vendredi 7 juillet 2017

Les douze balles dans la peau de Samuel Hawley - Hannah Tinti

« Son corps était couvert de cicatrices rondes : des blessures par balles, qui s’étaient refermées. Un trou dans le dos, un à la poitrine, un troisième près de l’estomac, un quatrième à l’épaule gauche, un autre au pied gauche. Les cicatrices étaient foncées et plissées par endroits, comme si les balles qui avaient pénétré dans le corps de Samuel Hawley s’étaient frayé un chemin de sortie en dévorant sa chair. […] Les cicatrices de Hawley étaient les signes de dégâts antérieurs, qui avaient affecté sa vie bien avant la naissance de Loo. »  

Il y avait les douze travaux d’Hercule, il y aura désormais les douze balles dans la peau de Samuel Hawley. Hannah Tinti s’est d’ailleurs inspirée de l’histoire du fils de Zeux pour imaginer celle de Samuel, père célibataire trimbalant sa fille Loo et une cargaison d’armes à travers les Etats-Unis pour fuir un passé qui, s’il finissait par le rattraper un jour, pourrait faire de sacrés dégâts. Un drôle de personnage ce Samuel, avec ses douze cicatrices formant la cartographie intime d’une vie mouvementée, d’une jeunesse sur le fil du rasoir et de drames ayant laissé, tant dans son corps que dans son esprit, des traces indélébiles.

En s’installant au bord de l’océan à Olympus (Massachussetts) après des mois de cavale, Hawley revient sur les terres de sa défunte épouse Lily. Une épouse qui s’est noyée dans un lac quand Loo n’était encore qu’un bébé. C’est à Olympus qu’Hawley avait alors laissé l’enfant aux soins de sa grand-mère maternelle pendant plusieurs années avant de revenir la chercher brusquement et sans demander son avis à la mamy. Les retrouvailles sont donc plutôt fraîches entre Samuel et son ex-belle-mère. Au fil des mois, Loo apprécie une stabilité de vie qu’elle n’avait encore jamais connue. Le lycée, la plage, un petit boulot de serveuse et un petit copain, l’adolescente se sent bien à Olympus. Pour autant, elle n’est pas dupe et sait que son père cache de lourds secrets. De lourds secrets qui vont bientôt refaire surface et mettre à mal l’équilibre précaire qu’elle semblait enfin avoir trouvé.

N’y allons pas par quatre chemins, ce roman est formidable ! Un bijou de narration échevelée, une alternance de scènes d’action et de moments plus intimistes et une relation père fille bluffante de réalisme. Il aura fallu neuf ans à Hannah Tinti pour mettre en forme le parcours de Samuel, pour imaginer cette histoire où se succèdent à chaque chapitre le présent et le passé. On remonte ainsi dans le temps pour voir Samuel encaisser sa première balle, sa seconde, sa troisième et toutes les autres, une par une, dans des conditions toujours plus rocambolesques.

Une sorte de western moderne tonitruant et ficelé de main de maître qui laisse une grande place à l’émotion et parle sans faux semblants de culpabilité, de chagrin et d’amour filial. Il y a très longtemps que je n’avais pas croisé un écrivain possédant un tel talent de conteur. Les personnages sont incarnés, leurs blessures, leur fragilité, leurs faiblesses et leurs erreurs m’ont transporté et laissé sur le carreau, au point que j’ai eu un mal fou à les quitter. Un grand roman, plein de souffle, de violence et de tendresse contenue qui ne pourra qu’emballer les amateurs d’excellente littérature américaine.  

Les douze balles dans la peau de Samuel Hawley d’Hannah Tinti (traduit de l’anglais par Mona de Pracontal). Gallimard, 2017. 450 pages. 23,00 euros.








mercredi 5 juillet 2017

Coup de coeur jeunesse

Saxaoul m'a gentiment invité dans un de ses billets la semaine dernière à présenter mon coup de cœur jeunesse de l'année (scolaire).

J’aurais pu noyer le poisson en vous parlant de LA série que ma grande pépette de 15 ans a dévoré cette année.



Ou bien présenter celles que ma pépette n°2 (12 ans) a élu « séries de l’année » (romans et BD).


Voire même en remettre une couche sur les deux sales gosses que la petite dernière (4 ans) adore et que je lui ai lus en boucle toute l’année.



