vendredi 18 novembre 2016

Là où vont les fourmis - Plessix et Le Gall

Est-ce si important de savoir où vont les fourmis ?
Bien sûr, puisqu’elles vont ailleurs !
Ailleurs… et c’est là que tu voudrais être, ailleurs, n’est-ce pas ?
N’importe où sauf ici !
Pourquoi, que crois-tu qu’il y ait de plus ailleurs ?
Mais tout ! Tout ! Il le faut bien puisqu’ici il n’y a rien !

Saïd est en colère. Depuis que son grand-père l’a abandonné en plein désert en lui confiant la garde de son troupeau, le garçon navigue entre peur et ennui. Autour de lui, « il y a des cailloux, des chèvres imbéciles, des serpents cachés et des arbres rabougris, un soleil brûlant et une lune glacée ! ».  Il y a aussi Zakia la chèvre qui parle. Une biquette qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui va devenir l’amie et la confidente de Saïd. Mais une chèvre qui parle attire les convoitises. Pour lui éviter de devenir un animal de cirque exposé sur les places publiques par l’affreux Zoubayini, Saïd entraîne Zakia dans une fuite éperdue. Sur les traces des fourmis, ils vont voguer vers de nouveaux horizons, en quête du bonheur.

Ceux qui connaissent mes goûts en matière de BD savent que Michel Plessix est mon auteur chouchou par excellence. Depuis la lecture de son adaptation du Vent dans les saules, je suis tombé amoureux de son trait fin et précis et de la virtuosité de son découpage. C’est un dessinateur qui me touche en plein cœur et me ramène vers mes plus beaux souvenirs de lectures d’enfance. Autant vous dire que j’attendais de pied ferme sa collaboration avec Frank Le Gall, autre auteur mythique s’il en est puisqu’on lui doit notamment la formidable série « Théodore Poussin ».

Un duo de rêve donc, pour un album tout en douceur et en poésie. Aventure et magie sont au programme de ce conte initiatique porté par des dialogues savoureux et un décor digne des milles-et-une nuits. C’est drôle et touchant, tendre et enchanteur. Cerise sur le gâteau, le récit met en lumière l’infinie richesse de la culture orientale, un clin d’œil bienvenue à l’heure où cette culture ne cesse d’être injustement stigmatisée. Une magnifique BD jeunesse que je recommande donc chaudement, en toute objectivité.

Là où vont les fourmis de Plessix et Le Gall. Casterman, 2016. 64 pages. 18,00 euros.

PS : l’album existe aussi dans une version de luxe en noir et blanc. Pour les amateurs de noir et blanc (comme moi) et de Michel Plessix (encore moi), la tentation est grande, bien trop grande…


Une lecture commune que j'ai l'immense plaisir de partager avec Framboise.





jeudi 17 novembre 2016

7 ans et des cadeaux : les gagnantes

C’est rien de dire que les petits mots laissés dans les commentaires du billet anniversaire m’ont fait chaud au cœur. Rester le même, continuer à échanger, partager, découvrir et faire découvrir, mon programme pour les années à venir est simple mais au moins il me ressemble. En tout cas un grand merci aux fidèles et aux visiteurs de passage sans qui cet espace aurait bien peu de raisons d’être.

Allez, ne faisons pas durer le suspense plus longtemps. J’ai mis soixante noms dans le chapeau. J’avais annoncé trois gagnants mais vu le nombre de participants, j’ai décidé de tirer au sort quatre personnes et non trois. Je me suis donc amusé à faire un tirage par jour depuis dimanche. Roulement de tambour…




La gagnante de dimanche : Laure



La gagnante de lundi : Antigone



La gagnante de mardi : Une Comète



La gagnante de mercredi : Nadine




Bravo aux gagnantes, j’attends vos adresses par mail. Pour le reste, je m’occupe de tout, vous n’aurez qu’à surveiller vos boîtes aux lettres.












mercredi 16 novembre 2016

Le dernier assaut - Tardi, Dominique Grange et Accordzéâme

Tardi l’a promis, cet album sera son dernier sur la grande boucherie de 14. Tant mieux. Et j’espère qu’il tiendra parole. Putain de guerre était remarquable, C’était la guerre des tranchées restera comme son chef d’œuvre. Ce dernier assaut sera (pour moi en tout cas) l’album de trop.

