lundi 22 avril 2019

Le discours - Fabrice Caro (Fabcaro)

Je savais que ça collerait entre et Adrien moi. On avait tant de points communs. Bon, on ne m’a pas (encore) brisé le cœur et je ne suis pas fumeur mais pour le reste, on était fait pour s’entendre. Même regard à la fois distant et analytique sur les choses qui nous entourent, même capacité d’autodérision, même état d’esprit désabusé, même estime  de soi au ras des pâquerettes, même difficulté à se sentir à sa place « en société », même difficulté à exprimer ses sentiments... Tu sais quoi Adrien ? Ton rapport aux autres, ton rapport au monde, ton attitude, tout chez toi m’a rappelé bien des facettes de ma personnalité.

En plus ma mère est comme ta sœur, elle adore offrir des cadeaux aussi inutiles qu’improbables. Comme ce rond de serviette en bois avec mon prénom gravé alors que chez moi on n’utilise jamais de serviette de table. Elle le sait pourtant, puisqu’à chaque fois qu’elle vient manger à la maison elle apporte sa propre serviette! Elle m’a fait le même coup avec ce bol breton, toujours à mon prénom, alors que depuis toujours je bois mon café dans un mug. Un mug maman, pas un bol, tu le sais pourtant ! A part ça tes réflexions et anecdotes sur le mariage (la cérémonie du moins), j’aurais pu les écrire. La chenille vorace qui englouti les invités les uns après les autres, le discours du témoin d’une pertinence discutable et le marié qui se lance dans une chanson sirupeuse pour déclarer sa flamme, ça me déprime totalement.

Et puis je vais te dire Adrien, ce repas de famille que tu nous racontes, je l’ai déjà vécu cent fois. Toujours le même cérémonial immuable, toujours les mêmes anecdotes, souvent le même menu, chacun à sa place, jamais de vagues, jamais de sujet qui fâche, restons dignes mais chiants, y a rien de tel. Comme tu le dis si bien, il faut apprendre à être perdant. Tu as compris qu’on n’avait rien à gagner et que les rêves de grandeur mènent forcément dans une impasse. Lucide et résigné, tout ce que j’aime.

Après, entendons-nous, ce n’est pas le roman du siècle non plus. J’ai adoré le ton, le personnage bien sûr, mais le récit est assez convenu et l’écriture n’a rien de transcendant. Pour autant je me suis régalé à passer quelques heures auprès d’Adrien. Je l’ai tellement compris ce pauvre diable, tellement aimé aussi. Rien que pour ça, ça valait largement la peine ! Et un grand merci au passage à la douce Noukette qui a eu la gentillesse de me l’offrir pour mon anniversaire.

Le discours de Fabrice Caro. Gallimard, 2018. 200 pages. 16,00 euros.





21 commentaires:

  1. Il me reste à le lire (et tu sais, les cadeaux de ta maman, je suis sûre que tu les gardes, non?)

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  2. Je partage totalement ton avis !
    Et on a tous un Adrien qui sommeille en nous durant les repas de famille. ^^

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  3. Voilà, c'est ça. Nous sommes tous un peu Adrien.

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  4. L'écriture n'a rien de transcendant, c'est vrai, mais les situations sonnent tellement juste, le rythme du récit est si bien maîtrisé, et le ton si délicieux que j'ai complètement craqué. Et puis c'est si rare de rire comme je l'ai fait à la lecture d'un roman...

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  5. Effectivement on se retrouve tous un peu dans Adrien.

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  6. Quand je l'ai lu, j'ai immédiatement pensé à toi. Faut croire que je te connais bien 😊

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  7. Je l'ai offert à mon fils qui a été un déçu. Il préfère le Fabcaro des BD.
    Chez nous les repas de famille (avec les enfants)c'est tout sauf chiant.on rigole bien !

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  8. Il est dans ma PAL, Fabcaro oblige, mais finalement, j'ai décidé de lire Figurec avant, histoire de voir le Fabcaro avant le succès de Zaï Zaï Zaï.^^

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  9. Ben moi, j'ai très très envie de rencontrer ce Adrien...
    Pour ce qui est des repas en famille, je m'en passerais bien!

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  10. je viens de le lire, j'ai adoré! Moi aussi je me suis reconnue. Punaise, ces repas de famille, hier et aujourd'hui encore, … et des plombes à table, il faudrait arrêter ça ! Il y a des passages qui vont rester cultes : le sucre qu'il n'aime pas (et pas davantage les poivrons dans le café!) ^^

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  11. Je ne l'ai pas encore lu mais ça ne saurait tarder !!

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  12. J'ai adoré
    Et tellement ri à la lecture du premier chapitre. Toi aussi, Jérôme tu as offert à ta maman un porte serviette en forme de sapin ....

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  13. Bonjour,
    Titre noté. Pour continuer la chaîne, je me vois en ta mère !
    Syl.

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  14. Le style n'est pas la force de ce type de roman, tu le sais.
    En même temps, j'imagine que tu ne t'attendais pas non plus à découvrir dans ce roman un Fabcaro candidat au prochain Goncourt. C'est dans son observation aiguisée des travers humains qu'il est prétendant au Nobel :)

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  15. J'aime comme tu en parles. Les cadeaux pourraves sont l'apanage de la femme d'un de nos amis

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  16. Non, décidément, il ne me tente pas.

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  17. Adrien a fait mouche encore une fois et c'est mérité !

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  18. Je n'en ai entendu que du bien, mais je crois que je vais manquer de temps !

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  19. Je rencontrerai peut-être un jour cet Adrien :)

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  20. Je veux le lire, celui-là. Depuis un petit moment.

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