mercredi 7 novembre 2012
Trois ans, trois enfants
Il y a trois ans jour pour jour je publiais mon premier billet. Je n’avais à l’époque aucune autre ambition que celle de partager quelques impressions de lecture avec les trois pleupleux qui échoueraient par hasard sur cette page d’accueil. C’était un coup d’essai qui, je n’en doutais pas me connaissant, ne durerait de toute façon que très peu de temps. Et puis j’ai eu quelques commentaires, j’ai fureté à droite à gauche sur d’autres blogs et j’ai fait des rencontres virtuelles qui ont piqué mon intérêt. Au final, la machine s’est lancée et je n’ai pas arrêté depuis.
Beaucoup de plaisir donc, c’est le moteur principal. Mais aussi une volonté de continuer à naviguer d’une berge à l’autre, des albums pour enfants à la littérature érotique, de la BD au manga en passant par les classiques et les auteurs contemporains. Trop peu de fantasy et de polars, c’est un fait, mais je me soigne. Jamais de Bit Lit ni de Chick Lit (faut pas pousser), encore moins de thrillers ou de roman horrifiques (petite nature, le gars). En tout cas beaucoup de découvertes délicieuses glanées ici ou là sur la blogo. C’est un plaisir de tomber sur un billet qui vous donne vraiment envie, de se lancer dans la lecture et d’aller ensuite remercier celui ou celle qui vous l’a recommandé.
Bref vous l’aurez compris, je m’amuse beaucoup depuis trois ans et je compte bien fêter encore quelques anniversaires.
A part ça, je serai sans doute moins présent en 2013 puisque si tout va bien et comme vous l’avez peut-être compris en lisant le titre de ce billet, la famille va s’agrandir en février. Presque huit ans après n°2, ça va faire tout drôle de voir débarquer un petit bout à la maison. S’il n’y pas erreur sur la marchandise, ce sera encore une fille. Moi qui pensais peut-être chroniquer quelques albums sur les chevaliers, les pirates ou les dinosaures, je vais rester quelques temps encore avec les princesses et les univers girly (ouh, les clichés !). En tout cas, trois filles plus ma femme, ma vie va devenir un enfer ! Ne vous étonnez donc pas si je vous donne moins de nouvelles en 2013. Entre toutes mes pépètes et le boulot, il y a risque de surmenage.
En attendant et pour fêter tout ça, rien de tel qu’un petit concours. Les règles sont simples puisqu’il n’y en a pas. Il vous suffit de laisser un commentaire, disons jusqu’au 15 novembre minuit, pour participer. Je fais le tirage au sort et les deux premiers noms qui sortent du chapeau choisissent le titre qu’ils veulent parmi ceux affichés dans l’index à droite. Ça vous va ? Bon je ne prendrais en compte que celles et ceux qui sont déjà passés par ici (les fidèles quoi). Petit précision utile, les belges et les suisses sont les bienvenus.
Allez bonne chance à tous et à très bientôt.
Carmen Cru : l’intégrale
Lelong © Fluide Glacial 2011 |
Carmen vit dans une maison entourée de murs qu’elle a fait construire pour s’isoler quand le quartier est devenu résidentiel. Ses voisins sont ses souffre-douleurs préférés, surtout Raoul, alcoolique notoire qui multiplie les crises de delirium et à qui elle demande constamment de porter son vélo dans les escaliers. Il y a aussi le Duc, un aristo qui a perdu sa fortune au jeu et qui s’émerveille devant le caractère entier de la vieille femme ou encore Poupi Mouvillon, un teigneux rêvant de voir son irascible voisine foutre le camp mais qui n’a pas assez de cran pour aller lui dire en face. Coté famille, Carmen a un neveu indigne qui ne pense qu’à récupérer son héritage et une mère à l’hospice qui lui écrit une fois par an.
Ces gens-là sont ceux que chantait Brel, l’humour (noir) en plus.
Jean-Marc Lelong a d’abord publié cinq volumes entre 1984 et 1987 avant de déserter sa planche à dessin pendant plus de dix ans. Il y revient au début des années 2000 pour réaliser deux nouveaux albums avant de disparaître le 24 février 2004, à 55 ans. Carmen Cru restera à jamais une série mythique de la BD humoristique pour adulte. Cette incontrôlable misanthrope m’aura en tout cas durablement marqué et c’est avec un bonheur non dissimulé que j’ai plongé la tête la première dans cette délicieuse intégrale.
