mercredi 8 décembre 2010

Seuls : intégrale du cycle 1

Dodji, Camille, Yvan, Terry et Leïla sont seuls, désespérément seuls. Ils se sont réveillés un matin et tout le monde avait disparu : plus de parents, plus aucun adulte, plus de télé, de téléphone ou d’internet. Ces cinq là se sont rencontrés par hasard (vraiment ???) et ont dû, par la force des choses, faire cause commune. Ensemble, ils ont affronté des tigres, des rhinocéros et des singes, un serial killer adepte des couteaux et un nazillon qui a voulu devenir leur chef. Ils ont exploré la zone rouge, cet endroit où, semble-t-il, se trouve la clé du mystère. A la fin de ce premier cycle, bien des questions restent en suspens, même si un large coin du voile a été levé…

Vehlmann l’avoue, inspiré par le roman Sa majesté des mouches de William Golding, il a au départ simplement imaginé des gamins se retrouvant un jour dans un monde de liberté absolue. Tout est permis : on pille les magasins de jouets, on joue avec des armes à feu, on conduit des voitures dans des rues désertes… La ville entière devient un terrain de jeu que les enfants s’approprient avec facilité. Deuxième élément important, les rapports humains. Comment chacun, avec sa propre personnalité, parvient à trouver sa place. Des moments de complicité succèdent à ceux plein de tension, voire de violence. Il faut dire que le casting est très étudié : Dodji, le gamin malmené par la vie, Leïla le garçon manqué, Yvan le premier de la classe, Terry, le « bébé » du groupe et Camille, la gentille petite fille bien sage qui adore les animaux. Au fil des épisodes, les caractères s’affirment et les situations sont de plus en plus noires... La violence est présente mais jamais gratuite, le sang coule et certains personnages meurent. Vehlmann est coutumier du fait, il n’hésite jamais à malmener ses lecteurs (pour vous en convaincre, lisez-donc Jolies ténèbres paru l’année dernière. La BD la plus « dérangeante » que j’ai lu depuis des lustres).

Reste la question de la fin. A mes yeux, elle ne pouvait être que décevante et c’est le cas. De toute façon, il ne pouvait pas y avoir trente-six manières d’expliquer la disparition des adultes (ne comptez pas sur moi pour les énumérer !). D’ailleurs le scénariste reconnaît qu’en créant cette histoire, il ne s’est pas demandé comment tout le monde s’était volatilisé…

Au final,  ce pemier cycle forme quand même une œuvre cohérente et d’une rare densité pour une BD destinée à la jeunesse. Et puis graphiquement, Gazzotti assure. Du très classique franco-belge plein de rondeur et en même temps des aspects réalistes qui rendent l’intrigue crédible. Un découpage où la caméra est toujours parfaitement placée pour offrir le meilleur rendu possible et des scènes actions d’un dynamisme incroyable.

Seuls est à l’évidence devenue en l’espace de cinq albums une série majeure. Mais la tournure prise par l’intrigue à la fin de ce cycle laisse présager une suite qui risque d’être un ton en dessous. A moins que la talentueux Vehlmann ne parvienne à sortir de son chapeau un inattendu coup de théâtre dont il a le secret.

Seuls, l’intégrale du cycle 1, de Gazzotti et Vehlmann, Dupuis, 2010. 265 pages. 30 euros.



L’info en plus : Seuls est une série qui a connu un succès critique et commercial exceptionnel (Prix Jeunesse à Angoulême, Prix des lecteurs du Journal de Mickey, plus de 100 000 exemplaires du tome 1 vendus). D’ailleurs, cette intégrale sortie il y a 15 jours est déjà épuisée chez l’éditeur. Il y en a peut-être des piles entières dans les grandes librairies mais si votre librairie n’en n’a plus en stock, il ne pourra pas vous le procurer avant les fêtes.


