« Sur ma pierre tombale, ils graveront : ça n’allait jamais assez vite à mon goût. »
Pour le grand public Hunter S. Thompson est l’icône du journalisme gonzo, « une espèce de lascar furieux au cerveau fumeux, profondément déprimé et autodestructeur ». Vénéré par Johnny Depp, adulé par de nombreux fans, l’homme fascine davantage pour son aura sulfureuse que pour la qualité de ses écrits, souvent torchés à la vite pour subvenir à ses besoins, notamment d’alcool et de drogues dures. Thompson a pourtant commis d’excellentes choses, je garde par exemple un excellent souvenir de son roman « Rhum Express » et du célèbre « Las Vegas Parano ».
Cette biographie graphique s’attarde peu sur son enfance dans le Kentucky au début des années 40. Après dix-huit mois dans l’armée il devient journaliste sportif dans le New-Jersey en 1957. Il enchaîne ensuite les postes à New-York, Porto-Rico, San Francisco, l’Amérique du sud ou encore le Nouveau-Mexique, incapable de garder un job plus de quelques mois, le plus souvent viré pour cause d’insubordination. Son premier coup d’éclat, il le réussit en 1965 avec un reportage sur les Hells Angels. Infiltré dans une bande de motards ultra violents, il en tire un ouvrage qui connaît un succès retentissant. Suivront une plongée au cœur du monde des courses de chevaux, un compte rendu de sa candidature au poste de shérif dans le Colorado publié par le magazine « Rolling stone », la description d’un bidonville hispanique à Los Angeles en 1971 ou encore, la même année, la fameuse virée à Las Vegas avec son compère Oscar Acosta.
C’est à Vegas qu’il dessine les contours du journalisme Gonzo, menant son enquête de terrain en toute subjectivité, considérant que « l’objectivité requise n’autorise que les faits. Pas la vérité ». Résultat, une suite de récits hallucinés à la première personne, « une satire, un conte picaresque atavique. Marrant. Pas une histoire fondée sur des faits réels, mais peut-être une histoire vraie ». La légende était en marche, pour le meilleur et surtout pour le pire. Rongé par une consommation abusive de drogues, Thomson s’enfonça les décennies suivantes dans la folie et la dépression, jusqu’à un suicide aussi tragique qu’inéluctable en 2005.
Tout va très vite dans cet album, on a parfois l’impression de survoler les événements mais c’est finalement plutôt raccord avec la vie du bonhomme. Le récit est en grande partie centré sur les années 70, c’est à la fois la trajectoire d’un homme à l’existence chaotique et une description grinçante de l’Amérique de Nixon pendant la guerre du Vietnam. Le dessin manque de caractère, il est passe-partout, sans relief, mais reste fluide et efficace.
Un portrait qui ne sombre pas dans l’hagiographie et permet de découvrir les faits « marquants » de la carrière de Thompson sans forcément rentrer dans les détails. Idéal pour les néophytes, cette première approche rondement menée est complétée par l’excellente préface sans langue de bois d’Alan Rinzler, qui a été son éditeur pendant trente-cinq ans.
Gonzo : une autobiographie graphique de Hunter S. Thompson de Will Bingley et Anthony Hope-Smith. Nada, 2017. 190 pages. 18,00 euros.
Intéressant mais je ne te sens pas totalement conquis pour autant. Je regarderais à l'occasion mais vu ce que tu dis de l'ambiance graphique, je ne pense pas que ça m'accroche plus que ça
RépondreSupprimerC'est pas forcément une question d'être conquis ou pas, c'est surtout instructif et intéressant si on veut en savoir plus sur le personnage.
SupprimerCelle-ci pourrait me plaire : les biographiques, si j'ose ce néologisme, sont les seules BD qui m'attirent encore.
RépondreSupprimerC'est joli comme néologisme je trouve ;)
SupprimerComme dit Mo', intéressant mais on ne te sent pas emballé emballé...
RépondreSupprimerJe te ferais la même réponse qu'à Mo alors^^
SupprimerUn sujet qui ne m'emballe pas... Je passe ;)
RépondreSupprimerJe peux comprendre.
SupprimerBonjour,
RépondreSupprimerJe crois que ce n'est pas pour moi. Mais ce matin, je me suis... cultivationnée... en lisant ton billet ! Ne connaissant de ces messieurs que tu cites que Johnny Depp !
C'est toujours ça de gagné alors !
Supprimermouais bof non :P (commentaire hyper constructif, suis d'accord :D )
RépondreSupprimerJe ne dirais rien, il m'arrive d'en faire des encore moins constructifs^^
SupprimerJe ne connais pas Thompson mais je crois que Rhum Express traîne quelque part dans ma PAL... Je commencerais par là avant de me lancer dans une biographie de l'auteur ;-)
RépondreSupprimerC'est très bon Rhum express !
SupprimerSans moi cette fois-ci !
RépondreSupprimerCe sera pour une autre fois, je ne m'inquiète pas ;)
SupprimerJe le note pour mon fils, fan de "Las Vegas Parano" !
RépondreSupprimerIl est clairement pour lui alors !
SupprimerCe n'est pas mon monde et je n'ai pas envie de m'y plonger.
RépondreSupprimerC'est un monde un peu à part, il faut le reconnaître.
SupprimerJ'aime les biographies mais ne suis pas tentée par le personnage (bien qu'il y ait la référence à Johnny Depp!) Mais au moins, ai-je appris des choses en lisant ton billet.
RépondreSupprimerIl faut dire que ce n'ai pas un personnage particulièrement attirant.
Supprimeret moi je vais aller à contre sens : je n'aime pas Johnny Depp et encore moins ce film, donc je serais plus intéressée par la BD finalement ;-)
RépondreSupprimerC'est bien parfois d'aller à contre sens.
SupprimerOuhlala je me sens d'une inculture effrayante. Je connais vaguement (très) Hunter S. Thompson de nom, j'ai vu Las Vegas Parano mais je ne l'associais pas spécifiquement à lui, et je ne sais pas de quoi on parle quand parle de journalisme gonzo. Voilà voilà. Bon, pas dit que je lise cet album pour m'instruire ceci dit, les bio en BD, j'ai remarqué, ça ne passait pas si bien avec moi.
RépondreSupprimerPerso j'aime bien les bio en BD. C'est devenu la grande mode en plus !
SupprimerJe suis très admirative de l’œuvre débridée de Hunter S Thompson, et j'ai repéré la BD, pour l'offrir à mon beau-père grand dévoreur de BD. Je ne manquerai pas de la lire après lui avoir offert. Je me rends compte que j'ai lu Thompson mais que je ne connais pas grand chose de sa vie en réalité !
RépondreSupprimerIl est surtout connu pour ses frasques mais il était bien plus complexe que es apparences.
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