lundi 22 juin 2015

Anuki T5 : Grand-Pied de Sénégas et Maupomé

Quand le shaman raconte à Anuki et ses amis la légende du terrible Bigfoot un soir d’orage, il leur fait une peur bleue ! Une peur qui grandit encore lorsqu’ils se voient chargés par ce même shaman d’aller déposer dans la forêt les offrandes destinées à maintenir des rapports cordiaux entre la tribu et ce géant poilu. Le lendemain, les papooses se mettent en route, pas rassurés. Ils se séparent et Anuki, son panier à la main, va faire une rencontre qu’il n’est pas près d’oublier…

En cinq albums Anuki est devenu la coqueluche de la maison. Le seul héros de BD (avec Chi) dont chaque membre de la famille attend avec impatience le retour en librairie. Ce cinquième volume est de loin mon préféré. Plus dense, plus complexe, plus drôle, plus trépidant et avec un dessin encore plus abouti (si, si, c’est possible). La réapparition des poules est un clin d’œil génial au premier tome. La course poursuite avec le Bigfoot est menée de main de maître et la conclusion apporte une petite touche d’émotion bienvenue.

Un modèle de BD muette, d’une fluidité et d’une lisibilité à nulle autre pareille. Il suffit de voir un enfant s’y plonger les yeux pétillants et le sourire aux lèvres pour se convaincre qu’Anuki est une réussite totale. Chapeau bas messieurs  Sénégas et Maupomé et rendez-vous l’an prochain pour le tome 6, j'en connais qui l'attendent déjà de pied ferme.


Anuki T5 : Grand-Pied de Sénégas et Maupomé. Éditions de la Gouttière, 2015. 40 pages. 9,70 euros. A partir de 4-5 ans.


Une lecture commune que j’ai le plaisir de partager avec Mo’





dimanche 21 juin 2015

Histoire d’Irène - Erri De Luca

Si vous passez régulièrement par ici vous savez à quel point j’apprécie Erri de Luca (je vous l’ai dit , , et ), mais par moments il m’agace prodigieusement. Notamment quand ce fervent lecteur des écritures sacrées joue au « mystique sans religion » (c’est ainsi qu’il se qualifie) comme c’est le cas dans ce recueil.

La première des trois histoires, la plus longue (85 pages sur 120) et celle qui donne son titre à l’ouvrage, est incontestablement le truc le plus gnangan que j’ai lu depuis longtemps. Irène a été trouvée bébé sur la plage d’une île grecque après une tempête. Irène est mutique, vit en sauvageonne et passe son temps à nager avec les dauphins : « Toutes les nuits, Irène rejoint la famille des dauphins, onze avec elle, guidés par une femelle adulte. Elle vide pour eux les filets sans les couper, elle descend sur le fond et détache des hameçons les anchois et les morceaux de calamars, elle ouvre les nasses. Avec son couteau italien, elle libère et sauve les siens empêtrés dans les filets. Elle reste avec eux jusqu'à la fin de la nuit. Elle a le même âge que deux des dauphins, une femelle et un mâle. Ils ont grandi ensemble, ils ont exploré les jeux jusqu'à la venue de la maturité. » Sérieux ? Plus cucul tu meurs ! Irène est enceinte, l’opération du saint esprit sans doute, c’est du moins ce que je me suis dit au départ. Mais, non, c’est autre chose : lorsqu’elle accouche, au large, c’est d’un dauphin ! Sérieux ?

Je le savais déjà à cause de lectures précédentes dont je n’ai pas parlées sur le blog mais cela se confirme ici, je n’aime décidément pas quand de Luca donne dans le mystique, quand il fait sans cesse référence à des personnages bibliques (Jacob, Jonas, etc), quand il se demande : « Amour et Dieu sont-ils la même chose » ? Je n’ai pas envie de le suivre dans ces réflexions-là et j’ai trouvé sa fable de la femme-dauphin en tout point ridicule.

Le second texte, autobiographique, revient sur la fuite de son père, alors soldat, en 1943 au moment où Capri est libérée par les américains. Un texte important pour lui, cela va de soi, mais qui m’a laissé de marbre. Il n’y a que dans le troisième où j’ai retrouvé l’écrivain que j’aime. Il m’a touché en plein cœur ce vieux napolitain, une amande dans la bouche, trouvant refuge contre une pierre après avoir lutté contre le froid et la tramontane de février pour offrir au soleil de la méditerranée son corps fatigué et son front ridé. Superbe mais trop court. Trop peu, trop tard, oserais-je dire. Mais je ne suis pas rancunier mon cher Erri, et je serai fidèle au poste quand sortira votre prochain livre.

