lundi 19 décembre 2011

L’histoire du renard qui n’avait plus toute sa tête (calendrier de l'avent 19)



Baltscheit © Rue du Monde 2011
Il était une fois un renard rusé qui savait comment capturer ses proies et échapper aux chasseurs et qui aimait partager ses connaissances avec les renardeaux des environs. Ce renard vécu une longue vie et devint vieux. Avec l’âge, sa barbe blanchit et sa mémoire commença à flancher. D’abord il oublia quel jour on était. Puis il lui arriva d’oublier les anniversaires de ses proches. Le plus grave, c’est quand il ne trouva plus le chemin pour rentrer chez lui et qu’il oublia un jour de chasser. Les renardeaux le trouvèrent affamé, blessé et fatigué. Ils constatèrent avec tristesse que leur ancien professeur avait perdu la tête et décidèrent de veiller sur lui. C’est ainsi que le renard qui n’avait plus toute sa tête fut choyé et ne dormit jamais seul.

Parler de la maladie d’Alzheimer dans un album pour enfants, voila qui n’est pas courant (peut-être même est-ce une première ?). Le sujet pourrait être sacrément casse gueule s’il était traité avec trop de pathos mais ce n’est heureusement pas le cas ici. L’évolution des symptômes est facile à comprendre et la gravité des problèmes soulevés par la perte de la mémoire ne sombre jamais dans le catastrophisme absolu. Surtout, le texte se termine sur une note d’espoir avec l’altruisme dont font preuve les renardeaux à l’égard de leur ainé.

Un album qui pourra interpeller le jeune lecteur et soulever un tas de questions. Pour les familles touchées de près par cette saleté de maladie, l’occasion peut être belle d’aborder le sujet en douceur avec cette Histoire du renard qui n’avait plus toute sa tête.


L’histoire du renard qui n’avait plus toute sa tête de Martin Baltscheit, Éditions Rue du Monde 2011. 32 pages. 15 euros. A partir de 4 ans.

Baltscheit © Rue du Monde 2011

dimanche 18 décembre 2011

Le roi des oiseaux (calendrier de l'avent 18)

Le Bec © Albin Michel 2011
« Un jour (pour une raison que je ne connais pas), les oiseaux décidèrent de se choisir un roi. Afin de le désigner, ils organisèrent une grande course. Celui qui volerait le plus près du soleil deviendrait le roi des oiseaux... ». Les premiers éliminés furent les oiseaux non volants (dodos, dindons, poules, manchots, autruches...). Bien d’autres suivirent et si les oiseaux migrateurs, habitués aux longs voyages, semblaient posséder une longueur d’avance, le majestueux aigle doré finit par tous les distancer. Mais les apparences peuvent être trompeuses et le vainqueur n’est pas toujours celui que l’on croit...

Aucun décor, une bichromie d’orange et de noir avec quelques tons de gris : les choix graphiques minimalistes de Gwendal Le Bec poussent le regard à se focaliser sur les oiseaux, rien que les oiseaux. Le très grand format de l’album donne de la profondeur à l’infini du ciel. Du texte, on retiendra le nombre incalculable d’espèces citées : rouges-gorges, hérons, huppes, merles, pics, macareux, calaos, colibris, toucans, cacatoès, chouettes, hiboux, mésanges, troglodytes, pélican, bernaches, cigognes, flamants rose, fous de bassan, etc. Une sorte d'inventaire à la Prévert qui se révèle au final étonnamment poétique.

Un très beau voyage vers le soleil qui couronnera un minuscule volatile dont je ne vous dévoilerais évidemment pas l'identité. Et puis c’est bien la première fois qu’autant de noms d’oiseaux jetés à la face du lecteur sonnent avec une telle musicalité !


Le roi des oiseaux de Gwendal Le Bec, Albin Michel jeunesse 2011. 32 pages. 14,90 euros. A partir de 4 ans.



Le Bec © Albin Michel 2011

samedi 17 décembre 2011

L'enfant, le renne et le loup (calendrier de l'avent 17)

du Faÿ et Duffaut © Seuil 2011
Clair de Lune est un petit garçon appartenant à la tribu tsaatane, un peuple nomade du nord de la Mongolie se déplaçant à dos de rennes et vivant en osmose avec la nature. La tradition veut que chaque enfant tsaatane se désigne un compagnon parmi le troupeau. Clair de Lune choisit un jeune renne tout blanc avec lequel il noue rapidement de très forts liens d’amitié.