Lelong © Fluide Glacial 2011 |
mardi 6 novembre 2012
Le premier mardi c'est permis (11) : Mémoires de fanny Hill, femme de plaisir
Cleland © Bernard Pascuito 2008 |
Pour créer le personnage de Fanny Hill, Cleland s’est inspiré de Fanny Murray, une prostituée de 17 ans qui était l’idole des aristocrates londoniens. Sous la plume du romancier, Fanny raconte ses expériences à travers deux longues lettres où elle décrit sa vie misérable à la campagne, son arrivée sans le sou dans la capitale, son initiation dans une fameuse maison close puis sa spécialisation dans les orgies les plus débauchées. On suit donc au fil des pages la transformation d’une oie blanche en prostitué de luxe. Mais le récit s’attarde également sur les considérations liées au savoir-vivre. Fanny insiste longuement sur la bonne attitude à adopter face à une clientèle haut de gamme et exigeante. L’intérêt réside aussi dans l’évolution de la jeune fille. D’abord pure et innocente, elle acquiert vite l’expérience suffisante pour comprendre comment profiter au mieux de sa situation. Fanny devient une forte femme, intelligente, clairvoyante. Loin d’être une incontrôlable nymphomane (comme les prostitués de Pierre Louÿs par exemple), Fanny ne dédaigne pas le plaisir, mais elle place aussi la vertu au-dessus du vice, ne perdant jamais de vue le fait que ses nombreuses expériences lui ont surtout permis de trouver sa place dans le monde et n’ont pas fait d’elle une débauchée.
Il n’y a rien de glauque dans le récit de Cleland. Les clients sont classe, jamais violents. Même l’adepte du fouet se révèle au final un garçon plutôt gentil. Bien sûr, on est souvent proche d’une certaine forme de caricature, mais je préfère retenir le bonne humeur et la joie de vivre qui traverse le récit. Dans ses deux lettres, Fanny s’attarde, non sans humour, sur les descriptions physiques de ses michetons. Pour ce qui est du passage à l’acte, les choses sont davantage suggérées qu’exprimées dans les moindres détails. Un style très imagé qui m’a beaucoup plu, surtout si l’on y ajoute l’emploi quasi constant d’un passé simple délicieusement désuet : « Comment pûtes-vous m’abandonner ? ».
Bref, je ne suis pas mécontent d’avoir découvert ce grand classique. Voila un roman libertin finalement assez peu émoustillant qui m’a pourtant fait passer un excellent moment de lecture.
Mémoires de fanny Hill, femme de plaisir, de John Cleland. Bernard Pascuito éditeur, 2008. 220 pages. 20 euros.
Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Marie.
Allez zou, rendez- vous chez Stephie pour découvrir les autre lectures inavouables du mois |
dimanche 4 novembre 2012
Chi, une vie de chat 9 de Kanata Konami
Konami © Glénat 2012 |
Les deux ou trois tomes précédents m’avaient un peu lassé du chaton et de son environnement mais ce nouvel opus relance quelque peu la machine. Kanata Konami joue sur le contraste entre la difficile condition du chat des rues (Minou) et la vie confortable du chat d’appartement (Chi) qui n’a qu’à miauler pour qu’on lui donne à manger et qui possède un coussin moelleux pour faire la sieste. Chaque petit chapitre semble indépendant mais participe en fait à la progression de l’histoire, ce qui donne une vraie cohérence à l’ensemble.
Chi est une série qui plait vraiment à toute la famille (je parle de la mienne). C’est le seul manga à faire l’unanimité puisqu’il est lu par mes filles, ma femme et moi. Il faut dire que le dessin kawaï, les couleurs douces, les chapitres très courts et la publication dans le sens de lecture occidental sont des arguments de poids pour les jeunes lecteurs qui découvrent le manga. Les plus grands, surtout s’ils possèdent un chat, reconnaîtront dans les mimiques de Chi leur propre animal. L’auteur parvient avec une remarquable économie d’effets à traduire les attitudes et les sensations infimes qu’expriment nos félins préférés. C’est sans doute dans cette retranscription réaliste, dans ces observations précises et humoristiques qui rappellent au lecteur un univers familier que tient le succès grandissant la série. Une vraie belle réussite !
Chi, une vie de chat T9, de Kanata Konami. Glénat, 2012. 146 pages. 10,75 euros.
samedi 3 novembre 2012
A travers les champs bleus de Claire Keegan (rentrée littéraire 2012)
Keegan © Wespieser 2012 |
Dans ces nouvelles, les hommes sont des lâches, des salauds mal-dégrossis qui préfèreront toujours leurs terres à leur famille. Certains s’abîment dans le travail, d’autres s’abrutissent d’alcool. Beaucoup se perdent dans le désir de femmes qu’ils ne méritent pas. Ces dernières s’en tirent mieux. Elles ont du cran, sont déterminées et gardent un coté indomptable. Elles continuent de croire que tout reste possible malgré les écueils qui se dressent devant elles.
