samedi 8 juin 2019

Bof, bof, bof...

Trois bof, rien que ça. Bientôt un mois et demi que je n’ai pas parlé de littérature « adulte » ici-même et ce n’est pourtant pas faute d’en avoir lue. Mais rien qui ne justifie à mes yeux l’intérêt d’en faire un billet. A part peut-être pour les trois titres suivants dont j’attendais beaucoup et qui ne se sont pas révélés à la hauteur de mes espérances.


J’adore Antoine Choplin, c’est un auteur d’une intelligence et d’une sensibilité qui me touchent particulièrement. Avec ce roman-là pourtant, la magie n’a pas fonctionné. Une fois encore il mélange la petite et la grande histoire en situant son récit dans le Chili de l’après-dictature. Un astronome solitaire rencontre une belle inconnue au musée de la mémoire dédié aux victimes de Pinochet. Elle lui rend visite quelques temps plus tard dans son observatoire au bord du Pacifique. Et puis rien. Rien de notable du moins. Pas d’intensité ni d’émotion particulière, j’ai regardé se nouer leur idylle de loin, pas franchement concerné ni séduit par le déroulement des événements. Encéphalogramme plat malgré une écriture toujours pleine de charme. Dommage.

Partiellement nuageux d’Antoine Choplin. La fosse aux ours, 2019. 135 pages. 16,00 euros.


Encore un auteur que j’adore et encore un encéphalogramme plat. Je me suis contenté de retenir une intrigue sans relief (l’empoisonnement de truites, c’est moyen comme grand crime à résoudre, non ?), des personnages sans épaisseur (Tucker par exemple, le propriétaire des truites, n’est qu’une grosse caricature sans nuance du beauf prêt à tout pour s’enrichir) et des coups de théâtre tellement prévisibles qu’on les voit venir à des kilomètres. Bref, pas grand-chose à sauver dans ce roman tout sauf inoubliable.



Un silence brutal de Ron Rash. Gallimard, 2019. 272 pages. 19,00 euros.



Pour celui-ci, j’avais vraiment de gros espoirs. Du noir rural au fin fond des Vosges, un village paumé, des autochtones mal embouchés et une ambiance poisseuse à souhait, le pitch était alléchant. Je m’imaginais un truc violent dans l’esprit de L’été des Charognes ou au moins aussi  âpre et rugueux qu’un roman de Franck Bouysse. A la limite une atmosphère plus poétique et proche du nature writing à la André Bucher m’aurait convenu aussi, mais malheureusement on en reste très éloigné.

Le problème de ce texte vient clairement de l’écriture. Bien trop ample, bien trop bavarde, bien trop ampoulée. Chez les taiseux vosgiens, il aurait fallu que chaque phrase aille à l’essentiel, sans circonvolutions inutiles. Pelot s’égare dans une prose boursouflée alors qu’il aurait clairement dû rester sur l’os. J’ai eu la désagréable impression qu’il se regardait écrire, qu’il se perdait dans une démonstration de style non seulement sans intérêt mais qui, en plus, desservait grandement son propos. Au final une très grosse déception pour ce pavé qui aurait gagné à être largement dégrossi.

Brave gens du purgatoire de Pierre Pelot. Éditions Héloïse d’Ormesson, 2019. 510 pages. 22,00 euros.


Trois bof donc, et rien de transcendant à l’horizon parmi mes lectures en cours, le problème vient peut-être de moi mais tout me semble fade en ce moment. Une mauvaise passe qui je l’espère prendra fin avec la pause estivale à venir. Wait and see... 







mercredi 5 juin 2019

Trashed - Derf Backderf

Akron, Ohio, début des années 80. J.B a arrêté ses études et glandouille chez ses parents. Répondant à une petite annonce du service d’entretien de la ville, il pense être embauché pour tondre les pelouses municipales mais se retrouve finalement accroché à l’arrière d’un camion poubelle. Chaque jour de sa vie d’éboueur devient une aventure aussi épuisante que déprimante et sa plongée dans l’enfer des déchets lui montre que le contenu des poubelles révèle souvent la nature peu reluisante de leurs propriétaires.

