Dans le premier, les Nivuniconnus débarquent dans un village avec leur caravane. Des étrangers, des va-nu-pieds, dont les femmes aux jupes bariolées parlent aux arbres, cueillent des plantes et ont un chat noir. Des sorcières qui font tomber les oiseaux du ciel et vont amener le malheur sur le village. Il faut agir, prévenir la police, mener une enquête, accuser, juger et condamner sans preuve…
Dans le second, un écrivain répond aux questions d’élèves dans une classe. Toujours les mêmes questions, comme d’habitude, jusqu’au moment où une fillette lève la main et demande : « Quelle lettre vous préférez ? ». Après réflexion, l’écrivain opte pour le O « parce qu’il fait un cercle, comme quand on entoure quelqu’un avec les bras. » La fillette, elle, préfère le C. « Parce que ça ressemble à un bras qu’on pose sur l’épaule, mais ça serre moins, ça n’empêche pas de partir ». Quand après coup la maîtresse apprend à l’écrivain que cette petite fille est une enfant du voyage, celui-ci comprend pourquoi « elle s’y connaissait si bien en liberté ».
Le second texte a une résonance particulière pour moi. J’ai eu la chance de pouvoir inviter Jo Hoestlandt dans une classe. C’était dans un collège de Compiègne, il y a dix ans. J’ai découvert à cette occasion un petit bout de femme d’une infinie gentillesse. Toujours à l’écoute des élèves, leur accordant en permanence son attention, prenant le temps de répondre à chacun avec le plus grand sérieux. Je retrouve dans ce livre fort joliment illustré sa douceur, son humanité ainsi que son regard plein de bienveillance et sans préjugés sur le monde qui l’entoure. Une lecture d’une grande délicatesse, qui permet l’air de rien d’aborder des questions difficiles et d’actualité en toute simplicité.
Petite / Les Nivuniconnus de Jo Hoestlandt (ill. Clémence Dupont). Éditions du Pourquoi pas, 2017. 32 pages. 6,50 euros. A partir de 7-8 ans.
Une pépite jeunesse que je partage évidemment avec Noukette.