Trop bavard, trop didactique, trop lourd. L’engagement antimilitariste relaté de la sorte m’apparaît totalement contreproductif. On suit le brancardier Augustin à travers le no man’s land des tranchées. Il a perdu son binôme, il a dû étouffer son dernier « client » qui gueulait trop fort les tripes à l’air et risquait d’attirer l’attention des boches. Abandonnant son brancard, il erre, les mains dans les poches et la clope au bec. En chemin il rencontre des tirailleurs sénégalais, un bataillon de « bantam », ces soldats anglais qui avaient la particularité de mesurer moins d’un mètre soixante, des ANZAC (australiens et néo-zélandais), des Sammies américains et des canadiens. En remontant seul vers l’arrière au milieu des cadavres, de la boue et de la puanteur, Augustin marche dans des villages en ruines. Il croise des russes, des portugais et une voix off nous explique qui sont ces gens, pourquoi et comment ils ont atterri au milieu de l’enfer, pourquoi ils sont, comme tout le monde, en route vers l’abattoir.

Le témoignage à charge ne souffre d’aucune nuance, il est tellement rabâché qu’il en devient limite insupportable. Oui cette guerre était une boucherie. Oui elle a engraissé les banquiers, les commerçants, les marchands d’armes et les capitaines d’industrie. Les salauds de gradés sont tous des crevures, les cul-terreux vivant dans les patelins servant de cantonnement profitent de la situation pour gonfler le prix du pinard et des produits de base. Et quand on fait un saut chez les allemands, c’est pour tomber sur l’officier Ernst, un homme persuadé de faire partie d’un « peuple supérieur, viril et sain, avide de force et de domination », un gars qui serait forcément devenu un nazi s’il n’avait pas pris une balle dans le buffet pendant un assaut. Et la voix off de nous rassurer : « Il valait donc mieux qu’il crève dans la boue d’une tranchée française ». Lamentablement caricatural…

Un album comme un catalogue d’horreurs et d’indignations, bourré de récitatifs longs comme le bras. Un album comme une leçon d’histoire que le prof vous hurlerait dans les oreilles pour être bien certain que vous n’allez rien perdre de ce qu’il a à vous dire. Zéro plaisir de lecture, un moment pénible à passer dont la forme m’a empêché de retenir ne serait-ce que l’essentiel parmi la foultitude d’informations dont on a voulu me bourrer le crâne. Un ratage total, en ce qui me concerne du moins. Le livre s’accompagne d’un CD de chansons de Dominique Grange, la compagne du dessinateur. On nous prévient au départ que l’un ne va pas sans l’autre. Mais vu l’effet que m’a fait l’un, pas de danger que j’écoute l’autre.

Le dernier assaut de Tardi. Casterman, 2016. 92 pages. 23,00 euros (BD + CD-audio).




La BD de la semaine,
c'est aujourd'hui encore chez Noukette










mardi 15 novembre 2016

Le journal de Gurty : Parée pour l’hiver - Bertrand Santini

Rien ne va plus pour Gurty. Gaspard est amoureux et sa petite amie a bien l’intention de s’installer avec lui. Autant vous dire que l’affrontement va être sévère entre la chienne et sa rivale, surtout que ladite rivale, allergique au poil de chien, va tout mettre en œuvre pour se débarrasser du toutou préféré de son chéri. La guerre est déclarée, tous les coups sont permis !

Un vrai bonheur de retrouver Gurty et ses inénarrables comparses, Fleur, la copine un peu crétine, Tête de fesses l’affreux matou, ses congénères du Club Atroce des Chats Abruti (aussi dit le C.A.CA.), José l’écureuil (ou Sandrine l’écureuil, on ne sait plus à force…) et Pépé Narbier, le maître de Fleur qui perd la boule. Au menu, des vacances d’hiver en Provence et une succession de scénettes plus hilarantes les unes que les autres. La mécanique de ce journal intime fonctionne toujours à merveille, le récit à la première personne et à hauteur de chien oscillant entre rire potache et humour absurde, dialogues improbables et situations rocambolesques.