Hilarant et affligeant. Édifiant et effrayant. Ce roman graphique inspiré de la propre expérience d’éboueur de Derf Backderf est l’occasion pour lui de dénoncer avec force humour à la fois la surconsommation et le j’menfoutisme total de ses congénères dans la gestion de leurs déchets. Au fil de leurs tournées J.B et son copain Mike accumulent les déconvenues. Sacs surchargés qui se déchirent dès qu’on les soulève, poubelles infestées de vers et de mouches, encombrants laissés au bord de la route en dehors des jours de ramassage, animaux écrasés à décoller du bitume avec une pelle avant de les jeter dans la benne du camion, chaque nouvel arrêt est source de désagrément et d’écœurement. Sans compter les aléas climatiques et les agissements d’habitants toujours prompts à dénoncer un ramassage bâclé ou à profiter de leurs relations dans les hautes sphères municipales pour obtenir des passe-droits et compliquer la tâche des éboueurs.

C’est drôle et effarant mais pas seulement. J.B et Mike développent une rancœur tenace. Ils ont sur le dos un chef zélé qui ne les lâche pas d’une semelle. Trop crevés pour sortir le soir, puants comme des rats morts même après une douche prolongée, ils voient leur vie sociale disparaître sous l'amoncellement des ordures et en viennent à détester tous les habitants de leur bled, au point de se venger à leur façon, sans finesse mais avec une redoutable efficacité.

Au-delà du portrait décapant de J.B et de sa « vie de merde », comme il la qualifie lui-même, Derf Backderf interroge le rapport de l’américain moyen (voire en dessous de la moyenne) avec son mode de vie consumériste tout en dénonçant sa totale absence de réflexion sur son impact environnemental. Sous le vernis de la chronique déjantée affleure donc une prise de position engagée doublée d’une dimension pédagogique assumée, notamment dans les notes de conclusion où l’auteur offre des explications aussi sérieuses que documentées sur le traitement des déchets aux États-Unis. Une lecture évidemment peu ragoûtante mais qui se révèle au final distrayante et instructive.

Trashed de Derf Backderf (traduit de l’anglais par Philippe Touboul). Ça et Là, 2015. 240 pages. 22,00 euros.













mardi 4 juin 2019

Je ne suis pas un héros - Sophie Adriansen

« On ne peut pas accueillir toute la misère du monde chez nous. […] Juste cette maman-là, avec ses enfants. »

Bastien a pris l’habitude de voir cette maman roumaine et ses deux filles assises sur le trottoir devant la boulangerie où il va chercher son goûter chaque jour après l’école. A chaque fois qu’il les regarde il se sent mal à l’aise. Elles paraissent tellement sales que ça le dégoutte. Alors quand il les voit débarquer dans son appartement après une journée pluvieuse, la surprise est totale ! Sa mère et sa petite sœur Capucine leur ont proposé de s’installer temporairement dans la chambre d’amis, le temps de contacter la mairie et des associations pour trouver une solution de logement durable. Pour Bastien c’est la douche froide. Cohabiter avec « ces gens-là » est vraiment difficile et la mauvaise volonté du jeune garçon n’arrange pas les choses.

Une famille aisée d’un quartier chic de Paris qui vient en aide à une famille en situation irrégulière à la rue, ça pourrait vite tourner au cliché dégoulinant de bons sentiments. Sauf que Sophie Adriansen aborde la question avec de jolies nuances qui évitent ce genre de facilité. Bastien n’est pas « accueillant ». Il se fiche de la situation de ces personnes et voit juste son train-train douillet perturbé par leur arrivée. Pour lui, elles sont un fardeau, une source de problèmes. Du moins au début. Bien sûr son point de vue évolue. Certes difficilement mais la prise de conscience de la nécessité de leur venir en aide finit par être bien réelle. Là encore pourtant, Sophie Adriansen évite avec un douloureux réalisme l’écueil du « tout est bien qui finit bien ». 

