Pantha rhei. Tout passe, le monde n’arrête jamais son
mouvement. Cette expression attribuée à Héraclite, Julien ne cesse de l’entendre
dans la bouche de son copain Avi .Tous deux travaillent à la halle de
Marrec. Avi est serveur dans une brasserie, Julien vend des saucissons. Et à la
halle, tout passe. La galerie d’art du premier étage va bientôt disparaître,
remplacée par un supermarché végétalien. L’avenir est trouble, incertain. Le
vendeur de saucissons raconte le dernier jour de la halle dans sa configuration
« historique ». Le dernier samedi avant la fermeture de la galerie. Une
dernière journée pas tout à fait comme les autres où les hommes et femmes qui
font vivre la halle s’agitent, s’interrogent et, pour certains, tombent les
masques…
Franchement j’ai eu peur. Peur de la rengaine du « c’était
mieux avant », peur d’un roman nostalgique façon vieille France qui
m’aurait agacé au plus haut point. Mais mes craintes se sont vite dissipées. Parce
que ce premier roman donne avant tout dans l’acidité et l’humour vachard.
Julien Syrac passe à la moulinette chacun de ses personnages. Évitant de faire de son narrateur un donneur de leçon au dessus de la mêlée, il croque de
savoureux portraits à l’ironie mordante et décortique les comportements d’une « faune »
de commerçants et de clients habitée par la peur et les rancœurs. C’est
cynique, cruel, moqueur, désabusé, plein d’autodérision, le tout déroulé avec une
nonchalance et une forme de second degré qui ne pouvait que me plaire. Une
écriture de branleur, dans la veine des premiers romans de Jacky Schwartzmann
et Florent Oiseau que j’avais tant aimés. De jeunes écrivains français qui ont
depuis longtemps compris, comme le grand Calaferte avant eux, que « l’homme
est une saloperie » et qui le démontrent avec un talent des plus savoureux.
Incroyable de constater à quel point cette plongée au cœur
de la halle et de son microcosme est réaliste. Je peux vous dire que je ne
regarderai plus de la même façon un vendeur de saucissons ambulant ! Un
roman bien plus profond qu’il n’y paraît dont seul le dernier chapitre, tirant
un peu en longueur, aurait gagné à être resserré. Pour le reste, il n’y a rien
à jeter, La Halle mérite vraiment que l’on se penche sur son cas.
La Halle de Julien Syrac. La différence, 2017. 204 pages.
16,00 euros.
Voilà qui est intéressant !
RépondreSupprimerN'est-ce pas.
SupprimerJe ne suis pas certaine de vouloir regarder autrement un vendeur de saucissons .... malgré tout avis positif !
RépondreSupprimerDommage...
SupprimerJ'aurais été dubitative moi aussi mais bon, là j'avoue que tes arguments pèsent lourds avec l'acidité et l'humour vachard. Tout ce que j'aime aussi !
RépondreSupprimerJe pense qu'il te plairait ce roman.
SupprimerAcidité et humour vachard, avant même de lire le comm d'A girl, j'avais repéré les expressions... Qui font tilt pareil!
RépondreSupprimerTu serais bon public pour ce texte.
Supprimeret avec une pointe de cynisme en plus, ça me plait
RépondreSupprimerJ'aime ça moi aussi.
SupprimerHumour vachard, ça me plait également
RépondreSupprimerça plait toujours l'humour vachard.
SupprimerVoilà qui est bien tentant !
RépondreSupprimerJe ne te le fais pas dire.
Supprimerl'humour vachard me glace souvent . Je suis plus souvent dans la gentillesse même si ce n'est pas toujours la vraie vie. La semaine dernière j'étais à Paris et je ne sais combien de fois on m'a proposé de l'aide pour porter ma valise trop lourde pour moi. Je crois à cela une gentillesse sans contre partie. C'est après que ça se gâte peut être...
RépondreSupprimerJe suis un gentil de nature dans la vraie vie mais je déteste les lectures qui dégoulinent de gentillesse.
Supprimerintrigant !
RépondreSupprimerUn peu plus que ça même.
SupprimerBizarre, mais ça te va bien comme lecture !
RépondreSupprimerça me va parfaitement, c'est vrai.
SupprimerCa a l'air bien vu, et passionnant. Noté, bien sûr.
RépondreSupprimerRavi de faire envie avec ce titre.
SupprimerDu cousu main pour toi ce roman là !
RépondreSupprimerComme un gant^^
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