Histoire d’Irène d’Erri de Luca. Gallimard, 2015. 122 pages. 12,50 euros.




vendredi 19 juin 2015

Les enfants de Dimmuvik - Jon Atli Jonasson

« Le passé ne me cause plus de chagrin. Plus comme avant. Il s’en faut de beaucoup. Je pense que le cœur se revêt de callosité. Et puis elle le gagne entièrement. La corne. Jusqu’à ce que la pompe ne soit plus qu’un bloc coriace. Alors le cœur cesse de battre et on meurt. »

Au moment où elle enterre son frère, une vieille femme se souvient de sa jeunesse. Son Islande natale, une crique entre mer et lande, en 1930, dans un paysage désolé et sauvage. Elle avait douze ans à l’époque et son père venait de mettre en terre le petit dernier, emporté à la naissance. Un décès dont sa mère ne se remettra jamais, passant par la suite le plus clair de son temps clouée au lit, fixant le mur sans rien dire.

En tant qu’ainée, la narratrice veille sur son frère somnambule et sa sœur d’une maigreur de brindille. La cahute qui leur sert de maison, isolée du reste du monde, est un univers clôt, mutique. Ici les mots sont de trop. Seules parlent la misère et la faim, le cycle des saisons et l’interminable hiver qui recouvre de son linceul cœurs et âmes. Ici la solitude extrême, la souffrance, la rudesse de l’existence amènent chacun au bord de la folie. Ici pour survivre alors qu’il y a trop de bouches à nourrir, il faut parfois aller au-delà de l’acceptable, au-delà de l’humain.

Clairement, je suis fan de la littérature islandaise quand elle ne se drape pas dans les plis du polar. Je pense bien sûr à cette chère « Lettre à Helga » et au fabuleux (je pèse mes mots !) roman de Jon Kallman Stefansson, « La tristesse des anges ». Je retrouve dans cette « novella » l’âpreté des êtres, du climat et des paysages, les réflexions métaphysiques sur le sens de la vie. A quoi bon ? Semblent-ils tous se dire, poussés à rester debout par un instinct animal qui dicte leur conduite.

C’est triste et déchirant, c’est évidemment à lire d’une traite et c’est d’une beauté crépusculaire. Bref… j’ai plus qu’aimé.

Les enfants de Dimmuvik de Jon Atli Jonasson. Noir sur Blanc, 2015. 90 pages. 11,00 euros.






jeudi 18 juin 2015

Mortes saisons - Marcus Malte

« Selon la formule consacrée : si tu lis ces quelques lignes, c'est que je ne suis plus de ce monde. Mais au fond, et même si cela ne t'est pas une consolation, sache qu'il y a déjà longtemps que je l'ai quitté. Ce monde. Celui que toi et moi connaissions. Dès l'instant où j'ai posé le pied sur ce continent, j'ai cessé de lui appartenir. »

Ce texte est une conversation posthume entre Alice et Fanfan, son frère disparu il y a 50 ans pendant la guerre d’Algérie. De lui elle a récupéré une lettre et trois carnets, un jour d’août 1964. Une sorte de journal intime, sans dates. Décousu. Un journal dans lequel Fanfan couchait l’indicible, ses états de service de bourreau pour l’armée française. Sûr de lui, de sa force, de son bon droit, de la justesse de sa cause. Torturer pour obtenir des informations, lutter contre les terroristes, sauver des vies. Alice répond à son fantôme. On devine la relation fusionnelle avec ce frère qui était tout pour elle. Elle le prend à partie, cherche à lui ouvrir les yeux, reste persuadée qu’elle aurait pu le remettre dans le droit chemin s’il était revenu vivant : « Ils t’ont dressé, Fanfan. Obéir, aboyer, mordre. Tu te croyais maître de ta destinée, tu n’étais que chien. […] Même dans cet état, je t’aurais repris tu sais. Recueilli. Réadopté. Réadapté. »

A travers les reproches, une tendresse infinie affleure de la part de cette sœur marchant sans cesse au bord du vide. Une famille à jamais déchirée par cette disparition, une vie de solitude et de tristesse, un mariage raté… Alice a traversé des décennies sans parvenir à tirer un trait, à oublier celui qui est resté à jamais son seul et véritable amour.