Gurty, c’est la raison incarnée, une experte ès aphorismes doublée d’une philosophe qui s’ignore. Exemples :

« Certes, le monde est vaste, et le chemin de la vie est parsemé de trous, de pièges et de crevasses. Il faut faire gaffes ! Mais pour les éviter, rien de plus facile : il suffit de ne pas tomber dedans. »

« L’amour, c’est comme le chocolat ou des Knackis. Au moment de les manger, on est content, mais ensuite, on a mal au cœur, le ventre qui gargouille, et conclusion générale : on se retrouve tout seul dans un coin avec la colique ».

Gurty, c’est un bonbon doux et sucré qui donne le sourire et offre un plaisir de lecture rare et précieux à toute personne qui a la chance de mettre le nez dans son journal.

D’ailleurs, je vais la laisser conclure, je n’aurais pas dit mieux de toute façon :
« Conclusion générale : si vous tenez vraiment à vivre à deux, choisissez plutôt quelqu’un de super plutôt que nul, parce qu’avec les gens nuls, ça finit toujours par des ennuis. En revanche, si vous appréciez la sagesse, le rire, la joie ainsi que les soirées grignotage au coin du feu, adoptez donc chien, car là, au moins, vous êtes certain de vivre avec quelqu’un de bien ».

Merci Gurty, si tu n’étais pas là, il faudrait t’inventer.

Le journal de Gurty : Parée pour l’hiver de Bertrand Santini. Sarbacane, 2016. 176 pages. 9,90 euros. A partir de 8 ans.

Une pépite jeunesse savoureuse que je partage non seulement avec Noukette (comme d'habitude), mais aussi avec la merveilleuse Framboise.





dimanche 13 novembre 2016

L’homme qui fouettait les enfants - Ernest J. Gaines

Le procès venait de se terminer au tribunal de Bayonne, Louisiane. Il s’est avancé dans l’allée centrale le pistolet à la main, a crié haut et fort « Fils ! », et a tiré. Le prisonnier s’est écroulé, tué sur le coup. Ensuite le vieux Brady Sims a demandé au shérif de lui laisser deux heures. Après, il pourrait venir l’arrêter. Il est ressorti du tribunal, est monté dans son camion et a démarré sur les chapeaux de roue.

Le narrateur, jeune reporter du journal local revenu depuis peu dans sa ville natale après ses études, a assisté à toute la scène. Arrivé sur place après coup, son chef lui demande de rédiger un « article à résonance humaine » sur ce qui vient de se passer.  Pour mieux comprendre les faits, la serveuse d’un restaurant du coin lui conseille de se rendre au salon de coiffure de Felix. Les vieux qui y discutent toute la journée sauront lui dire pourquoi Brady, l’homme qui fouettait les enfants, a tué son propre fils.

Je retrouve toujours Ernest J. Gaines avec le même bonheur. Depuis « Une longue journée de novembre », depuis la magnifique « Autobiographie de Miss Jane Pittman », depuis son chef d’œuvre « Dites-leur que je suis un homme ». J’ai aussi lu son premier roman « Catherine Carmier », « D’amour et de poussière », « Colère en Louisianne », « Par la petite porte », « Quatre heures du matin », « Mozart est un joueur de blues » et « Au nom du fils ». En fait j’ai lu absolument tous ses livres. Né en 1933 sur une plantation de coton, il est pour moi l’écrivain noir du Sud profond le plus emblématique, celui qui parle le mieux de ce qu’il appelle « son monde », celui des afro-américains bien conscients du fait qu’ils vivent dans une région où l’égalité entre noirs et blancs n’existera jamais.

Qui aime bien châtie bien alors force est de reconnaître que cette novella ne restera pas comme son meilleur texte. La faute sans doute au décor choisi, à savoir ce salon de coiffure où l’histoire de Brady racontée par les habitués des lieux prend des airs de discussion de comptoir. Toute la verve de Gaines, sa maîtrise de l’oralité et la fluidité de ses dialogues s’y exercent mais la réflexion y perd en profondeur. Le parcours du tueur donne l’impression d’être survolé et la conclusion s’avère aussi inéluctable que prévisible. Dommage. Pour autant Gaines est et restera ce grand auteur américain pour lequel je garderai à jamais une admiration sans borne.

