mercredi 10 avril 2019

Cassandra Darke - Posy Simmonds

« Je n’ai pas vécu comme une femme est censée le faire. J’ai obéi une fois aux conventions en me mariant. Terrible erreur, mais leçon utile (connais-toi toi-même) : je suis nulle pour vivre avec des gens. Je n’ai d’intérêt ni pour la vie domestique ni pour les enfants. Je suis solitaire, vieille fille dans l’âme, responsable devant personne, à charge de personne. »

Elle est comme ça, Cassandra Darke. Une harpie. Pingre. Aigrie. Acariâtre. Misanthrope. Et malhonnête en plus. Cette marchande d’art gérant la galerie de son défunt mari a vendu des faux en toute connaissance de cause. Depuis la révélation de ses méfaits et le procès qui a suivi, elle vit en recluse, fuyant davantage encore le monde et ses obligations. En acceptant d’héberger la fille de son ex dans son sous-sol aménagé en studio (et en échange de services aussi variés que pénibles, cela va de soi) Cassandra ne se doute pas qu’elle va vivre une cascade d’événements plus désagréables les uns que les autres, de la mort de son chien à un revolver trouvé dans le panier à linge en passant par des SMS menaçants reçus par un expéditeur lui promettant les pires tourments…

Posy Simmonds aurait pu s’arrêter à une simple réécriture du chant de Noël de Dickens avec une Scrooge obèse portant une chapka mais son propos est évidemment bien plus vaste et plus complexe. Car en baladant son anti-héroïne dans les rues de Londres elle montre les deux faces de la ville, du clinquant des quartiers chics au sordides des sombres ruelles où l’on oblige des filles venue d’Europe de l’Est à vendre leurs corps. Et entre l’hypocrisie d’une haute bourgeoisie toujours prompte à se donner bonne conscience et la violence de malfrats sans envergure à la bêtise crasse, il n’y a pas grand monde à sauver.

J’ai adoré ce roman graphique so british dont la narration, entre longs récitatifs très littéraires et dessins très travaillés peut de prime abord donner l’impression d’être trop bavarde. Finalement on se rend compte que l’équilibre entre les deux formes est idéal et que l’ensemble se révèle parfaitement digeste.

Un récit dense, fourmillant de détails, qui tient à la fois du polar, de la comédie de mœurs et de la satire grinçante. C’est mordant, irrévérencieux et sans concession tout en restant d’une grande élégance. So british, quoi !

Cassandra Darke de Posy Simmonds. Denoël Graphic, 2019. 95 pages. 21,00 euros.





Les BD de la semaine sont chez Moka










31 commentaires:

  1. J'espère bien que tu as lu les précédents romans graphiques de P Simmonds!!! Ah je veux évidemment lire ce dernier.

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  2. Et les chiens sont parfaitement croqués ! :)

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  3. mais c'est que tu donnes envie de plonger dans une bonne tasse de thé with pudding of course…. Jérôme tu es un vil tentateur démoniaque !

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  4. J'adore tout ce que fait cette auteure. Sa réécriture d' Emma Bovary est à dévorer, si tu ne l'as pas déjà fait.

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  5. Si tu as adoré alors je note !!!

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  6. Mais pourquoi pas pour cette ambiance :)

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  7. Il est dans ma PAL of course ! Je suis une grande admiratrice du travail de Posy Simmonds qui me fait le grand plaisir de rendre hommage au Scrooge de mon cher Dickens !

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  8. Je ne suis pas très attirée par le graphisme, mais ...

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  9. Ah, ben on est synchrones. ;-) J'aime tellement Posy Simmonds !

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  10. Je n'ai lu que son Literary Life mais ça fait un moment que je suis curieuse de ses autres romans graphiques ! Je sens que son style et son univers me plairaient énormément. Bon ben je rajoute celui-là à ma LAL, ce sera au premier qui croise ma route.^^

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  11. L'intrigue me plait, mais je ne suis pas fan du graphisme ... à voir !

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  12. je ne suis pas sûre d'avoir envie de ce genre de lecture en ce moment mais je note pour le futur. merci pour la découverte.

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  13. je vais le réserver à la BM il me le faut !

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  14. Je sens qu'elle pourrait beaucoup me plaire cette Cassandra.

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  15. Voilà qui a l'air drôlement bien : noté ;)

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  16. Je ne m'attendais pas à cette histoire en voyant la couverture!

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  17. Lu et aimé aussi (je reviendrai lire ton billet in extenso, là j'ai juste regardé ta conclusion, dès que j'aurai fini de rédiger le mien) :) !

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  18. J'ai eu de bonnes surprises avec les romans graphiques. Alors je note celui-ci.

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  19. La couverture n'est pas très attrayante mais ce que tu dis, si! je VEUX lire cet album!

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  20. Je ne suis pas très fan de Posy Simmons.

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  21. Je n'ai encore rien lu d'elle (what a shame !)

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  22. Je ne l'ai encore jamais lue. Mais Tamara m'attend... ^^

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  23. je n'ai pas encore lu Posy Simmonds (j'ai juste vu l'adaptation de Tamara Drewe en film à sa sortie) et cet ouvrage sera parfait pour enfin la découvrir !

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  24. Jamais lue non plus, mais j'ai bien envie de découvrir!

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  25. Et dire que je n'ai encore rien lu d'elle ! Pas faute d'en avoir entendu parler pourtant, entre Gemma Bovery et Tamara Drew... Mais je vais peut-être commencer par celui-ci, qui à l'air plus "piquant" !

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  26. Ce bouquin-là, j'ai fini par l'emprunter en bibli après l'avoir conservé quelque temps en LAL...
    Au vu de la couv', je m'attendais à quelque chose comme Mamie Luger ou Le serpent majuscule (une tueuse, quoi...), et ce n'est pas le cas.
    J'ai été plutôt dérouté par le mélange des deux modes d'expression (bande dessinée/roman graphique d'une part, texte de roman d'autre part, jamais redondants mais qui s'enchevêtrent et s'enchaînent de telle manière qu'il faut absolument tout lire...
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

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