Il y a aussi le coup de cœur des centaines d’élèves de CM2-6ème avec lesquels j’ai passé bien des heures à parler lecture depuis septembre dernier.




Mais ces livres-là ne sont pas les miens. Et si je ne devais garder qu’un coup de cœur jeunesse à moi et rien qu’à moi, ce serait ce roman lu au moment de sa sortie il y a dix ans et relu le mois dernier à l’occasion de sa réédition. Une relecture avec le même plaisir et la même infinie admiration pour son auteur, qui est à mes yeux un  des plus grands écrivains américains en activité. 



Le premier qui pleure a perdu est une des 11 règles non officielles et non écrites (« mais t’as intérêt à les suivre sinon tu te fais cogner deux fois plus fort ») de la bagarre chez les indiens spokane, une tribu dont fait partie Junior. Un gamin maigrichon et de traviole, myope d’un œil, presbyte de l’autre, qui bégaie, zozotte et est né avec trop de liquide céphalo rachidien à l’intérieur du crâne. Un gamin qui se fait traiter de gogol à longueur de journée et préfère rester chez lui plutôt que de mettre le nez dehors. Une victime allez-vous me dire. LE pauvre gosse par excellence qui fait pleurer dans les chaumières. Sauf que non, pas du tout. Parce que Junior est unique. Il est drôle, fragile, lucide. Il sait qu’il fait partie d’une communauté de gens « tristes, déracinés, fous et méchants ». Il sait que son horizon est bouché, que l’alcool est le seul avenir possible, qu'il va suivre les traces de son père, bourré du matin au soir. Il sait que la misère ne le quittera plus jusqu’à sa tombe, comme tous ceux qui vivent sur la réserve.  

Mais Junior va décider de prendre les choses en main. A sa façon. Pathétique, résignée. Certain de tout foirer et en même temps prêt à ne pas renoncer. Quitte à se mettre les siens à dos. Junior veut intégrer le seul lycée blanc la région. Celui où aucun indien n’a jamais mis les pieds. Et tant pis s’il court à la catastrophe, tant pis si le naufrage est inéluctable.

Un roman formidable d’intensité, d’espoir et en même temps terriblement réaliste. Sherman Alexie est un indien Spokane. Il a écrit (pour les adultes) quelques-unes des plus belles nouvelles que j’ai lues dans ma vie. Il a écrit un premier roman incroyable (Indian Blues), un trhiller tendu comme un string (Indian Killer) et même de la poésie (Red Blues). J'ai lu tous ses livres. Il possède une façon unique de manier l’humour et l’ironie, de mettre le doigt là où ça fait mal sans jamais chercher à forcer le trait. Son regard critique passe à la moulinette et sans distinction le blanc et l’indien, tous deux responsables à leur manière de la situation dramatique dans laquelle se trouve ce dernier. 

On retrouve dans ce roman jeunesse toutes les qualités de ses textes pour adultes. C’est bluffant de maîtrise et d’intelligence, ça pique et en même temps on a l’impression que peu de choses valent la peine d’être prises au sérieux. Junior est un masturbateur compulsif. Junior bande quand l’infirmière du lycée, après lui avoir annoncé le décès de sa sœur, le prend dans ses bras. Junior pleure toutes les larmes de son corps quand son meilleur copain lui casse la gueule et reconnait dans la foulée qu’il a bien fait de l’abandonner en essayant de fuir la réserve. C’est magnifique d’audace, c’est un roman jeunesse qui se tamponne des modes et des codes. C’est un roman jeunesse qui ose montrer la vie dans toute son injustice, sa beauté et ses drames avec une liberté de ton inimitable. Et c’est tout simplement un de mes romans jeunesse préférés. Bien plus qu’un coup de cœur de l’année en somme.       

Le premier qui pleure a perdu de Sherman Alexie. Albin Michel jeunesse, 2017. 280 pages. 14,50 euros. A partir de 13 ans.







mardi 4 juillet 2017

Bianca - Guido Crepax

Un gigantesque trip sous acide, voila à quoi me fait penser Bianca. Cette intégrale regroupe l’ensemble de ses voyages oniriques. Pensionnaire dans une institution pour jeunes filles, Bianca plonge chaque nuit après s’être endormie dans un monde où elle passe son temps à se faire attacher, fouetter, caresser, déshabiller ou trainer en laisse. Bianca la soumise est souvent à quatre pattes, Bianca la mutique est une proie entre les mains de celles et ceux qui usent et abusent de son corps, mais Bianca la docile ne serait-elle pas, au final, celle qui mène la danse ?

