Guerre de Sécession. Constance abandonne sa ferme de l’Indiana et s’engage dans l’armée nordiste à la place de son homme. Tant par amour que par conviction. Cheveux coupés, poitrine bandée, muscles saillants, Constance devient Ash, un soldat comme un autre, qui ne rechigne pas à la tâche et révèle des talents de tireur d’élite. Un soldat bien plus courageux que la moyenne, montant au front sans jamais reculer d’un pouce, se libérant après avoir été capturé par l’ennemi avant d’être interné dans un asile psychiatrique. Un soldat qui restera marqué à vie par le conflit, hanté par des fantômes du passé (sa mère) et du présent (tous ceux croisés sur les champs de bataille).
Les historiens estiment à cinq cents le nombre de femmes s’étant travesties afin de partir combattre pendant la guerre de Sécession. Laird Hunt ne donne pas dans le documentaire, il offre un récit picaresque, le récit d’une tragédie où se côtoient la dure réalité d’un conflit abominable et des passages onirico-fantastiques. Constance/Ash n’est pas épargnée par les épreuves, par les blessures tant physiques que psychologiques. Elle souffre, se bat et survit, mais ne sortira pas indemne d’une telle épreuve.
Neverhome relate les dégâts causés par le syndrome du stress post-traumatique que personne n’était capable de nommer à l’époque. C’est aussi l’histoire d’un départ et d’un impossible retour (d’où le titre). Une sorte d’Ulysse revisité où, une fois démobilisée, Constance s’engage dans un long et sinueux périple pour retrouver son foyer et son époux. Un superbe roman à la fois épique et psychologique, proposant un regard décalé sur la guerre et tenant du conte allégorique, du monologue intérieur et de la réflexion philosophique. Laird Hunt m’avait séduit avec Les bonnes gens, il m’a littéralement enchanté avec cette plongée dans le douloureux passé de son pays.
Neverhome de Laird Hunt. Actes Sud, 2015. 260 pages. 22,00 euros.