L’homme qui fouettait les enfants d’Ernest J. Gaines. Liana Levi, 2016. 110 pages. 12,00 euros.





jeudi 10 novembre 2016

Album - Gudrun Eva Minervudottir

Un enchaînement de vignettes formant l’album d’un début de vie, de la petite enfance à l’entrée dans l’âge adulte. Cent cinq fragments où la narratrice raconte sans romantisme ses premières années, le père inconnu, le beau-père n°1, le demi-frère avec qui elle partageait tout (« il me dit que lorsqu’un homme et une femme voulaient être malpolis, ils se frottaient l’entrejambe. Nous nous sommes cachés derrière le canapé et nous nous sommes frottés, avec le sentiment d’être des malpolis hors pair »), les déménagements, le beau-père n°2, le camping sauvage, les étés à la campagne, les automnes pluvieux et tristes, la tête de mouton bouillie dans l’assiette, les soirées devant Derrick (« J’étais un petit peu amoureuse de lui ; il était si calme, si fiable, jamais pressé »), la passion pour le karaté, le séjour aux États-Unis, le premier job de serveuse et ce corps qui grandit de traviole, « carcasse d’extraterrestre » sans formes difficile à assumer.

J’adore ce genre d’exercice. L’écriture minuscule est ce qui me convient le mieux je crois. Une jeunesse en pointillés, une mémoire qui remonte par flashs, entre sensations et réminiscences purement factuelles. Gudrun Eva Minervudottir, c'est un Delerm islandais au féminin, la poésie en moins mais avec un art de l’ellipse, une drôlerie et un ton parfois désabusé, parfois cruel, qui fait mouche. Et puis les petits riens relatés les uns à la suite des autres forment un tout cohérent et chronologique, ils racontent une seule et même histoire. C’est tendre, lucide, émouvant, ou brutal, toujours humble. Ça ressemble à une vie… en tout petit.

Album de Gudrun Eva Minervudottir. Pocket, 2016. 115 pages. 5,40 euros.

mercredi 9 novembre 2016

Totem - Nicolas Wouters et Mikaël Ross

Parce que son frère malade demande toute leur attention, les parents de Louis décident de l’envoyer dans un camp scout. A douze ans, le garçon se retrouve au milieu de la forêt avec des camarades plus âgés que lui bien décidés à lui faire subir un bizutage en règle. Pour obtenir sa « totémisation » et devenir un scout digne de ce nom, Louis est mis à l’épreuve. Avec deux autres souffre-douleurs, il va devoir se cacher dans les bois et ne pas être retrouvé par le reste de la troupe. S’ils n’y parviennent pas, le chef leur annonce qu’ils vont « le sentir passer ». Pas simple, surtout quand un fauve échappé du zoo rôde dans les alentours.

Un album vraiment étrange, qui ne s’offre pas facilement. La narration est au départ déconcertante, semblant manquer de liant, limite fouillis. L’ambiance est à la fois oppressante et onirique, à la frontière du fantastique et de la poésie. Le récit initiatique est tellement allégorique qu’il est difficile d’en saisir toutes les subtilités. Il y a quelque chose d’angoissant dans le parcours de Louis, son rapport aux autres empreint d’une certaine bestialité, la méchanceté gratuite de ses congénères et le huis clos lugubre offert par le décor sylvestre. Un malaise latent se diffuse au fil de pages et ne cesse de croître, on sent que le danger est là, non identifié mais bien présent, entretenant une inquiétude pas évidente à contrôler.

Graphiquement les ombres dominent. On sent le froid, l’humidité, l’absence de lumière. Le clair-obscur permanent a un petit côté flippant extrêmement bien rendu par le trait nerveux et le choix de couleurs de Mikaël Ross.

Une BD inclassable qui aborde le passage de l’enfance à l’adolescence et souligne la perte de l’innocence à travers une épopée initiatique originale et dérangeante, douloureuse et fascinante.

