« A quatorze ans chacun découvre l’obsession de l’amour, les confidences nocturnes, la mélancolie et la fragilité qui séduisent. Loin de nous la froideur, l’orgueil, l’ambition, le cœur cuirassé. Je garde en mémoire le grain des peaux ; l’odeur des corps, le timbre des voix, le goût des bouches s’efface. »
Certains livres nous marquent plus que d’autres pour des raisons très personnelles. C’est le cas avec celui-ci. Sans doute parce que comme le narrateur je suis né en 1975 et parce qu’il se déroule en grande partie au cours de l’été 1989, un été que j’ai passé comme lui au bord de la méditerranée avec mes grands-parents. Comme lui j’allais chaque année au même endroit et voyais dans ces quelques semaines passées sous le soleil une parenthèse enchantée. Comme pour lui cet été restera pour moi celui de la découverte du corps des filles et des premiers émois « concrets » avec le sexe opposé. Celui aussi de la prise de conscience des disparitions à venir d’êtres proches que l’on croyait jusque-là éternels.
Au-delà de ces points communs j’ai retrouvé avec plaisir l’écriture de Sébastien Berlendis qui m’avait bouleversé avec son premier roman « Une dernière fois la nuit ». Ici la prose est moins lyrique, plus sèche, et dresse par petites touches un tableau impressionniste. La caravane, la plage, la pinède, la chaleur de l’après-midi, les nuits sans sommeil autour des feux de camp, on suit au fil des jours une vie insouciante sans la moindre aspérité. Avec cette succession de courts paragraphes ciselés au millimètre je constate une fois de plus que l’écriture minuscule m’enchante, que l’économie de moyens et d’effets est une source de ravissement lorsque la petite musique de l’auteur est déroulée sans l’ombre d’une fausse note.
Un retour sur le passé teinté d’une nostalgie qui ne laisse pas de place à la tristesse ou aux regrets. « Ces images d’une adolescence au soleil continuent de modeler mon désir et mon imaginaire » déclare le narrateur devenu quadra. A croire qu’il lit dans mes pensées…
Maures de Sébastien Berlendis. Stock, 2016. 110 pages. 14,00 euros.
PS : un grand merci à Zazy qui a eu la gentillesse de faire voyager ce livre jusqu'à moi. Je vais enfin pouvoir l'expédier à sa prochaine destinataire.
Je me laisserais volontiers tenter !
RépondreSupprimerCe serait une bonne idée.
SupprimerTu me donnes bien envie de découvrir la petite musique de l'auteur.
RépondreSupprimerC'est une fort jolie musique.
SupprimerHmmm moi je sens que ce n'est pas ma came du tout (nostalgie, adolescence, premiers émois.. - des thématiques qui ne me parlent pas du tout) mais je peux comprendre que pouvoir s'identifier à plusieurs niveaux à ce roman participe à le rendre marquant.
RépondreSupprimerPas ta came, non, je te le confirme.
Supprimercontrairement à A_girl, ce sont des thèmes qui me parlent vraiment!
RépondreSupprimerJ'en suis ravi.
SupprimerTu fais envie !
RépondreSupprimerC'était le but.
SupprimerIl faut que je découvre cet auteur alors
RépondreSupprimerJ'aime vraiment beaucoup son écriture.
SupprimerJe savais qu'il te plairait mais je ne me doutais pas qu'il collerait à tes souvenirs de cette façon
RépondreSupprimerMerci pour l'envoi !
SupprimerJe ne connais pas l'auteur mais il pourrait me plaire.
RépondreSupprimerIl gagne à être connu en tout cas.
Supprimerje me rends compte que je passe toujours en "Anonyme" chez toi, pourquoi ??? :((
RépondreSupprimerViolette
JE sais que c'est toi mais je ne comprends pas cette "bizarrerie" !!!
Supprimernée la même année que toi je suis en plein bouleversement émotionnel et très tournée vers mon adolescence si vite passée et pas mal gâchée... ce livre va certainement me parler. et sinon aucune chance que l'on se soit croisés dans le sud de la France l'été 89 car j'etais en colo à Porto Vecchio ;) !!!
RépondreSupprimerVu ce que tu me dis c'est une lecture incontournable pour toi !
Supprimerun auteur que je ne connais pas du tout...mais 110 pages, ça vaut le coup de s'y arrêter!
RépondreSupprimerOn n'a pas le temps d'être déçu :)
SupprimerSon premier roman était absolument somptueux... Il me faut celui là...!
RépondreSupprimerTu l'aimeras autant !
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