Une nuit, le hurlement d’un loup près du campement oblige le père de Clair de Lune à quitter précipitamment la tente son fusil à la main. Ne le voyant pas revenir, sa femme, morte d’inquiétude, demande à son fils de partir à sa recherche. Claire de Lune et le jeune renne se lancent alors sur les traces du loup…

Un album de facture classique qui fleure bon les récits d’enfance d’antan. Très linéaire, l’intrigue se déroule de façon limpide et se comprend facilement. L’intérêt majeur réside dans l’aspect « découverte du monde » et la qualité des illustrations, d’une grande douceur. Un ouvrage dépaysant qui, malgré l’environnement hostile dans lequel il se déroule, dégage une agréable sensation de chaleur humaine.


L’enfant, le renne et le loup de Sabine du Faÿ et Nicolas Duffaut, Seuil jeunesse, 2011. 28 pages. 13,50 euros. A partir de 4-5 ans.


du Faÿ et Duffaut © Seuil 2011

vendredi 16 décembre 2011

Le mystère Ferdinand (calendrier de l'avent 16)

Mim et Rémi Courgeon © Milan 2011
Pour fuir la misère, Martin et sa grand-mère quittent la ville. Ils partent vers la montagne, persuadés d’y trouver un endroit où ils seront plus heureux. En chemin, ils croisent Ferdinand, une sorte de géant accompagné de Flocon, son loup blanc. Pour impressionnant qu’il soit, Ferdinand se montre d’une rare gentillesse. Il conduit Martin et sa mamie jusqu’à un chalet confortable où chaque matin, des vivres sont déposés sur le seuil de la porte par un inconnu ne laissant que de minuscules traces de pas dans la neige. Tous les jours, Ferdinand passe au chalet. Mais lorsqu’il disparaît quelques temps, Martin s’inquiète. Et quand Flocon apporte une lettre dans laquelle le géant s’excuse de ne pas être parmi eux à cause d’une forte fièvre le clouant au lit, la grand-mère décide d’aller à son chevet. La maison de Ferdinand est une gigantesque bâtisse plutôt lugubre. Surtout, le propriétaire des lieux est absent et dans la cuisine sont accrochés le long du mur d’énormes couteaux. Et si Ferdinand était finalement un ogre…

Une très jolie histoire de Noël, savamment orchestrée. A chaque page, le mystère Ferdinand s’épaissit avant le dénouement final que je ne vous révélerais évidemment pas. Sachez juste que les illustrations de Rémi Courgeon sont superbes et que son travail sur la couleur est toujours aussi pertinent.

Des montagnes, un loup, de la neige, un géant, des rennes et des lutins. Si tous ces ingrédient ne vous mettent pas l’eau à la bouche, je ne peux plus rien faire pour vous !


Le mystère Ferdinand de Mim et Rémi Courgeon, Milan, 2011. 32 pages. 10,90 euros. A partir de 5 ans.


Mim et Rémi Courgeon © Milan 2011

jeudi 15 décembre 2011

Ami ou ennemi ? (calendrier de l'avent 15)

Beigel et Saillard © L'élan vert 2011
Au bout du monde, près du pôle Nord, se trouve une toute petite maison blanche. Dans cette maison habite un écureuil. Il a fait ses provisions pour l’hiver et s’il est maintenant tranquille, au chaud, loin du bruit, des ennuis et des ennemis, il est aussi très seul. Quand on frappe à la porte une première fois, il ouvre et laisse entrer une souris paniquée. Lorsqu’il entend toquer à nouveau, c’est un éléphant effrayé qui se précipite à l’intérieur. Quand un chat effaré franchit à son tour le seuil de la porte en courant, l’écureuil se dit que le prochain invité sera sans doute cette chose monstrueuse qui terrorise ses nouveaux amis…

Un album tout simple à réserver aux plus petits. L’intrigue est construite selon une structure par accumulation (chaque page voit l’entrée en scène d’un nouveau personnage). La tension monte jusqu’au dénouement, forcément inattendu et rigolo. Le trait dynamique de Rémi Saillard rend parfaitement les mouvements des protagonistes : on court, on crie, on lève les bras ou on se cache… l’ambiance est survitaminée !

Une construction efficace, un texte drôle et des illustrations pleines de charme. Voila donc une belle lecture complice à partager avec un petit bout.


Ami ou ennemi ? de Christine Beigel et Rémi Saillard, L’élan vert, 2011. 20 pages. 11 euros. A partir de 3 ans.