Le challenge Pal Sèche de Mo


La BD du mercredi, chez Mango

lundi 6 décembre 2010

Le tag des 15 auteurs

J'ai été tagué par Véro sur son excellent blog 1000-et-1. Le principe de ce tag : citer 15 auteurs qui m'ont influencé et que je garderai toujours dans mon cœur. Consigne supplémentaire : ne pas prendre trop de temps et lister les 15 premiers dont on se souvient en moins de 15 minutes puis taguer 15 personnes !


Comme j’adore ne pas respecter les règles mais aussi parce que je ne peux pas choisir les 15 auteurs qui m’ont le plus marqué sans prendre le temps d’y réfléchir, j’ai passé en revue ma bibliothèque afin de faire remonter à la surface ses membres les plus éminents (à mes yeux bien entendu). Je fais un classement alphabétique pour qu’il n’y ait pas de jaloux.


Sherman Alexie. Parce que ce monsieur est tout simplement l’un des plus grands auteurs américains vivants et que Le premier qui pleure a perdu est le meilleur roman pour ados que j’ai lu ces dernières années.


Bukowski. Parce que c’est le plus grand, celui par qui tout a commencé un soir de mai 1994. Il a ouvert la porte à tous les auteurs de ma bibliothèque.


Louis Calaferte. Parce que je n’oublierai jamais ce libraire crasseux qui m'a sorti un jour Septentrion de l’incroyable capharnaüm qui lui servait de boutique.


Raymond Carver. Parce qu’il est le plus fabuleux nouvelliste du 20ème siècle.


Georges Darien. Parce que quand j'avais 17 ans et que je voulais devenir objecteur de conscience, j'ai lu Biribi, le plus incroyable roman antimilitariste de la littérature française.


John Fante. Parce que je l’ai découvert grâce à Bukowski. Une claque dont je ne me suis jamais remis.


Chester Himes. Parce que Cercueil et Fossoyeur sont les policiers les plus barrés du polar américain.


André Laude. Parce que sa poésie me file la chair de poule.


Ed Mc Bain. Parce qu’il est le maître du polar urbain. Il sait décrire la ville comme personne.


Pelecanos. Parce que j’adore déambuler dans les rues de Washington avec ses héros oubliés de l’Amérique.


Michel Ragon. Pour le nom de ce blog et aussi parce que La mémoire des vaincus est le plus magnifique roman qui ait été écrit sur l’histoire de l’anarchisme au 20ème siècle.


Hubert Selby Junior. Parce que je me souviendrais toute ma vie de la lecture de Last Exit to Brooklyn, l’été 1996, sur les bords du lac d’Annecy.


John Kennedy Toole. Parce que La conjuration des imbéciles est un roman majeur de la littérature américaine.

Roger Wallet. Parce que j’ai eu la chance de travailler plusieurs années avec ce grand monsieur. Comment oublier ces ateliers d’écriture où des gamins paumés ont découvert la force des mots couchés sur le papier. Tant d’heures passées dans des classes de SEGPA, d’EREA ou d’IME. Et nos grandes discussions politiques, nos gueuletons, ces projets un peu fous auxquels personne ne croyait…


Zola. Parce que c’est le seul auteur lu au lycée dont je garde un souvenir ébloui. L'assomoir m’a frappé comme un uppercut à l’estomac.


Merci Véro pour m’avoir permis de me pencher sur ceux qui ont marqué à jamais ma vie de lecteur. Et plutôt que de taguer à mon tour 15 personnes, je passe ce tag à qui le souhaite.

vendredi 3 décembre 2010

Angelot du Lac, l'intégrale

Dans une France ravagée par la guerre de cent ans, un nourrisson est trouvé près d’un lac par une bande d’orphelins. Élevé par ces derniers, l’enfant est baptisé Angelot et découvre la rude vie des laissés pour compte du Moyen Age. Armé de sa fronde, devenant successivement écuyer d’un chevalier errant et acteur de théâtre ambulant, Angelot affronte mille dangers dans un monde au bord du chaos.

