Quand elle débarque à Ouessant pour ouvrir sa maison d’hôtes,
Soizic n’est à l’évidence pas la bienvenue. Cette continentale désirant changer
de vie s’est lancée dans un pari un peu fou auquel elle croit dur comme fer.
Mais l’accueil glacial des iliens refroidit ses ardeurs. Ce sont surtout les vieilles
commères du coin qui vont lui en faire voir de toutes les couleurs. Parmi elles,
seule Marie lui tend la main et fait preuve de bienveillance. Mais quand cette
dernière est retrouvée pendue, c’est la consternation. En plus, selon son
testament, elle lègue tous les objets de sa maison à « la nouvelle venue
sur Ouessant. » Pas la meilleure façon pour Soizic de faire remonter sa
cote de popularité…
Ah, les embruns et l’odeur du goémon, rien de plus vivifiant à l’heure de la rentrée. Un album dépaysant qui vaut davantage pour l’ambiance qu’il distille que pour son intrigue finalement assez secondaire. D’ailleurs cette dernière sert avant tout de prétexte pour dresser le portrait de ces femmes d’Ouessant qui sont l’âme de l’île. Et puis le personnage de Soizic est aussi particulièrement bien campé. Une jeune fille fière, opiniâtre et indomptable, capable d’analyser la situation avec lucidité et avec ce petit soupçon d’ironie lui permettant de prendre les choses à la légère. Après il n’est pas certain que les ouessantins apprécient la façon dont les auteurs les présentent. De même pour le couple bobo qui arrive au gîte et passe son temps sur internet plutôt que dehors, il y a là quelque chose d’assez caricatural.
Sinon le récit est simple, empreint d’une certaine lenteur
qui rend bien compte de la façon dont le temps s’écoule sur ce caillou du bout
du monde. Le dessin est quant à lui aussi rugueux que le caractère des
insulaires et si l‘on peut parfois regretter la pauvreté des décors l’ensemble
reste graphiquement très cohérent.
Pas un album inoubliable mais une
vraie bouffée d’air frais. Et le petit cahier final intitulé « Balade à
Ouessant » et regroupant quelques photos accompagnés d’informations historiques
sur l’île est des plus instructifs.
Pour conclure, une petite
citation que j’aime beaucoup : « J’aime bien les îles. Il n’y a pas
moyen de fuir. Quand on est face à un problème, on n’a pas le choix. Il faut le
résoudre ou sauter dans l’océan. »
Ouessantines de Patrick Weber et
Nicoby. Vents d’Ouest, 2013. 126 pages. 18,25 euros.
Un album voyageur de Natiora que
je remercie pour cette belle découverte.