Totem de Nicolas Wouters et Mikaël Ross. Sarbacane, 2016. 160 pages. 22,50 euros.












mardi 8 novembre 2016

1… 2…3… petites poches !

Longtemps que Noukette et moi n’avions pas présenté quelques titres de la collection Petite Poche, une collection dont on ne soulignera jamais assez la richesse et la diversité, testée et approuvée auprès de publics extrêmement variés, de l’école au lycée professionnel. Alors zou, coup de projecteur sur  trois nouveautés publiées cette année.


Les temps changent pour Cerise. Avant on la bichonnait, on la chouchoutait. Depuis qu’elle a grandi, que ces seins poussent, que le regard des autres changent, qu’on ne la considère plus vraiment comme une enfant, elle n’est plus le centre d’attention de ses parents. Et depuis que son petit frère a commencé le violon, c’est pire, il n’y en a plus que pour lui !

J’adore Gilles Abier, j’ai déjà eu l’occasion de le dire ici, ici, ici et ici. Un vrai plaisir de retrouver sa plume dans cette histoire où affleure l’amertume d’une ado délaissée au profit du petit dernier. C’est percutant et bien ficelé jusqu’au dénouement, comme d'habitude surprenant, même si cette fois tout se termine positivement dans un élan de complicité inattendu. Malin et mené de main de maître.

Tout pour le violon de Gilles Abier. Thierry Magnier, 2016. 48 pages. 3,90 euros. A partir de 8 ans.



La fourmi 68 part chaque matin au travail entre 67 et 69. Son quotidien est réglé comme une horloge, il n’y a pas de question à se poser, rien ne change jamais, la seule tâche à accomplir étant de récolter graines et miellat pour nourrir les larves de la reine. Jusqu’au jour où elle rencontre un puceron boudeur qu’elle prénomme Bouda. A force de discuter avec lui, 68 comprend que la vie peut être autre chose et qu’il suffirait de trois fois rien pour concrétiser ses envies d’ailleurs.

Une bien jolie réflexion, à la manière d’une fable, sur l’amitié, les contraintes et la liberté. Pour comprendre que le bonheur  peut se trouver en faisant un pas de côté, « en détournant seulement les yeux du chemin tout tracé ».

Fourmidable de Jo Hoestlandt. Thierry Magnier, 2016. 48 pages. 3,90 euros. A partir de 8 ans.



Maxime aime faire croire à ses petites sœurs qu’elle est malade, c’est une comédienne hors pair. Sauf que depuis quelques jours, c’est sa mère qui semble mal en point, et elle ne fait pas de cinéma. Comme ses parents ne lui disent rien, elle mène l’enquête elle-même. Mais, c’est bien connu, taper des symptômes dans un moteur de recherche n’est pas la meilleure chose à faire pour poser un diagnostic, à moins de vouloir se persuader du pire…

Portrait d’une ado pétillante qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui porte un regard acéré sur ses parents, ce petit texte au ton très moderne offre un moment de lecture rafraîchissant et plein de peps, voilà qui est toujours bon à prendre !

Allô, docteur ? d'Angèle Cambournac. Thierry Magnier, 2016. 48 pages. 3,90 euros. A partir de 8 ans.

Trois lectures communes pour le prix d'une cette semaine, évidemment partagées avec Noukette, comme chaque mardi ou presque.









lundi 7 novembre 2016

7 ans de bonheur et des cadeaux à gagner !

Sept ans, il paraît que c’est une étape critique dans un couple. Le moment de faire le bilan, de se remettre en question, de faire évoluer une relation. On devrait donc être en danger blogounet et moi dans l’année à venir, mais pour le coup, je ne suis pas super inquiet.

