Comment ne pas être admiratif devant ces infirmiers et travailleurs sociaux qui, loin d’être présentés en héros, sont d’une humanité touchante ? Le planning tellement serré qu’il est impossible de consacrer le temps nécessaire à chacun, les relations parfois tendues avec les enfants, qui n’hésitent pas à vous accuser de maltraitance pour un oui ou pour un non et vous menacent d’un procès, ces grabataires qui ne supportent pas de voir des nouvelles têtes et souhaitent accueillir toujours le même auxiliaire. Parfois l’indifférence l’emporte sur l’empathie, parfois on bâcle le travail, rêvant d’être ailleurs, parfois on souhaite se voir retirer la responsabilité de certains cas devenus trop pesants.
Il y a aussi tout au long du recueil une véritable réflexion sur la mort, la façon dont elle perçue par les proches et les accompagnants, ces derniers devant prendre le recul nécessaire pour ne pas être trop ébranlés émotionnellement. Pelle Forshed sait de quoi il parle puisqu’il a lui-même exercé ce métier. Son trait naïf et minimaliste permet de mettre une distance bienvenue entre la dureté du propos et la représentation qui en est faite.
Soyons clair, toutes les nouvelles ne se valent pas. Il n’empêche, le désarroi et les questionnements de ces auxiliaires de vie, de ces familles face à la vieillesse de leurs proches et à la maladie ont un coté universel, ils nous renvoient à notre propre manque d’implication vis-à-vis de nos aînés. En tout cas c’est comme cela que je l’ai perçu. C’est particulièrement dérangeant mais en ce qui me concerne cette lecture a permis de remettre bien des choses en perspective. Comme quoi…
Histoires de famille : huit nouvelles dessinées de Pelle Forshed. L’agrume, 2015. 140 pages. 20,00 euros.