Arles, fin du premier siècle après J-C. Vitalis le tailleur
de pierres vient une fois de plus de se faire renvoyer d’un chantier. La fois
de trop sans doute puisque plus aucun contremaître ne veut de lui. Bagarreur et
incurable joueur de dés, il passe son temps à parier avec les autres ouvriers
au lieu de travailler. Ayant contracté pas mal de dettes, il rentre chez lui la
queue entre les jambes annoncer à sa femme enceinte qu’il est une fois de plus
au chômage. Sollicité quelques temps plus tard par Atticus, un ancien
gladiateur devenu entraîneur, Vitalis doit se résoudre à embrasser une carrière
à laquelle il n’était absolument pas destiné au départ. En signant son contrat
d’engagement auprès d’un promoteur, le jeune homme renonce à la citoyenneté
mais trouve par la même le seul et unique moyen de gagner l’argent nécessaire
pour rembourser ses créanciers. Seulement le plus dur commence, car pour
devenir un gladiateur de talent, le parcours est long et difficile...
Une BD historique de plus sur la Rome antique ? Pas
vraiment. Ne cherchez ici aucun empereur aux mœurs débridées. Point non plus
d’épiques batailles ou d’intrigues politiques complexes mais plutôt une plongée
dans le quotidien des gens du peuple. Le pari est très didactique. Aidé par un
archéologue, Laurent Sieurac met en perspective les connaissances scientifiques
les plus actuelles concernant le monde romain. Ainsi l’image des
gladiateurs présentée dans cette BD est
à des années lumières des standards Hollywoodiens et du Gladiator de Ridley
Scott. Contrairement aux idées reçues, la gladiature n’était pas une infâme
boucherie au cours de laquelle des esclaves s’entretuaient pour le plaisir d’un
public assoiffé de sang. Les gladiateurs étaient en fait des sportifs de haut
niveau choyés par des promoteurs ayant beaucoup investi sur leur compte. Des
athlètes volontaires grassement payés pour assurer un spectacle certes violent
mais où, contrairement à ce que l’on croit, la mort des combattants était
extrêmement rare.
Parfaitement documentée jusque dans les moindres détails
(architecture, vêtements, objets), Arelate reste éloignée d’un ton professoral
qui plomberait le déroulement des événements. Intelligemment, les auteurs ont
préféré apporter les éclaircissements scientifiques nécessaires dans un copieux
dossier à la fin de chaque volume. L’histoire racontée n’est donc en aucun cas
parasitée par des considérations historiques et scientifiques qui rendraient la
lecture pour le moins indigeste.
Visuellement les planches aux tons sépia sont du plus bel effet
même si parfois les personnages souffrent d’une certaine raideur, notamment
dans l’expression des visages. Quoi qu’il en soit, voila une série restituant
le plus fidèlement possible la vie quotidienne d’une ville antique que j’ai
trouvée passionnante et dont j’ai hâte de dévorer le troisième tome sorti il y
a peu.
Arelate T1 : Vitalis de Laurent Sieurac et Alain Genot.
Cleopas, 2012. 64 pages. 14,85 €
Arelate T2 : Auctoratus de Laurent Sieurac et Alain
Genot. Cleopas, 2012. 64 pages. 14,85 €