Une belle réflexion sur les risques que l’on choisit parfois de prendre pour venir en aide à des personnes que l’on ne connaît pas et sur la notion de solidarité, ce délit pouvant être puni par la loi française selon les circonstances. Au-delà se pose aussi la question des motivations qui poussent à rendre service aux autres. Le point de vue de Bastien est très intéressant. Son regard d’enfant n’a rien d’innocent, il exprime un ressenti sans filtre, loin du politiquement correct. Comme le dit le titre il n’est pas un héros, juste un petit garçon dépassé par des événements dont il ne peut comprendre les enjeux et qui analyse les choses à hauteur de ses propres intérêts, avec un franc-parler qui le rend très attachant.

Un roman intelligent doublé d’une ode à la tolérance et au respect de la dignité humaine. Un roman jeunesse forcément essentiel, surtout par les temps qui courent.

Je ne suis pas un héros de Sophie Adriansen. Fleurus, 2019. 160 pages. 12,90 euros. A partir de 9 ans.


Une pépite jeunesse comme toujours partagée avec Noukette














mercredi 29 mai 2019

Maïdan Love T1 : Olena - Aurélien Ducoudray et Christophe Alliel

C’est beau l’amour. Regardez Olena et Bogdan. Ils s’aiment et rien d’autre ne compte, même pas les remous politiques d’une Ukraine en crise.

Février 2014, Kiev s’embrase. Bogdan sort tout juste de l’école de police auréolé de son statut de « Berkout » (flic antiémeute). Olena manifeste sur la place Maïdan pour renverser le gouvernement. Envoyé sur les lieux pour sa première mission de maintien de l’ordre, Bogdan reçoit sur son portable un SOS d’Olena. Prêt à tout pour la retrouver et lui venir en aide, il devient malgré lui une icône des insurgés. Improbable me direz-vous. Certes, mais les talents de conteur d’Aurélien Ducoudray transforment cette romance en récit haletant, proche de la course poursuite.

Bogdan semble être dans un labyrinthe sans fin. Sa copine disparaît, il déserte, se fait tabasser par des manifestants avant d’endosser les habits de héros de la révolution tout en étant traqué par ses ex-collègues. Au-delà des nombreuses péripéties, le scénariste s’attache à décrire avec clarté une situation politique des plus complexes. Le mélange de la petite et de la grande histoire fait mouche, le rythme est parfait, le découpage dynamique en diable et le dessin de Christophe Alliel restitue à merveille l’atmosphère irrespirable d’une ville au bord de l’explosion.

Ce premier tome d’un diptyque se conclut comme il se doit sur un insoutenable suspens. Et comme il se doit, j’attends la suite avec la plus grande impatience !

Maïdan Love T1 : Olena d’Aurélien Ducoudray et Christophe Alliel. Grand Angle, 2019. 56 pages. 14,90 euros.




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mardi 28 mai 2019

Le concours de nouvelles - Jo Hoestlandt

Orane, bientôt 14 ans, décide sur un coup de tête de participer à un concours de nouvelles. Excellente en français, la collégienne a toujours aimé écrire. Seulement, écrire pour soi et écrire pour un jury littéraire, cela n’a rien à voir. Conseillée par sa prof de français et encouragée par la documentaliste, Orane s’installe au CDI, bien décidée à se lancer. Mais l’exercice n’est pas simple. Que raconter ? Et comment le raconter ? Très vite elle s’oriente vers une histoire très personnelle, une histoire d’amitié déçue qui reste pour elle une blessure à vif.

Du Jo Hoestlandt tout craché ! Une histoire simple, pleine de pudeur et de délicatesse, des personnages sensibles, une émotion contenue et des rencontres inattendues qui réservent de belles surprises. Orane manque de confiance en elle, c’est une solitaire qui peine à nouer des contacts avec ses camarades. Et quand elle y parvient la déception est au bout du chemin. Si l’écriture n’est pas un exutoire, c’est néanmoins une façon de clore un chapitre qu’elle n’avait jusqu’alors pas pu refermer, de « tirer un trait définitif sur ce douloureux moment de [sa] vie ».