Beigel et Saillard © L'élan vert 2011

mercredi 14 décembre 2011

C’est pas du Van Gogh, mais ça aurait pu... (calendrier de l'avent 14)

Heitz © Gallimard 2011
Après avoir failli tuer De Gaulle (dans l’album J’ai pas tué De Gaulle… mais ça a bien failli), Jean-Paul s’est réfugié en Lorraine chez sa tante Ninine. Au cœur de l’hiver 1962, la vie est rude à la campagne. Mais comme le dis Jean-Paul, « chez nous, passer l’hiver c’est un métier. » Avec la charcutaille, le gros rouge qui tache, et surtout la cuisinière à bois qui réchauffe toute la maisonnée, on peut voir venir. Le vrai problème, c’est l’ennui. Pour le tromper, tata a ressorti les carnets dans lesquels elle a consigné ses souvenirs. Arrivé à l’année 1939, il y a quelque chose qui coince. Des zones d’ombre impossibles à éclaircir. Pourquoi, au moment de l’exode, Georges, son mari, a disparu pendant trois mois ? Quand il est revenu, il n’était plus le même. Il s’est arrêté de travailler et a dit qu’il n’avait plus besoin d’argent. Sa version officielle ? Il avait passé ces trois mois à Arles, sur la tombe de sa mère. Sa femme n’a jamais pu en savoir plus. Ni une ni deux, Jean-Paul décide de tirer l’affaire au clair. Le voila donc parti sur les traces de tonton Georges, à bicyclette. Si seulement il avait su dans quel ni de serpents il allait mettre les pieds…

Quel plaisir de retrouver Jean-Paul, l’escroc à la petite semaine qui attire les ennuis comme un aimant. Dans cette nouvelle aventure, il croisera des dessins de Van Gogh, des faussaires, une nymphomane, des religieuses pas catholiques et quelques balles perdues. Bruno Heitz n’a pas son pareil pour trousser des intrigues savoureuses qui fleurent bon la France profonde des années 60. L’ambiance, c’est vraiment le point fort de cet album. La balade en DS, le train Lyon-Arles, les troquets et les hôtels de province, le panier à salade Citroën et la Simca du commissaire de police, on plonge avec plaisir dans la France du Général.

Nombre de lecteurs apprécient moyennement le trait minimaliste et tout en rondeur de Heitz. Personnellement, j’aime beaucoup. Sans chichi, il sait aller à l’essentiel. Cinq ou six cases maximum par page, une vraie facilité à rendre les mouvements et les scènes d’action. Seul regret, l’usage de la couleur qui n’apporte rien à l’ensemble. Je préfère le travail de ce dessinateur en noir et blanc, il n’y a qu’à voir le premier volume de l’intégrale d’un Privé à la cambrousse pour s’en convaincre !

Humour, dérision et truculence sont au menu de cet album réjouissant où Jean-Paul, l’anti-héros un brin couillon se révèle décidément d’un charme irrésistible.


C’est pas du Van Gogh, mais ça aurait pu… de Bruno Heitz. Gallimard, 2011. 122 pages. 17 euros.

Pour finir, une petite info qui n'a rien à voir avec le billet ci-dessus mais qui pourra intéresser quelques personnes venant régulièrement faire un tour par ici : j'ai été sollicité pour participer à l'émission La vie des livres sur Radio plus afin de présenter Formose, le roman graphique de Li-Chin Lin. Oh, rien de transcendant, je vous rassure, mais sachez quand même que l'exercice n'est pas facile : 6 minutes de monologue pour parler d'un livre sans avoir l'air trop couillon, ce n'est pas évident. Est-ce que je m'en suis bien sorti ? Pas certain, mais l'expérience était très sympa à réaliser. Et puis Mo' s'est également pliée à l'exercice pour l'ouvrage Reportages de Joe Sacco du coup, je me suis senti moins seul.

Si vous voulez nous entendre, rendez-vous sur le site Libfly, partenaire de l'opération.
Pour écouter l'avis de Mo', c'est ici : http://www.libfly.com/reportages-joe-sacco-livre-1556373.html
Et pour moi : http://www.libfly.com/formose-li-chin-lin-livre-1539563.html


Heitz © Gallimard 2011




mardi 13 décembre 2011

Le chat qui s'en va tout seul (calendrier de l'avent 13)

Dégruel © Delcourt 2011
Dans Le chat qui s’en va tout seul, Kipling imagine comment les animaux ont été domestiqués par l’homme aux temps ancestraux. Il y a d’abord eu le chien qui, grâce à ses talents de chasseur et sa capacité à garder le logis, a été accepté dans la grotte. Ensuite, ce fut au tour du cheval et de la vache, amadoués par le foin fraîchement coupé. Le premier devint un fidèle destrier tandis que la seconde fournit chaque jour son lait frais et onctueux. Seul le chat resta sauvage. Vagabond dans l’âme, il ne devint jamais un ami ou un serviteur de l’homme. Mais quand il décida d’entrer dans la caverne pour profiter du feu et du bon lait, il dut se montrer plus malin que les humains pour devenir le roi du foyer tout en gardant son indépendance et cette petite dose d’ingratitude qui le caractérise.

