J’ai eu peur d’un banal roman d’espionnage aux considérations politico-stratégiques barbantes mais cette histoire d’espion n’est pas au cœur du récit, elle sert juste à alimenter une réflexion autour du déracinement, de l’impossibilité de trouver sa place dans une Amérique accueillant les rescapés de la première grande défaite militaire de son histoire. Et les vietnamiens qui l’ont soutenue sur place ne sont pas les bienvenus : « La plupart des américains nous regardaient avec dégoût, car nous étions le rappel vivant de leur défaite cuisante. Nous menacions la sacro-sainte symétrie d’une Amérique noir et blanc, dont la politique raciale du yin et du yang ne laissait place à aucune autre couleur, notamment ces petits jaunes pathétiques qui venaient piquer dans la caisse ».
Le roman dit l’exil et la déchéance d’une diaspora ayant tout perdu en fuyant la guerre dans l’urgence. A ce titre la scène du départ de Saïgon sous les bombes est d’un réalisme sidérant. Se sentant inutile et humiliée, cette diaspora devient une communauté perdue, pathétique, s’accrochant sans illusion à d’hypothétiques rêves de retour.
La partie se déroulant aux États-Unis est passionnante, la parenthèse cinématographique expliquant en détail le tournage d’un film hollywoodien sur la guerre du Vietnam ne m’a pas enthousiasmé et le retour final dans la jungle m’a ennuyé à mourir, à tel point que j’ai traîné près de trois semaines pour lire les cent dernières pages. Une lecture inégale, donc. Même s’il se dégage de ce prix Pulitzer 2016 une grande puissance narrative et une indéniable force d’écriture (la traduction est vraiment impeccable), je dois reconnaître que je n’ai pas été totalement emporté par la confession de cet agent double en quête d’identité.
Le sympathisant de Viet Thanh Nguyen (traduit de l’anglais par Clément Baude). Belfond, 2017. 490 pages. 23,50 euros.
Ah zut, ça commençait super bien pourtant... Je l'avais commencé, mais pas au bon moment (sur mon fameux hamac balinais, je crois que je n'étais pas dans le mood :-) Je pense le reprendre...
RépondreSupprimerC'est surtout la fin qui traîne trop en longueur pour moi.
SupprimerJ'ai lu des avis nettement plus enchantés que le tien (des Américains) donc ton bémol me dit que je peux attendre avant de le lire ...
RépondreSupprimerEn France aussi j'ai lu beaucoup d'avis enthousiastes (dans la presse surtout).
SupprimerJe ne savais pas trop quoi en penser, ça se précise ! ;-)
RépondreSupprimerJe ne suis pas certain que mon ressenti rejoigne celui d'une majorité de lecteurs.
SupprimerJe ne lis plus les Prix Pullizer, les romans lauréats ne m'ont jamais plus.
RépondreSupprimerMoi je suis très fan des Pulitzer !
SupprimerJe pense qu'il nous manque un supplément d'âme américaine pour apprécier les prix Pulitzer
RépondreSupprimerLe Pulitzer 2017 est bien meilleur selon moi.
SupprimerL'idée de l'intrigue me plaisait bien mais tes bémols me laissent entendre que je risque de ne pas y trouver mon compte au final. Dommage...
RépondreSupprimerTu apprécierais peut-être plus que moi, qui sait.
SupprimerJe tourne autour depuis un moment, en ayant entendu tantôt du bien, tantôt des avis plus mitigés comme le tien...je crois que je vais finalement m'abstenir, ou attendre sa sortie en poche.
RépondreSupprimerEn poche, ça peut être une bonne solution.
SupprimerJe n'avais lu que du bien jusqu'à présent mais je n'arrivais pas à être tentée donc ton billet m'arrange bien.
RépondreSupprimerDisons que ne vais pas te faire changer d'avis.
SupprimerJe viens juste d'entendre une présentation sur France Info aujourd'hui ! Apparemment il y a aussi sur la guerre du Vietnam un long documentaire en série (9h en tout) d'un excellent cinéaste. A voir ?
RépondreSupprimerJ'ai vu le documentaire et je l'ai trouvé fabuleux !
Supprimermi-figue mi-raisin en somme...faut voir :-) Le choc culturel m’intéresserait bien, le reste par contre je ne sais pas...
RépondreSupprimerFaut voir alors :)
Supprimer