Marcus Malte cogne comme il en a l’habitude, il appuie là où ça fait mal. Il dit le chagrin, la mélancolie, l’incompréhension, mais aussi le souvenir des moments passés ensemble. Il montre un homme face à la barbarie, faisant partie de cette barbarie, la légitimant même. Il raconte une histoire de deuil impossible, portée par une écriture d’une puissante sobriété. J’avais eu l’occasion de découvrir cette collection croisant littérature et photographie grâce au très beau texte de Thierry Magnier, « Ma mère ne m’a jamais donné la main ».  Ce « Mortes saisons » confirme que la recette fonctionne à merveille et que le dialogue s’instaurant au fil des pages entre texte et images n’a rien d’artificiel, bien au contraire.

Mortes saisons de Marcus Malte (photographies Cyrille Derouineau). Le bec en l’air, 2012. 94 pages. 15,50 euros.





mercredi 17 juin 2015

Les enfants de la résistance T1 : Premières actions - Ers et Dugomier

Juin 40. Après la débâcle, l’armistice signé par le gouvernement de Pétain fait de la France un pays occupé. François et Eusèbe voient défiler les soldats allemands dans leur village. Impossible pour ces enfants de ne pas réagir face un envahisseur se croyant tout permis. Pour lui pourrir la vie, les deux copains vont faire avec les moyens du bord et mener à bien quelques opérations, certes modestes, mais qui vont peu à peu inciter tout le village à les suivre dans leurs actions…

La démarche d’Ers et Dugomier est intéressante dans la mesure où ils ne mettent pas en scène les résistants tels que l’on a l’habitude de les voir, mitraillette en main, organisés en réseau très structurés et lançant des projets de sabotage de grande envergure. En 40, la population cherche juste à reprendre le cours d’une vie normale, s’accommodant d’un armistice qui de prime abord, et pour certains, ne semble pas changer grand-chose. Avec cet album, ils montrent le début d’un mouvement balbutiant et la montée progressive de l’exaspération face à l’attitude des allemands.

Du haut de leurs 13 ans, François et Eusèbe savent que leurs moyens d’agir sont limités. Ils font preuve d’ingéniosité et utilisent leur bonne connaissance de l’environnement local pour perturber au maximum l’occupant. Une sorte d’éveil au sentiment de révolte, un refus de se résigner qui les fera gagner en maturité et les exposera à des dangers dont ils ne saisissent pas l’ampleur.

Je connaissais ce duo d’auteurs pour leur série « Les démons d’Alexia ». On retrouve ici le trait rond et doux du dessinateur, son attention permanente à l’expressivité des visages et le dynamisme de son cadrage dans les scènes d’action. Classique et efficace.

Impossible de ne pas comparer le premier tome de cette série avec mes chers Lulus. Pour le coup, les orphelins picards gardent ma préférence. Ils ont un petit quelque chose de plus spontané, plus attachant aussi (sans compter que je ne suis jamais très objectif quand il s'agit des lulus). Et puis ici la voix off omniprésente, sous couvert d’explications et de remise en contexte historique censées éclairer le jeune lecteur, offre à la longue un discours un peu trop scolaire. Le dossier documentaire en fin d’album achève d’ailleurs de convaincre que cette série possède une dimension didactique certaine et assumée. Je préfère donc la fraîcheur des lulus mais pour autant, ces enfants de la résistance gagnent incontestablement à être connus et je suivrai avec attention leurs futurs coups d’éclat.

Les enfants de la résistance T1 : Premières actions d’Ers et Dugomier. Le Lombard, 2015. 56 pages. 10.60 euros.


La BD de la semaine est
aujourd'hui chez Noukette













mardi 16 juin 2015

Comment je me suis débarrassé de ma mère - Gilles Abier

Cinq nouvelles faisant voler en éclat l’image d’Épinal de la maman aimante et pleine de tendresse. Cinq nouvelles à chute dont l’amertume vous reste longtemps en bouche. Oui, il est possible de faire interner une maman trop possessive. Oui, une maman d’athlète de haut niveau, prête à tout pour la carrière de sa progéniture, n’est jamais loin de dérailler. Oui, un enfant peut avoir honte de sa mère trop moche, trop bête et trop pauvre, au point de vouloir se faire adopter. Et non, il ne faut jamais accepter sa mère comme amie sur Facebook. Surtout quand elle est prête à déballer votre intimité sans retenue.

Les narrateurs sont ici les enfants. Des enfants sans pitié, plein de rancœur, prêts à tout pour se débarrasser d’une génitrice qui, selon eux, les empêche de grandir et de se construire. Je dis bien selon eux car Gilles Abier ne jettent pas en pâture au lecteur des mères  au comportement « indéfendable ». Point ici de manichéisme, au-delà des apparences, les victimes ne sont pas forcément celles que l’on croit. Du moins pas toujours. Les ados qui s’expriment ici sont à un point de rupture dans la relation avec leur mère. Problème de communication, d’aspirations devenues tellement différentes que le fossé s’étant creusé semble ne jamais pouvoir être comblé.