Je suis toujours aussi émerveillé par la prose de Claire Keegan. Elle sait retranscrire à merveille la pluie, le vent et les tourbières, la violence des liens archaïques qui unissent les êtres. Sa prose est simple, limpide, précise. Pas un poil de gras, pas un mot de trop.
Je sais bien que la nouvelle n’est pas un genre très prisé par chez nous. Mais si vous n’aviez qu’un seul recueil à lire cette année, je vous conseille de vous laisser tenter par cette étourdissante balade à travers les champs bleus.
A travers les champs bleus de Claire Keegan. Sabine Wespieser éditeur, 2012. 256 pages. 22 euors.
L'avis de Clara ; L'avis de Jostein ; L'avis de Maryline ; L'avis de Missbouquin
jeudi 1 novembre 2012
Les Sisters 7 : Mon coup d’soleil, c’est toi ! de Cazenove et William
Cazenove et William © Bamboo 2012 |
J’aime beaucoup les Sisters parce que j’ai deux filles à la maison et que Wendy et Marine me rappellent parfois mes petites pépètes. Les héroïnes de Cazenove et William grandissent quelque peu au fil des ans mais leurs traits de caractère respectifs ne changent pas. C’est peut-être de là qu’est venue ma lassitude à la lecture de ce nouvel album. J’ai l’impression que cette série tourne sacrément en rond. C’est un plaisir de retrouver le dessin dynamique, les couleurs pastel et l’univers girly de William mais pour le reste j’avoue que je me suis ennuyé.
Heureusement, ma grande qui est totalement fan a dévoré ce septième tome d’une traite et l’a refermé en le qualifiant de « trop cool ». Tant que le public cible apprécie, c’est bien là l’essentiel. De mon coté, j’ai dû dépasser la limite d’âge. Pas grave, je vais me consoler avec un bon vieux Spiderman époque John Romita Jr. Rien de tel qu’un super héros en collant moule-burnes pour vous remonter le moral !
Les Sisters T7 : Mon coup d’soleil, c’est toi !, de Cazenove et William. Éditions Bamboo, 2012. 46 pages. 10,60 euros. Dès 8 ans.
Mon avis sur le tome 5
Mon avis sur le tome 6
Mon avis sur le journal intime des Sisters
Cazenove et William © Bamboo 2012 |
mercredi 31 octobre 2012
L’étoffe des légendes 2 : La jungle
Raicht - Smith - Wilson © Soleil 2012 |
Incroyable série que ce comics digne des contes les plus noirs. Un monde dangereux, des jouets « humanisés » à la psychologie extrêmement travaillée, une violence sourde et un méchant terrifiant au possible forment un cocktail détonnant. Amour, amitié, non-dit, trahison… quelques révélations vont sérieusement changer la donne pour la petite troupe. Si le cochon a depuis longtemps vendu son âme au diable, Max dévoile un secret qui va faire voler en éclat la cohésion du groupe. Et pendant ce temps-là, l’enfant parvient à quitter sa geôle sordide et part à l’aveuglette dans le monde de l’Obscur. Totalement addictif, je vous dis !
Le dessin est quant à lui toujours aussi stupéfiant. De grandes cases aux tons sépia qui rappellent les gravures sur bois d’antan et un découpage dynamique à souhait, notamment pendant les scènes de bataille. Comme le premier, ce second volume conserve un format carré atypique au cartonnage épais et une entêtante odeur d’encre qui vous saute aux narines dès que vous le feuilletez.
J’espère vous avoir convaincu de jetez un œil à ce titre totalement inclassable qui mérite vraiment que l’on s’attarde sur son cas. De mon coté, j’attends déjà la suite avec impatience.
L’étoffe des légendes T2 : La jungle, de Mike Raicht, Brian Smith et Charles Paul Wilson III. Soleil, 2012. 128 pages. 19,99 euros.
Raicht - Smith - Wilson © Soleil 2011 |
Raicht - Smith - Wilson © Soleil 2011 |
lundi 29 octobre 2012
Les Bidochon 21 : Sauvent la planète
Binet © Fluide Glacial 2012 |
Comme toujours, c’est Raymonde qui insuffle le vent du changement et Robert qui passe son temps à râler. Elle essaie de lui faire comprendre que chacun de nous peut sauver un petit coin de la planète en se montrant responsable : économiser l’eau en pensant « aux africains d’Afrique » ou lutter contre le réchauffement climatique qui frappe durement les inuits, obligés de s’acheter des climatiseurs (véridique !). Et lui de répondre : « Mais on les connaît même pas ! ».
Le schéma narratif reste immuable et tient dans l’opposition entre la mentalité vieille France de Robert et la bonne volonté naïve de sa femme. Lui cherche en permanence à imposer son point de vue et elle continue à avancer malgré son boulet de mari. Il faut quand même reconnaître qu’au fil des albums les Bidochon ont gagné en subtilité.