Yvan Pommaux a choisi d’allier l’aventure au didactisme. En faisant traverser à son héros une période pour le moins troublée de l’histoire de France, il aborde de nombreuses thématiques propres à cette époque : les chevaliers et les châteaux forts, les coupe-jarrets et les malandrins, les moines soldats, les bateleurs et les caravanes de marchands…

Publié dans le magazine Astrapi des très catholiques éditions Bayard, Angelot du Lac, c’est un peu la BD à papa, celle que proposait l’hebdomadaire Spirou de Charles Dupuis au début des années 50. L’épervier bleu, La vie de Don Bosco, Timour… des séries historiques où le sens moral des héros se doit d’être irréprochable. Pour Angelot, cette influence est palpable mais pas non plus trop prégnante. Disons seulement que c’est le genre de titre idéal pour les parents (ou grands-parents) qui ne connaissent rien à la BD et qui voudraient faire plaisir à leur progéniture sans avoir à acheter un de ces satanés mangas que l’on accuse de tous les maux.

Pour le dessin, la ligne claire d’Yvan Pommaux est ultra classique et efficace, même si les personnages apparaissent souvent un peu trop statiques et manquent de souplesse Rien de très novateur au niveau du découpage et des différents types de plan proposés, ne cherchez pas ici la modernité ou l’avant-gardisme. Certaines planches sont surchargées de texte alors que d’autres sont quasiment muettes, ce qui perturbe parfois la fluidité du récit. Mais la copie rendue est au final très propre et cette intégrale proposant les trois albums de la série se lit avec un réel plaisir. Sans compter qu’avec le magnifique dos toilé rouge vif et l’épais cartonnage, voila un bel objet livre qui trouvera sans problème sa place dans une bibliothèque d’enfant.

Angelot du Lac, l’intégrale, d’Yvan Pommaux, Bayard jeunesse, 2010. 180 pages. 21,90 euros.


L’info en plus : Parallèlement à ses productions de BD chez Bayard, Yvan Pommaux continue de publier des albums pour L’école des Loisirs. Il s’est notamment lancé dans une série présentant aux enfants les grandes figures de la mythologie grecque. Après Thésée et Orphée, un troisième titre est sorti cet automne, Œdipe. Là encore des albums grand format au dos toilé du plus bel effet.




Le challenge PAL sèche de Mo'

mercredi 1 décembre 2010

Aya de Yopougon T6

Depuis qu’elle fréquente le juge Didier, Aya espère pouvoir se venger du prof de fac qui a tenté de la violer. De son coté, après avoir dilapidé les millions de son père dans des projets caritatifs, Moussa se retrouve en prison. Il y rencontre Grégoire, détenu pour avoir détourné l’argent de ses fidèles en se faisant passer pour un prêcheur. Albert, lui, ne parvient toujours pas à assumer son homosexualité et il s’apprête à épouser une mégère pour ne pas froisser ses parents. A Paris, Innocent découvre la difficile condition des sans papiers mais peut toujours compter sur l’amitié de Sébastien. On retrouve aussi dans ce sixième tome Bintou, Adjoua, Gervais, Fanta, Hervé, Mamadou et tous ceux qui animent depuis cinq ans cette incomparable saga.

Récit choral, feuilleton digne des meilleures séries télé, Aya de Yopougon se déroule en Côte d’Ivoire dans les années 70 et raconte la vie de quelques habitants de Yopougon, un quartier populaire d’Abidjan. Aya en est l’héroïne principale autour de laquelle gravitent de nombreux personnages, tous de tempéraments très différents. Chaque tome est un enchaînement de scènes indépendantes qui parfois se croisent où se chevauchent. Il faut s’accrocher au début pour reconnaître et suivre tous les protagonistes, mais une fois que la mécanique est en place et que l’on a assimilé les différentes intrigues, c’est un vrai régal.

