Le roman s’ouvre dans les allées du cimetière où se déroule l’enterrement du juge Barton Flatt en présence du maire et des ronds de cuir locaux. Parmi eux Douglas Raymer, le chef de la police, déprimé depuis la mort de sa femme un an plus tôt dans une malheureuse chute d’escalier alors qu’elle venait de faire ses valises et de lui annoncer dans une lettre qu’elle le quittait pour un autre. A partir de cette scène d’ouverture, Russo déplie son intrigue sur 48 heures et tant d’événements s’enchaînent qu’il est impossible de les résumer. Sachez juste que vous croiserez, entre autres, un repris de justice tatoué, un entrepreneur poissard à la virilité défaillante, une restauratrice gouailleuse, un vieux de la vieille à qui on ne la fait pas, une standardiste volubile, des serpents très venimeux, un orage dantesque, une télécommande de garage capricieuse et un chien qui passe son temps à se machouiller le pénis. Rien que ça.
Évidemment j’ai adoré. C’est déjanté tout en restant très cohérent, c’est drôle, cynique, sans pitié, irrésistible quoi. Et puis cette galerie de personnages est inoubliable, tous plus cabossés les uns que les autres, tous abattus, tous résignés à sauter dans le vide sans parachute. Un bal des médiocres où chacun tient son rôle à merveille, où chacun enchaîne les humiliations et les regrets sans repentir. J’ai rarement vu un roman aller aussi loin dans le pathétique, un pathétique qui nous laisse à la fois désolé et mort de rire, effaré et goguenard. Du grand art malgré une fin trop bisounours et positive par rapport au reste, à la limite de la faute de goût. Pas de quoi effacer pour autant l’immense plaisir de lecture que m’a procuré cette balade dans les rues de North Bath.
À malin, malin et demi de Richard Russo (traduit de l’anglais par Jean Esch). Quai Voltaire/La Table Ronde, 2017. 620 pages. 24,00 euros.
Hé oui, un auteur à lire! Ne t'en prive pas.
RépondreSupprimerJ'ai déjà attaqué un autre de ses romans ;)
SupprimerPourquoi n'ai-je pas encore lu Richard Russo ?
RépondreSupprimerPareil! Qu'est-ce que j'attends?
Supprimer10-18 réédite quelques titres bientôt. Ce sera la bonne occasion.
Mais je vais aussi craquer pour celui-ci. 620 pages, quand même!
Il en a écrit de plus gros :)
SupprimerJ'adore les romans de Richard Russo, et cela fait trop longtemps que je n'en ai pas lu ! (sauf Le pont des soupirs qui ne m'a pas marquée)
RépondreSupprimerTu à l'occasion d'en découvrir un nouveau avec celui-ci ;)
Supprimermême question alors que l'an dernier, j'ai trouvé ses romans (même maison) à un tout petit prix et que je les garde au chaud ! son humour grinçant ? oh oui !
RépondreSupprimerTu devrais apprécier son univers, c'est évident.
SupprimerJe crois que je ne l'ai jamais lu non plus. je pense qu'il me plairait.
RépondreSupprimerça ne fait aucun doute.
SupprimerJe suis bien contente de lire ton billet, car je ne serais pas allée spontanément vers ce livre (et vers Un homme presque parfait), je n'ai en effet pas tellement apprécié Le déclin de l'empire Whiting, et Ailleurs (lu dans le cadre du prix ELLE) m'avait plutôt agacée!
RépondreSupprimerCelui-ci pourrait peut-être te réconcilier avec Russo.
Supprimerj’étais justement en train de me dire : tiens cela fait longtemps qu'il n'y a pas eu un nouveau Russo de sortie :). Après l'avoir découvert avec 4 saisons) Mohawk ( que je te recommande) je me suis dit : il me faut tous les livres de cet auteur ! ensuite j'ai lu : le déclin de l'empire... et mon amour pour cet auteur c'est confirmé. J’ai donc été dévalisé ma librairie et depuis j'en sors un régulièrement quand j'ai envie d'une lecture dont je suis sur qu'elle me plaise :) je n'ai pas encore lu "un homme presque parfait, mais je suis contente qu'il y ait une suite :)
RépondreSupprimerEt bien moi j'ai commencé "un homme presque parfait" il y a peu et j'adore retrouver les personnages de ce nouveau roman.
Supprimerje n'ai lu que LE DÉCLIN DE L’EMPIRE WHITING et j'avais beaucoup aimé je lirai certainement les autres romans de cet auteur qui a un univers très personnel et un style que j'apprécie beaucoup.
RépondreSupprimerJ'adore son style moi aussi.
SupprimerCela fait longtemps que je veux le lire moi aussi. Et ce sera avec ce titre. Ce qui me paraît une bonne chose si j'en crois ta chronique
RépondreSupprimerEn tout cas avec moi ça a parfaitement fonctionné.
SupprimerAïe aïe aïe... Que des mots qui me parlent... Ironie mordante, écriture cinglante, déjanté, cynique, sans pitié, cohérent, bon, et je sais faire avec le poil de bisounours si le reste est à la hauteur.
RépondreSupprimerTiens, pour la petite anecdote parenthèse, au boulot, j'ai discuté avec un jeune collègue (dans les 22 ans), qui adore Buko et les personnages marginaux/attachants. Je me suis dit "aïe, un futur Jérôme".
Pourquoi "aïe" ? C'est plutôt une bonne nouvelle non ? ;p
SupprimerTu titilles encore ma curiosité et mon envie avec des mots comme ironie mordante...
RépondreSupprimerC'était un peu mon but ;)
SupprimerJ'adore Russo... du coup, celui-là fait partie de ma future liste!
RépondreSupprimerLogique !
SupprimerJ'attends de savoir s'il est dans les livres sélectionnés pour le Prix Elle, je l'ai repéré aussi et ton billet donne très envie !
RépondreSupprimerIl mériterait d'être dans cette sélection, je te le garantis.
Supprimeret encore un titre à noter, allons donc!!!
RépondreSupprimerViolette
Tu n'es plus à un près :)
SupprimerDès que c'est déjanté, tu es ravi, je me trompe ?
RépondreSupprimerTu ne te trompes pas du tout ;)
SupprimerMais tu es sûr que ça va, Jérôme? Tu as dévoré des pavés cet été!
RépondreSupprimerTu me donnes très envie de le relire (il semble y avoir un petit côté John Irving d'après ce que tu décris).
Trois pavés cet été, record battu !
SupprimerAh, du déjanté, c'est pour moi aussi ça ! :)
RépondreSupprimerJe te préviens, c'est pas très feelgood :p
SupprimerJe n'avais pas réussi à avancer "Le déclin de l'empire Whiting" et ne garde aucun souvenir de "Les sortilèges du Cap Cod". Mais tu viens de me convaincre de réessayer.
RépondreSupprimerTu m'en vois ravi.
SupprimerJamais lu Richard Russo, tentant je dois dire...! Mais punaise, c'est une brique celui là !!
RépondreSupprimerEt tu en as d'autres sous le coude en ce moment des briques :)
SupprimerNouvelle tentation! Jamais lu Richard Russo non plus!
RépondreSupprimerC'est l'occasion parfaite pour commencer.
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