Rome en 33 ou 34 après JC. Des enlèvements d’enfants dans la haute société se succèdent. La garde prétorienne chargée de mener l’enquête est ridiculisée à chaque demande de rançon. Son chef Kaeso, très irrité par la situation, doit en plus subir les foudres de son supérieur Macro, préfet du prétoire. Envoyé par ce dernier surveiller un banquet chez Claude, l’oncle de Caligula, il ne peut empêcher le vol d’une inestimable statuette du grand sculpteur grec Praxitèle. Hors de lui, Kaeso se jure de retrouver la statuette et les kidnappeurs afin de mettre un terme à ces échecs à répétition.
Je me faisais un plaisir de retrouver le beau Kaeso pour une troisième aventure après Les mystères de Pompéi et Meurtres sur le Palatin. Les principaux personnages des romans précédents sont toujours là : Concordia, Caligula, Donar, Io le léopard, Hildr, Matticus… On découvre aussi comme d’habitude et avec intérêt les détails parsemés le long du texte éclairant le fonctionnement de la société romaine de l’époque. La rigueur et les connaissances historiques de Cristina Rodriguez donnent toujours autant de crédibilité aux situations décrites. Bref, les ingrédients qui ont fait le succès des deux premiers opus de la série sont de nouveau intelligemment exploités. Et pourtant, cette lecture s’est révélée décevante. Les deux enquêtes menées parallèlement par Kaeso sont plutôt « fades ». Certes on apprend que le trafic d’œuvres d’art existait déjà à l’époque, mais il n’y a là rien de bien palpitant. Et contrairement à Meutres sur le Palatin, la plèbe est totalement absente du roman. Tout se déroule dans les villas cossues des patriciens, entre sénateurs et grandes familles bourgeoises. Pas de grands complots politiques, pas de scènes d’action trépidantes ni d’orgies débridées. Sans compter que les relations entre les personnages évoluent très peu : Concordia toujours amoureuse transie de son cousin Kaeso, Caligula le bon copain magnanime, Matticus le fidèle second… Une sorte de ronronnement qui traverse tout le texte et finit par engendrer un certain ennui. J’ai refermé l’ouvrage en me disant : tout ça pour ça !
Une déception donc, qui tient essentiellement au choix de l’intrigue et au manque d’évolution de la psychologie des personnages. Mais la description scrupuleuse de l’époque et les précisions historiques disséminées au fil du texte justifieraient presque à elles seules la lecture de cette Aphrodite profanée. J’espère seulement que la suite des aventures de Kaeso réservera son lot de rebondissements et donnera un nouveau souffle à cette série qui mérite d’être suivie avec attention.
L’Aphrodite prophanée, de Cristina Rodriguez, Éditions du Masque, 2011. 280 pages. 17,00 euros.
L’info en plus : Pour tout connaître sur Kaeso et son époque, je vous recommande la visite de l’excellent site dédié à la série : http://www.kaesolepretorien.com/. Une mine d’informations indispensable pour les fans.
PS : Ce billet signe ma première participation au challenge Au coeur de la Rome antique de Soukee.