Graphiquement, la construction est depuis le début aussi simple qu’efficace. Le système du gaufrier avec six cases par planche peut paraître monotone mais il permet de maintenir un bon rythme de narration. Par ailleurs, la plupart des scènes se distinguent l’une de l’autre par un code couleur différent. Le Yopougon de Clément Oubrerie est coloré et très fidèle à la réalité. Il faut dire que le dessinateur s’est rendu sur place et est revenu avec plus de 5000 photos. De quoi varier les décors en respectant au maximum l’ambiance typique du quartier. Mettre en images un tel récit est une gageure. Aya, ce n’est que du dialogue, quasiment sans action. D’où une vraie difficulté pour être inventif dans la mise en scène. Mais la fluidité qui découle des six volumes est la preuve que Clément Oubrerie a su relever le défi haut la main.

Autre point qui donne à la série un charme incomparable, la richesse de la langue utilisée par les ivoiriens, un mélange de français et de dialectes africains. Le nouchi (nom de ce langage de la rue inventé par les jeunes) est tout simplement savoureux et très facilement compréhensible grâce au lexique se trouvant en fin d’ouvrage. Et que dire des joutes verbales présentes tout au long de chaque album. Marguerite Abouet le reconnaît, « c’est un sport national là-bas, notamment dans la gestion des conflits de tous les jours. On n’en vient jamais aux mains comme en France, mais les piques volent très haut et très fort. Les habitants ont énormément de sens de la répartie. »

Il faut le reconnaître, l’Afrique d’Aya fait plaisir à voir. Loin des guerres, des famines et du Sida (n’oublions pas que l’action se déroule dans les années 70), les auteurs montrent le coté vivant, les réalités quotidiennes de ce magnifique continent. Et Dieu sait que ce parti pris positif leur a été reproché. Un journaliste a notamment écrit que Marguerite Abouet jouait à l’autruche en niant les problèmes de l’Afrique. Mais Aya est finalement une histoire universelle qui pourrait se passer n’importe où, et c’est très bien ainsi.

Avec se sixième tome, on quitte Yopougon et tous ces personnages haut en couleur pour la dernière fois avec un pincement au cœur. Un feuilleton qui s’est étalé sur plus de 700 pages en gardant le même niveau de qualité, voila qui est rare. Finalement, Aya, c’est un peu comme ce pot de confiture dans lequel on trempe un doigt juste pour goûter et que l’on finit par boulotter en entier parce qu’il n’y a rien à faire, c’est trop bon et on ne peut plus s’arrêter ! Alors attention à vous si vous jetez un œil à cette série, vous risquez de vous engager dans une délicieuse aventure au long cours.

Aya de Yopougon T6, de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie, Gallimard, 2010. 112 pages. 17 euros.


L’info en plus : Au départ, Aya devait être une série pour la jeunesse racontant l’enfance de Marguerite Abouet à Yopougon. Mais devant le refus des éditeurs, les deux auteurs ont revu leur copie pour proposer un projet plus adulte. Le succès de la série a depuis permis a Marguerite de mener à bien sa première idée en publiant au mois de juin 2010 un album pour les plus jeunes intitulé Akissi, l’histoire d’une petite fille effrontée et dégourdie qui se mêle de tout dans son quartier et fait tout comme les garçons.




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La Bd du mercredi, c'est chez Mango

lundi 29 novembre 2010

Kenny et le Dragon

Kenneth est un jeune lapin qui vit avec ses parents dans une ferme près du village de Rond-le-Ruisseau. C’est un lapereau solitaire qui n’a pour un ainsi dire pas d’amis à part Georges, le libraire. Car Kenneth ne partage pas les amusements de ses camarades de classe. Il adore plus que tout lire et s’instruire.
Un soir, son père rentre à la ferme bouleversé. Il vient de voir sur la colline derrière chez eux un terrible dragon. Kenneth décide de se rendre sur place pour voir la bête de plus près. Il y découvre un dragon qui, loin des images monstrueuses que montrent les bestiaires fantastiques, est passionné de poésie, de littérature et de théâtre. Devenu son meilleur ami, Grahame le dragon doit faire face à l’animosité des villageois, terrorisés par la présence d’un monstre près de chez eux.

