samedi 3 février 2018

Comme un chef - Benoît Peeters et Aurélia Aurita

Je connais peu de choses à propos de Benoît Peeters. Je sais juste qu’il est le scénariste de la superbe série « Les cités obscures » et que c’est un des plus grands spécialistes d’Hergé. Dans ce récit autobiographique je découvre sa passion pour la cuisine, une passion née dès l’enfance dans un foyer où les repas concoctés par sa mère étaient pourtant d’une qualité plus que douteuse. Initié à la gastronomie par un camarade d’Hypokhâgne, il connait sa première grande émotion gustative au cours d’un repas dans le restaurant  étoilé des frères Troisgros à Roanne. Une révélation qui le pousse à se lancer à corps perdu dans les expériences culinaires, au point de tourner le dos à sciences po pour entamer une périlleuse carrière de chef à domicile dans les beaux quartiers de Bruxelles.

L’album décrit à merveille l’émotion que peut procurer un plat préparé à la perfection. Peeters, qui a contribué à éditer en France « Le gourmet solitaire » de Taniguchi, transmet avec la même simplicité que l’auteur japonais son enthousiasme pour la bonne chère. Il revient aussi longuement sur son amour de la littérature, notamment sa relation privilégiée avec Roland Barthes, qui valida le dépôt de son mémoire universitaire Sur « Les bijoux de la Castafiore ».

Quelque part cette autobiographie intime m’a rappelé l’album « Extases » de Jean-Louis Tripp. Comme chez Tripp, on découvre la fascination d’un homme pour un sujet (le sexe pour l’un, la cuisine pour l’autre) qu’il souhaite explorer dans toutes ses dimensions. Le regard porté par Peeters sur son parcours et son éducation culinaire est aussi modeste que sincère. L’hommage appuyé aux grands chefs qui ont croisé sa route montre à quel point il se sent redevable (et privilégié) d’avoir pu côtoyer de telles personnes et surtout d’avoir pu manger à leur table. Au-delà, il souligne que la cuisine est avant tout une histoire de partage et de rencontres, et que le plaisir peut être le même derrière les fourneaux que devant l’assiette.

Graphiquement, Aurelia Aurita donne dans la simplicité. Son dessin enjoué reste au service du texte sans jamais chercher à en faire trop et l’idée de ne mettre en couleur que les plats ou les ingrédients est une trouvaille qui permet de rappeler que ces derniers sont finalement les éléments centraux du récit.

Un album mitonné aux petits oignons, à savourer sans modération (ok, cette phrase de conclusion archiconvenue ne vole pas haut mais c'est le week-end alors je me permets de céder à la facilité).


Comme un chef de Benoît Peeters et Aurélia Aurita. Casterman, 2018. 216 pages. 18,95 euros.





22 commentaires:

  1. Oh ça me plait drôlement

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  2. Ta conclusion m'amuse.
    Tes parallèles avec Extases et Taniguchi ne me feront pas hésiter longtemps.

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  3. Moi aussi, j'aimerais bien le découvrir. Titre noté !

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  4. C'est rien de dire que tu me mets en appétit ! je le note précieusement !

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  5. j'aime tout ce que tu en dis même la dernière phrase un peu cliché!

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  6. J'avais repéré cette BD en librairie. Je compte bien la lire, tu penses bien.:-) Dès que ça parle cuisine et expériences culinaires, amour et passion pour la nourriture, ça me parle. J'aime beaucoup aussi le principe de mettre les plats en couleur. C'est ce qui manque un peu dans les mangas type Le gourmet solitaire.

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    1. Tu ne peux clairement pas faire l'impasse sur un tel album !

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  7. j'adore ces BD culinaires et gastronomiques! comme dirait A_girl, ça me parle!!! Goûtons-y vite!

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  8. Je suis toujours très étonnée - moi dont le métier consiste pour une bonne part à faire des livres de cuisine !!! - par la passion que peut susciter cette activité, devenue aujourd'hui très tendance... J'avoue que même en côtoyant des amoureux de l'art culinaire, ça reste pour moi un mystère :-))

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  9. Pas certaine de le lire. Disons que je suis moyennement tentée :P

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    1. Moi qui te croyais fin gourmet... (ou fine gourmette^^)

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  10. Je note Extase tu ne m'en voudras pas ! ;-)

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