vendredi 1 juin 2018

Braconniers - Tom Franklin

Dans les nouvelles de Tom Franklin, la chaleur humide des marécages d’Alabama vous colle à la peau. Dans les nouvelles de Tom Franklin on se réveille au petit matin dans son pick-up avec une gueule de bois carabinée en se demandant ce qu’on a fait la veille. Dans les nouvelles de Tom Franklin le mâle blanc, pauvre et sans emploi, vient de se faire plaquer par sa nana ou va l’être incessamment sous peu. Dans les nouvelles de Tom Franklin on se retrouve dans un bar sombre et enfumé une bière à la main pendant que la voix pleine de gravillons de Calvin Russell sort d’un jukebox. Dans les nouvelles de Tom Franklin on pointe à l’usine, on pêche à la dynamite, on tue les chatons à la carabine, on offre un flingue à l’ami suicidaire ou on part vers l’Alaska.

Forcément, dans les nouvelles de Tom Franklin, je suis comme un poisson dans l’eau. Parce qu’il raconte des histoires d’hommes tristes à pleurer, cruelles, mélancoliques. Parce que son style est direct, sans chichi. Parce qu’on ne donne pas dans l’intime ou la psychologie de comptoir, parce qu’on ne cherche pas le salut ou la rédemption, parce qu’on accepte sa condition sans se faire d’illusion.

Cet ouvrage, réédité pour la première fois vingt ans après sa première publication, vous cueille comme un uppercut à la pointe du menton. La qualité va crescendo et les premières nouvelles, plutôt courtes, sont suivies par des histoires plus longues, plus denses, plus intenses, jusqu’au feu d’artifice final offert par le texte éponyme (près de 100 pages à lui tout seul) qui clôt les débats en apothéose. Aucune fausse note donc pour ce recueil impressionnant de maîtrise et de puissance.

Braconniers de Tom Franklin (traduit de l’américain par François Lasquin). Albin Michel, 2018. 275 pages. 20,00 euros.

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