Kenny et le Dragon, est un roman pour les plus jeunes comme on en fait plus : plein d’altruisme, de gentillesse et de bonne volonté sans être moralisateur pour autant, même si on y souligne au passage l’importance de ne pas se fier aux apparences et de respecter les différences. Ce qui compte avant tout, c’est l’amitié. C’est aussi un hommage aux livres et à la lecture avec ce petit lapin qui n’aime rien tant que de se plonger dans un bon bouquin.

Tony Di Terlizzi s’est à l’évidence inspiré des plus grands classiques de la littérature enfantine anglo-saxonne. Si le lapin se nomme Kenneth et le dragon Grahame, ce n’est pas pour rien. Kenneth Grahame est l’auteur du Vent dans les saules, ce chef d’œuvre racontant les aventures des amis Rat, Taupe et Crapaud. On retrouve dans Kenny et le dragon cette même ambiance propre à la campagne anglaise : on pique nique au bord de l’eau, on devise sous les chênes, on dévale les collines à vélo… Un univers doucereux et bucolique dans lequel les enfants adorent se projeter.

L’ouvrage en lui-même est un bel objet : petit format au cartonnage et au papier épais, vernis sélectif sur la couverture et des illustrations en noir et blanc somptueuses. Un rien vintage mais quel plaisir de voir, à l’heure du numérique, des livres d’une telle qualité !

Un petit conseil avec les fêtes qui approchent : si vous connaissez un enfant de 7-8 ans qui adore lire, demandez-donc au Père Noël de lui apporter dans un même paquet Kenny et le Dragon et Le voyage de Théodore. Vous êtes sûr de faire un heureux.

Kenny et le Dragon, de Tony Di Terlizzi, Pocket Jeunesse, 2010. 148 pages. 11,95 euros. A partir de 7 ans si l’on est bon lecteur.




L’info en plus : Tony Di Terlizzi est le co-auteur des célèbres chroniques de Spiderwick dont une intégrale a été publiée il y deux ans par les éditions Pocket au moment de la sortie du film.

vendredi 26 novembre 2010

Comme Chi ou comme Chats !


C’est la première fois que j’utilise un jeu de mots pourri dans le titre d’une chronique. Mais l’occasion était trop belle. Cette semaine sortent deux BD consacrées à nos chers félins. La première est un manga pour jeunes lecteurs et se nomme Chi, une vie de chat tandis que la seconde est la suite d’une série franco-belge apparue au début de l’année et sobrement intitulée Chats !


Le chat et la BD, c’est une longue histoire d’amour. Depuis le Poussy de Peyo, les séries se sont multipliées. Garfield reste la plus célèbre. Du coté des mangas, on pourrait citer What’s Michael. Katz, de l’éditeur niçois Ange, est une série humoristique plus récente et particulièrement réussie. J’ai déjà parlé ici de Miss Annie ou, dans un tout autre genre, du Chat qui courait sur les toits. Bref, les exemples sont nombreux et j’en oublie sans doute des tonnes.


Chi est une jeune chatte qui se retrouve perdue dans un jardin public. Recueillie par un petit garçon et sa maman, elle va vite devenir la coqueluche de sa nouvelle famille. Les chapitres, tous très courts, s’enchaînent et passent en revue les moments importants de la vie d’un bébé chat. La nourriture, la propreté, les dégâts causés sur les meubles et le canapé, la première visite chez le véto… C’est tout simple, super mignon (je devrais dire kawaï !) et les enfants adorent.

Il faut dire que cette nouvelle série est publiée dans la collection Kids de Glénat, une collection dont le but est de faire découvrir le manga aux plus jeunes (dès 7-8 ans). Sens de lecture européen, graphisme épuré, couleurs à chaque page, très peu de texte, petit format qui tient bien en main, succession de scènes très faciles à suivre, tout est prévu pour que les enfants adhèrent et découvre la BD japonaise en douceur. Sauf le prix. Franchement, 10,55 € pour un manga de 168 pages, même en couleurs, c’est beaucoup trop. En dehors de ça, Chi est une très bonne surprise et ravira petits et grands amateurs de chats. Dernière précision, Chi signifie « pipi » en japonais. Ce nom n’est pas donné par hasard au chaton, il faudra lire ce premier tome pour en découvrir la raison.