Après l’ode à la lecture de mardi dernier ce « Concours de nouvelles » offre un bel hommage au pouvoir de l’écriture, à cette capacité qu’ont parfois les mots à exprimer le mal être et à panser les plaies : « Sans doute est-ce cela aussi, parfois, écrire : s’adresser en longue et intime confidence à d’invisibles amis, dans l’espoir fou qu’ils vous comprendront, qu’ils vous pardonneront vos erreurs et vous aimeront autant. »

Le concours de nouvelles de Jo Hoestlandt. Magnard, 2019. 145 pages. 11,90 euros. A partir de 10-11 ans.   




Une lecture commune évidemment partagée avec Noukette














mercredi 22 mai 2019

La maison de la plage - Séverine Vidal et Victor L. Pinel

La maison de la plage, la tribu y passe tous les étés. Les trois frères, leurs enfants et Elno, le petit fils. Mais cette année l’ambiance est pesante. Albert, l’un des trois frères, voudrait récupérer sa part. Pour sa nièce Julie, impossible d’imaginer perdre cette maison. Enceinte et ayant perdu son compagnon dans un accident de voiture, la jeune femme  franchit le seuil de la maison des idées noires plein la tête. Soutenue par sa cousine Coline, elle attend l’arrivée du reste de la famille en espérant qu’une solution sera trouvée pour que la maison de la plage ne soit pas vendue.

2018, 1968, 1959. Trois époques et un même lieu, trois parties qui n’en font qu’une. D’abord le présent, ensuite le moment où les grands parents ont acquis la maison et enfin un coup de projecteur sur les propriétaires précédents et leur douloureuse histoire. Un roman graphique qui se veut positif malgré ses personnages bousculés par les aléas du destin. La construction alternant entre les époques est facile à suivre et toutes les pièces du puzzle s’imbriquent avec fluidité. Rien de révolutionnaire niveau scénario mais le but est atteint, on s’attache à tous les protagonistes et l’empathie ne fait que grandir au fil des pages.

Pourtant j’y suis allé à reculons. J’ai senti d’emblée un arrière-goût de feelgood dégoulinant de bienveillance et de bons sentiments et j’ai eu peur de tomber dans un récit insistant lourdement sur les effets dramatiques pour faire pleurer dans les chaumières. Heureusement ce n’est pas le cas, Séverine Vidal ne mange pas de ce pain-là et je la remercie de m’avoir évité une lecture inutilement larmoyante. Pour ce qui est du dessin, difficile de ne pas tomber sous le charme du trait lumineux et expressif de Vicor L. Pinel, un trait à l’évidence idéal pour illustrer une telle histoire.

Au final un joli roman graphique tout en pudeur et en émotion contenue. Simple et imparable !

La maison de la plage de Séverine Vidal et Victor L. Pinel. Marabulles, 2019. 160 pages. 17,95 euros.





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mardi 21 mai 2019

Le trésor de Barracuda - Llanos Campos

Il était une fois une bande de pirates menée par le terrible capitaine Barracuda. Une bande de pirates à la recherche du fabuleux trésor de Phineas Krane. Ce trésor, ils le trouvèrent. Malheureusement, ce trésor n’était qu’un vulgaire livre. Des années à parcourir les mers pour tomber sur un fichu bouquin en guise de récompense, quelle déception ! Jamais les pirates n’avaient vu trésor aussi inutile. Quel intérêt pouvait avoir un livre quand on ne savait pas lire ? Parmi eux, seul le corse surnommé "Deux-Dents" parvenait à déchiffrer quelques mots. Quand ses compagnons le trouvèrent un soir tapi sous l’escalier de la cale le livre entre les mains, ils lui demandèrent de leur en faire la lecture. Et très vite ils le sommèrent de leur apprendre à lire. Ce fut le début de la plus grande aventure que l’équipage ait jamais connue…

