Le narrateur à la première personne se nomme Frank Dillon. C’est un représentant de commerce à la petite semaine, le genre de gars qui a du mal à joindre les deux bouts, qui frappe à votre porte sans conviction, désabusé de chez désabusé. Le jour où une grand-mère lui propose sa nièce Mona en guise de paiement, Franck met le pied dans un nid de vipères. Découvrant grâce à la petite que la mamy cache un magot dans sa cave, le VRP met au point un plan imparable pour récupérer l’argent. Un plan tellement imparable que rien ne va se passer comme prévu.
Ah là là que j’ai aimé ce bouquin ! Le Frank est un loser de première, poissard comme c’est pas permis, engoncé dans des certitudes qui ne tiennent pas debout une seconde. Il est également retors, de mauvaise foi, cynique, vénal, égoïste, lâche, trouillard et exagérément mielleux quand les conditions l’exigent. Et puis il est entouré d’une bande d’affreux jojos irrécupérables. C’est simple, il n’y a pas un personnage pour rattraper l’autre. La méchanceté est partout, même chez les femmes (surtout chez les femmes devrais-je dire). Tout cela est ironique à souhait et furieusement drôle, un vrai régal d’humour noir.
Et que dire de cette édition grand format illustrée par l’excellent Thomas Ott et publiée dans l’esprit des pulp américains de la première moitié du 20ème siècle. L’ensemble se présente comme une intégrale regroupant sept fascicules aux couvertures différentes et forme un gros volume au graphisme et à la mise en page vintage pleine de charme. Un superbe objet-livre, vraiment.
A Hell of a Woman ou « La véritable histoire du combat d’un homme contre un sort injuste et des femmes indignes ». Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Frank. Je ne suis pas du tout un lecteur de polar et il n’y a aucune raison que ça change mais si à chaque fois que je me lance je tombe sur un titre de cette qualité, je risque de finir par y prendre goût.
A Hell of a Woman – Une femme d’enfer de Jim Thompson. La Baconnière, 2014. 206 pages. 25,00 euros.