Chi, une vie de chats T1, de Kanata Konami, Glénat, 2010. 168 pages. 10,55 euros.


Manon, Camille et Erika continuent dans ce second volume d’enchaîner les situations cocasses avec leurs félins respectifs. Pamplemousse le chasseur de papillons, Bouboule le gros glouton et Imnotep le fier chat de race s’en donnent à cœur joie. Les filles les emmènent en vacances sur l’île de Noirmoutier et entre la plage et les grandes ballades, personne n’a le temps de s’ennuyer.

Une série très Girly et pleine de fraîcheur, même si les gags se révèlent au final rarement drôles. Le dessin de l’italienne Paola Antista est vif, nerveux et très expressif. Mais l’impression générale reste mitigée. Si j’osais, je dirais que tout cela ronronne un peu et manque singulièrement de punch ! Du franco-belge classique et à mes yeux dispensable.


Chats ! T2 : Chats bada-bada, de Frédéric Brémaud et Paola Antista, Hugo BD, 2010. 48 pages. 9,95 euros.


L’info en plus : La série Chi compte 8 volumes et est toujours en cours au Japon. Les éditions Glénat ont prévu de sortir en France le tome 2 fin janvier et le tome 3 à la mi-mars 2011.

mercredi 24 novembre 2010

Le dernier des Mohicans

Nouveau Monde, 1757. La guerre entre Anglais et Français fait rage. Ces derniers, aidés de leurs alliés indiens, assiègent le fort Henry dans lequel est retranché le colonel Munro.
Les filles du colonel anglais, Alice et Cora, souhaitent rejoindre leur père. Magua, chef Huron en rupture de ban, se propose de les guider jusqu’au fort. Mais son but est d’enlever les deux jeunes femmes afin de les emmener dans sa tribu. Sauvées par œil de faucon, un coureur des bois anglais accompagné de deux guerriers Mohicans, Alice et Cora arrivent à destination au moment de la reddition de leur père. A nouveau capturées par Magua, elles ne devront leur salut qu’au courage d’Uncas, le dernier des mohicans.

Cromwell propose ici une adaptation très libre du roman de Fenimore Cooper. Il n’a choisi d’illustrer que les scènes les plus marquantes, faisant de son album une longue traque dans les bois. C’est un des points faibles de l’ouvrage. L’intrigue, trop décousue, est difficile à suivre. Mais l’important n’est pas là. Cette adaptation vaut essentiellement pour son incroyable démonstration graphique. Rarement on a vu une ambiance crépusculaire aussi bien rendue. Cromwell a utilisé une peinture acrylique, travaillant tous ses dessins à la brosse avant de les scanner et de faire un montage en double page par ordinateur. Les images, saturées de rouge, d’ocre ou de vert, offrent une lumière oppressante dont on ne saurait dire si elle est diurne ou nocturne. Dans une interview, Cromwell s’avouait passionné par l’expressionnisme allemand. La référence saute aux yeux tout au long de l’album. Autre influence revendiquée par l’auteur, le courant de l’Hudson River School créé par l’américain Thomas Cole.

Les indiens de Cromwell, au teint diaphane, sont secs et noueux comme des branches sur le point de rompre. L’atmosphère est à la fois tendue et onirique. La violence est tantôt brute, tantôt très poétique. On imagine le claquement des arcs, le bruit du Tomahawk fracassant un crâne. Et cette forêt : sombre, silencieuse, où les ombres se faufilent entre les arbres, prêtes à jaillir sur leur proie à tout moment.

Un album sauvage et beau, tout simplement.

Le dernier des Mohicans, de Cromwell, Soleil (Noctambule), 2010. 118 pages. 17,95 euros.



