Blanche Neige, la Belle et la Bête, le Prince Charmant, le Grand Méchant Loup, la sorcière d’Hansel et Gretel et bien d’autres personnages de contes vivent parmi nous depuis des siècles ! Chassés de leurs royaumes respectifs par les hordes de l’Adversaire, ces fables (nom donné à tous ceux qui ont choisi l’exil) ont trouvé refuge dans un quartier de New York qu’ils ont baptisé Fableville. Ceux qui n’ont pas forme humaine (les trois petits cochons, le Chat Botté, les ours de Boucle d’Or…) sont cantonnés à la ferme, un lieu en pleine campagne protégé des curieux par de puissants sortilèges. C’est là, dans une petite maison à la lisière des bois que vivent Peter et Bo. Eux aussi sont des fables ayant fui les royaumes depuis longtemps. Lorsque démarre notre histoire, Rose Rouge, l’intendante de la ferme, vient trouver Peter pour lui annoncer que son frère Max est de retour dans le royaume des communs (terme utilisé par les fables pour désigner les humains). Elle demande à Peter de retrouver et de neutraliser son frère car ce dernier est un terrible danger pour toute la communauté…
Dérivé de la série de comics Fables qu’il a créée en 2003, ce roman de Bill Willingham se lit avec un réel plaisir, surtout si, comme moi, on est fan des comics. Dès le premier chapitre, on reconnaît les personnages et l’environnement ainsi que les codes de conduite propres aux fables. Mais même pour ceux n’ayant jamais entendu parler de la série, la mécanique fonctionne. La construction alterne entre les chapitres se déroulant aujourd’hui et ceux racontant les aventures de Peter et Max au cours des siècles précédents. Le mélange entre conte et fantasy fonctionne à merveille. L’inspiration première est évidemment Le joueur de flute de Hamelin. Mais l’invasion du royaume par les gobelins et la carrière de Peter chez les voleurs de la ville sont par bien des aspects typiques d’un récit de Fantasy. Dans le même ordre d’idée, les descriptions de la ville de Hamelin moyenâgeuse m’ont parfois rappelé la Wielstadt de Pierre Pevel. C’est ce mélange des genres et des époques qui donne son charme au roman.
Après, ne cherchez pas ici de la grande littérature ou des réflexions philosophiques saupoudrées au fil du texte de manière subliminale, vous n’en trouverez pas. Peter et Max, c’est un pur divertissement fort bien construit qui vous fera passer un moment de lecture des plus agréables. Si l’on devait noter quelques bémols, peut-être pourrait-on arguer que la victoire finale de Peter sur son frère est trop facile, mais elle rappelle bien des histoires dans lesquelles le plus faible bat son adversaire grâce à sa malice et sa ruse (Le vaillant petit tailleur par exemple). Bref, si vous aimez les contes et la Fantasy, vous ne risquez pas grand-chose en vous lançant dans ce roman. Il se pourrait même que vous n’en fassiez qu’une bouchée.
Peter & Max de Bill Willingham, Bragelonne, 2010. 356 pages. 20 euros.
L’info en plus : Le 11ème volume du comics Fables vient de paraître en France aux éditions Panini. Un volume, il faut bien le reconnaître, en dessous des épisodes précédents. Il n’en reste pas moins que l’ensemble de la série forme une œuvre d’une rare qualité que je ne peux que recommander à tous ceux qui ont apprécié le roman.