Après L’enfant d’éléphant et avant La première lettre (à paraître en février 2012), Yann Dégruel adapte en BD une seconde nouvelle du recueil Histoires comme ça de Rudyard Kipling. Les ingrédients sont toujours les mêmes : ouvrage au format carré idéal pour les petites mains ; respect, à la virgule près, du texte original ; utilisation du crayon gras et de la craie pour un rendu des plus séduisants ; dominante de tons ocre et bleu qui apportent beaucoup de douceur ; découpage dynamique et très pertinent. Le coté allégorique de la fable est ici plus présent, ainsi que l’humour, plus fin. Un travail à la fois respectueux et original visuellement parlant.

Voila donc une adaptation fidèle dont le charme « graphique » évident permettra à nombre de jeunes lecteurs de découvrir et d’apprécier le ton si particulier de l’auteur du Livre de la jungle.


Le chat qui s’en va tout seul, de Yann Dégruel, Delcourt, 2011. 44 pages. 10.50 euros. A partir de 7 ans.


Dégruel © Delcourt 2011

lundi 12 décembre 2011

L’Herbier des Fées (calendrier de l'avent 12)

Lacombe et Perez © Albin Michel 2011
Aleksandr Bogdanovitch, un botaniste russe, est envoyé par Raspoutine dans la forêt de Brocéliande pour trouver les ingrédients devant permettre d’élaborer un élixir d’immortalité. Arrivé sur place en mai 1914, le scientifique découvre que les plantes de Brocéliande possèdent des vertus uniques. Ainsi, le sirop préparé avec la racine de la grande gentiane permet de retrouver la vigueur de sa jeunesse. Plus surprenant encore, Bogdanovitch observe que certaines plantes renferment de minuscules êtres vivants. Stupéfait par cette découverte, il en informe ses supérieurs et procède à des examens poussés sur cette étrange faune propre à la forêt bretonne. Les mois passant, Bogdanovitch se persuade que les êtres qui habitent dans les plantes sont les fées dont parlent les légendes. Une découverte incroyable qui va définitivement bouleverser son existence. Oubliant les raisons premières de sa mission, le botaniste déclenche la colère de Raspoutine...

Un album au charme envoutant. Les planches naturalistes décrivant les différentes espèces sont somptueuses. Les lettres envoyées par le scientifique à ses collègues semblent tout à fait réelles et les illustrations pleine page de Benjamin Lacombe sont d’une rare poésie. Aucun détail n’est laissé au hasard, de la majestueuse couverture aux pages de garde ciselées en passant par le papier épais, blanc-cassé, qui donne un air « vintage » du plus belle effet.

Une fois de plus, le duo Perez/Lacombe impressionne. Quelle inventivité, quelle justesse de ton, quelle maestria graphique ! Seul soucis, il ne faudrait pas que cette maestria graphique devienne pour les enfants l'unique de l’ouvrage. Il y a un vrai risque (j’ai testé et constaté à la maison !) que les jeunes lecteurs se focalisent uniquement sur les images et se désintéressent totalement de l’histoire. Ce serait faire bien peu de cas du texte de Sébastien Perez qui mérite pourtant que l’on s’y attarde. Sans compter que la fin, volontairement ambiguë, laisse place à nombre d’interprétations passionnantes.

Un gros coup de cœur donc, qui réjouira petits et grands, pour peu qu’ils soient attirés par la magie et les personnages féériques.


L’Herbier des Fées de Benjamin Lacombe et Sébastien Perez. Albin Michel 2011. 64 pages. 28 euros.


Lacombe et Perez © Albin Michel 2011

dimanche 11 décembre 2011

Écrire est une enfance (calendrier de l'avent 11)

Delerm © Albin Michel 2011
En passant la soixantaine, Philippe Delerm a ressenti le besoin de jeter un œil dans le rétro. Un retour vers l’enfance pour traquer le pourquoi de son écriture en délaissant le plus possible le comment. Une plongée introspective dans les souvenirs d’un petit garçon paresseux, fils d’instituteurs, élève médiocre, nul en maths et en sciences. Sa rencontre avec les livres sera capitale : Colette, Crin-Blanc, la collection « Rouge et Or »… Suivront, bien plus tard, son basculement dans l’enseignement après des études littéraires, la rencontre de sa femme Martine, le difficile chemin vers la publication de son premier texte, les ventes médiocres jusqu’à l’explosion de « La première gorgée de bière ».