Un texte en particulier m’a mis mal à l’aise. Pas celui où une fille traite sa mère de salope, ni celui où une autre la considère comme « vicieuse et perverse », mais celui qui a pour titre « Trois raisons ». Sans doute parce qu’il est trop plein de mépris, de dédain, de moqueries gratuites. Parce qu’avoir aussi peu de considération pour celle qui vous a donné la vie est difficile à accepter, même si cette nouvelle, comme toutes les autres, sonne affreusement juste.

C’est incisif, sans fioriture. Abier maîtrise l’art de la nouvelle, il va à l’essentiel et ne s’embarrasse pas de précautions inutiles. Il cogne et ça fait mal, mais c’est ça qui est bon ! Dérangeant et réaliste, ce recueil vous marque au fer rouge, profondément.

Comment je me suis débarrassé de ma mère de Gilles Abier. Actes sud junior, 2015. 125 pages. 12,00 euros. A partir de 13 ans.

Une pépite jeunesse que je partage cette semaine encore avec Noukette.















lundi 15 juin 2015

A l’école de Louisette - Bruno Heitz

Je vous ai déjà dit à quel point j’aimais Bruno Heitz (ici, ici et ici), son trait naïf, ses personnages attachants et ses polars ruraux sentant bon la France de Pompidou. Mais cet auteur touche à tout est aussi et surtout connu pour ses ouvrages jeunesse comme « L’histoire de France en BD » ou encore « Louisette la Taupe ».

Louisette est une vielle taupe vivant tranquillement dans son terrier où elle reçoit la visite de nombre d’animaux de la forêt. Calée dans son fauteuil, elle aime notamment lire des histoires à trois jeunes lapins. Car Louisette a eu la chance de passer son enfance sous une salle de classe, ce qui lui a permis d’apprendre à lire, à écrire et à découvrir des classiques de la littérature. Ces classiques sont justement le point de départ de chacun des trois albums réunis dans ce recueil. L’inventaire de Prévert, Ulysse et les frères Grimm vont déclencher des aventures au cours desquelles Louisette va retourner à l’école, devenir artiste de cirque et déjouer les plans d’une belette sournoise.

Cette série est un concentré de bonne humeur et de bon sens. Les enfants adorent l’ambiance sylvestre, la galerie de personnages animaliers attachants et souvent farfelus et l’humour tout en légèreté d’un auteur qui, à l’évidence, s’amuse énormément à mettre en scène tout ce petit monde (A la maison, pépette n°2 possède tous les albums, dont certains dédicacés, une vraie fan !). Au final, c’est beaucoup moins gnangnan, beaucoup moins répétitif et bien plus drôle que « Sylvain et Sylvette » par exemple. D’ailleurs ce n’est pas pour rien que Louisette fait partie de la liste officielle de référence des œuvres de littérature conseillées par l’éducation nationale aux enseignants de CE1.

Une excellente idée que cette compilation permettant de lire trois titres à la suite. Avec son format plus grand que celui d’origine,  son joli vernis sélectif en couverture, son papier brillant et son épais cartonnage, cet album constitue une occasion parfaite pour ceux qui ne le connaissent pas encore de découvrir l’univers de Louisette et de ses amis.

A l’école de Louisette de Bruno Heitz. Casterman, 2015. 100 pages. 18,50 euros. A partir de 6 ans.


L'avis de Canel




samedi 13 juin 2015

La mer couleur de vin de Leonardo Sciascia

Des nouvelles écrites entre 1959 et 1972. Des nouvelles ancrées par Leonardo Sciascia dans la terre de Sicile qui l’a vu naître. Toutes sont très différentes, certaines ont des allures de conte comme la première, d’autres sont proches du vaudeville (« Un cas de conscience »), du faits divers (« Procès criminel ») où d’une réalité sociale douloureuse (« Le long voyage », « Western en Sicile »). Ma préférée est « Affaire de Saints », récit truculent de l’affrontement entre une femme bigote et son mari communiste à propos d’une statue de sainte retirée d’une église.

