Slimane est un jeune africain doué pour le football. Embobiné par un agent véreux, il arrive en France dans la soute d’un cargo, sans argent et sans papiers.
Zinedine sort de taule. Il a un plan pour se faire un max de fric : braquer un fourgon de la Brink’s avec l’aide de vieux truands rangés des voitures. Mais si le casse se passe bien, il y a embrouille au moment de se partager le magot.
Que vient faire Slimane dans cette galère ? Il débarque comme un cheveu sur la soupe et sera impliqué jusqu’au trognon dans cette histoire pleine de gouaille et de truculence.
Baru s’amuse. Pour lui, cet album sonne comme une récréation, un divertissement nécessaire après la publication de son précédent ouvrage, le très très sombre Pauvres zhéros. Dans Fais péter les basses, Bruno, il oppose deux mondes. Celui des caïds de cités cherchant à se lancer dans le grand banditisme et celui de truands à l’ancienne que Lautner et Audiard n’auraient pas reniés. Pas de place ici pour les demi-sel sans saveur. On fait dans le fort en gueule qui a du tempérament. L’album contient une belle galerie de personnages qui, au final, se révèlent tous plus ou moins attachants. Même les plus demeurés des porte-flingues apparaissent parfois sympathiques.
Au cœur de ce polar déjanté, on trouve la dimension sociale chère à l’auteur : les sans papiers, les petits bleds de province où la classe ouvrière tente d’exister, le match de foot du dimanche qui finit souvent en pugilat…
Le trait de Baru se reconnaît au premier coup d’œil. C’est brut de décoffrage. Ses marlous sur le retour ont par exemple des trognes inoubliables. Sans parler des décors et du choix des couleurs qui créent une ambiance parfaitement adaptée au propos.
Seul petit bémol dans ce concert d’éloges, le rythme endiablé de cette comédie policière offre par moment des concours de circonstance un peu tirés par les cheveux. Et même si on veut déguster l’ensemble avec délectation, l’album se lit trop vite ! Mais ne gâchons pas notre plaisir. Un nouveau Baru est toujours le bienvenu dans une bédéthèque.
Fais péter les basses, Bruno ! de Baru, Futuropolis, 2010. 124 pages. 20 euros.
L’info en plus : Depuis qu’il a remporté le Grand Prix à Angoulême au début de l’année, Baru a vu nombre de ses albums précédents réédités. Rien que cet automne, les éditions Casterman rééditent Quéquette Blues (1ère édition en 1984) et Le chemin de l’Amérique (1ère édition en 1990) tandis que Dupuis ressort de ses tiroirs une intégrale de l’Enragé (1ère édition en 2004). Voila un Grand Prix qui aura permis de mettre un sérieux coup de projecteur sur une œuvre majeure encore trop méconnue.