J’ai adoré la partie historique de ce petit bouquin. Saviez-vous qu’en Chine, à l’époque des concubines, les femmes pouvaient obtenir le divorce si elles n’étaient pas comblées sexuellement ? Et chez les Taoïstes, il convenait de ne pas gaspiller sa semence et on conseillait aux hommes, pour garder la santé, quelques libérations occasionnelles en fonction de l’âge (pour moi par exemple, à 40 ans, je n’aurais eu droit qu’à une éjaculation tous les dix jours. Autant dire que j’aurais été incapable de respecter la prescription. Bref, passons…). Toutes les cultures et les époques sont rapidement passées en revue (Babylone, Inde, Grèce antique, monde arabo-musulman) et offrent des visions parfois très différentes de la maîtrise de l’éjaculation (sachant que jusqu’au 20ème siècle, la domination masculine impliquait le plus souvent un acte sexuel rapide où l’homme tenait le rôle de fécondateur-procréateur et ne s’inquiétait jamais du plaisir éventuel de sa partenaire).
J’avoue par contre avoir survolé la partie consacrée à l’anatomie et la physiologie. Je ne suis pas un spécialiste mais je vois à peu près comment les choses fonctionnent.
Dès le troisième chapitre, on rentre dans le vif du sujet. Le problème est simple : un homme souffrant d’éjaculation prématurée ne peut maîtriser son excitation dans la minute qui suit la pénétration. Cette impossibilité de retarder l’éjaculation est source de frustration et de détresse, elle peut même engendrer un comportement d’évitement de l’intimité sexuelle.
Les solutions ? Elles sont d’abord psychologiques. Apprendre à devenir réceptif, à apprivoiser sa "fougue", à se concentrer sur ses propres sensations érotiques. Détecter l’imminence orgasmique et maîtriser son excitation. Plus facile à dire qu’à faire puisque l’éjaculation est un réflexe et qu’une fois le processus enclenché, il est inarrêtable. En premier lieu, tout se passe dans la tête. La modulation de l’excitation est la clé, il faut savoir faire monter et descendre cette excitation sans dépasser le point de non retour. Une question de rythme, de respiration, de complicité avec sa ou son partenaire, une question de travail sur soi mais aussi de confiance en l’autre.
Les solutions plus « pratiques » peuvent aussi avoir des effets bénéfiques. Se masturber (indispensable pour l’apprentissage du « contrôle »), avoir un deuxième rapport peu de temps après avoir éjaculé (pour ceux qui ont la forme), faire des pauses en plein coït pour laisser redescendre l’excitation (pas vraiment top pour la partenaire mais qui veut aller loin ménage sa monture) ou encore privilégier certaines positions moins stimulantes (notamment celles où la femme est au-dessus de l’homme). Reste une solution radicale, le fameux squeeze ou compression du gland, à effectuer au moment de l’imminence éjaculatoire. En gros, on se retire en plein exercice et on se pince (ou on vous pince) fortement le gland avant de se remettre à la tâche. Pour le coup, la complicité avec votre partenaire doit être au top. Une pratique juste inimaginable pour moi, nanmého ! (et j’aime autant vous dire que celle qui me pincera le gland n’est pas encore née ! Bref, passons…).
Ce n’est pas forcément le bouquin que l’on offre à son mari, son chéri ou même un copain, je vous l'accorde. Ce petit guide très sérieux et parfaitement documenté est pourtant hautement recommandable tant il aborde la question avec finesse (pas comme moi dans ce billet !), tant il dédramatise, relativise et est au final porteur d'espoir. Vraiment excellent !
Osez les conseils d’un sexologue pour maîtriser votre éjaculation du Dr Marc Bonnard. La Musardine, 2015. 220 pages. 9,90 euros.