lundi 23 mars 2015

Les sauvages - Mélanie Rutten

« C’était une nuit. C’était il y a longtemps. Perdues dans les marécages, deux maisons se faisaient face. De ces maisons, deux ombres s’enfuirent. […] Pieds nus, en pyjama, elles arrivèrent sur l’île abandonnée. Elles marchaient et s’enfonçaient dans l’obscurité. Elles allaient sans hésitation, sans peur. Les arbres se penchaient pour les protéger. C’était leur nuit. »

C’est une nuit où les rêves sont permis, où la réalité perd la partie, une nuit où l’on peut échanger les rôles et lâcher prise. Dans leur fuite, au bout de leur périple, les deux ombres vont retrouver une bande de sauvages connue d’eux seuls. Dans la clairière où ils s’installent, certaines choses apparaissent et d’autres disparaissent, la lumière et la joie se répandent. Dans cette clairière, la peur n’a pas sa place.

Comme d’habitude avec Mélanie Rutten, on croise d’étranges personnages : un bonhomme de paille, une branche, une pierre et un bébé mousse. Comme d’habitude avec Mélanie Rutten, rien ne s’offre d’emblée. L’interprétation est multiple, l’onirisme et la poésie dominent. Elle installe une atmosphère étrange et envoutante par petites touches successives. Au lecteur de se laisser prendre par la main, de se laisser porter le cœur léger. Son univers graphique tout en douceur m’enchante toujours autant, même quand elle s’oriente vers des teintes plus sombres.

C’est l’histoire d’une nuit de tous les possibles, d’une nuit où les chemins s’ouvrent. Parce que le jour, « tant de choses se taisent ». C’est l’histoire d’une nuit où on grandit, ni plus ni moins.

Les sauvages de Mélanie Rutten. Memo, 2015. 36 pages. 14,50 euros.


Et qui dit Mélanie Rutten dit lecture commune avec Moka. C’est à elle que je dois la découverte de cette auteure inclassable, il était impensable que nous ne plongions pas ensemble dans son nouvel album.






18 commentaires:

  1. Je vais foncer l'acheter celui-là !

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  2. J'aime bien l'image de deux enfants en pyjama prêts pour d'incroyables aventures !
    Je vais lire le billet de Moka...
    Bonne semaine !

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  3. J'ai aussi découvert Mélanie Rutten grâce à Moka. J'aime beaucoup son univers.
    Je note ce titre.

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    1. Je sais que tu es toi aussi très sensible à son univers.

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  4. le graphisme est "sauvage" et très beau : bon je sais, je ne suis guère claire.Très joli billet. La prose me semble poétique, non ?

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    1. C'est poétique et le graphisme est parfois assez sauvage, tu as tout compris ;)

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  5. Une lecture somptueuse, un univers unique. Ce talent-là mérite tellement qu'on parle de lui encore et encore. Je suis ravie qu'on "partage" nos mots pour une telle artiste.

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    1. C’est encore une belle lecture que nous partageons là. Et il en reste tant d’autres à venir !

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  6. J'ai lu La source des jours de Mélanie Rutten ;coup de coeur chez Moka ou Noukette et je dois reconnaître que je n'ai rien compris. L'album a été totalement hermétique pour moi. J'avais bien aimé le début mais après trop fantasque, il faudrait qu'on m'explique.
    Je pense que celui-ci me fera le même effet. Trop onirique.

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    1. C'était un coup de cœur chez moi Louise. Il est évident que ce sont des albums qui ne sont pas toujours "faciles." La Source des jours se lit en écho à l'Ombre de chacun, l'un raconte les origines de l'autre. Mais je te l'accorde, c'est un univers très onirique et métaphorique qui peut rendre perplexe. Ceci dit, celui-ci me semble plus "accessible"...

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    2. Ce ne sont pas des albums qui s'offrent facilement, c'est vrai, mais je suis d'accord avec Moka, celui-là a un abord bien plus accessible.

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    1. C'est sombre au départ mais la lumière finit par arriver.

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  8. L'ombre de chacun m'attend toujours... Yapluka...

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  9. Magnifique album en effet, d'une puissance rare. J'ai été subjuguée. Très jolie chronique chez toi comme chez Moka. Bravo :)

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