de rentrée, impossible de trouver le sommeil. Après le petit déjeuner, elle avait enfilé sa belle robe bleue et était partie pour le lycée. Sur la route de l’établissement elle avait croisé une foule « compacte, interminable, rassemblée sous les arbres. » Une foule de jeunes de son âge et d’adultes qui n’attendait qu’elle. Des gens qui, dès son apparition, se sont mis à hurler, à la menacer, à lui cracher dessus, à lui jeter des pierres. Il y avait quelques policiers et beaucoup de photographes. Elle avançait sous les injures et les flashs crépitant, déterminée à franchir sans s’écrouler les portes du lycée. En ce matin du 4 septembre 1957, Dorothy Counts devenait la première fille noire à suivre les cours du lycée Harding de Charlotte, en Caroline du Nord. Un lycée réservé aux blancs où la ségrégation s’appliquait encore de la manière la plus radicale qui soit.

Après Kill the indian in the Child et Eben et les yeux de la nuit, Élise fontenaille montre une fois encore à quel point la haine raciale peut engendrer les pires abominations. L’impossibilité d’imaginer pour les manifestants blancs qu’une noire puisse être leur égale en terme d’éducation ou de considération sociale conjuguée à l’effet de meute entraîna d’ignobles débordements. Dorothy tiendra quatre jours avant que ses parents décident de la retirer de l’établissement. Quatre jours d’enfer avec des élèves haineux, des profs qui l’ignorent, des menaces de mort et la peur au ventre en permanence. 

Pas besoin d’en rajouter dans la description de l’abject, les faits se suffisent à eux-mêmes. La voix de de Dorothy est bouleversante de retenue. Elle constate et subit sans résignation mais aussi sans haine ni colère, avec une dignité qui force l’admiration. Portrait d’une jeune femme à l’incroyable force de caractère, ce témoignage, au-delà de ses aspects historiques et documentaires, reste malheureusement d’actualité 60 ans après et ne peut qu’inciter à la réflexion et à la discussion.

Dorothy Counts : affronter la haine raciale d’Élise Fontenaille. Oskar éditeur, 2019. 60 pages. 9,95 euros. A partir de 11 ans.




Une pépite jeunesse comme d'habitude partagée avec Noukette.









20 commentaires:

  1. j'aimerais faire lire ce roman à tous les jeunes aujourd'hui. Le racisme est une véritable plaie liée à l'espèce humaine. Mais elle est plus facile à combattre que l'intolérance religieuse (selon moi)

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    1. En tout cas c'est un petit livre d'utilité publique.

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  2. Je vous rejoins, toi et Noukette... ! Quel roman (court mais puissant)

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  3. Je m'empresse de noter pour mes ados. Quelle photo de couverture !

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  4. Belle idée que cette collection "Elles ont osé"...! Quel incroyable témoignage ! Je suis contente de pouvoir mettre ce titre dans les mains de mes collégiens !

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    1. Il est important de leur proposer un texte pareil, oui.

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  5. Cela fait partie des textes indispensables à faire lire aux jeunes.

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  6. je me souviens des images, de voir ces élèves avancer dignement sous les crachats et les insultes...

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  7. Elise Fontenaille est forte pour ce genre de thème. Dans cette veine là, j'avais beaucoup aimé sweet sixteen de Annelise Heurtier

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    1. Elise Fontenaille aime revenir sur des événements douloureux et marquants, elle le fait toujours avec force et intelligence.

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  8. Kille the Indian in the child, un livre qui m'avais profondément marquée. Je dois absolument lire celui-ci...

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  9. Comme Gambadou, j'avais grandement apprécié "Sweet Sixteen" sur le même sujet.

    Pour Fontenaille, je voudrais d'abord lire "Kill the Indian in the child" que je cherche encore en librairie...

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  10. J'applaudis ce genre de livre et de thème mis à la portée des enfants dès 11 ans !

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    1. L'exercice n'est pas simple mais avec ce livre il est parfaitement réussi.

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