L’info en plus : A l’occasion des fêtes de fin d’année, les éditions Soleil proposent une version de luxe de l’album de Cromwell. Un ouvrage très grand format, orné de dorures au fer chaud dans une version agrémentée d’une vingtaine de pages supplémentaires, le tout au prix de 45 euros. Une belle idée de cadeau !



La BD du mercredi, chez Mango
Le challenge Pal sèche de Mo'
     

mardi 23 novembre 2010

Concours Tardi - Manchette : les résultats


Le concours Manchette / Tardi s’est terminé hier soir et les 3 gagnants sont connus.

Vous avez été plus de 600 à participer, ce qui est tout simplement incroyable !

Afin de réaliser le tirage au sort le plus neutre et le plus équitable possible, j’ai utilisé un petit logiciel qui se nomme The Hat. Pour ceux qui sont intéressés, toutes les informations concernant The Hat se trouvent ici : http://dojokart.forumpro.fr/tournois-amicaux-f6/logiciel-de-tirage-au-sort-t1839.htm (Merci à Mo’ pour le lien).

Avant de révéler les noms des gagnants, voici d’abord les bonnes réponses aux 3 questions :

Manchette et Tardi ont publié en 1978 un album aux éditions du Square. Quel est le titre de cet album qui vient d’être réédité par Casterman ? Griffon

Dans Le petit bleu de la côte Ouest, quel est le nom du personnage principal ? Gerfaut

Tardi s’est lancé dans l’adaptation d’un troisième roman de Manchette qui devrait sortir en 2011. Quel est le titre de ce roman ? Nada

Et maintenant, roulement de tambour… Les trois gagnants sont :

- Marc Faverot

- Paola Topetta

- Claude Siellet

La preuve en image ci-dessous :



Merci à tous d’avoir participé et à très bientôt puisque le prochain concours (avec toujours des BD à gagner) se déroulera d’ici une petite quinzaine de jours.

lundi 22 novembre 2010

Thomas Drimm T2 : La guerre des arbres commence le 13

Thomas Drimm est parvenu à détruire le bouclier anti-matière qui retenait les âmes des défunts sur terre afin de les utiliser comme source d’énergie. Mais si les morts peuvent enfin reposer en paix, la fin du bouclier signifie pour les États-Uniques le début des pires ennuis. Sans cette protection, le pays est envahi par les pollens toxiques envoyés par les végétaux qui semblent avoir programmé la destruction des humains. La guerre des arbres est donc déclarée. Et Thomas est une fois de plus au cœur d’un complot qui le dépasse…

J’ai lu les deux volumes à la suite et la différence de niveau entre le premier et le second est incroyable. Cette deuxième aventure est d’un ennui terrible, limite soporifique. C’est très long, trop long. Il n’y a quasiment plus d’action, plus d’humour et tous les personnages qui faisaient le sel du premier volume n’apparaissent qu’épisodiquement. Léo Pictone et Boris Vigor font de la figuration et Brenda joue un petit rôle dans les soixante dernières pages mais elle a perdu toute sa gouaille et son coté subversif. L’ouvrage est truffé de considérations politico-philosophiques barbantes et Thomas est devenu agaçant à force de se poser toujours les mêmes questions : et si j’étais manipulé ? Et dois-je faire confiance à untel plutôt qu’à untel, oui mais si c’est le cas, ça veut dire que peut-être… On a envie de lui dire, arrête de te prendre la tête, décide toi une fois pour toute et avance, bon sang !