Sciscia le sicilien, amoureux fou de son île, n’hésite pas pour autant à en dénoncer les travers : mafia, pauvreté, envies d’exil, poids écrasant de la religion, avidité des nantis, oisiveté d’une population pas franchement prête à se tuer à la tâche (« Nous sommes ainsi faits, nous attendons que le fruit mûr nous tombe de l’arbre dans la bouche »), son regard est sans concession. Il n’empêche, on sent poindre en permanence une infinie tendresse pour ses personnages écrasés à la fois par une chaleur infernale et le poids  étouffant  des traditions.

L’écriture est légère, virevoltante, souvent drôle, et les dialogues savoureux. Je découvre avec ce recueil la voix d’un grand nom de la littérature italienne et j’avoue être tombé sous le charme d’une plume aussi élégante.

La mer couleur de vin de Leonardo Sciascia (trad. J. de Pressac). Denoël, 2015. 190 pages. 15,50 euros.





vendredi 12 juin 2015

L’agenda de la petite souris - Céline Lamour-Crochet et Anne Mahler

On perd une dent, on la glisse sous l’oreiller, le lendemain elle n’y est plus car la petite souris est passée. La routine, quoi. Sauf que pour la petite souris, c’est un boulot de dingue ! Un boulot bien plus fatiguant que celui du Père Noël. Car elle, c’est toutes les nuits qu’elle est sur le pont, pas une seule fois par an. Et dans la journée, vous vous êtes déjà demandé comment elle s’occupe, la petite souris ? Et bien elle s’entraîne, et son programme est  un programme d’athlète de haut niveau. Le lundi, tour de la terre en essayant de battre son record de vitesse. Le mardi, escalade. Le mercredi, exercices d’acclimatation aux différences de température (ben oui, elle peut passer en un rien de temps d’une hutte africaine à un igloo, et pas question de tomber malade !). Son planning pour le reste de la semaine est tout aussi chargé, je vous laisse le découvrir par vous-même…

J’aime quand un album répond avec humour à des questions que l’on ne se pose pas. Celui-ci se conclut sur une interrogation importante. Que fait la petite souris de toutes les dents qu’elle récupère ? « Sa maison serait pleine à craquer, du sous-sol jusqu’au grenier, si elle les avait toutes gardées. » Alors que deviennent-elles, ces dents ? Et bien ne comptez pas sur moi pour vous le dire…

Le texte est drôle, les situations bien trouvées, le dessin doux et très expressif. A chaque jour une double page, c’est simple et efficace. Une bien belle surprise, chez un éditeur dont je n’avais jamais entendu parler. Un album que je vais garder au chaud et que je ressortirai avec plaisir quand ma pépette n°3 perdra ses premières dents.

L’agenda de la petite souris de Céline Lamour-Crochet et Anne Mahler. Les Minots, 2015. 36 pages. 13,50 euros. A partir de 3-4 ans.






jeudi 11 juin 2015

Un été 63 - Tracy Guzeman

Natalie et Alice Kessler sont tombées amoureuses du même artiste peintre aux cours de l’été 63, près d’un lac du Connecticut. Elles n’étaient que des ados à l’époque et lui avait une vingtaine d’années. Quarante ans plus tard, le peintre est devenu une célébrité mondiale, vivant reclus et n’ayant pas réalisé le moindre tableau depuis des décennies. Quand il révèle à un expert l’existence d’un triptyque inédit et qu’il charge ce même expert de retrouver les « morceaux » de ce triptyque, une minutieuse enquête commence, une enquête où les sœurs Kessler vont tenir le rôle principal et révéler un passé douloureux que chacun pensait profondément enfoui.

Un premier roman américain qui ne casse pas trois pattes à un canard. Les secrets de famille, ce n’est pas ma tasse de thé. Et puis tout est trop romancé, il y a trop de rebondissements « hasardeux » qui font bien les choses, et les personnages sont trop stéréotypés. Tout ça manque d’aspérité, c’est tellement, tellement lisse sous des faux airs de tragédie brûlante. De toute façon, quand j’ai du mal à rester attentif, que je saute quelques lignes et que je me fiche de l’intrigue comme de ma première chemise, ce n’est pas bon signe du tout.

Je reconnais néanmoins le louable effort de construction du récit. Cette narration entrelacée, ce va-et-vient entre les époques et les protagonistes, ce n’est pas follement original mais ça dénote une certaine ambition littéraire. Dommage que tout sonne faux et que je n’y ai pas cru une seconde. Je n’ai pas détesté, je suis resté totalement indifférent face à l’enchaînement des événements. A la limite, c’est pire que si j’avais détesté…

Un été 63 de Tracy Guzeman. Flammarion, 2015. 385 pages. 22,00 euros.

Les avis de Canel et Nahe