Guido Crepax a commencé sa carrière en illustrant des pochettes de disques de jazz. Son récit ressemble à une grande impro musicale aussi spontanée qu’incontrôlable laissant l’imaginaire prendre le pouvoir. Sorti en 1970, le premier album de Bianca a tout du délire psychédélique mâtiné de sadomasochisme et saupoudré d’une belle dose de saphisme.

Autant l’avouer, je n’ai pas vraiment compris le but de ce délire. Bon, ok, je n’y ai même rien pigé du tout. Mais on s’en fiche. Car l’essentiel est ailleurs. Dans le noir et blanc élégant et ultra sophistiqué d’un maître de la bande dessinée érotique mais aussi et surtout dans la plastique d’une héroïne à la classe folle. Bianca aimante les regards, elle est le seul et unique centre d’attention, tout ce qui gravite autour d’elle n’est qu’accessoire, tant les personnages secondaires que les décors et l’histoire elle-même. D’ailleurs, pour le regretté Wolinski, Bianca possédait les plus belles fesses de la BD. Perso, je lui préfère celles de Druuna mais clairement, il y a match entre les deux !

Loin d’une pornographie gratuitement bestiale, Crepax privilégie la suggestion et l’esthétique, menant sa barque en toute liberté pour créer un univers délicieusement sulfureux. Culte et incontournable pour les amateurs du genre.

Bianca de Guido Crepax. Delcourt, 2017. 272 pages. 22,95 euros.







dimanche 2 juillet 2017

Les lectures de Charlotte (39) : Mais que font les parents la nuit ? - Thierry Lenain et Barroux

Sofia se demande ce que font ses parents pendant qu’elle dort la nuit. Elle pense qu’ils regardent des dessins animés, qu’ils se goinfrent de gâteaux et de bonbons, qu’ils se transforment en monstres pour aller dans le pays où il y a plein de dragons, qu’ils font la fête avec des copains ou bien d’autres choses encore. A chaque proposition ses parents répondent par la négative avec d’indiscutables arguments. Alors, pour être certaine d’obtenir la réponse à sa question Sofia n’a qu’une seule solution…

Un album rigolo au texte plutôt simple qui vaut surtout pour les superbes double pages fourmillant de détails d’un Barroux très inspiré. Ce dernier met en lumière avec malice l’imagination débordante d’une petite fille trop choupi avec son doudou lapinou. Un régal pour les yeux !

Nul doute que les interrogations de Sophia rejoindront celles de beaucoup d’enfants, même si je sais que Charlotte ne se posera jamais ce genre de question vu le nombre de nuits qu’elle passe dans notre lit. Au moins elle sait parfaitement que quand elle dort, nous faisons la même chose qu’elle.

Mais que font les parents la nuit ? de Thierry Lenain et Barroux. Little Urban, 2017. 30 pages. 13,50 euros. A partir de 3-4 ans.

vendredi 30 juin 2017

Transsiberian back to black - Andreï Doronine

Etre toxico à Saint-Pétersbourg au milieu des années 90. Pas simple. Pas simple de trouver sa dose, de trouver de l’argent, de gérer le manque. Tous les coups sont permis, toutes les compromissions, les lâchetés et trahisons possibles. Tokha agresse les passants en les frappant par derrière avec des chats congelés par le froid hivernal. Youkla, elle, ramène dans son appartement des pauvres types complètement bourrés croisés en boîte avant de les droguer et de prendre des photos compromettantes afin de les faire chanter. Marin est plus direct, du genre à arracher les boucles d’oreilles de ses victimes en embarquant leur lobe. Le narrateur de ces nouvelles, aussi irréversiblement accro que ses comparses, est le seul à bosser. Il multiplie les petits boulots, dans un théâtre, une télé locale, ou en jouant au « taxi vétérinaire » pour véhiculer les animaux malades de clients aisés. L’argent gagné (ou extorqué) sert à financer les injections quotidiennes d’héroïne et tous s’enfoncent chaque jour davantage, conscients de la chute finale à venir mais incapables de stopper la spirale infernale dans laquelle ils ne cessent de sombrer.