Quelle belle découverte ! Un roman de piraterie qui démontre avec brio que la lecture est le plus beau des trésors. Racontée par un jeune mousse plein d’entrain, l’histoire est drôle et pleine de rebondissements. Le livre trouvé par les pirates est l’autobiographie de Krane. Il renferme de précieuses indications qui vont permettre de déchiffrer des secrets bien gardés. Au cœur d’un volcan ou dans une maison abandonnée en pleine jungle, c’est en lisant entre les lignes que la troupe de Barracuda va parvenir à percer les mystères les mieux cachés.

Entre tempêtes et criques paisibles, tavernes mal famées et fêtes à tout casser sur le pont du bateau, le récit déroule avec gourmandise une succession de scènes plus savoureuses les unes que les autres. Au fil des événements les pirates prennent conscience du pouvoir offert par la maîtrise de la lecture. Pour la première fois de leur vie ils peuvent lire un menu ou s’orienter dans une ville en déchiffrant le nom des rues. Une source infinie d’enrichissement qu’aucune pierre précieuse ne pourra jamais égaler.

Un roman d’aventure original qui prouve s’il en était encore besoin que la lecture est à la fois un bagage indispensable et un émerveillement de chaque instant.   

Le trésor de Barracuda de Llanos Campos (traduit de l’espagnol par Anne Cohen Beucher, illustré par Nicolas Pitz). L’école des loisirs, 2018. 175 pages. 13,50 euros. A partir de 9 ans.




Une lecture commune partagée avec Noukette












mardi 14 mai 2019

Nos cœurs tordus T2 : New-York avec toi - Séverine Vidal et Manu Causse

« Un pauvre gars handicapé, sa muse cérébrale, son petit pote de la cité, la copine en fauteuil, des jumelles fusionnelles et un ado trisomique à l’assaut du rêve américain. »

Quel plaisir de retrouver Vlad, Lou, Saïd, Mathilde, Dylan, Théa et Charlie ! Après s'être formée non sans remous dans le premier volume, cette bande hétéroclite s’apprête à s’envoler pour New-York afin de participer à un festival de films amateurs pour lequel le court métrage de Vlad et Saïd a été sélectionné. Alors que Dylan, trisomique, est resté au collège, ses ex-camarades ont tous fait leur entrée au lycée. Vlad « le pantin désarticulé » et Lou filent le parfait amour, Saïd aimerait que Charlie s’intéresse à lui tandis que Mathilde, en fauteuil roulant, est toujours aussi râleuse. Accompagné du principal Flachard et de l’AVS Irène, les enfants vont découvrir Big Apple et passer un séjour où les émotions fortes seront au rendez-vous.

Toujours écrit à quatre mains par Séverine Vidal et Manu Causse, les tribulations de ces cœurs tordus m’ont à nouveau ravi du début à la fin. Toujours pas la moindre mièvrerie ni le moindre apitoiement, toujours un bel alliage de subtilité et de sensibilité, toujours un regard sans langue de bois sur le handicap et toujours la même facilité à se mettre avec le plus grand réalisme dans la tête des ados. A chaque chapitre l’un d’eux prend la parole et à chaque chapitre on découvre une personnalité aussi forte que touchante. La variété des caractères est incontestablement le point fort du roman, elle permet des interactions crédibles et tout en nuances.

L’écriture est vive, moderne, pleine de peps et une fois encore, malgré les embûches et le grand huit émotionnel n’occultant aucun coup dur, on ne peut s’empêcher de refermer ce roman jeunesse en se disant qu’il déborde de joie de vivre !

Nos cœurs tordus T2 : New-York avec toi de Séverine Vidal et Manu Causse. Bayard Jeunesse, 2018. 272 pages. 13,90 euros. A partir de 11 ans.


