mercredi 27 février 2019

Portrait d’un buveur - Florent Ruppert, Jérôme Mulot et Olivier Schrauwen

Le sérieux du titre est trompeur. Et ne vous fiez pas à la figure avenante du portrait se trouvant sur la couverture car vous partiriez sur une sacrée fausse piste. Le buveur dont on parle s’appelle Guy. Charpentier de marine, il vit à la glorieuse époque de la piraterie et se comporte en vrai sans foi ni loi. Ses actions sont uniquement guidées par son besoin ou ses excès d’alcool. D’un bout à l’autre des 200 pages de l’album, il ne dessaoulera pas. Sa dépendance à la boisson fait de lui, en fonction de la situation, un lâche, un fainéant, un menteur ou un tueur sans scrupule. De ses larcins sur la terre ferme à la trahison de ses camarades marins en plein abordage par des pirates, Guy cumule les méfaits et passe miraculeusement entre les gouttes.

Décoiffant portrait d’un salopard en puissance. Ne cherchez aucune morale à cette fable cynique, la seule chose à en retenir est que la probité ne paie pas et qu’il vaut mieux avoir l’alcool mauvais qu’être un modèle de vertu. J’aime  cette prise de parti totalement amorale. Guy est délicieusement détestable, divinement médiocre. Un enfoiré de première qui se fout de tout, n’a pas de limites et est aussi méchant que dangereux, j’adore !

Graphiquement, c’est totalement dingue. Le duo Ruppert et Mulot est connu pour son audace depuis des albums tels que Soirée d’un faune mais l'association avec le belge Olivier Schrauwen, réputé pour son avant-gardisme décapant, donne un résultat incroyable. Au-delà des mésaventures de notre affreux jojo, ce portrait de buveur offre une expérience de lecture unique. Découpage surprenant passant de l’ultra classique gaufrier de six cases à des compositions dignes du surréalisme, jeu de couleurs désarçonnant, rupture brutale du rythme de la narration, les trouvailles se multiplient mais restent au service du récit sans jamais tomber dans de la pure expérimentation. Certes, il faut un peu s’accrocher au début pour trouver ses marques mais une fois le projet des auteurs bien cerné, on s’embarque  pour un voyage au long cours qui revisite avec virtuosité les codes de la bande dessinée.

Portrait d’un buveur de Florent Ruppert, Jérôme Mulot et Olivier Schrauwen. Dupuis, 2019. 184 pages. 28,95 euros.




















32 commentaires:

  1. pas sûre d'accrocher au thème...
    bonne journée!

    RépondreSupprimer
  2. L'originalité de cet album m'intrigue. Et puis j'aime bien les enfoirés ^^

    RépondreSupprimer
  3. comme eimelle, pas sûre de la lire mais le graphisme m'interpelle.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est une expérience de lecture particulière ce graphisme !

      Supprimer
  4. J'aime ton billet et j'aime le fait de n'avoir pas à allonger ma wishlist ;-) merci!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vrai qu'il est toujours agréable de ne pas en rajouter à une liste déjà bien trop longue :)

      Supprimer
  5. Pour en avoir connu "en vrai" jet préfère passer mon tour...

    RépondreSupprimer
  6. C'est quand même assez particulier ton OVNI là... Je regarderai parce que graphiquement ça m'interpelle mais pour le reste je passe au loin :-D

    RépondreSupprimer
  7. oki, je note mais pas sûre d'avoir envie, c'est juste que si jamais je tombe dessus à la librairie, je le feuilletterai :D

    RépondreSupprimer
  8. Original, mais je ne suis pas sûre d'avoir envie de lire sur ce sujet...

    RépondreSupprimer
  9. Hmm pas convaincue que ce soit ma came mais quelque part, je ne m'étonne pas que tu y aies trouvé ton compte !;-)

    RépondreSupprimer
  10. Totalement amoral ! Mais ça fait du bien parfois.

    RépondreSupprimer
  11. Tiens, ça peut me plaire, ça! Ca change des trucs moralisateurs à la mode ces temps-ci!

    RépondreSupprimer
  12. euh, amoral, cynique, détestable, médiocre ... je vais passer !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce n'est pas ton genre à toi non plus on dirait ;)

      Supprimer
  13. tu peux rajouter alcoolo Gambadou pour passer son tour, moi les alcoolos que je connais sont souvent des êtres tendres mais dépassés par la vie et qui souvent me touchent beaucoup. Celui-là avec sa violence malsaine me laisse indifférente!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il faut dire qu'il n'a pas grand chose pour lui ce pauvre homme ;)

      Supprimer
  14. je ne vois que je ne suis pas la seule à passer mon chemin, ayant malheureusement vu les dégâts de l'alcool de trop près..

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Même si ici ça reste de la fiction très "romancée"...

      Supprimer

Je modère les commentaires pour vous éviter les captcha pénibles de Google. Je ne filtre rien pour autant, tous les commentaires sans exception seront validés au plus vite, promis !