Coté bilan, je ne me suis jamais intéressé aux chiffres donc ça va aller vite. Blogger me dit que j’ai publié 1562 articles, reçu 41 152 commentaires et que j’affiche 1 177 752 pages vues. La belle affaire…

Pour ce qui est de se remettre en question, aucun risque. Je vais continuer à m’amuser, à faire ce que je veux quand je veux, à parler de toutes mes lectures, même celles dont je n’ai pas à être fier. Je vais continuer à écrire sans me poser de question, comme je le sens et comme ça vient, toujours dans le respect du travail de l’auteur, sans pour autant cacher les évidentes déceptions et sans jamais me prendre pour ce que je ne suis pas. Je vais aussi continuer à faire des lectures communes et à participer à ces rendez-vous hebdomadaires ou mensuels qui me tiennent à cœur, parce que c’est une jolie façon je trouve de partager notre passion pour les livres et la lecture.

Au niveau de l’évolution de notre relation par contre, j’avoue qu’il y a du boulot. On ne peut pas dire que je le bichonne, le blogounet. Il n’a jamais subi le moindre coup de pinceau depuis sa création, il est tout sauf sexy. Il est comme moi, il n’a que faire de son apparence, mais je reste persuadé qu’il aimerait bien un petit lifting pour ne plus ressembler à vieux truc ringard. Ça me trotte dans la tête depuis un bout de temps, il faut juste que je m’y mette. Autant dire que c’est pas gagné…

Sept ans donc, que je navigue d’une berge à l’autre. Au-delà des chiffres il reste les échanges, les rencontres, les découvertes. Les affinités au départ improbables qui sont devenues des amitiés aux fondations solides. Ces quelques personnes rentrées dans ma vie grâce au blog et qui ne sont pas prêtes d’en sortir quoi qu’il arrive. Elles se comptent sur les doigts d’une main et elles se reconnaîtront, elles m’ont tellement apporté que je ne saurais jamais comment les remercier. Et puis il y en a une qui restera toujours hors catégorie, parce que… c’est comme ça…

Allez, trêve de blabla, passons aux cadeaux. N’étant pas un adepte du changement, vous l’aurez compris, je vais faire comme d’habitude, à savoir offrir un (ou plusieurs) livre(s) choisi(s) par mes soins à trois personnes qui auront manifesté leur envie de participer au tirage au sort dans les commentaires de ce billet. Pas besoin de partager, de liker ou je ne sais quoi, il suffit juste de laisser un petit mot. Une fois les noms connus, vous me donnez votre adresse et je m’occupe du reste.


Les belges, les suisses, les Dom-Tom et les québécois sont évidemment les bienvenus pour le tirage au sort.

Je vous laisse dix jours, je donnerai les noms des gagnants jeudi prochain.








dimanche 6 novembre 2016

Dans le ventre de la Terre - Cécile Roumiguière et Fanny Ducassé

« Dans le ventre de la Terre, un enfant minuscule dort beaucoup. Ses cheveux lui font un oreiller et ses pieds caressent la mousse du rocher. »

Neuf Mois. Neuf mois pour grandir, s’étendre. Neuf mois pour se tisser, fil après fil. Neuf mois à flotter dans cette caverne dont il pourra bientôt effleurer les parois. S’abreuver à la source, veiller, sommeiller, s’agiter, s’habituer à la pénombre. Et entendre la pulsation de la terre, ce grondement qui bientôt l’attirera « hors de la grotte, hors de la nuit, vers le jour qui va se lever pour lui ».

Un album qui décrit la grossesse sans jamais la nommer avec une finesse et une subtilité bouleversante. Le pouvoir d’évocation des mots de Cécile Roumiguière et la force de suggestion des illustrations de Fanny Ducassé se combinent dans une alchimie parfaite pour créer l’émotion. Et si les images donnent à voir un univers où le végétal prédomine, le texte nous ramène vers une dimension organique faisant la part belle aux sens.

L’objet-livre en lui-même est très beau, texte sur fond noir à gauche, illustrations aux milles détails ciselées comme de la dentelle à droite, papier glacé et douceur veloutée de la couverture qui rappelle au toucher le grain de la peau. Une plongée onirique « Dans le ventre de la terre », là où l’enfant grandit, d’une saisissante et sublime poésie. Fascinant.

Dans le ventre de la Terre de Cécile Roumiguière et Fanny Ducassé. Seuil jeunesse, 2016. 32 pages. 14,00 euros.


Une lecture commune que je partage une fois de plus, et toujours avec le même plaisir, avec ma chère Noukette.