Delerm se livre en toute franchise, sans retenue ni fausse modestie. Proust, la peinture, le cinéma ou encore la chanson française sont autant de passions qui ont balisé son parcours. Son refus de divorcer d’avec ses jeunes années est à la base de son succès : « C’est en passant par le désir de retrouver mon regard de dix ans que j’ai eu tout à coup accès à ce qui serait mon genre : le texte court, rédigé avec le pronom « on » et évoquant des éclats isolés, qui pouvaient être de petites madeleines, ou des épiphanies, la volonté de réenchanter le quotidien. »

Delerm agace souvent. Ses détracteurs sont nombreux. Personnellement, j’aime beaucoup sa petite musique. Son écriture, d’un « minimalisme solaire », a quelque chose d’impressionniste. Sa recherche un peu naïve des petits bonheurs me touche et me parle.

Un joli recueil, certes très personnel, mais dont nombre de réflexions sur la richesse de l’enfance gardent une portée universelle.


Écrire est une enfance, de Philippe Delerm, Albin Michel, 2011. 190 pages. 15 euros.

samedi 10 décembre 2011

L’âge d’or de Mickey Mouse 1 : 1936-1937 (calendrier de l'avent 10)

 
Gottfredson © Glénat 2011
L’âge d’or de Mickey, c’est la période pendant laquelle le génialissime Floyd Gottfredson a pris en main la destinée du plus célèbre héros de Walt Disney. Tout commence en 1930 au moment où est publiée la première aventure de Mickey en bande dessinée (pour info le personnage est d’abord apparu en dessin animé en novembre 1928). Pendant près de 45 ans, Gottfredson sera le maître d’œuvre des aventures de la fameuse souris. Mickey, Minnie, Dingo, Clarabelle, Pluto, Pat Hibulaire… il a développé et enrichi chacun de ces personnages emblématiques de l’univers Disney.

Publiées au départ uniquement dans les journaux, les histoires de Mickey se déclinaient en strips quotidiens de quatre cases du lundi au samedi. Chaque histoire pouvait durer des mois et répondait à une mécanique immuable : rebondissements nombreux et variés, cliffhangers, action, mystère, dépaysement… Le but était de tenir chaque jour le lecteur en haleine et de lui donner envie de revenir le lendemain. Pour varier les plaisirs, le scénariste/dessinateur Gottfredson touche à tous les genres, de la science-fiction au western, du polar au récit d’espionnage, du voyage dans le temps à la chasse au trésor. Mickey est un héros optimiste, espiègle et enthousiaste qui brave le danger et affronte des situations à priori inextricables. Il combat des méchants qu’il finit (évidemment !) toujours par vaincre. A une époque, les années 30, où l’Amérique peine à sortir de la crise, Mickey apparaît comme un rayon de soleil divertissant.

Les éditions Glénat publient pour la 1ère fois en France l’intégralité des strips de Gottfredson de manière chronologique. Ce volume couvre les années 1936-1937. Le choix a été fait de ne pas commencer cette intégrale prévue en 12 volumes avec les débuts de Mickey en 1930 pour proposer d’emblée les histoires les plus passionnantes. Les strips de 1930 à 1935, moins aboutis, seront donc proposés en dernier. Un choix décevant pour les collectionneurs mais qui, du point de vue de l’éditeur, s’explique par le fait qu’il vaut mieux, lorsqu’on lance une telle collection, commencer par le meilleur.

L’édition proposée ici est particulièrement soignée. Un très grand format (29 x 37 cm) qui permet de réunir sur chaque page les six strips hebdomadaires du lundi au samedi. Le recueil regroupe également les planches dominicales, des histoires complètes en trois bandes, le plus souvent des gags davantage destinés à un public enfantin.

Un album somptueux (avec signet, tranchefile, papier et carton très épais) qui ravira passionnés et nostalgiques, mais aussi tous les curieux souhaitant découvrir un monument de la BD mondiale. Seul bémol pour moi, le fait qu’il soit en couleur alors que les strips sont à l’origine parus dans les journaux en noir et blanc. Une faute de goût que je pardonne néanmoins car la colorisation, tout en douceur, n’est pas aussi déplaisante que je l’aurais cru.

Vous cherchiez un beau livre à offrir à Noël ? Cette intégrale du Mickey de Gottfredson pourrait à mon avis constituer un cadeau de choix !

L’âge d’or de Mickey Mouse T1 : 1936-1937 de Floyd Gottfredson. Glénat, 2011. 128 pages. 29 euros.


Gottfredson © Glénat 2011