Andreï Doronine raconte sa vie de drogué, sa vie d’avant. Une vie bête et méchante. Une vie pathétique faite de souffrance et de douleur pour quelques instants de plénitude. Une vie passée à abandonner toute dignité, toute hygiène, toute illusion. Une vie de galère, pitoyable, misérable, violente.

L’autobiographie, à peine romancée, est trempée dans une autodérision et un humour noir qui peuvent choquer : « Comment peut-on plaisanter sur les drogues ? C’est horrible, horrible ! ». Doronine a reçu beaucoup de lettres de lecteurs indignés par sa légèreté de ton. Heureusement, il n’en a rien eu à cirer et a continué à tracer le sillon d’une tragi-comédie minable et désespérée, « sans la moindre sentimentalité inutile ». Alors oui, ça pique, et pas seulement parce que l’aiguille s’enfonce dans la veine. Mais il y a dans son écriture une urgence teintée d’ironie qui raconte la déchéance avec une forme de distance évitant le misérabilisme, évitant surtout à l’auteur de s’appesantir sur son sort. C’est cash, trash, sans concession, nihiliste. Les écrivains punks ne sont pas morts. En Russie du moins.

Transsiberian back to black d’Andreï Doronine. La Manufacture des livres, 2017. 170 pages. 16,90 euros.






mercredi 28 juin 2017

Crache trois fois - Davide Reviati

Guido, Grisou, Katango et les autres. Des ados en échec scolaire qui fréquentent le même lycée technique et laissent filer leurs journées entre virées au bar, au billard ou au bord de la rivière accompagnés par l’alcool, la fumette et un avenir à l’horizon bouché. Des gamins fascinés par la mystérieuse Loretta, une tsigane installée avec sa famille dans une ferme abandonnée. Plusieurs époques se croisent, plusieurs destins se nouent pour souligner le difficile passage de l’adolescence vers le monde des adultes.

565 pages en noir blanc. Une bonne dose de concentration et  pas mal de temps devant soi sont nécessaires pour se plonger dans ce roman graphique plein de souffle qui dit l’adolescence dans tout son ennui, son indolence, sa bêtise crasse, ses amitiés indéfectibles, sa violence, ses excès et sa fragilité. Un roman graphique qui vous embarque comme une lame de fond. Un roman graphique auquel il ne faut pas chercher à résister. Se laisser chahuter par ses remous, ses circonvolutions, son rythme fait de ruptures, d’accélérations et d’apaisement. Et ne pas s’étonner de croiser John Wayne, des loups-garous ou un singe qui se rince les couilles dans un verre de bière.

Crache trois fois incite le lecteur au lâcher prise. Le récit est à la fois profond, instructif, poétique et universel. Le racisme ordinaire des campagnes côtoie l’histoire tragique du peuple rom, la virilité affichée cache sous le vernis de la fanfaronnade une vulnérabilité à fleur de peau. Davide Reviati décrit une jeunesse italienne rurale désœuvrée, sans repère, immature, dans un noir blanc souple et hachuré, basculant du réalisme le plus trivial à un onirisme d’une grande poésie. Un album ambitieux et dense qui se mérite, certes, mais laissera au final à ceux ayant accepté de se laisser emporter par sa puissance un inoubliable plaisir de lecture.


Crache trois fois de Davide Reviati. Ici Même éditions, 2017. 568 pages. 34,00 euros.












mardi 27 juin 2017

Quart de frère, quart de sœur - Sophie Adriansen

Ça ne pouvait pas coller entre eux. L’espiègle Viviane, débarquant des Antilles avec son père, son grand frère et son excentricité avait tout pour froisser la susceptibilité d’Arthur, « détenteur du titre d’élève le plus cool de l’école depuis le CP ». Viviane, ses robes à fleurs, ses élastiques colorés dans les cheveux, sa bonne humeur permanente et ses projets pour la classe validés par l’enseignant Mr Tourniquet allaient de toute évidence faire de l’ombre à la « star » de la cour de récré. Une star bien décidée à garder son statut, quitte à se mettre à dos la nouvelle venue.

Ces deux-là n’étaient pas fait pour s’entendre, ces deux-là ne pouvaient même que se détester. Et malheureusement, ils ne pouvaient pas savoir que leurs parents divorcés allaient tomber amoureux l’un de l’autre. Et pire que tout, qu’ils décideraient de s’installer ensemble, faisant d’eux des voisins de chambrée. L’horreur !