Il faut reconnaître que tout cela est bien écrit. C’est au niveau de l’intrigue qu’il y a un vrai problème. Plusieurs passages m’ont semblé tenir davantage du remplissage que d’une nécessité pour faire avancer l’histoire. Comme si Didier Van Cauwelaert avait dû trouver quelque artifice pour atteindre les 300 pages et ne pas sacrifier la sacro-sainte trilogie qui est devenue la norme de tout bon cycle de littérature jeunesse qui se respecte. Peut-être que je me trompe, mais c’est vraiment le sentiment que j’ai eu à plusieurs reprises au cours de la lecture, notamment lors de l’épisode où Thomas et son père se retrouvent dans la forêt sacrée. Le père justement, qui devient le second personnage principal du récit est très fade depuis qu’il est devenu sobre. Je le préférais largement en alcoolo. Il était certes aigri mais aussi très lucide sur la situation politique des États-uniques. Il perd dans ce second volume toute sa causticité, rentrant en quelque sorte dans le moule. Et que dire du cliffhanger final ? C’est une pirouette pour annoncer une suite qui n’a pas lieu d’être. Juste une belle occasion d’exploiter le filon.

Bref, vous l’aurez compris, ce second volume frôle le ratage total. Une très grosse déception.


Thomas Drimm T2 : la fin du monde tombe un jeudi, de Didier Van Cauwelaert, Albin Michel, 2009. 392 pages. 17 euros. Dès 13 ans.

L’info en plus : On nous l’annonce à la dernière page : Thommas Drimm revient dans Le temps s’arrête à midi cinq. Évidemment. Le dogme de la trilogie se doit d’être respecté. Dans le cas contraire, Thomas Drimm ne pourrait être reconnu comme une véritable œuvre de littérature jeunesse accomplie. Personnellement, ce sera sans moi.


Un ganrd merci à Livraddict et aux éditions Albin Michel pour ce partenariat.

vendredi 19 novembre 2010

Les voyages de Théodore T1 : Le Mont des Brumes

Théodore Chipmunk est un jeune écureuil qui vit paisiblement dans la forêt sauvage. Passionné par les contes et les légendes, il est persuadé que les humains ont existé autrefois, même si ses proches lui affirment le contraire. Lorsque son refuge est frappé par une terrible inondation, Théodore est emporté par les flots et atterrit dans la Cité des ruines, une ville humaine à l’abandon dans laquelle vivent d’étranges animaux dont une terrible Dragonne qui fait régner la terreur parmi les habitants. Théodore y rencontre successivement le Porc-épic Ferdinand et l’Ourse Olive qui deviendront ses amis. Olive finalise la réparation d’une machine volante qui doit lui permettre de rentrer chez elle sur le Mont des Brumes. Les trois comparses s’embarquent pour une aventure palpitante qui leur fera notamment découvrir le dernier humain vivant sur terre…

Première réflexion en refermant l’ouvrage : c’est mignon tout plein. Des héros positifs, une indéfectible amitié, quelques réflexions écologiques saupoudrées avec parcimonie, le tout enrobé d’un nappage dégoulinant de bons sentiments. La recette fonctionne à merveille. Il est évident que les bons lecteurs dès huit ans vont se régaler en dévorant les aventures de Théodore et de ses acolytes.

Du point de vue formel, l’originalité tient ici dans l’alternance entre chapitres en prose et chapitres en bande dessinée. Le trait de Jon Buller est simple et efficace. Il sait croquer les animaux avec justesse. On pense parfois au Petit-Ours de Maurice Sendak. La bichromie donne un petit cachet vintage du meilleur effet. Si l’on rajoute le cartonnage épais et la superbe jaquette aux liserés dorés, on se retrouve avec un bel objet-livre fort agréable à manipuler, même pour les petites mains.

Une très bonne production jeunesse que certains trouveront peut-être trop lisse ou trop gentillette. Le principal est que les enfants y trouvent leur compte. Et de ce coté-là, je ne me fais pas trop de soucis.

Les voyages de Théodore, tome 1 : Le Mont des brumes, de Susan Shade et Jon Buller, Bayard Jeunesse, 2009. 248 pages. 14,50 euros. A partir de 8 ans si l’on est bon lecteur.




L’info en plus : Le second tome des aventures de Théodore vient de sortir en France sous le titre, L’île de Faravole. Le troisième et dernier est paru aux USA en juillet 2009. A découvrir chez nous l’automne prochain, toujours aux éditions Bayard.