Mon avis sur le tome 1







lundi 29 avril 2019

Open Bar - Fabcaro

D’entrée le ton est donné avec cet enfant se plaignant qu’il y a un bébé éléphant dans sa salade et la réponse que lui font ses parents : « Ah mais c’est rien ça, c’est parce qu’elle est bio, ça prouve qu’il n’y a aucun pesticide… Tu préfères un bébé éléphant dans ta salade ou un cancer des testicules ? ».

Tout Fabcaro dans cette première page. Humour noir, décalé, non-sens qui déclenche le fou rire, la recette fonctionne toujours. Les cibles sont multiples : médias, hommes politiques, écolos, bourgeois coincés, couples qui ne se regardent plus, patronat, syndicats, commerçants, services publics, personne n’y  échappe. Le quotidien est disséqué jusqu’à l’absurde, sans limite, pour refléter toute la bêtise de notre époque. Il suffit d’un quiproquo, d’un mot mal compris, d’une affirmation hors de propos et chaque situation, de prime abord banale, vire au grand n’importe quoi. Clairement, plus c’est gros et plus ça passe !

Aplat de gris déprimant, quasi absence de décor et visages inexpressifs, le parti pris graphique renforce le côté absurde. Le décalage entre la neutralité du dessin et le côté « délirant » du propos constitue un ressort humoristique redoutablement efficace. Malgré tout, et contrairement aux albums précédents, je me suis surpris à trouver certaines chutes faiblardes et certains gags un peu faciles.

Sans vouloir être trop sévère, disons plutôt que l’effet de surprise ne fonctionne plus. Pour ceux qui n’ont jamais lu l’auteur de Zaï zaï zaï zaï pas de souci, cet Open Bar constitue une entrée en matière qui donne le ton de l’ensemble de sa production. Par contre, si on est habitué à son univers, il se peut qu’une légère impression de déjà-vu se fasse sentir. Entendons-nous, ça reste excellent et Fabcaro est encore loin de tourner en rond mais disons qu’un léger renouvellement serait bienvenu.

Open Bar de Fabcaro. Delcourt, 2019. 54 pages. 13,50 euros.


Une lecture commune partagée avec Noukette.








mercredi 24 avril 2019

Catamount T3 : La justice des corbeaux - Benjamin Blasco-Martinez

Suite au plan machiavélique de Berton, un promoteur véreux voulant s’accaparer des terres pour y faire passer le chemin de fer, le jeune Catamount est accusé à tort du meurtre de ses parents adoptifs. Traqué par tous les chasseurs de prime du Nebraska, il semble s’être volatilisé dans la nature. Pad le trappeur et le colonel Stark retrouvent cependant sa trace en pleine forêt. Capturés par les indiens Crows, les deux hommes découvrent que Catamount a été recueilli par la tribu. Pour sauver les captifs d’une mort certaine, ce dernier « jure de rendre la justice aux crows ».

Benjamin Blasco-Martinez poursuit son adaptation des romans d’Albert Bonneau publiés dans les années 50. Il clôt avec ce troisième tome une trilogie puissante, portée par des dessins somptueux et une tension dramatique électrisante. Les grands espaces, la rudesse de l’hiver, les indiens, les fusillades, la vengeance, les affreux jojo et le héros au cœur pur, les ingrédients sentent à plein nez le déjà-vu mais leur association fonctionne à merveille.

Un western old school très cinématographique et redoutablement efficace qui revisite sans lourdeur toute la mythologie de l’Ouest sauvage. Certaines pages relèvent du tour de force graphique et offrent des tableaux d’une beauté saisissante. Il s’en dégage une atmosphère d’une dureté implacable qui m’a rappelé les meilleurs épisodes de la série Durango, qui reste pour moi la référence absolue en matière de western en BD. Sans conteste, pour les amateurs du genre, cette trilogie est d’ores et déjà à classer dans la catégorie des incontournables.

Catamount T3 : La justice des corbeaux de Benjamin Blasco-Martinez, d’après les romans d’Albert Bonneau. Petit à Petit, 2019. 62 pages. 14,90 euros.


Mon avis sur les tomes 1 et 2




Les BD de la semaine sont chez Noukette