Une série pétillante, pleine de fraîcheur et de bonne humeur malgré les chamailleries et les coups bas. Avec une touche d’humour et de légèreté qui donne le sourire, Sophie Adriansen imagine une famille recomposée où la cohabitation entre les enfants s’avère des plus difficiles. Au final, après bien des péripéties et malgré les conflits, chacun finit par se convaincre qu’il est préférable de mettre de l’eau dans son vin pour vivre au mieux sous le même toit.

La narration, alternant les voix de Viviane et d’Arthur, offre une différence de point de vue qui pimente le récit. C’est tonique, enjoué, plein d’allant et les caractères bien trempés des deux enfants réjouiront les jeunes lecteurs qui n’hésiteront pas à prendre position pour l’un ou l’autre. Une pépite jeunesse parfaite pour se détendre les zygomatiques à la veille des vacances.

Quart de frère, quart de sœur T1 : une rivale inattendue de Sophie Adriansen (ill. de Maurèen Poignonec). Slalom, 2017. 100 pages. 9,90 euros. A partir de 8 ans.
Quart de frère, quart de sœur T2 : mon pire anniversaire de Sophie Adriansen (ill. de Maurèen Poignonec). Slalom, 2017. 100 pages. 9,90 euros. A partir de 8 ans.


L'avis de Noukette













dimanche 25 juin 2017

Empress - Mark Millar et Stuart Immonen

La préface annonce un récit fortement inspiré de Star Wars. Au moins le décor est planté. Nous voila donc avec « un passé rétrofuturiste, à la fois lointain et exotique ; une héroïne noble et courageuse qui doit retourner chez elle ; des acolytes un peu loufoques qui aident la jeune femme à s’échapper ; et un étrange droïde duquel dépend le destin de la princesse ». Avec en plus aux pinceaux Stuart Immonen, dessinateur de la série Star Wars.

Le pitch est simple : la reine Emporia décide de fuir son tyran de mari, un despote faisant régner la terreur sur toute la galaxie. Aidée de son fidèle garde du corps, elle entraîne ses enfants dans une course éperdue vers sa planète d’origine, où elle pense pouvoir trouver refuge auprès de sa sœur. Mais le roi ne l’entend pas de cette oreille et se lance à ses trousses.

Si on voulait donner un peu d’épaisseur au récit, on pourrait y voir une réflexion sur la famille, une dénonciation du patriarcat, voire une prise de position virulente contre les violences domestiques. Mais on pourrait aussi se contenter de prendre ce one shot pour ce qu’il est de prime abord, à savoir une course poursuite intergalactique pleine de vaisseaux spatiaux et de cascades en tout genre. En réduisant Empress de la sorte on se retrouve avec un comics tout sauf original, multipliant les scènes de combat sur des planètes aux profils et aux populations très différents, l’ensemble étant saupoudré d’une touche d’humour au niveau des dialogues. En gros, rien de neuf sous le soleil, du vu et revu qui n’arrive pas à la cheville du somptueux Saga par exemple, qui décline à peu près les mêmes sujets (fuite, thèmes de la famille, etc.) mais d’une façon bien plus profonde et subtile.

Une variation de Star Wars qui, loin de renouveler le genre, ravira peut-être les fans de Space opera pétaradant où l’action prime sur toute autre considération. Personnellement, il ne m’en restera pas grand-chose d’ici peu, c’est une certitude.

Empress de Mark Millar et Stuart Immonen. Panini Comics 2017. 200 pages. 22,00 euros.





jeudi 22 juin 2017

Sous le ciel de l’Altaï - Juan Li

« Il y aura toujours, en certains endroits, des personnes pour vivre comme si le monde ne devait jamais changer. »

Vivre dans une yourte. Suivre les éleveurs dans leur transhumance, à la frontière de la Chine et du Kazakhstan. Juan Li, sa mère et sa grand-mère ont mené cette existence nomade pendant des années. Couturières et épicières ambulantes, ces commerçantes n’ont pas hésité à se frotter à un environnement hostile très éloigné du leur. Les contraintes climatiques, le mode de vie des autochtones, les journées à l’inéluctable monotonie, les gigantesques steppes herbeuses entourées de montagnes à arpenter, autant d’éléments auxquels il a fallu s’adapter pour trouver sa place dans une communauté en perpétuel mouvement.