Binet évite l’écueil du donneur de leçon. Il se contente de mettre le doigt sur quelques incohérences évidentes et sur la futilité de ces petits gestes censés avant tout nous donner une bonne conscience écolo. Le but premier reste de toute façon de mettre en place des situations et des dialogues où l’humour prime. Au final, sur un sujet aussi casse gueule, les Bidochon restent fidèles à eux-mêmes et continuent de faire rire les lecteurs. Pari réussi, donc. Et rendez-vous au prochain numéro, avec peut-être une réflexion sur les sextoys ou le militantisme, le choix de Binet n’est pas encore arrêté (véridique !).
Les Bidochon T21 : Sauvent la planète de Binet. Fluide Glacial, 2012. 46 pages. 10,50 euros.
Binet © Fluide Glacial 2012 |
dimanche 28 octobre 2012
Le tireur de Glendon Swarthout (Gallmeister)
Swarthout © Gallmeister 2012 |
Du grand western, comme on en fait plus. Glendon Swarthout met en scène le crépuscule d’une légende. Il décrit avec précision la déchéance physique entraînée par la maladie mais aussi la fin d’un monde, la disparition du Far West au profit de l’Amérique moderne. Ainsi, le shérif s’adressant à Books : « ça doit faire longtemps que vous n’avez pas regardé un calendrier. On est en 1901. Les jours anciens sont morts et enterrés et vous ne le savez même pas. Vous pensez que cette ville est juste un endroit comme les autres où faire régner une terreur de tous les enfers. Un enfer, c’en est un. Bien sûr qu’on a encore des saloons, des filles et des tables de jeu, mais on a aussi l’eau courante, le gaz, l’électricité et une salle d’opéra, on aura un tramway électrique d’ici l’année prochaine et on parle même de paver les rues. […] Où est votre place dans cette marche du progrès ? Nulle part. Votre place est au musée. Pour être plus précis, Books, vous appartenez à une autre époque, complètement révolue. »
Il n’y a pas grand monde à sauver dans cette galerie de personnages attirés uniquement par l’appât du gain et le profit personnel qu’ils tireront de la mort du tueur. Opportunistes, égoïstes, sournois et couards, ils visitent le malade sous des faux airs de compassion mais Books n’est pas dupe. Lui même sait qu’il n’a rien d’un bon samaritain et qu’il dégage une antipathie cultivée depuis nombre d’année et dont il ne pourra jamais se départir. Seule sa logeuse apparaît comme la bonté même. Un mot sur le dernier chapitre, duel final époustouflant et crépusculaire où les descriptions quasi chirurgicales glacent le sang du lecteur et l’emportent dans un tourbillon de bruit et de fureur. Du grand art !
Le tireur a été porté à l’écran par Don Siegel en 1976, avec John Wayne dans son dernier grand rôle. Qui pouvait mieux que lui incarner J.B Books ?
Le tireur, de Glendon Swarthout. Éditions Gallmeister, 2012. 200 pages. 9,50 euros.
L’ouvrage ne sortira que le 2 novembre. Un grand merci à Babelio et aux éditions Gallmeister pour la découverte !
jeudi 25 octobre 2012
Cours, petit hérisson ! Premier album des éditions Vert pomme
Dalla © Vert pomme 2012 |
Premier album d’une toute nouvelle maison d’édition jeunesse basée en Normandie, Cours petit hérisson ! permet aux enfants de découvrir cet animal que l’on croise facilement dans nos jardins. A travers l’histoire de Louison, on apprend à quel point la vie de ce petit mammifère insectivore n’est pas de tout repos ! L’histoire est toute simple et se suit avec facilité. Le découpage sous forme de cases de BD permet une première approche du genre pour les plus jeunes et le format souple à l’italienne offre une bonne prise en main.
En fin d’album, une partie documentaire apporte un tas d’informations sur le hérisson (où vit-il ? quand commence-t-il à hiberner ? combien de temps dure la gestation ? quelles sont les principales causes de mortalité ? comment peut-on aider un hérisson à s’installer dans notre jardin…). Deux pages de jeux concluent cet ouvrage intelligemment construit qui a su conquérir la petite lectrice de 7 ans à qui je l’ai offert. Reste plus qu’à profiter des vacances pour installer un refuge dans un endroit tranquille et à l’abri du vent en espérant que le hérisson que l’on voit parfois traverser notre pelouse y élise domicile pour l’hiver.
Si
ce titre vous intéresse, rendez-vous sur le site de l’éditeur, sachant qu’un autre
album, consacré à la biodiversité, est paru en même temps que celui là.
Cours, petit
hérisson ! de Séverine Dalla. Vert Pomme, 2012. 32 pages. 9,60 euros. A
partir de 4-5 ans.
Dalla © Vert pomme 2012 |
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