Juan Li relate son quotidien : les rigueurs de l’hiver, les rencontres, les animaux, les infrastructures quasi inexistantes (banque ou poste), les ravages de l’alcool, la typologie bien plus diversifiée qu’il n’y paraît de sa clientèle. Elle raconte aussi sa brève histoire d’amour avec un camionneur, la difficulté à s’occuper d’une grand-mère vieillissante et le comportement imprévisible de sa mère. Au final, elle dresse un tableau ni cauchemardesque ni idyllique, malgré l’isolement, l’ennui et les obstacles pour faire prospérer le commerce familial, malgré les longues balades dans une nature sauvage à la beauté éblouissante et les petits moments de bonheur quotidiens.

Recueil de courts textes louant le silence, la lenteur et l’immensité d’un univers où l’homme se sent minuscule, Sous le ciel de l’Altaï est une autobiographie pleine de sensibilité qui souligne la rudesse d’une existence loin de la folie et des vicissitudes du monde moderne. Dépaysant, instructif et très touchant.

Sous le ciel de l’Altaï de Juan Li. Picquier, 2017. 170 pages. 18,00 euros.




mardi 20 juin 2017

Lectures d'été...

Alors, on lit quoi cet été ? Franchement, je n’ai pas envie de vous conseiller la moindre lecture. D’une part parce qu’il est de notoriété publique que mes goûts sont plus que douteux. D’autre part parce que tout le monde est assez grand, il me semble, pour choisir ses livres de vacances sans qu’on lui souffle un titre au creux de l’oreille. Par contre, je peux vous dire ce que j’ai prévu  de lire de mon côté. Une information d’importance somme toute relative j’en conviens, mais qui intéressera peut-être quelques curieux.

Donc pour moi dans les semaines à venir il devrait y avoir :


Les pavés de l'été



Après Confiteor l’an dernier, je sais d’avance que le pavé de l’été 2017 ne pourra pas être à la hauteur. Du coup, et même si la quantité ne remplacera jamais la qualité, j’ai choisi deux pavés, un roman et une BD. Le Goncourt de Lemaitre dans sa jolie édition de poche patiente sur mes étagères depuis trop longtemps et le premier tome de l’intégrale du comics Strangers in Paradise (plus de 600 pages), que beaucoup considèrent comme le chef d’œuvre du génialissime Terry Moore, me fait très, très, très envie.


La rentrée littéraire en avance




J’ai la chance de faire partie cette année du cercle des lecteurs du Furet du nord. Dans ce cadre, j’ai reçu 4 romans de la rentrée littéraire à venir. Je n’ai pas le droit de vous donner les titres mais sachez que pour l’instant j’en ai lu deux, un roman américain pas folichon de Gallmeister et une histoire d’éléphant rose qui m’a beaucoup plu. Il me reste un premier roman français dont la teneur historique ne m’emballe que très moyennement et un auteur français archi-connu que je n’ai encore jamais fréquenté (pour info, il y a Kennedy dans le titre…).


Le plein de BD




L’été rime toujours pour moi avec BD. C’est l’occasion de se poser dans le jardin sur un transat avec un album et un verre de rosé bien frais à portée de main pour rattraper le retard accumulé pendant le reste de l’année. Je vais donc me gaver, en commençant par dévorer les albums offerts par les copines (elles se reconnaîtront).



Autre objectif, la lecture de l’adaptation du Cid par le mythique dessinateur espagnol Antonio Hernandez Palacios. Une adaptation datant des années 70 et publiée pour la première fois dans son intégralité il y a quelques semaines.


Les oubliés de l’année passée



Comme d’habitude j’ai eu les yeux plus gros que le ventre et il me reste une douzaine de titres de la rentrée 2016. Cet été sera l’occasion de me pencher sur le cas de certains d’entre eux, à commencer par le premier roman de Gilles Marchand que plusieurs lectrices enthousiastes me recommandent avec insistance.



Voilà, le menu est copieux, certaines de ces envies de lectures resteront comme toujours à l’état d’intentions non concrétisées et nul doute que bien d’autres titres viendront se greffer entre deux mais je peux au moins me satisfaire d’avoir un semblant de programme, on va dire que c’est rassurant.